Chapitre 36

132 12 5
                                    

Je termine d'attacher ma robe pour le repas de ce soir et m'allonge sur le lit ne cessant de repenser à ce fameux Michael. Et si c'était mon frère ? Mon vrai frère ? Ça serait tellement inimaginable. J'hésite à appeler mes parents ou lui envoyer un message à lui. J'opte pour la seconde option. Je tape son numéro dans les messages et envoie un simple :
—C'est Emylia.
Presque aussitôt je reçois une réponse.
—Je suis content que tu m'écrives.
—Donc ?
—Demain après-midi, ça te dirait d'aller boire un café ? Je te révélerai tout.
Belle technique.
—Ton stratagème pour me revoir est assez visible.
—Tu dois me prendre pour un mec louche mais tu dois me croire, je suis vraiment ton frère.
—Demain. 16 heures. Starbucks des Champs. J'attendrai des explications.
En étant ferme, j'essaye de me rassurer moi-même, enfin, je crois.
Il me tarde au plus haut point de connaître la vérité. J'attends avec impatience la confirmation de notre rendez-vous. Je ne dois en aucun cas parler de ma petite escapade de demain à qui que ce soit. Je ne préfère pas ébruiter mes potentiels problèmes familiaux.
La porte s'ouvre brusquement et James entre dans la pièce.
—Bon.
Parfait timing, comme toujours.
Qu'est-ce qui lui arrive ? Je pose mon téléphone sur la coiffeuse et me lève pour le rejoindre. J'attends qu'il poursuive.
—C'est qui ce mec ? dit-il de façon légèrement agressive.
—Qui ça ?
Je sais très bien de qui il parle.
—Ne joues pas au devinette avec moi, pas maintenant. Ana m'a dit qu'un homme t'avait abordé au restau'.
—Ah parce que tu me parles maintenant ? Ça y est, après deux jours de silence tu te décides à l'ouvrir pour évoquer ça ?
—Oui et ?
—T'es un gros naze.
Mon téléphone vibre et je sais déjà la scène qui va se jouer face à moi. Je ne peux que lever les yeux au ciel. Il prend mon téléphone au creux de sa main et ses yeux sortent clairement de leurs orbites.
—Attends, quoi ?! Comment ça « pas de problème on se voit demain ». C'est qui lui putain !
Comment désamorcer une bombe ? Ma bombe ?
—James, James dis-je posément. Je ne peux pas encore te le dire mais je te promets que dès que je peux, je te raconterai tout.
—Tu te fous vraiment de ma gueule en fait. Tu crois que je t'ai faite venir pour que t'ailles donner ton cul à je ne sais quel français sorti de nulle part ? Tu n'est pas logée gratuitement pour sortir. T'aurais mieux fais d'aller à l'hôtel !
C'est un choc inévitable qui m'arrive en pleine face. Je crois tout bonnement halluciner. Au-delà de ça, je comprends qu'Ana ne lui ait pas dit qui cet homme pouvait être. Si ça se trouve, il aurait eu peur que j'y aille seule demain. Je peux me débrouiller, vraiment.
—Tu rigoles ou quoi ? Je ne vais donner mon cul à personne ! Je t'ai dis que je t'expliquerai plus tard alors tes commentaires tu peux te les mettre où je pense.
Il fait les cent pas près de moi.
—Cesses de me rendre fou Emylia. Je ne vais plus pouvoir tenir très longtemps comme ça.
—Mais je te dis la vérité ! Je te promet que je te raconterai tout sans exception une fois que j'aurai tous les éléments de ce fichu puzzle !
Il part s'assoir sur le rebord du lit.
—James, tu m'ignores depuis que nous sommes arrivés ici, tu ne m'adresses aucun mot, aucun regard et tu ne me touches plus.
—Ce qui te manque c'est juste la baise ?
—Tu sais bien ce que je veux dire par-là. Tu n'es plus toi même.
Il passe sa main sur son visage et se lève après quelques minutes sans dire quoi que ce soit.
—Tu as raison. Nous sommes amis et tu fais ce que tu veux. Rappelles-toi juste que tu m'avais promis qu'il n'y aurait personne d'autre dans notre accord dit-il en quittant la pièce. Oh et Emylia, descends, ma famille est arrivée.
Pourquoi remet-il ça sur le tapis ? Il sait très bien qu'il n'y aura personne d'autre tant que je coucherai avec lui. Décidément, j'ai l'impression d'être vraiment conne. Je ne sais plus trop où nous en sommes lui et moi. Je le succède et nous arpentons le couloir en silence. Nous nous rapprochons des bruits provenant du rez-de-chaussée et à peine ai-je descendu la dernière marche qu'un homme me sert fort dans ses bras. Je ne sais pas qui c'est mais accepte néanmoins son étreinte. Ce doit être quelqu'un de la famille.
—Gabriel, enchanté.
Je comprends immédiatement qui est-ce. C'est le frère jumeau d'Anne. Effectivement, il se ressemble comme deux gouttes d'eau. Je suis sotte de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.
—Moi de même, Emylia.
Il s'approche de James et l'étreint rapidement. Gabriel nous présente sa femme, Carole qui a l'air plutôt gentille. Georges nous conduit tous dans le salon et je remarque avec émerveillement qu'un grand sapin est installée avec de belles décorations rouge et or. C'est magnifique. Nous allons dire bonjour au reste de la famille et je suis contente de tous les connaître à présent. Bien que cela soit bizarre pour James de les revoir après dix ans d'absence, je suis ravie de les rencontrer. Anna avait un frère jumeau, Gabriel, une sœur qui s'appelle Audrey et un petit frère nommé Grayson. Ils ont chacun eu trois enfants hormis Anne. On va être nombreux ce soir. Nous faisons tous connaissance lorsque Sophy arrive avec son mari. Clément, je crois. Son ventre est déjà bien arrondie. Elle devrait accoucher d'ici trois mois si j'ai bien compris. Elle est radieuse. Elle semble réellement heureuse. J'aimerai bien moi aussi à son âge être enceinte ou proche de l'être et bientôt mariée. Mais bon, avec la chance que j'ai ça m'étonnerait beaucoup. Il faudrait déjà commencer par rencontrer quelqu'un.
Nous passons à table et comme à son habitude, Elizabeth a mis les petits plats dans les grands. La table est splendide. Nous prenons place en fonction des petits cartons avec nos prénoms et je me retrouve entre James et Lou, sa cousine. Georges aide Elizabeth à amener tous les plats et tout à l'air vraiment succulent. En France, pour Noël, la tradition veut que les convives mangent des huîtres, du saumon et du foie gras en entrée. Je n'ai jamais mangé ni de foie gras ni d'huître de ma vie. J'hésite à goûter.
—C'est délicieux me dit James. Vas-y, essayes.
Je prend un petit morceau de pain et m'en tartine un peu. Lorsque je la mange, je suis obligée de m'en faire une deuxième tant c'est délicieux.
—Tu sais qu'apparemment elles seraient aphrodisiaques dit-il en me montrant les huîtres.
Je m'approche de son oreille et lui murmure :
—Je veux bien goûter mais toi seul sait que je n'ai besoin d'huître pour être prête pour toi.
Je jurerai l'entendre déglutir au moment où je porte l'huître à mes lèvres.
Le goût est plutôt agréable.
—Ne tortures pas trop mon cousin, il semblerait qu'il ne puisse encore tenir trop longtemps lance Maël, face à James.
Il me fait un clin d'œil.
Je ri et James lui fait un doigt d'honneur.
De ce que j'ai entendu, Maël a le même âge que James et ils se seraient un peu parlé via les réseaux sociaux pendant toutes ces années. C'est bien que James ait gardé un minimum de lien avec sa famille maternelle. Pendant tout le repas, que ce soit du chapon au fromage, je sens l'attitude de James un peu différente. Il a l'air vraiment content voire même heureux d'être là. Son comportement en vers moi est aussi changeant. Il semble que le vin l'ait détendu.
Je me lève et aide Elizabeth et Audrey à débarrasser pendant que tout le monde discute, attendant le dessert.
—Tu n'es pas obligée me dit Audrey alors que je pose une pile d'assiettes près de l'évier.
—Cela me fait plaisir.
Elle me fait un sourire et je retourne dans le salon. Dans le couloir, on me tire par le bras et j'observe James m'entraîner dans un coin près du salon à l'abris de tout regard.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je ne peux plus attendre.
Il s'approche de moi et écrase ses lèvres sur les miennes. Elles m'avaient tant manquées, il m'avait manqué. Sa langue se fraie un chemin entre mes lèvres et je l'accueille d'un gémissement. Me sentir aussi proche de lui est ce qui me fait le plus de bien. Je ne peux pas l'expliquer. Sa main passe sous ma robe et dieu merci je n'ai pas mis de collants. Ses doigts me caressent par-dessus la dentelle de mon tanga et je sens mes jambes prêtes à fléchir.
—Enlèves-le.
—Dévergondée comme j'aime dit-il entre deux baisers.
Il se détache de moi et vérifies que personne n'arrive lorsqu'il s'agenouille devant moi et passe sa tête sous ma robe. Je sens qu'il m'hume avant de descendre mon tanga délicatement, comme pour me torturer. Je lève mes talons un à un pour l'enjamber et lorsque ses doigts remontent contre mes cuisses, c'est comme s'ils me brûlaient. Je brûle pour lui. Littéralement. Je passe ma main devant ma bouche pour étouffer un cri alors qu'il embrasse mon intimité tout comme il adore m'embrasser. Passionnément, durement. Des décharges de plaisir parcourent mon corps et je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps comme ça. Au moment où ces doigts me pénètrent, c'est un feu d'artifice de plaisir qui explose en moi. Après quelques allers et retours brutaux, je jouis en faisant le moins de bruit possible. C'est la partie la plus compliqué qui soit. Et il le sait. Lorsqu'il remet ma robe et m'embrasse tendrement, je suis à bout de souffle.
—Il n'aura pas donc pu s'en empêcher lance une voix derrière moi.
Je reste immobile et me tourne pour apercevoir Maël applaudir.
—Mamie et papi vous cherchent. Nous allons prendre le dessert. Je leur dis que James l'a déjà pris ? dit-il en se marrant.
James pouffe de rire et je dis en passant près de lui :
—Il n'a même pas attaqué l'apéritif.
—Je l'aime bien elle ! dit Maël à son cousin en lui donnant une tape dans le dos.
—Moi aussi, tu n'imagines pas à quel point.
Nous regagnons la salle à manger et fort heureusement, je parviens à me faufiler à ma place sans que personne n'ait remarqué mon absence. De nombreuses bûches glacées sont exposées sur la table ainsi qu'un défilé de gâteaux. Décidément, je vais vraiment prendre du poids. En même temps, la nourriture est excellente dans ce pays ce n'est pas de ma faute. Lou me propose un verre de champagne que j'accepte volontiers. Sophy se met debout et lève son verre d'eau.
— Comme vous le savez, nous sommes censés révéler le sexe de notre bébé ce soir mais avant, je souhaitais dire quelques mots.
—Je parie qu'elle va pleurer lance son frère jumeau, Maddox.
—Tais-toi dit-elle en riant. Je disais, je suis vraiment heureuse que tonton John et vous mes cousins, soyez venus cette année pour Noël. J'espère de tout cœur qu'il y en aura d'autres, vraiment. Je suis également ravie que tu sois là Emylia. Et pour le bébé, eh bien, c'est une fille ! s'exclame Sophy.
Des félicitations viennent de tout part et elle pleure de joie. Son mari lui prend la taille et l'embrasse sur le front.
—Je t'aime tellement dit-il.
En observant cette scène, j'entends James parler avec sa petite cousine Grace, seulement âgée de cinq ans. Elle est vraiment mignonne et parle vraiment comme une grande. Elle doit sûrement être contente de bientôt avoir une petite cousine.
—Et toi alors ?
—Comment ça moi ? dit James d'un ton dubitatif.
—Tu ne vas pas avoir de bébé ?
Je bois une gorgée de champagne et fais comme si je n'avais pas entendu. Je me mords la lèvre pour ne pas sourire.
—Non. Pourquoi j'aurai un gosse ?
—C'est quoi un gosse ?
—Un enfant je veux dire.
Je me racle la gorge et retiens un petit rire.
—Tu ne veux pas d'enfants avec ta femme ?
Je ris mais enfourche une bouchée de bûche avant que James ne me surprenne à écouter ce qu'ils se disent.
—Ma femme ?
Je la vois me montrer du doigt et je ne peux que me tourner vers elle.
—Elle.
Moi ? Sa femme ? Je souris en haussant les sourcils et repense soudain au rêve que j'avais fais à San Francisco. Heureusement que ma mère m'avait appelé sinon je ne serais peut-être plus de ce monde. James se tourne vers moi et me fait signe de laisser tomber. Il ne veut donc pas que j'écoute.
—Eh bien...
—Tu étudiés quoi à Washington ? me demande Lou à ma droite.
Mince. Je n'ai pu écouter ce qu'ils se sont dit. Après tout, cela ne me regarde pas. Je souris et lui réponds :
—Comme James, le droit et toi ?
—C'est bien. Je suis en première année d'AES.
—Qu'est-ce donc ?
—Ah oui, c'est vrai, nous n'avons pas les mêmes spécialités suivant les pays. Cela correspond à de l'économie, de la gestion administrative et un peu de sociologie.
—Ça m'a l'air intéressant.
—Oui, ça me plaît beaucoup.
La conversation se termine en même temps que la soirée.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now