« One night, you won't forget the rest of your life
So come on over to the wild side
Buckle up and baby hold on tight »
Bad Girl - Avril Lavigne
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Les nerfs noués, je n'osai prononcer le moindre mot durant le trajet qui nous ramenait au studio. La radio éteinte accentuait cette atmosphère pesante qui planait dans le véhicule. Tandis que les yeux de Joe étaient braqués sur la route, je pouvais sentir cette souffrance qui lui dévorait les entrailles, malgré l'expression fermée qu'il arborait.
J'ignorai quoi dire afin d'apaiser cette ambiance entre nous. Mais en réalité, je n'en avais aucune envie. Après m'avoir fourni quelques explications sur ses mensonges, Joe était reparti dans sa Caprice Break dans l'immédiat, laissant son frère et son père à l'intérieur de la petite station.
- Il est hors de question que je lui parle à nouveau, décréta-t-il d'un ton tranchant.
Le message était clair. Je ne répondis rien et me contentait d'observer le paysage défilant sous mes yeux avec le soleil couchant. D'une part, je parvenais à comprendre la réaction de Joe. Revoir son père l'avait ramené à de douloureux souvenirs, ceux qui étaient attachés à lui comme des chaînes et qu'il tentait désespérément de s'en libérer.
Il avait été aspiré par les fantômes de son passé, ce qui avait ravivé ses douloureuses blessures. En plus de retrouver son frère avec qui il était resté en mauvais termes, ces retrouvailles familiales lui avaient donné sa dose pour la journée.
L'air fut toujours autant chargé en électricité lorsque nous arrivâmes au studio. Nous étions devant son canapé délabré, face à l'autre à se lancer un regard accusateur. J'ignorai ce que Joe attendait de ma part. Et moi, je désirais tout de lui, sauf son mutisme pesant.
- Tu es fâchée ? finit-il par questionner.
Je levai les yeux en l'air. Après tout ce que je venais d'apprendre, comment pouvais-je pas l'être ?
- Je ne vais pas être joyeuse, c'est sûr.
- Sharon, je suis désolé...
D'un main, je lui fis signe de se taire. S'excuser n'allait pas tout réparer et faire avancer les choses. Alors que ses poings se refermèrent, je devinai que la patience de Joe venait gentiment à bout. Il arpenta furtivement la pièce qui l'entourait avant de venir poser son regard à nouveau sur moi.
- Putain, tu veux que je fasse quoi de plus ? Je sais que j'ai merdé ! cracha-t-il.
- Tu es obligé de te montrer aussi incompatissant ? m'écriai-je sur le même ton de voix que lui.
Pris de court, il écarquilla les yeux, ébahis par ma réplique. J'étais consciente que ce n'était pas le genre de réponses à envoyer, mais Joe devait prendre conscience que ces mensonges m'avaient blessée. Il poussa un ricanement nerveux qui trahissait toute trace de colère.
- Incompatissant ? Je suis incompatissant ? Est-ce que tu t'es mise à ma place ? Tu as essayé de comprendre ce que j'ai ressenti lorsque j'ai vu mon ivrogne de père et mon connard de frère ensemble ? Ce petit con n'a pas montré sa gueule durant des années, sans nouvelles, rien. J'étais devenu inexistant aux yeux de mon père. Et là, je les retrouve tous les deux ensemble ! Comme si rien ne s'était passé !
Au travers de ses mots, il laissait expulser cette colère qui le broyait de l'intérieur. À ses yeux fulminant d'une rage intense à me clouer sur place, je compris que rien ne pouvait le calmer, ni même moi. Je me retrouvais dépourvu de solutions, de moyens pour lui venir en aide. Il était hors de question qu'une dispute vienne gâcher cette semaine, même si elle l'était déjà.
- Tu sais quoi ? Il me semble que tu as besoin de te retrouver seul. Je suis inutile ici, excepté pour te servir de défouloir. Alors je vais faire un tour. Quand tu te seras calmé, tu me feras signe, expliquai-je d'un ton excédé.
M'énerver à mon tour n'allait pas arranger les choses. Au contraire, cela allait les envenimer. Le cœur lourd, je saisis mon sac avant de quitter la pièce, sans laisser le temps à Joe de répliquer. Je ne voulais pas qu'une dispute éclate entre nous, alors cette distance était ce qu'il y avait de mieux pour nous.
Arrivée devant l'entre de l'immeuble, je venais de me rappeler que je n'étais pas à Valencia, mais à Jacksonville. Le coin m'était totalement inconnu et j'espérai ne pas me perdre. Peut-être devais-je rester dans les parages, attendant que la colère de Joe s'atténue.
Marchant d'un pas lent sans avoir de destination précise, mes yeux étaient braqués sur le trottoir et je laissai mon esprit se promener ailleurs.
Le fait d'avoir à subir la colère de Joe m'avait ramené dans le passé. J'avais vu ressurgir des souvenirs que je croyais appartenir au passé. Un désagréable frisson d'effroi m'avait parcouru l'échine lorsque j'avais croisé la lueur sombre briller dans ses pupilles.
À l'intérieur, se trouvait le côté sauvage qui persistait dans la personnalité de Joe. Cette facette qui n'était jamais vraiment partie, dépourvue de toute once d'émotions. Ce fragment de personnalité qui m'avait d'abord effrayée, avant de découvrir un autre aspect en souffrance.
Quand Joe se mettait dans un état colérique, il me gardait plus aucun contrôle sur ces propos, ni sur ses gestes. Bien évidemment qu'il regrettait ses actes, les remords le prenaient d'assaut, le rongeant ainsi d'une lourde culpabilité.
C'était pour cette unique raison que j'avais déserté le studio, laissant Joe seul, face à sa propre colère, avec cet espoir qu'il ne réduise pas son studio en miettes.
Alors que la rue était dépourvue du moindre mouvement, j'entendis l'arrivée d'un véhicule dans mon dos. Je n'y prêtais guère attention, pensant tout simplement qu'elle allait passer son chemin. Mais lorsqu'elle s'arrêta sur la place de parc libre à mon niveau, je me sentis frémir, la gorge nouée. Calme-toi, Sharon. Il s'agit certainement d'un habitant de l'immeuble.
L'ambiance glauque qu'offrait le coin de ce quartier n'était guère rassurante, surtout en pleine nuit. Je regrettai presque d'avoir quitté le petit studio de Joe pour venir m'aventurer bêtement à l'extérieur. Tel un petit agneau égaré.
Mais le conducteur du véhicule restait installé à l'intérieur, ceci alimenta alors ma crainte. Il m'était impossible de distinguer son identité, son visage étant noyé dans l'obscurité.
La vitre du côté passager s'abaissa soudainement, me réprimant d'un sursaut. Qu'est-ce qu'il me voulait ?
- Tu es perdue ? demanda-t-il d'une voix vibrante.
Ce type semblait me connaître, sauf que pour moi, elle m'était inconnue. Remarquant l'hésitation que je portais à lui parler, il se décala sur le siège passager, le dévoilant dans un faisceau de lumière projeté par un lampadaire. Dans l'immédiat, je reconnus son identité. Il s'agissait de Christian.
Cette boule d'inquiétude disparut dans l'immédiat et je poussai un soupir de soulagement. Après avoir jeté un bref coup d'œil à l'intérieur du véhicule, l'absence de Gloria et Christian me sauta aux yeux. Qu'est-ce qu'il faisait tout seul à cette heure-ci dans ce coin ? Il ne valait mieux pas me mêler des affaires des autres, surtout avec ces types. Il valait mieux pour moi.
- Je prenais simplement l'air.
- Joe n'est pas avec toi ?
Instinctivement, je lançai un regard par-dessus mon épaule, vérifiant si ce dernier ne m'avait pas rejoint. Mais l'allée était toujours aussi déserte et silencieuse.
- Non, il est à l'intérieur...
- À tout détruire ? me coupa-t-il.
La réponse soudaine de Christian me surprenant, je me laissai attrapée par le silence. Le caractère destructeur de Joe n'était pas inconnu aux yeux de tous. Ceci ne m'étonnait pas tellement, j'imaginais que Joe devait entretenir des conflits très régulièrement avec Jimmy.
- Je ne l'espère pas.
- Tu vas rester toute seule ? demanda Christian de manière innocente.
Son regard doux accompagnait le ton innocent qu'il avait employé. Je haussai les épaules, bien que l'envie de retrouver Joe dans l'immédiat n'était pas présente. Mes idées n'étaient pas encore très claires pour pouvoir entamer une discussion sérieuse avec lui.
- Tu ne veux toujours pas venir à la soirée de Jimmy ?
Je gardai le silence durant de longues secondes, réfléchissant à sa proposition. Joe m'avait très clairement fait comprendre son refus formel pour que je m'y rende. Il avait peur pour moi. Mais il m'avait révélé que Christian s'avérait être le moins dangereux du trio, ce je venais de constater. Pourquoi ces personnes me voudraient-elles du mal ? On ne se connaissait pas et il s'agissait d'une belle opportunité pour faire connaissance.
J'en avais marre de toujours rester cloîtrée dans ma zone de confort, craignant l'inconnu. Si je n'avais pas bravé ma timidité, jamais je ne serais ici avec Joe. J'avais appris à me défaire de ces chaînes qui m'emprisonnaient et appris à vivre pleinement cette vie qui nous était offerte. J'allais peut-être créer des liens avec ces personnes et je ne voyais aucune raison pour laquelle cette soirée devait mal se dérouler.
Je lançai un dernier coup d'œil derrière moi. Qu'est-ce que Joe allait penser de tout ceci ? Après tout, j'étais libre de prendre les décisions que je désirais. Sois rebelle pour une fois. Brave les interdits.
Désobéir, enfreindre les règles était l'une des choses que je faisais rarement. Mon entourage était habitué à ce que je sois une fille bien trop sage. Cette fois-ci, je m'apprêtais à franchir un nouveau pas qui m'excitait.
Je montai dans le véhicule de Christian qui arbora un sourire ravi. Je ne pris pas la peine d'avertir Joe dans l'immédiat. Ce dernier était capable de descendre tel un fou furieux et me faire une scène. Tout va bien se passer.
- Tu viens de Valencia, c'est exact ?
Je hochai la tête, comprenant que Joe leur avait parlé de moi. Je me demandais ce qui leur avait dit à mon sujet.
- Tu es diplômée ?
- Pas pour l'instant. Je vais bientôt recevoir mes résultats d'examens d'ici quelques semaines.
Les questions que Christian me posait durant le trajet démontraient son intérêt envers moi, mais ceci ne semblait pas être réciproque. À chacune de mes interrogations, le jeune homme semblait se braquer, l'expression de son visage se ferma. Je compris alors que ce garçon était réservé et renfermé sur lui-même. Une attitude compréhensible après les durs événements qu'il avait vécus.
- On y est, déclara Christian en descendant du véhicule après avoir éteint le moteur.
En m'extirpant du siège de cuir, je découvris une autre ruelle aussi sombre et mal éclairée. Nous étions presque à l'écart de la ville. Je m'attendais à autre chose, comme une petite maison joliment décorée où l'on entendait la musique battre à plein tube. Mais il n'en était rien. Quel étrange endroit pour une soirée.
Au moins, nous étions certains de ne pas faire de tapage nocturne, dérangeant le voisinage. Malgré tout, cet endroit me donna la chair de poule.
Gloria était présente. Elle se tenait sur un rebord de fenêtre, une cigarette à la main. Elle avait opté pour une robe en cuir très courte, dévoilant un immense décolleté. Comment Joe, avait-il pu résister à sa vulgarité ? J'avais des doutes là-dessus.
Assise sur le rebord d'une fenêtre, elle tint dans sa main une cigarette qui arrivait au bout. En me toisant du regard, elle arbora une expression démontrant sa surprise.
- Ton chevalier protecteur n'est pas venu avec toi ? s'exclama-t-elle d'un ton faussement théâtral.
Face à Gloria, je me sentais ridicule, minable. Malgré son culot, elle possédait tout de même un certain charme, je devais l'avouer.
- Il... Il...
- Laisse-moi deviner. Il n'est pas là, parce que tu es venu à son insu.
Je hochai faiblement la tête. Déconcertée qu'elle ait deviné ma petite virée sans avoir averti Joe.
- Il n'y a personne d'autre ? demandai-je, d'une petite voix.
La petite voix que j'avais employée trahissait mon manque de confiance. Gloria posa son doigt sur ses lèvres couvert d'une épaisse couche de rouge à lèvres avec ce sourire qui ne faisait qu'alimentait la crainte que j'éprouvais.
Je commençais à regretter d'être venue seule et de ne pas avoir écouté Joe. Sharon, tu es définitivement la reine des idiotes.
Hey beautiful people !
Sharon, tu es vraiment stupide parfois.
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🌹 Vous présagez comment la suite ?
🌹 Et c'est pas compliqué ce que Joe fait en attendant. D'ailleurs on le verra dans le prochain chapitre
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Merci d'être toujours plus nombreux à venir me lire !
Kissouilles ❤
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