Chapitre 9 - 4

31 5 1
                                    

Les pas se firent de plus en plus lourds jusqu'au quartier des Fins rosiers. Les maisons carrées au toit en demi-sphère s'enchainaient les unes après les autres. Les tuiles colorées amenaient une gaité dans ces rues poussiéreuses. Les allées n'étaient pas très larges et il était difficile de trouver son chemin. Régulièrement des peintures tracées sur les bâtiments donnaient un repère évident pour ceux qui en connaissaient le secret.

Chaque décoration anodine possédait un code précis pour identifier le secteur et l'appartenance du lieu et ce qu'on pouvait y marchander. Klam avait déjà la connaissance du curieux code.

Bientôt, le groupe entra dans le quartier des Fins rosiers. L'endroit ne mentait pas sur son nom, chaque maison possédait un ou plusieurs rosiers devant son perron. Chaque rosier n'était pas en fleur en même temps, afin que les allées fussent toujours fleuris. Les plants étaient très bien entretenus. Cet élément décoratif avec les nombreuses peintures murales donnaient un charme particulier à ce lieu.

Après avoir serpenté dans des ruelles, la petite troupe tomba sur un cul de sac où trônait une maison aux rosiers grimpants dont les fleurs semblaient fermées. Klam s'approcha de la maison, poussa quelques feuilles pour voir la peinture. La décoration représentait un nid dans un buisson, un bouton d'or à trois pétales, une canne à pêche et un panier rempli de cinq poissons. Klam tapa cinq coups rapides, puis trois coups plus appuyés.

Une voix venait de l'intérieur et questionna :

- L'heure est ?

- Aux visites des moineaux. Répondit le guide avant d'esquisser un sourire.

Les pas se pressèrent et une fenêtre dans la porte s'entrouvrit.

- Rares sont les moineaux.

- Après la tempête. Annonça le grand brun.

La porte s'ouvrit en large et un vieil homme dégarni sauta au cou du guide. Ils s'étreignirent avec de bonnes tapes dans le dos. L'homme âgé se redressa tout sourire.

- Mon précieux ami, c'est bon de te revoir. Ta visite me fera toujours plaisir peu importe ce que tu as à me demander.

- Tu vas vite aux conclusions, Hammet.

- On ne va pas se le cacher, les visites de courtoisies ! Ha, pas de ça entre nous ! Dis-moi ce qui t'amènes ?

- Disons que je fais équipe et qu'on a besoin de se poser un moment, ici si possible.

- Ah les deux demoiselles sont avec toi, ça fait plaisir que tu ne trimballes plus tout seul. Mais ça attire ma curiosité. Aller, entrez, la maison est à vous. Une boisson ? J'ai une décoction de fleurs  aux épices du sud, tu m'en diras des nouvelles.

Les invités entrèrent et le vieil homme ferma la porte pour les guider jusqu'à un grand salon où de grandes banquettes garnissaient les murs. De grands tissus recouvraient le bâti avec un drapée de couleur jaune et carmin. Plusieurs tableaux étaient accrochés et de lourds meubles en bois délimitaient l'espace cuisine. Une odeur de cannelle chargea l'air de la pièce à mesure que l'hôte remplissait la grande théière d'eau bouillante.

- Oh mais asseyiez-vous ne m'attendez pas, ordonna la profonde voix depuis la cuisine.

Les deux adultes se posèrent pendant que Delili contemplait un large portait d'une femme très belle habillée d'étoffes dans un dégradé de bleu. Elle semblait respirer le parfum d'une rose d'un pigment marin sombre et subtile. Dans coin droit du tableau, sur le cadre, avait été cloué une bande de soie blanche.

- C'est ma femme, c'est un joli tableau, presque aussi joli que la vraie, commenta Hammet avec des tasses dans les mains. Malheureusement elle repose loin d'ici, alors je n'ai que ce tableau pour la revoir.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant