Chapitre 28

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Vendredi 20
Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. J'ai toujours attendu ce jour avec grande impatience alors pourquoi est-ce que cela me fait bizarre ? Probablement parce que j'attire beaucoup l'attention sur moi ? En tout cas, je suis sûr d'une chose, je n'ai jamais manqué de rien mais cette sensation est toujours là, années après années. Recevoir tous ces messages de proches que je ne vois plus, ou même ceux de Facebook ayant reçu leur putain de notification à la con pour leur rappeler que c'est mon anniversaire m'ennuie. Ça me fait plaisir mais j'ai quand même l'impression que je ne le mérite pas pour je-ne-sais-quelle-raison. Être au centre de l'attention est un peu bizarre pour moi. Enfin bref, vous avez compris quel genre de personne détraquée je suis à présent. Au fait, avant que je n'ouvre les yeux, j'ai failli oublier de vous mentionner que James et moi avons discuter de nombreuses heures afin de régler nos différents. Nous n'avons cessé de parler depuis lundi lorsqu'il m'a ramené à la villa. Il a pu par ailleurs faire plus ample connaissance avec tout le monde. Je lui ai tout raconté pour la boite et je dois dire que pour le coup il m'a surprise en ne s'énervant qu'à moitié. Cela m'a semblé étrange. Les gens peuvent changer non ? James m'a dit qu'il n'avait pas couché avec Ashley. Je crois que s'il l'avait fait, je ne l'aurai pas supporté. D'accord, nous ne sommes pas en couple mais on s'était dit de ne pas faire certaines choses avant mon départ. Il y a une différence entre embrasser une personne et coucher avec non ? Nous avons néanmoins convenu de nous laisser une chance, enfin, recommencer nos ébats malgré ce qui s'est passé. J'ai finalement décidé de partir en France. Après tout, deux semaines de repos ne me feront pas de mal. Connaître la famille de James me fait aussi plaisir. Avant de jeter mon téléphone contre le mur, je daigne enfin à ouvrir les yeux. Ça fait au moins huit fois que ce truc sonne et ça me saoul. La luminosité aveuglante de la chambre me fait ouvrir les paupières avec difficultés. Je m'aperçois que James n'est plus dans le lit. Il doit sûrement être en train de déjeuner. Je prends mon téléphone et le check vite fait. J'ai des messages d'un peu tout le monde mais réponds en priorité à mes parents et à Hadley. Les autres attendront. Je me lève et enfile la veste que James a posée sur le petit meuble près du lit hier soir. Elle sent tellement bon. Je ne me lasserai jamais de cette odeur. J'ouvre la porte et me dirige dans le couloir espérant qu'ils soient tous réveillés. Il est plus de dix heures et ça m'étonnerait qu'ils soient tous au lit. En marchant, j'ai encore un peu mal à la jambe. J'ai de nombreux  hématomes qui se sont formés après la cicatrisation de ma peau Le plus important est que je n'ai plus ces stupides pansements à changer trois fois par jour. James est aux petits soins avec moi. D'ailleurs, c'est à se demander s'il fait ça avec toutes ses conquêtes. Il m'a aidé à prendre ma douche les premiers jours, et m'a aidé à m'habiller la plupart du temps. Depuis hier, je commence enfin à faire tout ça toute seule donc on peut considérer ça comme une petite victoire.
Joyeux anniversaire Emylia !
Voilà ce que j'entends en premier lorsque j'entre dans le salon. Je les observe un à un et remarque qu'ils m'ont tous préparé un petit déjeuner très copieux. Ça a l'air délicieux. Je remercie mes amis chaleureusement et me rue, ou plutôt boite, jusque dans les bras de James.
—Doucement princesse tu vas te faire mal.
—Je m'en fou.
Je le sens sourire dans mon cou.
—Répètes ça ?
—Bébé, ce n'est rien.
—Emylia ?
Je suis soudain gênée. Je ne dis jamais ça à personne. J'ai toujours été comme ça. Je trouvais ça trop kitch. Avec ma meilleure amie nous avions l'habitude de nous moquer des gens qui s'appelaient «bébé », « mon cœur » et « ma vie ». Ils étaient tellement ridicules. Pourquoi dire ça alors que le couple va durer cinq minutes ?
—Ne sois pas gênée. J'aime bien. En fait, j'aime beaucoup ajoute t-il.
Je touche sa légère barbe du bout des doigts et l'embrasse légèrement.
—Tu me donnes des idées dit-il au creux de mon oreille de sa voix la plus sensuelle qui soit. Littéralement.
—Allô, les amoureux, vous ferez des bébés ce soir. Là, on va déjeuner lance Dev.
Je lui fais un doigt d'honneur.
Nous prenons place autour de la table. James est évidemment à côté de moi. Encore une fois, Dalya et Jack ont été de vrais chefs. Ils ont préparé un brunch composé d'œufs brouillés au fromage -mes préférés-, du saumon en tartines, de la confiture et pleins d'autres mets.
—Je ne sais pas comment vous remercier pour tout ça. Vous nous cuisinez tellement de choses succulentes.
—Ce n'est pas nous me dit Jack.
Je suis surprise. James a t-il fait toutes ces choses ? A l'appart' il m'aidait quelques fois à faire à manger mais j'étais loin d'imaginer qu'il aurait fait tout ça. Je le regarde et il semble gêné.
—Pourquoi tu ne m'as rien dis ?
—Je ne sais pas.
Je penche vers lui et l'embrasse dans le cou le remerciant.
—Qu'est ce que vous avez prévu aujourd'hui ? demande Dalya.
—A vrai dire, je n'en ai aucune idée. Je pensais traîner devant Netflix et pourquoi pas aller dans le jacuzzi.
—Mais c'est ton anniversaire Emy.
—Je sais.
—James si ça ne te dérange pas, j'aimerai te piquer ta copine cet après-midi pour aller m'acheter quelque chose.
—Oui si tu veux et ce n'est pas ma copine, nous sommes...
—Amis ? Oui je sais répond-elle du tac au tac.
—Où est-ce que tu veux aller ? je demande.
—C'est une surprise dit-elle toute joyeuse.
Après avoir fini de manger et de débarrasser, James et moi partons dans notre chambre. Il m'allume la douche mais à l'air ailleurs.
—C'est gentil mais tu sais, maintenant, je peux y arriver toute seule.
—Ok.
Il me répond d'un ton assez froid. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Je me déshabille sous ses yeux puis vais sous la douche brûlante.
Je le vois s'assoir sur notre lit et réfléchir. Quelque chose m'a échappé ?
—J'ai fais quelque chose de mal ?
Il lève la tête mais ne répond pas.
—Rejoins moi sous la douche.
Il enlève lentement ses vêtements et entre en moins de trente secondes. Le pommeau, fixé au-dessus de nous est assez gros pour nous deux. Parfait. Je le regarde dans les yeux en mettant mes mains sur son buste mais il semble ne pas être avec moi. Il ne me touche pas et je ne sais pas, ça me blesse un peu. C'est comme s'il ne voulait plus de moi. Ses derniers jours ont été parfaits mais il fallait bien que ça se termine non ? Comme on dit souvent "toutes les bonnes choses ont une fin", pas vrai ? S'il a peur de mettre un terme à notre accord le jour de mon anniversaire je n'ai pas peur de l'entendre.
—Si tu veux partir je ne te retiendrai pas, même si c'est mon anniversaire.
Il me regarde enfin.
—Tu penses que je veux partir ?
—De toute évidence oui. Tu ne me touches pas et tu ne me regardes pas. Si tu as peur de me larguer le jour de mon anniversaire, je penses être capable d'encaisser alors dis-le tout simplement.
—Tu n'y est pas du tout.
Il touche mon visage du bout des doigts.
—Je ne veux pas partir.
—Alors pourquoi tu es bizarre ?
—J'ai peur de te perdre ou quelque chose dans le genre.
Je ne réponds pas. James à des difficultés à exprimer ce qu'il ressent tout comme moi dans certaines situations. Je préfère lui laisser le temps dont il a besoin.
—J'ai peur de te toucher comme avant et de te faire mal et qu'il t'arrive malheur. Avant de partir, j'ai laissé mes marques sur ta peau, mais là, ça m'effraie.
Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse passionnément. Il a raison, il n'ose pas me toucher. Même dans ce baiser il n'est pas réceptif. Je m'écarte de lui.
—James, je suis en vie, tout va bien. Je veux que tu me touches. J'ai envie de sentir tes mains sur moi comme tu as envie de sentir les miennes sur toi. Je ne suis pas en sucre, je suis forte. S'il te plaît, fais-le.
Peut être que mon air suppliant va le faire changer d'av...
Je ne termine pas ma phrase vu qu'il me coupe le souffle en écrasant ses lèvres contre les miennes. C'est un baiser plein d'ardeur, chaud, fort et dur.
—J'en ai tellement envie Emylia ... souffle t-il sur mes lèvres.
—Vas-y.
Il me soulève et me plaque contre la paroi de douche en pierre. Un de mes derniers bleus en fait les frais mais en m'en contre fou tant j'ai envie de lui. Il m'embrasse si fort que j'ai du mal à respirer. D'un seul coup de rein, il entre en moi et me possède de la manière la plus évidente pour nous deux qui soit. Cela fait si longtemps qu'il ne m'a pas touché. A peine une semaine me dit ma conscience. Il accélère le mouvement et je lui attrape les cheveux.
—Putain oui.
Nous sommes enfin à notre place. Lui, en moi. Ces coups de reins se font de plus en plus rapides et je me retiens de crier.
—James ...
Une boule se forme dans mon bas-ventre et j'enfouis ma tête dans son cou pour réprimer mes gémissements. Il fait quelques vas et viens et je ressens son orgasme jusqu'au plus profond de moi. Nous restons ainsi pendant de longues minutes à ne rien dire. De simples mots ne pourraient décrire ce que nous ressentons à ce moment précis. Lorsqu'il me repose, mes jambes fléchissent légèrement et il me rattrape instantanément.
—Satisfaite madame ?
—Et vous monsieur ?
Il hoche la tête. Tout à coup, je me rappelle de quelque chose et ouvre grands les yeux. J'essaye tant bien que mal de ne pas paniquer mais il me demande ce qui ne va pas.
—Tu n'as pas mis de préservatif.
Je vois ses yeux sortir de leurs orbites lorsqu'il réalise la situation.
—Merde, merde, merde ! Il a fallu que ça tombe sur moi putain !
Il cris si fort que j'ai un mouvement de recul.
—On va aller à la pharmacie pour que tu prennes ta putain de pilule du lendemain. Pourquoi est-ce que je me suis laissé emporté comme ça ? Tu as vu ce que tu me fais ?
J'ai envie de pleurer mais garde la tête froide.
—Je ne vais sûrement pas y aller avec toi.
  Il se retourne, choquée.
—Comment est-ce que je pourrai être sûr que tu ne me la fasse pas à l'envers en me faisant un gamin ?
Pauvre type.
—Tu crois vraiment que je voudrais un enfant avec toi ? Jamais de la vie.
Il se retourne vers moi sans rien ajouter.
Là, je suis blessée. Littéralement. On est deux à avoir oublier mais comment peut-il oser penser que je lui ferai un enfant dans son dos ? Ça n'a pas de sens.
J'enfile mon manteau et mets mon écharpe. Je me regarde devant le miroir de la chambre avant de partir.
—J'y vais.
Il ne prend pas la peine de répondre. Connard. Intérieurement je me souhaite un Joyeux anniversaire Emylia. Je sors de la chambre et pars rejoindre Dalya dans l'entrée. En arrivant, je remarque qu'elle m'attend déjà.
—Qu'est-ce que tu as ? demande t-elle gentiment.
—On pourra faire un crochet par la pharmacie s'il te plait ?
—Oui, pourquoi ? Es-tu malade ?
Nous sortons de la maison et avançons vers son 4x4 noir.
—J'ai un problème.
Elle fronce les sourcils. De toute évidence, elle ne comprend pas.
—On a couché ensemble sans préservatif et je ne prends pas la pilule. 
—D'accord, on y va en premier. Tu veux conduire ?
Je ne réponds pas et elle ne m'en demande pas plus. Depuis ce jour-là, je n'ai pas repris le volant une seule fois. Je pense que le stresse post-traumatique y a beaucoup joué.   
Dalya me prend dans ses bras :                                                                                               
—Je suis tellement désolée. Je vais prendre le volant ne t'inquiètes pas.
—Non. Il faut que j'y arrive. Je ne vais pas rester comme ça indéfiniment. Je n'ai pas eu de chance c'est tout.
Elle me regarde comme pour me laisser une dernière chance de refuser mais je ne céderai pas. Je dois y arriver.
—Comme tu voudras dit-elle en me tendant les clés.
Je les prends et monte côté conducteur. Je réalise mes réglages et fais chauffer le moteur. Mon amie appuie sur le pass du portail pour l'ouvrir et j'avance doucement pour sortir de l'allée. Au bout de cinq minutes de conduite, c'est comme si je n'avais jamais perdu la main. En même temps, c'est comme le vélo, une fois que vous savez en faire, ça ne s'oublie pas.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant