Chapitre 16

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Quelques heures et quelques billets en moins plus tard, je ne me sens pas beaucoup mieux. Je rallume mon portable et vois qu'il est déjà dix-huit heures. James a essayé de me joindre trois fois. Je culpabilise un peu de ne pas lui avoir répondu mais il m'a blessé. Encore. Pourquoi m'a t-il menti au sujet de cette fille ? Je lui poserai la question lorsque je rentrerai. J'envoie aussitôt un message à Hadley pour lui dire que je pars. Pendant tout le chemin, je ne cesse de repenser à ma conversation avec James et à la raison qui lui a poussé à me mentir. Il faut vraiment que j'ai une discussion avec lui. Je dois prendre mes responsabilités.
En me garant, j'ai un peu la boule au ventre. Je ne sais jamais à quoi m'attendre avec lui. En poussant la porte d'entrée, je vois qu'Hadley prépare le repas. Elle me regarde du coin de l'oeil au moment où les chaussures de James près du tapis. Au, moins il est là pour s'expliquer. Je m'avance vers la chambre et mon cœur ne cesse de tambouriner dans ma poitrine. Pendant une demi seconde je me dis qu'il est encore possible de fuir mais je me ravise vite quand mon cerveau me dicte d'ouvrir la porte. En poussant la porte, je vois qu'il m'attend sur mon lit un livre à la main. Je pose mes achats et prends un ciseau sur mon bureau afin d'en couper les étiquettes. Il ne cesse d'observer le moindre de mes faits et gestes.
—Tu compte ne pas me parler de toute la soirée ?
Je ne réponds pas. Il a voulu me blesser, c'est à mon tour.
—Putain Emylia ! s'exclame t-il.
Je sursaute légèrement.
—Quoi ? dis-je posément.
—J'aime me bagarrer avec toi mais pas de cette façon. Parles-moi.
Aucun mot ne sort de ma bouche.
—Tu veux que je te dises quoi concrètement ? Que je te dises qui est Ashley c'est ça ? Je pense que ce ne sont pas tes affaires tout simplement.
Je hausse les sourcils tout en continuant de couper ces fichues étiquettes.
—Emylia s'il te plait. Je me rends bien compte que j'agis comme un gros connard avec toi mais je ne sais pas faire autrement.
C'est déjà quelque chose qu'il le reconnaisse.
Après environ cinq minutes sans aucun mot de ma part, il souffle, vaincu.
—C'est une ex.
Je le savais !
Je ne réponds pas ce qui le surprend. A la place je pars dans un grand éclat de rire. Un rire assez mauvais je dois avouer.
—Qu'est ce qui te fait rire au juste ?
—Alors la fille qui soit disant entendrais-je parler prochainement est ton ex ?
Il me regarde attentivement.
—Tu sais que je n'éprouve rien pour elle hein ?
—Tu n'éprouves rien pour personnes James. Tu te fiches de tout.
Il souffle.
—Si tu savais ce que je pense tu ne dirais pas ça.
—Dommage, elle était parfaite pour toi. Plutôt jolie, blonde et un peu pute sur les bords.
—Emylia ! Ce n'est pas une pute quand même.
—J'ai dis sur les bords je dis en rigolant.
—Je t'interdis de parler d'elle comme ça.
—Tu me l'interdit ? Tu n'as pas vu sa façon de me parler dans l'amphithéâtre et tu vas trouver quelque chose à redire ?
—Il y a sûrement une explication.
Je rêve.
—Arrêtes de la défendre !
Nous nous observons un instant sans dire un mot. Cette vivacité dans nos échanges est plutôt habituel mais cette fois cela me semble différent. En le regardant ainsi, je remarque qu'il porte un t-shirt blanc qui met en valeur ses muscles. Comment résister ? Emylia c'est ton ami me dicte ma conscience. Oui, mon ami, enfin, James quoi. Je me mors la lèvre malgré moi ce qui le fait se rapprocher. Il écrase ses lèvres contre les miennes me coupant le souffle. C'est l'inverse complet de ce à quoi je m'attendais. Je ne lui rend pas son baiser encore énervée contre lui. Il me regarde un instant.
—Ne me fais pas ça.
—Je ne suis rien pour toi, alors, à quoi bon ? Et de toute façon je ne te plais pas.
Il passe sa main sur sa nuque et fait les cent pas devant moi.
—Tu as raison, j'ai fais une erreur. Je ne suis pas celui qu'il te...
Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase que j'écrase ma bouche contre la sienne. Cette fois-ci je ne recule pas et notre baiser est des plus passionnés tant je me perds entre ses lèvres. Sa langue se fraie un chemin vers la mienne et j'en perds la tête. Il pose ses mains sur mes fesses ce qui m'arrache un gémissement. Cette sensation de bien être et de plaisir est inexplicable quand je suis avec lui. Être dans ses bras est si déconcertant. Il s'assoie sur mon lit et je passe à califourchon sur ses genoux. Bon, je ne lui plais pas mais il sait y faire, ça je ne peux pas le nier.
—Emylia.
Je me détache de lui et le regarde dans les yeux.
—On ne cherche pas la même chose et je ne voudrais pas te blesser. Ce n'est pas que tu ne me plais pas, mais ce serait une erreur de t'embarquer dans une histoire sans lendemain.
Ça, je le savais déjà. Mais pourquoi cherche t-il absolument un coup d'un soir ?
—Tu as raison. J'aurai sûrement voulu "plus".
—"Plus" ?
—Tu vois très bien ce que je veux dire.
—Non, dis moi.
Il fait exprès ou quoi ?
—Plus qu'un coup d'un soir. Mais pourquoi tu ne veux pas de sérieux en fait ?
—Je suis jeune et j'ai envie de m'amuser sans me compliquer la tête.
Je rigole.
—Tu sais, être avec quelqu'un ne rime pas forcément avec compliqué.
—Tu verras bien.
Je ne sais pas comment interpréter cette dernière phrase. Vraiment pas. Il ajoute :
—Écoutes, si tu veux que l'on continu à ce voir tu es prévenue, maintenant c'est à toi de voir.
Je reste sans rien dire sur ses genoux. Il me donne un dernier baiser avant de me poser sur le lit et partir. 
Le reste de la soirée se passe plutôt bien. La télé allumée, je regarde un épisode de Scandal sur Netflix. A peine l'épisode commencé je m'endors profondément. La journée a été éprouvante. J'ai l'impression que je dois prendre une décision. À première vue je n'aurai jamais accepté, j'ai des principes. J'ai la possibilité de coucher avec lui mais je ne sais pas sur quel terrain je vais devoir jouer. Je devrais absolument ne pas tomber raide dingue de lui ce qui semble facile. Après tout, pourquoi pas ? Concernant Ashley, je sens qu'elle ne va pas faire longs feux croyez-moi.
Ce matin, lors de notre cours d'histoire du droit, Jack et moi parlons de nos prochaines vacances. Nous avons pris nos billets pour samedi matin. Notre avion décollera à sept heures du matin et nous atterrirons à dix heures et quinze minutes, heure de la côte ouest. Nous avons également convenue de nous rejoindre directement à l'aéroport à six heures du matin pour enregistrer nos bagages. Il m'a même donné son numéro pour que l'on puisse se retrouver. Dalya et son cousin viendrons nous chercher à notre terminal. Voilà un beau programme qui me changera les idées. Jack m'a même dit qu'il y a une piscine dans leur maison alors que l'on est en décembre. Lorsqu'il m'a assuré qu'elle été chauffée j'ai été très ravie.
Ce midi, je déjeune seule à la cafétéria puisque Jack sort avec des copains à lui. Mon téléphone vibre et un message de James apparaît.
—Il faut que l'on parle d'un truc s'il te plait.
Un peu bizarre.
—Je suis à la cafétéria.
Environ cinq minutes plus tard, il fait son entrée. Il s'énerve un peu contre le personnel de service car il ne prend pas son repas. Je rigole toute seule en regardant la scène.
—Tu peux éviter de te moquer s'il te plait ?
—C'est trop dur je dis en éclatant de rire.
Il hausse les sourcils en attendant que j'arrête.
—Qu'est-ce que tu me veux ?
—Pleins de choses mais là n'est pas le sujet.
Des papillons me chatouillent le ventre et je sers automatiquement les cuisses.
—Je t'ai acheté un billet d'avion.
Pardon ?
—Attends, quoi ?
—Tu m'as très bien entendue. Tu pars en France avec moi fin décembre.
—Non.
Je réponds sans réfléchir.
—Tu es obligée. Rends moi ce service.
—Obligée ? Mais de quel service est-ce que tu parles ?
—Ma famille maternelle a repris contact avec mon père pour aller passer les fêtes de fin d'année avec eux. Mon père a mentionné ton nom et ils t'ont invité.
Tout se bouscule à une vitesse impressionnante dans mon cerveau. James, sa famille et moi en France, n'importe quoi.
—Je ne peux pas venir. Je pars déjà à San Francisco en décembre et je ne suis pas ta petite amie alors trouves toi une Emylia de remplacement. Oh mais j'y pense, tu devrais emmener Ashley tant que tu y es.
C'est sorti tout seul. J'ai dû mal à cacher ce que je pense.
—Tu pars quand et avec qui là-bas ? Ne me dis pas que tu pars avec crétin de Jack.
—Et bien si et ne le surnomme pas comme ça. Nous partons du huit au vingt-deux.
—Très bien, tu viens quand même. Notre billet n'est que le vingt-trois.
Trop de possibilités s'offrent à moi. J'ai envie d'y aller sachant que je parle déjà français. J'ai pris des cours lorsque j'étais enfant. Toutefois, je ne peux pas arriver dans sa famille en ayant conscience que leur James chéri veut être mon plan cul.
—James, écoutes moi dis-je en terminant ma pêche, je ne peux pas venir avec toi. Qu'est-ce que je leur dirait ? Bonjour, je me présente, Emylia, le plan cul de votre James adoré.
Un sourire lui vient aux lèvres.
—Mon plan cul ?
Merde. Pourquoi est-ce que je ne réfléchis pas à deux fois avant de parler ? Non mais sérieux.
—Tu as très bien compris.
—Alors tu as accepté.
Si je n'essaye pas, je ne pourrai jamais savoir ce qui peut en résulter. Je pourrai m'amuser et prendre du plaisir le court d'un instant.
Je fais oui de la tête.
—On est censés faire quoi maintenant, se serrer la main dis-je en tentant de faire une blague.
—Toi tu n'as vraiment jamais fais ça. Bref, on verra ça plus tard. Nous reviendrons le neuf janvier. Juste avant la reprise.
—Ça me va.
En sortant de mon dernier cours de la journée, je liste toutes les choses que je dois mettre dans ma valise pour partir. Là bas, il peut neiger mais je peux aussi me baigner. Assez étrange comme prévision. Je reçois un texto d'Hadley me prévenant de la venue de Justin ce soir à notre table alors que je m'apprête à rentrer. Je ne compte en aucun cas leur parler de notre petit arrangement. Des vacances oui, mais pas de ça. Ça ne regarde que lui et moi.
Pendant tout le repas, Hadley fait la conversation histoire que l'ambiance soit des plus agréable. Je suis contente qu'elle essaye car je suis bien trop préoccupée à penser à James. Je tente de réfléchir au meilleur moyen de leur dire pour la France. Hadley me dévisage. Elle comprend qu'il se passe quelque chose.
—Dis moi.
Justin n'enfourche pas sa fourchette dans sa bouche de surprise.
—De quoi parles-tu chérie ?
—Elle sait très bien où je veux en venir.
Je plaide coupable.
—Tu as raison. J'ai quelque chose à vous dire.
Ils me regardent tous les deux comme si j'avais du chocolat au milieu de la figure.
—Je pars à San Francisco et en France.
—C'était donc ça qui te préoccupait ? me demande Justin.
—Il y a autre chose lance Hadley.
Dans le mille.
—Je pars à San Francisco avec Jack voir sa copine et en France avec James.
Je porte immédiatement mon verre de vin blanc à la bouche comme pour me protéger.
—Tu quoi ? Mais pourquoi ?
—Intéressant dit Justin.
Je pense que je leur dois une explication même si c'est assez marrant de voir la tête choquée d'Hadley.
—Jack m'a invité à San Francisco pour aller voir sa copine et son cousin. Je partirai ensuite en France pour voir la famille de James.
—Alors c'est donc vrai, Elizabeth a repris contact avec John.
—Qui est Elizabeth ?
—Notre grand-mère.
Il va vraiment falloir que je sois au point avec tous ces nouveaux prénoms. D'ailleurs, Justin serait-il invité également ? Ils sont de la même famille après tout.
—Tu y va ?
—Oui.
Ça va être super de connaitre au moins un visage familier.
—Tu ne m'avais rien dit lance Hadley.
—Je l'ai su aujourd'hui. Tu veux venir avec moi ?
Ses yeux s'illuminent.
—J'adorerai.
Je me lève et débarrasse mon assiette afin de les laisser discuter. Je pars dans ma chambre et penses à ce que me réserves ces prochaines semaines. J'espère que tout ira bien. Je m'écroule de fatigue en m'imaginant au sommet de la Tour Eiffel contemplant Paris avec James.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now