Chapitre 20

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Il est déjà dix-sept heures lorsque je me réveille de ma sieste. Cela fait très longtemps que je n'ai pas dormi ainsi. Je ne me rappelle même plus quand est-ce que je me suis mise au lit. Emylia qui fait une sieste, c'est rare. Je jette un oeil à mon téléphone et m'aperçois que Jack m'a envoyé un message pour me dire que lui et Dalya sont sortis acheter quelques trucs pour ce soir. Je me lève et vais arpenter la maison de long en large pour voir si Wedd est là où si je suis vraiment toute seule. Je traverse un long couloir orné de gros cadres puis arrive à l'entrée du salon. Je ne le vois pas mais des voix m'interpellent sur la terrasse. En avançant je remarque qu'un homme plutôt grand avec des cheveux blonds se retournent vers moi. Ses yeux bleus me fixent intensément. Il est plutôt beau garçon et je dois avouer que son regard me perturbe un peu.
—C'est qui elle ?
Je mets du temps à comprendre à qui il s'adresse. Il parle à Weddell.
—C'est ta nouvelle conquête c'est ça ? Je vois que tu me remplaces vite dit-il d'un ton rempli de dégoût.
Ce doit être Devon.
—Pardon ? Tu te fous vraiment de ma gueule là. C'est Emy, l'amie de Jack ! Je vois que tu m'écoutes lorsque je te parle de ma vie personnelle.
—Je .. je crois que je vais y aller je dis.
—Non lâche Wedd, je vais prendre l'air ailleurs.
Il s'en va s'en perdre une minute. Je ne m'attendais pas du tout à ça en arrivant. Je me retrouve maintenant seule avec Devon et un silence gênant s'installe.
—Tu es vraiment Emylia ?
Le fait qu'il me le demande m'énerve un peu. Qu'est ce qu'il n'a pas compris dans « C'est Emy, l'amie de Jack » ?
—Qui veux-tu que je sois d'autre ?
—Je ne sais pas à vrai dire.
—Alors pourquoi dire ça à Wedd ?
—En ce moment c'est compliqué.
—Je sais.
Il me regard d'un air méfiant.
—Comment ça, il t'en a parlé ?
—Oui.
—Alors tu sais pourquoi ça ne va pas en ce moment.
—Oui.
—Tu peux arrêter de dire oui, ça m'énerve.
—Que ça t'énerve ou non c'est la même chose.
—Pourquoi je me confierai à une inconnue ? dit-il d'un ton acerbe.
—Pourquoi j'en écouterai un ?
Il sourie.
—Là tu marques un point.
—Alors, pourquoi ne veux-tu pas le présenter à ta famille ?
—Toi tu vas droit au but. J'aime bien.
J'hausse les sourcils.
—Ma mère est décédée il y a deux ans et ma famille est très portée religion. Enfin, ce n'est pas qu'ils vont à l'église tous les jours mais pour eux, un homme doit se marier avec une femme et c'est non négociable.
—Tout d'abord, je suis désolée pour toi. Ensuite, de qui parles-tu lorsque tu dis « eux ».
—Mon père et mon frère ! Seule ma soeur est au courant de mon secret.
—Ton secret ? Alors tu le vois comme un secret ?
—Non pas du tout ! C'est juste que je n'ai pas trouvé le bon moment pour leur en parler.
—Tu devrais.
—Je sais.
Après quelques minutes de silence à contempler la vue qui donne de la terrasse, nous sommes rejoints par Weddell. Devon s'excuse et me voilà à tenir la chandelle entre deux personnes qui s'aiment. Fort heureusement, Wedd se rendant compte de ma position nous propose à tous les deux d'aller nous promener histoire de décompresser un peu.
—Il n'est pas un peu tard pour sortir ?
—Pas assez pour te trouver une robe pour ce soir.
—Une robe pour ce soir ? Où allons-nous ?
—Nous allons dans un club où plusieurs de nos amis vont nous rejoindre dit Wedd.
—Tes amis de médecine et ceux de l'école de Dalya ?
—Exactement. Tu pourras enfin profiter de ta jeunesse dit-il en me faisant un clin d'oeil.
Fin prête à sortir de la cabine, je suis très nerveuse. Stressée de montrer ma tenue à deux hommes qui ne sont pas mes mecs.
—Tu sors petite cachottière me lance Devon de l'autre coté du rideau.
Je n'arrive toujours pas à croire qu'ils m'aient trainé dans un Zara à cette heure-ci. Je dois admettre que même si je n'étais pas emballée au début, l'idée de me retrouver sur une avenue face à l'océan en faisant les magasins était plutôt agréable.
—J'arrive dis-je en rigolant.
Je termine d'attacher mes escarpins et lisse la robe dorée dont je suis vêtue. Un dernier regard vers le miroir et j'ouvre le rideau. Devant moi, j'ai deux pairs d'yeux qui me scrutent d'un air dont je ne saurais décrire.
—C'est si moche que ça ?
—Mon dieu Emylia non ! me dit Wedd.
—T'es une putain de bombe ! lance Devon.
—Vous êtes sûr que ça ne fait pas trop ?
—Pas du tout ! me disent-ils en même temps.
—Je prend laquelle du coup ? Celle-là, la rouge ou l'argentée.
—Prends les trois ! me dit Wedd.
Je réfléchis quelques secondes et me demande pourquoi pas. Après tout cela me fait toujours des tenues de soirées en plus.
—C'est d'accord.
La fin de l'après-midi était plutôt réussie. Après avoir payé et nous être baladés un peu, nous sommes rentrés à la villa. En arrivant, Jack et Dalya nous attendaient et étaient en train de préparer des cocktails. Ils nous ont demandé ce que nous avions fait et je leur ai montré mes achats. Non seulement je me suis prise les trois robes et les escarpins mais j'ai également acheté une paire de bottes à talons qui m'arrivent bien au-dessus des genoux ainsi qu'un manteau pour l'hiver. Nous sommes presque mi-décembre alors pas question d'acheter des maillots de bain.
Une fois mes affaires mises à laver, je suis partie boire un verre sur la terrasse avec mes amis. L'avantage c'est que leur parasol permet de chauffer l'air autour donc dans un mois comme celui-ci c'est super pratique. Jack et Dalya nous ont préparé des mojitos et des Piña Colada. Je ne suis pas surprise de trouver également des petits fours faits main. Je dois dire que vivre avec deux personnes qui savent cuisiner comme des chefs et préparer des cocktails, c'est l'éclate. Pendant que nous sirotions nos boissons et grignotions, Dalya m'a questionné sur James. J'avoue que je ne m'y attendais pas, vraiment pas. J'ai relevé la tête et ai répondu de manière aussi neutre que possible. Jack a alors changé de sujet ce dont je lui suis reconnaissante. Nonobstant, en y repensant, je n'ai pas pensé à lui de l'après-midi et il ne devait pas penser à moi non plus. Après être redescendue sur terre et avoir divagué de longues minutes, j'ai décidé d'aller me préparer, ce que les autres firent également. Et me voilà à présent devant le miroir de « ma chambre » vêtue de ma robe dorée et de mes escarpins. Je me suis fais un « smokey eye » qui fait ressortir mes yeux bien qu'ils soient marrons. Je me regarde une dernière fois et je me passe un peu de gloss. Là, c'est parfait. Je suis fin prête à descendre lorsque mon portable sonne. Je me précipite vers le lit et vois le nom d'Hadley apparaitre sur le petit écran. Deux appels en moins de 6 heures, devrais-je m'inquiéter ?
—Allô ?
—Emy je voulais te prévenir qu'avec Justin, ça c'est arrangé.
—Tu m'en vois ravie. Qu'est-ce qui le préoccupait ?
—Il stressait de me présenter à sa famille.
—Ah.
—Je sais ce que tu vas dire, comme quoi s'il a peur c'est que peut être je ne devrais pas y aller tutti quanti. Mais Emylia, je l'aime et il m'aime, que dire de plus ? Merde.
Je n'en crois pas mes yeux. Hadley s'est enfin avoué ce qu'elle avait peur de se dire depuis longtemps : elle est amoureuse.
—Meuf, c'est super. Je suis tellement contente pour toi. Vous deux ça a l'air d'être du solide non ?
—Ça tu peux le dire. Tu sais, ce mec me fait hurler de rire, m'écoute, m'aide, me console et, par dessus-tout, m'aime. C'est tout ce que je te souhaite. J'espère que toi aussi tu rencontreras un beau jour un mec comme ça. Ça te rendrait tellement heureuse. Tu te sentirais tellement épanou....
—Ça va j'ai compris je dis en riant.
—Emy c'est vrai c'est tellement beau ...
—Il t'arrive quoi tout à coup ? Où est passée ma meilleure amie ? Je veux retrouver ma pétasse pas un pot de miel tout collant voyons !
—C'est ça. Moques-toi donc mais lorsque tu auras connu ce frisson là ... tu sauras.
—Ok bisous j'y vais.
—Attends ! Tu vas où ?
—On sort dans un club avec des potes.
—Quels potes ? Tu te socialises alors dit-elle en riant. Fais attention, tu sais que James péterait un câble s'il apprenait que tu sortais dans un club avec des mecs.
—Ce n'est pas mon mec Hadley. Il n'y a rien entre nous. Je suis à des milliers de kilomètres de Washington donc ce soir, je compte bien picoler et profiter.
—Ne me mens..
Je lui raccroche au nez ce qui me fait marrer. J'adore ma meilleure amie pour ce genre d'instant.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now