Chapitre 2

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      En arrivant près de la villa, nous avons beaucoup de mal à nous garer tant il y a du monde. La musique provenant de l'intérieur doit s'entendre à des kilomètres. J'ai à peine mis un pied dans la maison que j'ai soudainement trop chaud. Je suis un peu paniquée en voyant tous ces gens. Il faut que je prenne l'air, vite. Je me retourne mais Hadley n'est plus là, je vais devoir me débrouiller seule en terrain inconnu. Encore une fois.
Mes pas me guident jusqu'à l'arrière de la maison où se trouve une piscine, mais il n'y a que des étudiants qui se tripotent et se baignent à moitié-nu, alors je fais marche-arrière. Impossible de trouver de l'air au rez-de-chaussée alors je monte à l'étage, espérant trouver un coin tranquille. Comme je m'y attendais, je trouve des jeunes qui s'embrassent ou qui fument de l'herbe dans les pièces que j'ouvre. Génial. Je mise tous mes espoirs sur la dernière porte, légèrement entrouverte. Faites qu'il n'y ait personne. Lorsque je rentre dans la pièce, je me surprends à la détailler minutieusement. Un peu sombre mais dotée d'une grande bibliothèque et d'un cadre représentant la carte du monde. À ma plus grande joie, il y a un balcon que je rejoins à toute vitesse. Une légère brise rafraichie mon visage et me calme. Je lève la tête et observe les nombreuses étoiles qui s'offrent à moi, je pourrais rester ici des heures pour les contempler.
⎯On profite de la vue ?
Je sursaute et me retourne, paniquée. James est là, une bière à la main, et mon regard se porte d'abord sur sa casquette de l'équipe de rugby de UW avant de plonger dans ses yeux. Ils sont d'un bleu magnifiques.
⎯Tu me suis maintenant ?
⎯C'est ma chambre, ce qui fait de ce balcon mon balcon.
Hors de question que je reste ici une seconde de plus. Je me précipite vers la porte mais James se rapproche de moi. Il pose sa bière. Automatiquement, je me recule mais me retrouve contre la barrière du balcon. James avance, me fixant comme si j'étais sa proie. Je ne détourne pas le regard bien que mon cœur s'emballe, et lorsqu'il place ses bras sur la barrière de façon à me bloquer ma gorge se serre. Aucun échappatoire. Dans quoi me suis-je embarquée ? Je voulais simplement prendre l'air.
⎯Cette petite bouche insolente ne dit plus rien maintenant ?
⎯La ferme.
⎯Mais c'est que je suis impressionnée, mademoiselle White.
Sa bouche n'est plus qu'à quelques centimètres de la mienne, et je dois me concentrer sur autre chose que ses lèvres pleines qui s'offrent à moi. Il faut que je trouve une solution pour partir d'ici. Rentrer dans son jeu ? Pourquoi pas. Le petit diable sur mon épaule droite danse déjà la Macarena. Je m'approche encore plus près de sa bouche et lui souffle :
⎯Je suis pleine de surprises, monsieur ?
⎯Parklay, James Parklay, répond-il d'une voix rauque.
⎯Donc, monsieur Parklay, pourquoi ne me laissez-vous pas partir ?
⎯Ne faites pas votre innocente, mademoiselle White.
Je pourrais l'embrasser tant nos bouches sont près l'une de l'autre, se frôlant presque. Ma raison reprend le dessus et je le repousse pour m'éloigner le plus rapidement d'ici.
⎯Tu ne peux pas éviter l'inévitable, chérie !
Ce à quoi je ne réponds pas et je descends dans le salon où je croise ma meilleure amie.
⎯Had, je pense rentrer. Tu restes ou je te ramène ?
⎯Déjà ?! Emy, non ! Viens avec nous boire un verre. Un seul.
J'hésite. Après tout, je me suis achetée de nouvelles fringues et je suis ici, autant en profiter encore un peu. James ne me gâchera pas la soirée.
⎯D'accord, mais un verre.
⎯Super ! Allez, viens !
Nous nous installons devant la table basse où Justin, un autre de ses amis, la blonde et James nous attendent. Décidément, il me colle aux basques. Et il est sacrément rapide pour se trouver déjà ici.
⎯Les gars, on va jouer à « je n'ai jamais », annonce Hadley. C'est tout simple. Si quelqu'un refuse de boire ou de ne pas boire afin de cacher la vérité, il a un gage.
Facile.
⎯Je commence, déclare James.
Ce dernier hésite un moment, ce qui me semble louche. À quoi peut-il penser ? La blonde posée sur ses genoux n'arrête pas de le mater. Je me demande si c'est sa petite-amie ou juste un plan-cul.
⎯Accouche, se plaint Justin.
⎯J'ai trouvé ! Je n'ai jamais embrassé quelqu'un du même sexe.
Facile, je ne l'ai jamais fait donc pas besoin de boire. Par contre, Hadley et Jessica le font. J'entends Justin souffler à l'oreille de ma meilleure amie :
⎯Tu devras me raconter tout ça en détails.
Est-il intrigué ou excité ? En tout cas, je ne veux pas le savoir.
Le garçon à côté de Justin, Taylor il me semble, continue :
⎯Je n'ai jamais fantasmé ni eu de pensées sexuelles pour des personnes ici présentes.
Merde. Est-ce que je suis censée boire ? Je n'ai pas fantasmé mais j'ai pensé à l'embrasser. Merde. Tout le monde boit, excepté Taylor et moi.
⎯Alors, Emy, tu ne bois pas ? demande James, un sourire en coin.
⎯Je ne sais pas.
⎯Tu dois prendre une décision rapidement, réplique le brun.
⎯Je préfère le gage.
Tout sauf avouer à James que j'ai eu envie de l'embrasser.
⎯Dors avec James ce soir, lance Taylor.
⎯Pardon ? s'offusque la blonde.
⎯Ça peut être marrant dit James.
J'ai envie de protester, de hurler à James que ça n'a rien de marrant de dormir avec lui mais les mots restent bloqués dans ma gorge.
⎯Elle est vraiment obligée ?
⎯Désolé, Had, les règles sont les règles, dit Taylor.
⎯Promis, je mettrais un coussin entre ta meilleure amie et moi. De toute façon, j'ai assez de filles comme ça pour daigner m'intéresser à elle.
Pauvre type.
Après quelques verres – cette fois-ci, sans faire de gages – je ne me sens pas très bien, sans doute est-ce dû à tout l'alcool que j'ai ingurgité. Taylor s'est rapproché de moi et je dois dire que c'est un garçon plutôt sympa. Il me propose un dernier verre mais je refuse. Un de plus et je m'effondre. J'embrasse Taylor sur la joue et me lève en tanguant un peu.
James détourne son regard, enfin, C'est ce que je crois. Je pense que l'alcool déforme la réalité.
⎯Je vais aller me coucher, je suis fatiguée. Comme je dois passer la nuit ici, je suppose qu'on se voit demain, Hadley.
⎯À demain, Emy. Et envoies-moi un message si t'as besoin de quoi que ce soit.
Après une énième accolade à ma meilleure amie, je monte comme je peux les escaliers, James derrière moi. Dans sa chambre, je ne sais pas trop où me mettre et il ne fait rien pour dissiper le malaise. Il est aussi silencieux qu'un mort. Peut-être qu'il préfère que je dorme autre part.
⎯T'as qu'à dormir de ce côté.
Trente secondes. C'est le temps qu'il a mis avant de l'ouvrir. Je crois. Peut-être que l'alcool déforme aussi le temps.
⎯Je pourrais t'emprunter un truc pour dormir ? Je n'ai que ma robe et mes talons...
James semble un instant surpris, et un peu agacé par ma requête, mais il prend tout de même un t-shirt du rugby dans sa commode et un caleçon Calvin Klein.
⎯Merci.
Il quitte la pièce sans un mot. Je me change en vitesse avant de m'installer sous les couvertures à l'endroit qu'il m'a désigné. L'odeur de son t-shirt est indescriptible. Je m'imprègne d'elle et me remémore notre rapprochement sur le balcon ainsi qu'au centre commercial, cet après-midi. C'est un parfum boisé, fort et masculin que je pourrais facilement porter toute ma vie si je le pouvais.
Son caleçon me va trop grand mais, avec son t-shirt, on ne voit pas mes fesses. C'est parfait. Si demain je n'ai pas la gueule de bois, ce sera un miracle. Fatiguée, j'éteins la lumière mais le sommeil ne vient pas. Lorsque j'ai trop bu, je n'arrive jamais à m'endormir rapidement.
Je crois bien rester une bonne demi-heure seule jusqu'à ce que j'entende la porte s'ouvrir. J'espère simplement que c'est James et non pas un garçon bourré. Ou James trop bourré. Les yeux à moitié ouverts, je fais mine de dormir lorsque James entre et se met dos à moi. La chambre est peut-être dans l'obscurité mais j'arrive à percevoir son corps musclé et ses belles fesses que cache son caleçon noir. Lorsqu'il se retourne vers moi, j'ai le temps de remarquer un tatouage sur son torse avant de fermer les yeux. Il ne faudrait pas qu'il me surprenne.
Il fait le tour du lit et s'assoit derrière moi en soupirant.
⎯Qu'est-ce que tu me fais, Emy ? chuchote-t-il. Je ne sais pas pourquoi tu me fais penser à elle.
Sur le coup, j'ai envie de me retourner pour lui demander des explications, pour savoir de qui il parle. Il me croit endormie alors je réfrène mes ardeurs. Je réfléchirai à ça demain, si je suis dans un meilleur état. C'est une situation bien trop compliquée pour mon cerveau alcoolisé. Et fatigué.
Je sens le matelas s'affaisser ce qui signifie qu'il vient de se coucher. Il n'arrête pas de bouger, semblant ne pas réussir à trouver le sommeil. Soudain, il se colle à moi, glisse sa jambe entre les miennes et son bras se pose sur le mien. Sa tête se niche dans mon cou où il semble y humer mon parfum avant de s'endormir. Je ne l'entends plus et il a cessé tout mouvement. C'est à présent à mon tour de rejoindre les bras de Morphée.
Lorsque je me réveille, avant même que je n'ouvre les yeux, je sens quelque chose contre moi. Quelqu'un. J'ouvre les yeux et remarque les bras de James autour de ma taille. Mais qu'est-ce que je fous ici, dans ce lit avec James ? Il me faut dix secondes pour me rappeler la soirée de la veille dans les moindres détails.
En tendant la main pour tenter d'attraper mon portable sur la table de chevet, il tombe et James remue. Je l'attrape sans le réveiller et constate avec stupéfaction qu'il est déjà onze heures. Mes cours ! Hadley va me tuer, j'ai déjà dix appels en absence de sa part. Il faut que je rentre immédiatement.
Je me sors de son étreinte essayant de ne pas réveiller James et prends un short dans son armoire pour que personne ne me voit dans son boxer. J'ignore qui est en bas et je n'ai aucune envie de faire une Walk of Shame. Habillée, je prends mes affaires de la veille et descends en faisant le moins de bruit possible jusqu'à ma voiture. Avant de démarrer, je consulte à nouveau mon portable et vois que j'ai également reçu des appels de mes parents.
À l'appartement, je me prépare immédiatement un cappuccino. Je suis fatiguée mais je n'ai pas la gueule de bois, ce que je considère comme une mini victoire. Cette journée ne sera pas si difficile à supporter. Hadley me rejoint dans la cuisine, accompagnée de Justin, un énorme sourire sur leurs lèvres. J'en connais deux qui ont dû passer une très bonne nuit.
⎯Salut vous deux ! Comment ça va ?
⎯Très bien et toi ? demande Justin, un bras autour de la taille d'Hadley.
⎯Ça peut aller.
Le téléphone de Justin sonne à cet instant et il s'éloigne dans le couloir, me laissant seule avec ma meilleure amie.
⎯Justin ?
⎯Oui, je sais, je suis in love, déclare Had en riant.
Alors que nous discutons, quelqu'un frappe à la porte d'entrée. Hadley part ouvrir et James fait son apparition dans le salon de manière étrange. Il marche d'une telle façon que j'en viens à me poser la question de savoir s'il est encore bourré ou non.
⎯Salut, Hadley !
Il n'est plus saoul.
⎯Bonjour à toi aussi, James dis-je avec le peu de gentillesse qu'il me reste, un lendemain de soirée.
Apparemment, il n'a pas changé d'un poil. Pourquoi changerait-il en une nuit, de toute façon ?
⎯T'as toujours mes vêtements à ce que je vois, princesse.
Un nouveau surnom ?
⎯Je vais te les rendre dès aujourd'hui. Princesse, vraiment ?
Il ne répond pas, ce qui m'énerve au plus haut point. Sur cette Terre, c'est le mec le plus étrange que j'ai eu à rencontrer.
⎯Justin, on va y aller.
Je décide d'aller à la salle de bain avant même que les garçons ne partent. Après la soirée que j'ai eue, j'ai besoin d'une bonne et longue douche. J'ai à peine tourné les talons que James s'adresse de nouveau à moi :
⎯À plus, princesse.
Je ne réponds pas et claque la porte.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Där berättelser lever. Upptäck nu