- Je ne vais rien dire à ma tante.

- Vraiment ?

- Oui, je n'aime pas Asad, moins que toi en tout cas.

- Merci, Nafissa.

- Mais prépares-toi à affronter la colère de ma tante si elle venait à le découvrir. Elle n'acceptera jamais que son fils chéri épouse une employée.

Elle quitta la cuisine et s'en alla pour de bon. Je réfléchissais à sa dernière phrase. Je suis restée debout une dizaine de minutes avant de me décider à continuer mes corvées.
***

Les jours défilaient tranquillement. Asad se portait beaucoup mieux. On essayait de ne pas se voir afin d'éviter d'éveiller tout doute. Je me dis que si Nafissa avait pu nous remarquer, il se pourrait qu'un autre membre de la famille y parvienne et cela me mettait dans une anxiété monstre.

Selena, Anna et moi étions assises dans notre salle de repos. Nous discutions de tout et de choses sans grande importance. Zahra se mit à crier dans le salon principal. Nous arrivions à l'entendre.

- Qu'est-ce qu'elle a encore cette peste ?, lança Selena.

Nous sommes allées voir. Il y'avait toute la famille Aslaniya au salon, sauf Nuria et Ayman. Zahra était rouge de colère et Salim était à ses côtés.

- Ce sont elles !, s'exclama Zahra en nous désignant du doigt. Ce sont ces employées qui l'ont prise !

Je ne comprenais rien à la situation.

- As-tu des preuves de ce que tu dis Zahra ?, interrogea Hamid. On accuse pas les gens de cette manière.

- Je sais que c'est l'une d'entre elles qui a volé ma bague en diamant !

Bague en diamant ?

Si je comprends bien, la bague en diamant de Zahra a disparu, ou plutôt, a été volée. Et bien évidemment, les premières personnes qu'on accuse sont les pauvres employés. Typique des personnes riches !

- Nous n'avons rien pris, lui répondis-je.

- Oui, Sumaya a raison, ajouta Anna. Nous ne sommes peut-être rien de plus que des employées mais on est pas des voleuses.

- Vos affaires seront fouillées, déclara Salim.

En un claquement de doigts, les gardes du manoir se dirigèrent à notre salle commune. Nous entendions des objets se briser, signe qu'ils faisaient preuve d'une grande brutalité. Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée et irrespectée de toute ma vie.
Une vingtaine de minutes sembla s'écouler. L'un des gardes revint dans la pièce. Il tenait un sac à dos, pas le mien, dans une de ses mains et je vis un objet brillant dans l'autre. C'était la bague.

- J'ai trouvé ça, monsieur Salim, dit-il en donnant la bague à Salim.

- Très bien, tu peux disposer Léon, répliqua-t-il.

Léon s'en alla, ainsi que les autres gardes. Un silence pesant régnait dans la pièce.

- À qui appartient ce sac ?, questionna Salim.

Personne ne lui répondit. Ce n'était pas le mien, je ne savais pas qui en était le propriétaire. Honnêtement, même si je le savais, je n'aurais rien dit.

- Vous serez toutes les trois renvoyées !, s'écria Zahra.

- Attendez...c'est moi...j'ai pris la bague...

Mon regard se figea sur elle, Selena. Pourquoi avait-elle fait cela ? Je me posais tellement de questions et j'éprouvais également ce sentiment de peur pour elle.

Zahra se dirigea à elle hâtivement et sa main s'abattit sur sa joue. La peau blanche de Selena devint rapidement rougeâtre. Je courrai me mettre devant elle, tentant de la protéger.

- Je vous interdit de la frapper.

Zahra me regarda étrangement, ils me regardaient tous étrangement, choqués de mon geste.

- Écartes-toi, cet histoire ne te concerne pas, avança Salim sur un ton menaçant.

Voyant que je n'avais pas l'intention de m'écarter, il m'attrapa rudement par le poignet et m'éloigna de Selena en me poussant par la même occasion. Mes pieds s'emmêlèrent et je perdis l'équilibre en me retrouvant au sol, comme une merde.

Des bras puissants m'aidèrent à me relever. C'était Asad.

- Ne t'avises plus jamais de lui faire du mal, dit-il à son frère aîné.

- Asad, mon chéri, commença Alisha, tu devrais être au lit.

- Pour que vous puissiez maltraiter les employées ? Ce ne sont pas des animaux !

- C'est une voleuse !, répliqua Zahra.

- Je me fiche de ce qu'elle a fait ! Traitez-les avec respect.

Il m'attrapa le bras et m'obligea à le suivre dehors. Je fis signe à Selena de venir également.

- Pourquoi tu as fait ça Selena ? Tu te rends compte de la merde dans laquelle tu t'es mise ?

- Je suis tellement désolée...je t'ai attiré des ennuis...

- Je ne m'inquiète pas pour moi-même, je m'inquiète pour toi.

- Ma mère...elle est malade...

- Elle a quoi ?

- Une maladie pulmonaire. On doit l'opérer mais nous n'avons pas assez d'argent pour l'opération.

Elle se mit à pleurer en sanglotant. Je la serrai dans mes bras en lui frottant le dos. Ayant moi-même perdu ma mère, je comprenais ce qu'elle devait ressentir.

- Je n'aurais pas dû faire ça. Maintenant je suis renvoyée.

- Dans quel hôpital se trouve votre mère ?, lui demanda Asad qui était volontairement resté à l'écart.

- Hôpital Saint-Paul.

- Votre mère sera opérée, ne vous inquiétez pas.

- Vous...vous êtes sérieux ?

- Oui.

Les larmes de ma collègue redoublèrent d'intensité et elle s'écroula dans les bras d'Asad. Je ressentais également une joie sans nom pour elle. J'étais heureuse que sa mère puisse avoir une chance de guérir.

○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○



A tous cœurs vaillants...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant