L'Élue (Evangeline)

By Lucymary69

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En l'année 2133, la vie sur Terre est devenue très difficile. La grande extinction a commencé, les plus pauv... More

Prologue
Casting
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57 (partie 1)
Chapitre 57 (partie 2)
Épilogue

Chapitre 4

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By Lucymary69


L'aube est à peine levée, quelques rayons de lumière se frayent un chemin étroit entre les tours, un peu comme si le soleil lui aussi était prisonnier de ceux d'en haut. J'aperçois enfin Ahn sur son vélo, elle pédale avec énergie.

— Mes batteries sont à plat, annonce-t-elle essoufflée. Ce n'est pas si grave, elles se rechargeront dès qu'il fera complètement jour.

J'enfourche mon propre engin en hochant la tête. Je pose une main à l'endroit de mon cœur, là où j'ai planqué un précieux petit sachet.

— Et l'eau ? s'inquiète Ahn, tu crois qu'on en aura assez.

— Ce n'est pas pour rien qu'on économise nos rations depuis plusieurs semaines.

Discrètement intégrées aux rayons des roues, mes cellules solaires à moi sont gonflées à bloc, un seul coup de pédale suffit et me voilà partie. Nous atteignons rapidement une longue route désertique et poussiéreuse que nous connaissons bien. Cet endroit n'a rien de particulier aux yeux de la plupart des gens, qu'ils soient d'en haut ou d'en bas. Mais pour Ahn et moi, c'est un lieu très spécial.

Les cailloux à perte de vue cèdent la place aux vestiges d'une grande entrée à moitié détruite par le temps. Immuables, trois solides piliers de granit demeurent coiffés d'une longue arche sculptée, où on distingue des formes végétales, humaines et animales. Au-dessus du pilier central, un jeune garçon semble s'échapper du bronze pour danser avec des chevreaux. Je devais être âgée d'une dizaine d'années quand j'ai traîné Ahn ici afin de lui montrer ma trouvaille, elle a très vite été aussi enthousiaste que moi.

Nous engageons les vélos parmi les décombres de ce qui s'appelait autrefois le « Tish Children's Zoo », jusqu'à atteindre plusieurs arcades en briques rouges, ou du moins ce qu'il en reste. D'étranges sculptures d'animaux gisent au sol, un éléphant joue de l'accordéon, un pingouin du tambour, un hippopotame du violon.

Nous sommes arrivées.

C'est ici que se cache notre jardin, à l'ombre des arcades en briques rouges. Nous attrapons chacune un outil, et commençons à retourner scrupuleusement la terre. Bien sûr, elle est sèche, cassante. Elle résiste violemment à nos efforts, à notre constante bonne volonté. Elle refuse désormais d'offrir la moindre subsistance aux hommes, parce qu'ils l'ont impitoyablement trahie.

Il faut nous dépêcher. Dans quelques heures, la brûlure du soleil deviendra dangereuse pour des cyclistes, voire mortelle. Le temps nous est compté, nous redoublons d'énergie, de courage. Au bout d'une heure environ, nous avons obtenu un résultat acceptable. J'extirpe délicatement le précieux sachet négocié à prix d'or sur la place du marché, je divise les graines en deux moitiés à peu près égales.

— N'oublie pas ! Tu dois les enterrer sous environ trois fois leur diamètre, dis-je à Ahn en lui tendant sa part.

Sa figure est cramoisie, je ne vaux guère mieux. En m'échinant à la tâche, j'imagine que nos futures tomates arboreront la belle couleur de nos joues. Une fois mûres, évidemment, et à condition que des graines de tomates se trouvent dans le sachet.

— C'est terminé, souffle Ahn.

Elle me lance un regard inquiet, à l'instant où je farfouille dans les sacoches de mon vélo.

— Tu es certaine de vouloir le faire ?

Je ne réponds pas tout de suite, la mine concentrée j'exhibe sous son nez un petit poignard. De cramoisi, Ahn vire au blanc comme neige. Je précise que nous n'en avons jamais vu en vrai, ni elle ni moi.

— Évidemment ! N'oublie pas que je suis une Wyllt, le rituel du sang devrait marcher.

— Ne parle pas ainsi, c'est un mot interdit, murmure-t-elle d'un ton craintif.

— Tais-toi et va remplir les arrosoirs.

J'essaye de paraître sûre de moi, même si ce n'est pas vraiment le cas. Ahn s'exécute, elle verse l'eau avec délicatesse sur nos semis puis s'installe à mes côtés. D'une voix déterminée, je commence le rituel à voix haute :

« À toi qui as donné aux hommes tant de bienfaits, à toi qui gis sous la caresse de mes pas, accepte mon offrande, accepte le flot de mon sang, accepte le lien ! »

Ahn étouffe un cri lorsque j'entaille résolument ma main avec le poignard. Mon sang s'écoule lentement hors de mon corps pour se mêler à la terre de notre jardin. Une brise inattendue agite les ruines autour de nous. Il me semble entendre le rire cristallin d'un enfant invisible, l'étrange murmure d'une fontaine disparue. Est-ce l'écho du passé qui surgit à mon appel ? Est-ce un signe que le lien est accepté ?

Ma mère m'a expliqué un jour que la majorité des Wyllt étaient dépourvus du moindre pouvoir. Quant à ceux qui en avaient, la plupart sombraient dans la folie. Pour cette raison, les juges du gouverneur n'avaient pas hésité à interner ma mère. Il semblait si naturel qu'elle ait perdu l'esprit. C'est elle qui m'a parlé du rituel, elle m'a raconté qu'il constituait une sorte de clé que seul un ou une élu de la lignée des Wyllt pouvait activer.

Les prédicateurs croyaient dur comme fer que l'élue était ma mère. Elle le pensait également, c'est ce qui avait motivé son départ loin de son mari et de ses enfants. Elle ne m'a rien dit de plus sur le rituel. Elle nous a juste abandonnés, moi et Elvis, avec un simple baiser sur le front. La brise s'en est allée aussi soudainement qu'elle est venue, rien n'a vraiment changé. Malgré tout, Ahn observe scrupuleusement nos semis.

— Il aurait dû se passer quelque chose.

Je hausse les épaules, attentive à lui masquer ma déception.

— On recommencera une autre fois. Notre Terre est une vieille grand-mère, elle est sûrement dure d'oreille.

C'est encore un de nos fameux fous rires, puis nous remontons sur les vélos. Les batteries solaires de Ahn sont pleinement rechargées, elle en profite pour me noyer de questions sur ce foutu Nergal Del Rio.

— Bon sang ! Ton psy a filé une sacrée raclée au petit connard d'en haut. En plus, ce type est hyper sexy.

Des étoiles brillent dans ces jolies pupilles noisette, il est grand temps de la calmer.

— Je t'ai déjà dit que mon père était soldat ? Il a été démobilisé comme tous les autres quand la paix universelle a été proclamée.

— Mouais, répond-elle rêveusement, tu imagines à quoi ton canon de psy doit ressembler quand il enlève sa chemise.

— Arrête de baver et écoute. Il se trouve que mon père m'a enseigné plusieurs techniques de combat rapproché.

— Je le sais, soupire Ahn. Tu as essayé de me les apprendre, mais la baston...

— C'est pas ton truc !

J'ai achevé sa phrase d'un air goguenard.

— Où est le rapport avec le séduisant Nergal Del Rio ?

Elle a carrément roulé des yeux en murmurant ça, on voit bien qu'elle n'a pas admiré le soi-disant canon avec un énorme cigare dans le bec.

— Il a utilisé les mêmes techniques que mon père. Ce type est un menteur, il n'est pas plus psy que toi ou moi.

La bouche de Ahn forme un cercle presque parfait, elle attend patiemment quelques déductions de ma part.

— Je suis certaine qu'il était dans l'armée.

— C'est une possibilité, admet-elle, mais il a pu se reconvertir en tant que psy.

J'imagine mal ce genre de chose pour mon paternel ou ses anciens potes, autre chose me tracasse.

— Ça ne colle pas, et puis Nergal Del Rio n'a pas hésité à défoncer la gueule de ce type d'en haut. J'ai déjà vu cette sale tête. C'est le fils de la crapule qui possède tous les bars plus ou moins louches des tours.

— Le frère du gouverneur, gémit peureusement Ahn.

— En effet ! Les deux connards sont cousins. Nergal vit dans les tours, il ne pouvait pas l'ignorer. Dans le meilleur des cas il sera arrêté, sauf si c'est en réalité une saleté d'espion.

— Un espion, balbutie-t-elle en manquant de chuter du vélo.

Elle se rattrape in extrémis.

— Evangeline ! S'il savait pour notre jardin, pour le rituel.

— On est bonne pour les hyper goliaths ! Mais ça n'arrivera pas, je compte bien m'occuper de Nergal Del Rio.

— Tu vas quand même pas le tuer ! s'exclame Ahn en déglutissant péniblement.

— Pas dans un premier temps, je vais d'abord essayer de me renseigner sur ce que le bonhomme mijote.

Le soleil commence à monter haut dans le ciel, il ne faut plus traîner. En silence, nous prenons de la vitesse et roulons droit devant nous. En dépit de la détermination dont je fais preuve en ce qui concerne Nergal Del Rio, je songe que nous aurions peut-être dû jeter nos précieuses graines aux quatre vents.



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