Chapitre 26

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Le vide. La souffrance. Ces sensations sont épouvantables. Comme si plus rien ne vous appartenait. Le mal de crâne. Pire que la gueule de bois. Cent fois pire, mille fois pire.
—Emylia réponds moi !
J'entends vaguement cette légère voix flotter autour de moi ne sachant pas d'où est-ce qu'elle provient. Je tente de recouvrer mes esprits mais ma tête me fait extrêmement souffrir. J'ouvre difficilement mes yeux et tente de discerner ce que j'ai autour de moi. Je suis sur le ventre, de la neige ainsi que des débris m'entourent. Ma vue est un peu flou mais je crois discerner mon téléphone près de moi. Je tends ma main mais une énorme douleur m'arrache un cri. J'ai mal partout. En le collant contre mon oreille, la voix que je crois être celle de James hurle près de moi.
—Emylia réponds moi !
Tout à coup, tout devient plus clair. On est à San Francisco et j'étais au téléphone avec James. On s'expliquait au téléphone quand tout à coup des phares m'ont aveuglés, nous ont aveuglés. Oh mon dieu ! Addelyn ! J'essaye de toutes mes forces de me lever pour la retrouver mais mon bras droit et ma jambe gauche me font énormément mal. Lorsque j'y jette un coup d'œil, je remarque qu'un morceau de fer est planté dans ma cuisse ce qui me glace le sang. Mon manteau est tout abîmé -bon pour un rachat- et mon bras droit saigne tant il est amoché. Je me lève difficilement et garde la tête froide en essayant de retrouver Addy. En voyant où je suis, je me rends compte que j'ai été éjecter de la voiture par le pare brise. Je ne sais pas comment je parviens encore à être debout avec ça. Je le dois sûrement à l'adrénaline. Je marche quelques mètres et observe la scène catastrophique et épouvantable qui se dresse devant moi. La belle voiture de Dy est retournée et l'autre voiture dans le faussé. Tout se passe tellement vite et en même temps si lentement. Je vais vers notre véhicule en boitant et trouve Addelyn bloquée sur le siège conducteur entre la ceinture et l'air bag.
—Emy, aides moi, je t'en supplie ! dit-elle en pleurant.
Je veux dégager la portière mais elle est coincée par le poids de la voiture retournée. De vagues souvenirs de mon stage de secourisme me reviennent en mémoire et je me dis qu'il ne faut surtout pas que je la touche.
—Addy, écoutes moi. Je ne dois pas te laisser sortir ou tu risquerais d'avoir de plus graves blessures. Nous devons attendre les pompiers. Où est-ce ce que tu as le plus mal ?
—Je crois que j'ai quelque chose dans ma jambe et j'ai vachement mal à la tête. Appelles les pompiers Emylia.
Je compose machinalement le numéro et attends patiemment que quelqu'un décroche.
—Addy je vais aller voir l'autre voiture, il faut que tu restes calmes et surtout, que tu ne bouges pas.
Je me précipite aussi vite que je le peux vers l'autre voiture et m'aperçois que deux jeunes enfants sont assis près du fossé. Il y a une jeune fille et un jeune garçon sans doute âgés de huit et cinq ans. Ils ont quelques égratignures et la petite fille sanglote pendant que son frère la prend dans ses bras.
—Qu'est-ce que vous faites ici ? je parviens à dire.
Je n'entends pas leur réponse car la voix d'une femme arrive dans le combiné.
—Bonjour, quelle est la raison de votre appel ?
—On a eu un accident ! Aidez-nous s'il vous plaît !
—Calmez vous madame. Où est ce que vous êtes et combien il y a t-il de victimes ?
Je m'approche du poste du conducteur de la deuxième voiture et entend le petit garçon me dire :
—Aidez mon papa et ma maman s'il vous plaît.
En m'avançant, j'enlève la neige qui a commencé à tomber sur la vitre côté conducteur et constate que l'homme au volant et sans doute sa femme côté passager sont inconscients.
Je fais rapidement le compte et réponds à la femme.
—Nous sommes quatre adultes et deux jeunes enfants.
—Où est ce que vous vous trouvez et comment vont les victimes ? Les secours vont se mettre en route ne vous inquiétez pas ça va aller.
Je regarde le panneau le plus proche avec inscrit River Lake Avenue avant de le lui dire.
—Mademoiselle, comment vont les victimes ?
Ma tête me fait extrêmement mal que j'en avais oublié la question.
—Les deux conducteurs de la première voitures sont inconscients mais leurs enfants vont bien à première vue. Dans la deuxième voiture, ma belle-sœur est consciente mais on ne peut pas la bouger de la voiture. Elle est retournée. Quant à moi j'ai quelque chose dans la cuisse et mal partout.
—Ecoutez-moi mademoiselle, restez calme, les secours vont arriver, tout va bien se passer.
Lorsque l'appel prend fin, j'ai l'impression que ma tête se fait de plus en plus lourde. Je regarde les enfants tour à tour qui tremblent tellement le froid est glacial. Je ne sais pas comment les aider. Il ne doit même pas faire trois degrés. J'enlève ce qui reste de mon manteau et leur donne pour les réchauffer.
—Tenez, prenez le.
Ils me disent merci et le petit garçon s'adresse à moi :
—Est-ce que mon papa et ma maman vont mourir ?
Oh mon dieu. Qu'est-ce que je suis censée répondre à cet enfant ? Je ne suis pas médecin mais à première vue ils avaient l'air mal en point. Je n'ai pas pu voir s'ils respiraient. Je cherche mes mots et lui dis :
—J'espère que non. Dieu seul sait.
Je me retourne et les larmes que je retenais se mettent à couler. Je remarque avec effrois que du sang est mêlé à la neige. Je laisse échapper des cris d'appel à l'aide lorsque je remarque qu'il m'appartient. Je suis vraiment amochée. Les cris d'Addelyn sont insupportables à entendre. Je souffre pour elle. Mon téléphone se met à vibrer et je décroche immédiatement.
—Emylia tout va bien ?!
—James.
C'est la seul chose que je parviens à dire tant ma tête me fait souffrir.
—Emylia qu'est-ce qui se passe ? J'ai entendu des bruits, comme s'il s'était passé quelque chose de grave.
Je m'approche de notre voiture pour essayer de rassurer Addelyn.
—James...
Ma voix de brise.
—Nous avons eu un accident ...
—Quoi ? Tu es blessée ?!
—J'ai mal partout...
—Emylia appelles les secours ! Comment va ma sœur ?!
J'entends au loin la sirène des pompiers et penses que tout ira bien. Ma tête se fait de plus en plus lourde et le monde tourne au ralenti. Je touche mon crâne et remarque que du sang coule de mes doigts. J'ai froid, très froid. Soudain, je sens toute l'adrénaline que j'avais redescendre et je n'entends plus ni James ni Addelyn qui hurlent mon nom. Aucun son ne me parvient et je ne peux dire qu'une seule chose avant de m'effondrer sur le sol :
—James, aides moi...
Et puis, plus rien.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now