Aşkim signifie "mon amour" en turc.

Asad était trilingue. Il parlait l'anglais, le russe et le turc. Je l'admirais parceque j'ai toujours trouvé que c'étaient des langues très dures à maîtriser.

- Je n'étais pas préparée à vivre sans elle. Nous n'étions peut-être pas dans le même pays mais je savais qu'elle serait toujours là pour moi, peu importe les kilomètres qui nous séparaient. Et là...j'ai l'impression de...de sombrer...

Une larme coula sur ma joue, puis une autre, et encore une autre. C'était la première fois, depuis la mort de ma mère que je pleurais son décès. J'avais eu des réactions stoïques et inexpressives.

Son pouce se posa sur ma joue qu'il essuya par un geste d'une grande douceur.

- Perdre un être cher est un événement traumatisant. Tu dois utiliser tous ces sentiments pour en faire une force, ta force. Tu comprends ?

- Oui.

- Et ta petite sœur ? Elle va vivre où ?

- Amina va vivre avec notre grande sœur au Canada.

- Je suis surpris que votre père ne se soit pas montré.

- Je ne sais plus quoi penser de lui.

Il me servit une grosse part de pizza et m'obligea à le finir.

- Asad je suis pleine !

- Manges encore un peu.

- Je vais exploser et tu seras obligé d'épouser Nafissa.

- Plutôt mourir !

Je riai face à son expression. Ma mère l'aurait aimer. Elle voulait pour nous des hommes respectueux, aimants et dignes. Asad remplit parfaitement ces critères et bien plus encore. Je me rendais à présent compte que je l'aimais profondément.

- Je sais que je te l'ai déjà dit cependant je ressens le besoin de te le redire. Je ne me suis jamais senti aussi bien en compagnie d'une femme. Aucune d'entre elles n'a jamais réussi à me comprendre si facilement et à me calmer en un simple toucher. C'est là que j'ai compris que ce que je ressentais pour toi n'était pas de l'affection, c'était de l'amour.

- Asad...

- J'aime t'entendre prononcer mon nom. Il semble si spécial lorsque c'est toi qui le dis.

- Asad, répétais-je de nouveau.

Il ria et me prit la main. Il embrassa mes doigts tout en me fixant. Le temps avait beau être grisâtre, au fond de moi, tout était ensoleillé et pailleté. C'était lui mon soleil.

- Je t'aime, Aşkim.

Je voulais lui dire "moi aussi" en revanche ces mots avaient énormément de mal à franchir mes lèvres. Je me contentai de lui sourire sincèrement, espérant qu'il comprenne que ce n'est pas parceque je ne le lui dis pas que je ne l'aimais pas.

Un peu avant la prière du crépuscule, il me ramena à la résidence et rentra chez lui.

- Qui c'était ? C'est lui qui t'a offert le bouquet de fleur la dernière fois ?

- Doucement Leyla, je viens d'arriver !

- Je m'en fiche ! Je te préviens, tu n'iras pas dans ta chambre tant que je ne saurai pas toute l'histoire.

- Je dois prier Leyla, je te promets que je te raconterai tout plus tard.

- Promis ?

- Promis.

Elle s'écarta et me laissa entrer dans ma chambre. Je fis ma prière et me changeai avant de la rejoindre dans la cuisine.

- Première question, il s'appelle comment ?

- Asad.

- Tu l'as connu où ?

- Au travail.

Je lui expliquai la situation sans entrer dans les détails.

- Si je résume bien, il est promis à une autre femme mais vous avez quand même décidé de vous aimer sans réellement être en couple.

- C'est compliqué.

- C'est tellement romantique !, s'exclame-t-elle.

- Tu trouves ?

- Évidemment ! Tous ces petits gestes qu'il a envers toi, ça prouve qu'il t'aime véritablement. On dirait Roméo et Juliette.

- Tu exagères !

- Je sais que je suis certainement la dernière personne qui puisse te donner un conseil mais si je devais te dire une chose, ce serait de t'accrocher et de ne pas le lâcher. Le fait que vous ne soyez pas du même milieu ne veut pas dire que votre relation ne mène nulle part.

- Merci, Leyla. Ça me fait plaisir.

- Bon bah, je vais aller prendre une douche, à plus tard.

- Okay !

Ce jour là, je suis allée me coucher en paix avec mon moi intérieur. Je me sentais plus légère. Je m'étais promise de faire regretter à mon géniteur ce qu'il avait fait parceque je considère que c'était en partie de sa faute si ma mère a fait une crise cardiaque. Il nous a poussé à bout et elle ne l'a pas supporté. Il pense possiblement que le fait que nous soyons des femmes lui permettait de nous malmener. J'étais décidée à lui montrer que les femmes étaient les armes les plus puissantes qui avaient été créées.
***

Le secrétariat nous a informé qu'on devait quitter la résidence pour une durée indéterminée. Elle devait être entièrement nettoyée et désinfectée. Heureusement pour moi, j'ai une chambre de libre au manoir, dans l'aile réservée aux employés qui résidaient là. Thérésa a gentiment accepté d'héberger Leyla. Elle a été un peu réticente sachant qu'elle verrait Pedro tous les jours. D'ailleurs, il est venu s'excuser pour son comportement. Il a dit qu'il ne savait pas ce qui lui avait pris. Je lui ai pardonné mais je préfère tout de même qu'il reste loin de moi.

Assise dans la bibliothèque en cette fin de soirée, j'étais en train de terminer l'histoire de Verra. J'étais arrivée à la fin et comme je m'y attendais, Verra a fini par apprécier Zavmar, qui était en réalité un homme blessé et détruit par la vie. Tout ce dont il avait besoin, c'était d'une personne qui puisse l'aimer sincèrement sans rien attendre en retour. D'une certaine façon, Zavmar me faisait un peu penser à Asad. Ils étaient tous les deux forts et sombres, en grand besoin d'amour.

Je me demande si mon histoire avec Asad aura une belle fin. Sera-t-elle aussi passionnée et fougueuse que celle de Zavmar et Vera ?

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A tous cœurs vaillants...Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt