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Un mal invisible de l'extérieur










A S A D









J'étais de retour à Nottingham depuis quelques jours maintenant. La revoir là-bas, aussi belle et aussi désirable, ça m'a inconsciemment peiné, plus qu'autre chose. C'était mieux ainsi, qu'elle reste loin de moi, d'un malade mental. J'étais retourné chez le docteur Ivanov avant mon départ. Il m'avait fait faire plus de tests, de scanners cérébraux et d'IRM. Le diagnostic est tombé. Je suis atteint de trouble explosif intermittent caractérisé par des expressions de colère extrêmes qui peuvent aller au point de violence. Ce n'est pas incurable mais la prise de médicaments peut entraîner des effets indésirables. Je n'ai pas voulu en savoir davantage, pas pour le moment en tout cas.

- Tout le monde t'attend Asad, me prévint Aya, dépêches-toi.

Je me levai et me dirigeai au salon principal. Le mariage était prévu pour demain. Maman voulait qu'on fasse une répétition générale aujourd'hui, je détestais ça. Je voulais m'enfuir le plus loin possible de cet endroit.

Yelena était debout près de ma mère. Elle était dos à moi, elle ne m'a pas vu arriver.

- Je n'arrive pas à croire qu'Asad espérait réellement épouser cet esclave ! Elle est si banale et si pauvre. Leur mariage n'aurait pas durer un mois, dit-elle de sa voix qui me donnait mal au crâne.

Mon sang ne fit qu'un tour et je la retournai avant de lui donner une gifle. Le silence régna en maître dans la salle. Toutes les personnes présentes étaient choquées.

- C'est la première et dernière fois que tu parles d'elle de cette façon. Tu ne lui arriveras jamais à la cheville.

- Comment as-tu osé Asad ?, s'exclama ma mère. C'est ta future femme.

J'ai donné un coup de pied dans le gros vase près de moi, il s'écrasa au sol dans un bruit sourd. J'étais dans une colère monstre et j'avais peur de blesser quelqu'un. Il fallait que je me fasse mal afin d'éteindre ce feu ardent à l'intérieur de moi. Je suis allée dans la cuisine et j'ai pris un couteau. Je l'ai posé sur mon poignet et en fermant les yeux, je fis le geste, je coupai la veine. Une lancinante douleur me saisissa de tout mon être et pendant un instant, cet douleur me fit du bien. Je me suis sentie mal. Ma tête tournait et je remarquai mon sang qui coulait sur le plan de travail. Ma tête a heurté le sol plus tard.
***

- Asad...réveilles-toi...

J'étais dans une chambre d'hôpital. Mes bras et mes jambes étaient attachés sur le lit. Mon père, Nadia et ma mère étaient debout en face de moi.

- Les médecins veulent éviter que tu fasses une autre...tentative de suicide, annonça mon père.

- Ce n'était pas une tentative de suicide. Depuis quand je suis ici ?

- Bientôt deux semaines Asad.

- Quoi ? Mais...le mariage ?

- Yelena est partie, déclara ma mère. Le mariage n'aura pas lieu. Aucune femme n'épouserait un homme comme toi, tu vas finir seul...

- Alisha !, intervint mon père.

- Ce n'est pas grave, papa. Elle a raison, je suis un danger pour tout le monde. Le docteur Ivanov m'a parlé. Je suis atteint de trouble explosif intermittent.

- Mais... c'est impossible ! Tu es déjà atteint de bipolarité, tu ne peux pas avoir les deux.

- C'est possible Nadia, j'aurais aimé te dire le contraire.

- J'ai fait tout mon possible pour te trouver une épouse correcte Asad, commença ma mère.

- Ne m'adresses pas la parole, maman. Tu es la dernière personne à qui j'ai envie de parler.

- Qu'est-ce qui se passe entre vous ?, demanda mon père.

Je venais de me rendre compte que mon père n'était pas au courant de ce qui s'était passé. Ça m'était sortit de la tête de lui en parler et je doute fortement que ma mère lui aurait avoué les choses horribles qu'elle a faites à Sumaya.

- Demandes à ta chère femme ce qu'elle a fait à Sumaya. Dis-lui maman !

- Sumaya ? Mais qu'est-ce qu'elle vient faire dans cette histoire ?

- Tu n'as pas trouvé ça bizarre qu'elle démissionne du jour au lendemain sans prévenir personne ?

Mon père se tourna vers maman et lui lança un de ses regards qui me ferait trembler. Elle gardait le regard baissé. Elle savait parfaitement que ce qu'elle a fait est cruelle et inhumain.

Elle avoua tout, comment elle a essayé de l'asphyxier, comment elle a envoyé des hommes qui ont presque abusé d'elle et la manière infâme dont Salim l'a chassé. Entendre cela à nouveau, me mis dans une colère incommensurable. J'en arrivais à ressentir un dégoût intense pour ces actions.

- Tu n'as pas osé faire ça maman, marmonna Nadia, la main sur la bouche.

Mon père se contentait de la fixer silencieusement. C'était la pire réaction qu'il pouvait avoir.

- Juste parceque cette fille a osé aimer ton fils, tu lui as fait subir tout cela ? N'as-tu donc pas de coeur Alisha ?

- J'essayais juste de te protéger Asad. Je ne pourrais pas te sauver du déshonneur qui t'attend si tu épousais une femme de basse classe. Ce n'est pas une femme de la haute société. Tu perdras tout respect si on te voit avec elle.

Seigneur tues-moi avant que je ne commette un péché.

J'ai fermé les yeux et j'ai demandé à tout le monde de sortir. Je voulais être seul et pleurer mon désespoir.

Lorsque ma chambre d'hôpital se vida et qu'il ne restait plus que moi, Dieu et la voix dans ma tête, je versai une larme. J'étais mentalement détruit et physiquement fatigué. Découvrir que j'étais atteint d'une nouvelle maladie, c'était la goutte de plus. C'est à ce moment que je remerciai la Lumière d'avoir éloigné Sumaya de moi. Elle méritait tellement mieux qu'un homme mentalement instable. Elle méritait le meilleur sur cette terre et ce n'était pas moi, surtout pas moi.

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Un peu court, désolée.

A tous cœurs vaillants...Where stories live. Discover now