Chapitre 6 - 2

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Les petites maisons apparurent après une vingtaine de minutes. La similarité restait, des chaumières sans étages s'alignaient le long des trois routes principales qui formaient un double « T ». Les deux carrefours à proximité définissaient le centre d'Horchagoot. On aurait pu compter une centaine le nombre de bâtisses semblables, si l'on avait un peu de temps à perdre.

Les deux compagnons arrivèrent à l'intersection et cherchèrent un magasin ou un lieu d'accueil. Manifestement l'endroit était calme, les habitants devaient être encore dans les champs ou à surveiller le bétail. Klam passa en revue les bicoques et parcourra la plupart des rues avant de trouver l'établissement. Une auberge des plus simples, pas de devantures, de particularités, juste une sobre pancarte au-dessus de la porte d'entrée. « Le godet vide » était aussi vide qu'il pouvait l'être. Le voyageur toqua, appela, personne ne vint. 

Il n'y avait pas d'horaires d'ouverture, impossible de savoir si cette absence de personnel et de client était normale. Il envoya une lèvre baissée désapprobatrice et haussa les épaules en guise de réponse à la sorcière qui attendait. Dans un lourd silence, un échange de gestes entre les deux marcheurs, chacun essayait de convaincre l'autre. La jeune femme râla avant d'entrer elle-aussi dans la salle de service. Elle tapotait du pied toutes les cinq secondes et soufflait d'ennui toutes les dix. L'homme fouilla les recoins de la pièce sans oser s'aventurer dans d'autres.

Après une dizaine de minutes à s'énerver planter à la même place, Oul commença à faire les cent pas. Ces allers et venues devinrent vite agaçants pour le guide qui tentait de trouver une solution. Avant qu'il ne perdit patience la poignée de la porte d'entrée tourna et six personnes se déversèrent dans l'auberge : cinq hommes d'armes et un triste individu à l'air pédant. Une septième personne pointa timidement son nez c'était une vieille femme, l'aubergiste.

Klam prit les devant et s'approcha amicalement du groupe. Les gardes arboraient le blason de la rose dorée sur fond blanc, une maison vassale du royaume d'Avernorne. Un petit royaume sous protectorat de l'An Der Merkt, une nation où les comtes et les barons formaient l'assemblée dirigeante. Un pays accueillant mais soumis à un contrôle strict de ses frontières. Il en allait de même en Avernorne. Le guide opta pour une situation d'apaisement.

- Messieurs les gardes calmez-vous, la maison Tuodart à telle l'habitude d'affronter sans écouter ?

Les hommes d'armes baissèrent boucliers et ne dégainèrent pas leur épée, signe d'une discussion qui pouvait commencer. Le grisonnant notable s'avança et se présenta.

- Jarn Evanter, administrateur nommé par la maison Tuodart pour le chef-lieu d'Horchagoot, nous accueillons les visiteurs bien intentionnés, mais il faut que ces derniers s'affranchissent d'abord des nécessités d'entrée dans le pays. Etes-vous des commerçants possédant le droit de passage depuis les Terres Reculées ?

- Et bien non, nous ne sommes que ...

- Alors il faudra vous contraindre à mes demandes et mon autorité. Les règlements des droits de passages s'effectueront après la mise en question relative à votre entrée sur le territoire.

- Très bien, toutefois nous ne disposons que d'une somme modeste qui ...

- Il va de soi, que tout contrevenant, ne fournissant ni les informations nécessaires, ni l'entièreté de la somme due se verra reconduit aux limites du territoire.

- J'en conviens, mais pourriez-vous ...

- Donc vous êtes deux voyageurs qui d'après les informations qui nous sont parvenus, viennent des Terres Reculées suite à un voyage d'étude sur les bêtes et plantes. Et vous ne disposez a priori d'aucun papier émanant de votre pays de provenance vous autorisant à venir en Avernorne.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant