« You almost had me fooled
Tell me that I was nothing without you, oh »
Praying - Kesha
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Tout semblait s'arrêter autour de moi et le sol avait l'air de se dérober sous mes pieds. Mon cœur rata plusieurs battements au point de rendre ma respiration difficile. Je peinais à réaliser ce que je venais d'entendre. Il fallait que je m'assois avant de perdre pied et de me perdre entièrement.
Un pincement douloureux oppressait ma poitrine au point de m'empêcher de respirer. Avec effroi, je constatai que tout s'effondrait autour de moi, emportant ainsi toutes mes illusions que je croyais réelles.
La gorge nouée, je ressentis une sensation d'étouffement et je discernai une grosse bouffée de larmes me monter aux yeux. Un violent mal de crâne me prit d'assaut. Les idées se bousculaient tellement qu'il m'était impossible d'y mettre de l'ordre. Si je ne comprenais plus rien, était-ce dû à mon traumatisme subi la veille ou était-ce parce que je ne m'attendais pas à ce genre de révélation ?
Le souffle coupé, je restai plantée devant Joe qui me sondait avec une expression remplie de remords.
- Sharon...
Alors qu'il s'apprêtait à poser sa main sur mon épaule, je le repoussai brusquement en lui adressant un regard si sombre que son visage pâlit.
- Comment as-tu pu... ?
Il m'était impossible de finir ma phrase, tant le chagrin m'accablait. Une énorme douleur mêlée à de la colère se faisait ressentir. Je voulais hurler de fureur, mais j'en étais incapable. Tous les mots restaient coincés au fond de ma gorge, me donnant cette impression d'étouffer.
Tout s'écroula en une fraction de seconde, une partie de mon âme était également abattue. Celui que je croyais être l'homme de ma vie, celui en qui j'avais une confiance aveugle, était en réalité, un briseur de cœur, un manipulateur et menteur.
- Tout ceci, c'était bien avant notre rencontre, insista Joe sur un ton désolé.
Malgré le regard abattu qu'il m'adressait, il m'était impossible d'éprouver la moindre peine à son égard. Je ne parvenais pas à réaliser ce que Joe avait fait. Pourtant, tout était vrai.
- Tout ça pour quitter Jacksonville ? Tu m'as utilisée pour pouvoir t'en aller ?
Joe secoua la tête, tandis que des larmes coulaient le long de ses joues. Je peinais à croire qu'elles étaient sincères. Il était très fort pour jouer la comédie. Et ce, depuis le début.
- Tout était faux entre nous ? Admets-le, tu préférais cette garce de Gloria !
Cette colère qui germait depuis si longtemps en moi commençait enfin à être expulsée. Je commençais enfin à cracher cette colère en moi, sous son regard étonné.
- Mais qu'est-ce que Gloria a à voir là-dedans ?
Son air faussement étonné attisait davantage cette explosion qui s'envenimait à chacun de ses paroles. Un millier de questions tournaient dans ma tête, impossible d'en choisir une. Jevoulais avoir des réponses, mais je craignais d'entendre cette atroce véritéqui me pendait au nez.
- Ne fais pas l'innocent. Elle m'a tout raconté sur votre histoire. Pour une fois, admets la vérité !
Les yeux plissés, Joe se mordit la lèvre. Ça aussi, jusqu'à quand allait-il me le cacher ?
- C'est vrai. J'ai baisé avec Gloria, finit-il par admettre.
Abasourdie par cette réalité dont j'avais toujours eu des soupçons, je fermai les yeux libérant les larmes que je tentais de retenir depuis quelques instants.
- Mais avec elle, je ne ressentais rien, ni avec aucune autre fille. Ce n'est qu'avec toi que je peux éprouver quelque chose.
Ravagée par une souffrance pesante, je passai mes mains dans mes cheveux, la mâchoire contractée. Pourquoi persistait-il à m'infliger cette douleur ? N'avais-je pas assez enduré ainsi ?
- Épargne-moi ces faux discours. Tu as réussi ton coup, tu peux être fier.
Le son de ma voix était brisé, tout comme l'était mon cœur. Mon être tout entier était réduit en morceaux. C'était une véritable déchirure que je ressentais au niveau de ma poitrine, malgré la douleur qui la comprimait. Je ne parvenais plus à regarder Joe dans les yeux. Il m'avait humiliée de la pire des manières qui puissent exister.
- Sharon, si tu savais à quel point je voudrais retourner en arrière, pour refuser la proposition de Jimmy...
- Mais tu ne peux pas ! hurlai-je en lâchant des sanglots déchirant. C'est de ta faute, ce qui m'est arrivé ! Tout est de ta faute !
Puis, je fondis en larmes, avec cet anéantissement qui déforma les traits de mon visage.
- Ne t'approche plus de moi ! grondai-je, alors que Joe tenta une approche vers moi.
Il m'adressa un regard vide, qui ne suscita pas la moindre émotion de ma part. Non, cette fois-ci, il n'allait pas m'atteindre. Il n'aurait plus à le faire.
- C'est fini...
Sans lui laisser le temps de répondre, je retournai dans la chambre dans la précipitation. Désormais, je ne pouvais plus rester ici une seconde de plus. Il me fallait partir et quitter cette ville au plus vite.
Joe ne m'avait pas simplement blessée avec ses mensonges qui persistaient depuis le début. Il m'avait anéantie, réduit en cendres en me manipulant et en s'amusant avec mes sentiments, tout ceci avec de fausses promesses que je croyais réelles. Depuis le premier jour, il m'avait pris pour cette idiote trop naïve pour finir par me détruire. Il tenait mon cœur si fragile entre ses mains et n'avait cessé de jouer avec, jusqu'à le détruire en miette.
Désormais, je n'allais plus lui donner la moindre occasion de se marrer dans mon dos. Il s'agissait de la dernière fois que je m'ouvrais à quelqu'un.
Une fois que mes affaires furent prêtes et que je sois changée, je quittai la chambre de Joe, un sac sur mon dos. En m'apercevant, ce dernier écarquilla les yeux.
- Sharon, je suis tellement désolé ! s'écria-t-il avec ce désespoir qui filtrait dans sa voix.
Sans me retourner, je pouvais sentir les larmes qui coulaient le long de ses joues, ainsi que ce désir qu'il ressentait de me prendre dans ses bras. Mais la distance que je nous imposais l'en empêchait.
- Je t'aime...
Ces mots eurent l'effet d'une bombe destructrice en moi. Leur cruauté était plus douloureuse que les révélations de Joe, car ils sonnaient faux. Tout était faux dans notre relation, depuis le premier jour de notre rencontre.
Incapable de répondre quoique ce soit, je quittai son studio sans me retourner. Mes yeux étaient bouffis par les larmes et j'avais l'impression que mon cœur pesait une tonne.
En quittant Jacksonville, j'avais laissé une partie de moi mourir sur place. Ce côté que j'avais mis tant de temps à construire et à développer n'existait plus. Cette confiance que j'avais envers moi-même et envers autrui avait été détruire. Je pensais qu'il ne restait plus rien de moi, que j'étais juste une fille sans aucune valeur, qui était anéantie par le chagrin qu'elle éprouvait.
* * *
Trois mois plus tard
Douze semaines s'étaient écoulées. Quatre-vingt-quatre jours durant lesquels mon chagrin vif s'accentuait sans s'estomper. Cette douleur qui se résorbait dans mon être entier était pire que de recevoir un coup de poignard dans le cœur. À plusieurs reprises, j'avais souhaité que cela arrive, car cette intensité poignante qui me faisait souffrir allait disparaître puisque j'allais mourir. Je voulais être libre de toutes sensations, ne plus avoir à subir ces émotions extraordinairement vives.
Mais dans la situation dans laquelle je me trouvais, j'étais condamné à encaisser cette douleur insupportable, déchirant chaque partie de mon âme. Les larmes ne cessaient de couler et malgré les tentatives de réconfort de ma mère, j'étais toujours au plus bas, blessée par cette terrible réalité.
Ma chambre était devenue mon refuge et je préférais largement la compagnie de mon lit. Ce dernier était le meilleur compagnon pour absorber toutes les larmes que j'y déposais.
Malgré les sanglots déchirants et incessants, cette douleur ne se dissipait pas. Les souvenirs de ces moments passés avec Joe, mêlés au atroce revenaient sans cesse renforçaient cette souffrance difficile à vivre. Ces instants passés à ses côtés ne représentaient certainement rien pour lui, mais pour moi, ils portaient une signification bien plus précieuse à mes yeux, comme un renouveau.
Cette impression que mon existence n'avait plus aucun sens m'habitait constamment et ceci me fit réaliser que toute ma vie avait tourné autour de Joe, que j'étais devenu dépendante de lui. Toutes mes soirées se résumaient à nos conversations téléphoniques et durant quelques week-ends, il passait à Valencia. Tout ceci était devenu une routine à laquelle je m'y étais habituée. Un train-train quotidien qui s'était brusquement arrêté et avait fait naître un vide qui me semblait impossible à remplir.
Il m'affirmait que m'aimer était la plus belle de ses conneries. La mienne était d'avoir cru ses paroles.
La boule que je ressentais n'était plus la même que celle de nos débuts. C'était désormais un nœud d'angoisse et de chagrin. Je regrettai d'avoir été aussi aveugle la première fois que je l'avais aperçue. Je m'en voulais de ne pas avoir remarqué que tout ceci n'était qu'un jeu à ses yeux.
Malgré les nombreuses tentatives de ma mère pour me réconforter, je faisais la sourde oreille. Je ne voulais pas remonter la pente, je ne voulais pas être aidée. Je ne voulais pas passer à autre chose, car il était tout mon univers et désormais, je n'avais plus de but. Ce scénario se répétait chaque jour, jusqu'à ce que ma mère décide de s'installer sur mon lit pour me retirer subitement la couverture qui m'abritait de la réalité.
En croisant par inadvertance son regard, je constatai que son expression était plus ferme, sans perdre pour autant la douceur de ses yeux marron.
- Sharon, il est peut-être temps de passer à autre chose.
Alors que je m'attendais à ce qu'elle me sorte le même discours, je perçus un ton différent. Plus déterminant et plus encourageant.
- Je comprends que tu souffres énormément. Mais ce n'est pas en restant dans ta chambre, que tu vas parvenir à faire oublier ton chagrin et tu vas l'oublier.
Elle parlait de Joe. Jusqu'à présent, j'avais fait exactement le contraire. Je restais dans ma pièce à pleurer toutes les larmes de mon corps, à m'infliger cette douleur atroce en me remémorant tous les instants passés avec Joe.
- Il ne faut pas que tu cesses de vivre pour un garçon qui t'a fait du mal. Nous sommes tous passés par un chagrin, moi y compris. J'ai été anéantie lorsque ton père nous a laissées, alors que tu n'étais même pas née. Mais je ne me suis pas effondrée à tout laisser tomber pour autant. J'ai tenu bon. Regarde où j'en suis maintenant.
Ma mère était une femme de combat, je l'avais toujours su sans vraiment le réaliser. Après l'abandon de mon père, elle a su se relever pour élever son enfant et être digne d'un exemple maternel. Encore plus lorsqu'elle avait manqué de se faire agresser dans un bar autrefois. Durant ma vie, je l'ai aperçue effondrée seulement deux fois. La première s'était produite juste après son agression dans son ancien travail et la deuxième fois, lorsqu'elle avait appris le passé de Christopher.
Mais elle avait toujours su se relever et se battre pour avancer dans la vie. Et comparée à elle, j'étais une fille faible.
Son discours me fit prendre conscience que je ne devais pas laisser le chagrin me détruire. Il fallait que je me relève et que je progresse. Afin de m'encourager à poursuivre cette direction, les résultats des examens étaient tombés durant la fin du mois de juillet. Ces derniers avaient été réussis avec succès, ce qui provoqua en moi une immense joie et soulagement. Je voyais enfin une porte de sortie, une occasion de prendre un nouveau départ, tout recommencer à zéro. J'étais enfin diplômée et pouvais entrer dans la vie active.
Les semaines suivantes, des sorties régulières s'organisaient avec Cassie et Francky. Ces retrouvailles me permettaient de me changer les idées, mais également de planifier notre futur. Tandis que je m'activai à la recherche d'emploi, Francky songeait retourner à Palme Springs, chez ses parents durant quelque temps avant de prendre un appartement. Cassie m'avait fait part d'une de ses idées folles, mais pourtant envisageable. D'après elle, la colocation pouvait être une aventure fabuleuse et elle n'avait pas tort. Vivre sous le même toit que sa meilleure amie pouvait s'annoncer amusant.
Pourtant, aucune de nous deux n'avait les moyens pour se permettre de quitter la maison. Je n'avais pas un seul sous de côté et la misérable fortune que Cassie gagnait en travaillant les samedis matin, servait tout juste à payer son loyer à prix d'étudiants. Ma priorité était de trouver un travail qui me permettrait de mettre une petite somme de côtés.
Malgré les nombreuses sorties avec mes amis qui me faisaient le plus grand bien, me permettaient d'aller de l'avant, un manque se faisait ressentir au fond de mon être. Depuis mon retour à Valencia, plus rien ne semblait pareil, j'avais perdu une chose qui me permettait d'être heureuse. Cette sensation de bonheur, de liberté que j'éprouvais avec Joe s'était évanoui, faisant naître un vide impossible à combler.
Et c'est ainsi que prend fin cette tragique histoire d'amour.
Je voulais vous remercier d'avoir été présent jusqu'au bout, de m'avoir soutenu au cours de cette fabuleuse aventure ! Vous êtes une communauté géniale, vraiment. Sans vous, je n'aurai pas pu écrire cette histoire jusqu'au bout.
Attendez, une minute.... On me dit que ce n'est pas totalement fini... Eh non ! L'histoire continue ! Vous êtes rassurés ? Non, il reste encore quelques chapitre avant la fin de Shenanigans, je ne suis pas encore prête à dire au revoir à mes bébés
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🌹 Comment vous avez trouvé ce chapitre ?
🌹 J'ai tant de surprise à vous réserver pour la suite !
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Sinon, les remerciement d'en haut c'était pas une blague, vraiment merci pour votre présence continuelle au fil des chapitres !
Kissouilles ❤
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