Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]

Chapitre 9 - 6

Les jours s'écoulèrent et chaque membre en profita de ce calme pour prendre du temps pour ses intérêts. Delili demandait des cours à la sorcière qui se révélèrent toujours rudes, tournés vers des compétences martiales éprouvantes. Oul vadrouillait en ville pour voir si elle n'en apprenait pas plus sur le canalisateur de Dorn Dar Gorth, souvent Klam tenait à la suivre pour s'assurer qu'elle ne fasse rien de dangereux.

L'occupation de Klam était quant à elle, l'utilisation d'une compétence qu'il n'avait pas beaucoup mise à l'œuvre depuis qu'il avait quitté les terres reculées. Il travaillait avec des commerçants en tant que juriste et offrait ses connaissances des lois de plusieurs pays. Il aidait sur droits de douanes et les différentes règles du commerce entre tel et tel nation.

De nombreuses connaissances d'Hammet se déplaçaient pour pouvoir discuter avec le grand brun. Ce savoir était apprécié et se monnayait bien dans une ville comme Dezalik.

La ville possédait un grand marché et des échoppes un peu partout. Un quartier de la ville était dédié à toutes les ventes d'esclaves, c'était un quartier à part sous protection et sous tension. Entre les esclaves qui voulaient s'échapper, les acheteurs mécontents et des visiteurs parfois violents, Dezalik avait choisi d'isoler ce secteur et d'y renforcer la présence armée.
Malgré la désapprobation de Klam, Oul réussit à pousser le citéen à y aller.

Elle avait du mal à comprendre comment on pouvait vendre un être humain à un autre être humain. Elle voulait voir les tractations et saisir ce qui intéressait les futurs maîtres. Elle avait eu un aperçu de la misère de cette activité, pourtant sa curiosité lui intimait d'en savoir plus. Les discussions s'envenimaient un peu avec le grand brun, car Oul laissait sous-entendre que cette excursion pouvait être amusante. L'homme ne supportait pas ce type d'argument, il savait trop bien ce qu'était ce spectacle de malheurs. Il accompagna la sorcière dans l'unique but de prévenir tout débordement.

L'entrée du marché aux esclaves étaient unique, une palissade de bois le séparait du reste des habitations. Un étrange cordon de gardes protégeait le passage, dos à dos pour défendre entrée et sortie. Les rues étaient toujours pleines, les curieux étaient nombreux. Chaque jour, il y avait des nouvelles arrivées et des êtres peu communs pour la population humaine de Dezalik.

Il y avait énormément de population semi-humaine à la vente. Des demi-ogres, des demi-trolls, des demi-gobelins, des demi-gnomes, demi-nains, beaucoup marchandés comme main d'œuvre. On trouvait ensuite beaucoup d'hommes et de femmes issus de champs de guerre et des territoires affamés. Il y avait des endettés. Et il y avait des provenances encore plus douteuses, des gens enlevés à leur patrie et trop en forme pour être de simples sans-le-sou.

Les émotions faisaient partie de la présentation pour la vente. A Dezalik les vendeurs d'esclaves aimaient montrer leurs marchandises sous leur vrai jour. Il n'y avait pas de fioritures et peu de mensonges sur les désirs profonds de l'être vendu.

Si chaque personne réagissait différemment à sa propre vente, il y avait deux grands groupes, ceux qui pleuraient, hurlaient à leur liberté et maudissaient cette captivité et ceux qui contre toutes attentes se résignaient, voir montraient les meilleurs aspects d'eux-mêmes pour fuir les mauvais traitements des esclavagistes. L'espoir d'un « bon maître » offrait parfois la seule issue aux coups de fouet pour toute une vie.

Mais il y avait surtout des larmes et des coups de fouet, car derrière ceux vendus pour être des travailleurs, il y avait tout un marché d'êtres dont la destinée était de subir toutes les perversités possibles. Les hommes et les femmes monnayées pour leur physique attrayant devaient se pavaner en tenues légères assez transparentes, ou laisser à la nudité devant la foule. Des citoyens venaient reluqués et touchés la marchandise, sous l'œil bienveillant du négociant qui y allait de son commentaire et discours sur la personne présentée.