« I'd like to go back one time on a roller coaster ride
When life was just a game »
These Are The Days Of Our Lives - Queen
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Le doux soleil commençait à se faire plus fort. Joe m'avait expliqué qu'en saison estivale, les températures étaient assez chaudes et la nuit, les orages grondaient sauvagement. Ceci était causé par la chaleur mélangée à une forte humidité dans l'air. Ce séjour à Jacksonville m'avait au moins appris quelque chose de nouveau.
L'attitude de Joe était devenue différente depuis le départ de ses amis. Il fuyait mon regard, évitant le moindre contact visuel et ne prononçait aucun mot. C'était comme si cette entrevue avait fait ressurgir cette angoisse perpétuelle.
- Qui étaient ces gens ?
Joe s'arrêta et se tourna face à moi. Le regard qu'il m'adressa me démontrait cette inquiétude qui le rongeait.
- Des gens pas vraiment fréquentables.
- Ce sont eux ? Les gros durs dont tu m'avais parlé ?
À première vue, ils ne m'avaient pas paru si dangereux que cela, bien que leur style vestimentaire et leur mode de vie soit surprenant et intimidant.
- Leur soirée pourrait être sympa.
Les yeux écarquillés, Joe dévoilait une expression pointant l'affolement que provoqua ma proposition.
- Sharon...
- Je suis d'accord que le fait qu'ils consomment de la drogue ne leur donne pas une bonne image. Mais ils sont peut-être cools.
- Sharon, ils ne sont pas dignes de confiance.
Je pris son visage entre mes mains et plantai mes iris bleus dans les siens. Au travers de mes paumes, je parvenais à ressentir ce tracas qui le rongeait.
Lors de ma première rencontre avec Joe, j'avais découvert la facette du sauvage qu'il était, qu'il m'avait volontairement montré pour m'intimider. Une chose qui avait bien fonctionné, mais quelque chose en moi m'avait poussé à ne pas abandonner. J'avais décelé cette âme égarée en quête d'amour qu'il était. Il attendait cette lumière afin de lui montrer le bon chemin pour remonter la pente de ce trou sombre.
- Joe. Malgré que tu leur ressembles, j'ai décidé de te faire confiance. Il y a du bon en chacun de nous.
Une chose qui a été prouvée avec Joe. Pour moi, il était parvenu à écouter ses sentiments longtemps enfouis, à me faire part de ces plus sombres secrets. Il avait même eu le courage de laisser tomber la drogue lorsqu'il se trouvait en ma compagnie. Il était devenu quelqu'un de meilleur.
Il n'y avait donc aucune raison de se méfier de ces personnes. Ils n'étaient pas des tueurs, des psychopathes - je pense que Joe me l'aurait dit si c'était le cas. Était-ce simplement parce qu'ils avaient un penchant pour la drogue, comme Joe ? S'il s'agissait de l'ultime raison de les éviter, alors je ne devais pas être en compagnie de Joe à Jacksonville en ce moment-même.
Il s'agissait d'un argument complètement ridicule et non-valide. Mes propos ne semblèrent pas convaincre Joe, qui gardait cette mine terrifiée.
- Pourquoi ? Dis-moi pourquoi ils sont des personnes à ne pas fréquenter.
Je voulais comprendre ce qui le poussait à m'éloigner ce petit groupe que lui-même fréquentait. Les trois membres avaient une grande part de responsabilité dans la dépendance de Joe, je le savais, mais il devait y avoir autre chose que Joe refusait de me dévoiler.
La curieuse que j'étais se planta devant lui avec une expression décidée, attendant qu'il me fournisse une justification claire et précise. Je pouvais rester ainsi jusqu'à lui tirer les vers du nez. Comprenant que je n'allais rien lâcher, il poussa un long soupir, n'ayant pas d'autre choix que de me fournir des explications
- Si je te dis ceci, c'est que je sais de quoi je parle. J'ai passé suffisamment de temps en leur compagnie pour tout connaître à leur sujet.
Mon air toujours aussi ferme l'encouragea à poursuivre son récit. Je voulais en connaître plus sur eux afin de pouvoir faire mon propre avis.
- Il y a Jimmy, celui qui nous a proposé cette petite soirée, commença-t-il d'un ton lent.
Ce type m'avait remémoré l'homme que j'avais aperçu converser avec Joe la veille. Bien que l'obscurité m'empêchait de le distinguer correctement, plusieurs détails de ce Jimmy rappelèrent cet individu. Il y avait d'abord la veste en cuir que les deux hommes portaient. Je pouvais presque mettre ma main à couper qu'il s'agissait du même blouson. Et cette épaisse crinière digne d'un punk, les cheveux noir charbons étaient ébouriffées de la même manière.
Était-ce donc ce fameux Jimmy qui s'entretenait avec Joe, ce soir-là ? J'en étais presque certaine, mais je ne pouvais rien affirmer tant que je n'avais aucune preuve. J'avais simplement en ma possession, des suppositions qui étaient malgré tout des certitudes.
- On le surnomme le grand commando de Jacksonville, poursuivit Joe. C'est un véritable punk en colère contre le gouvernement américain. Il faut dire que la société ne lui a pas rendu la vie facile.
Je sentais une certaine crainte dans sa voix lorsqu'il évoquait le personnage de Jimmy. Il était vrai que ses vêtements troués et son énorme piercing à l'arcade sourcilière avait de quoi intimider plus d'une personne croisant son chemin. Mais il y avait autre chose qui devait effrayer Joe. Contrairement à moi, il connaissait la personnalité de ce punk qui s'avérait redoutable.
- Jimmy et moi, on est un peu pareil, lâcha Joe.
Cette phrase me fit un haut-le-cœur. Je ne saisis pas dans l'immédiat ce qu'il tentait de me faire comprendre. Comment pouvait-il ressembler à ce type ?
- Tous les deux, nous avons eu des drames familiaux qui ont bouleversé notre vie à jamais. L'ambiance familiale n'a jamais été facile et à neuf ans, ces parents ont divorcé. Jimmy n'a plus revu sa mère et son père a dû faire face à de nombreuses difficultés. La société a préféré placer Jimmy dans un orphelinat au lieu de venir en aide à son père.
Ce récit me fit un nœud dans l'estomac. J'ignorai que l'on pouvait être aussi injuste avec une famille au bord du gouffre. Je croyais avoir goûté aux pires horreurs, mais je n'en avais vécu qu'une petite partie contrairement à ce que Joe et Jimmy avaient dû subir.
Le reste de l'histoire me parut évidente. Les nombreuses fugues et les multiples placements dans les foyers d'accueil avaient fait Jimmy ce qu'il était en ce jour.
- C'est comme ça qu'il a commencé la délinquance, à effrayer les bons citoyens de Jacksonville et les transformer comme lui. En Outsiders.
Joe craignait de devenir comme lui, un punk déversant sa rage sur des personnes n'ayant rien demandé. Pourtant, l'attitude qu'il avait eue envers nous dans le parc était en totale contradiction avec ce que Joe venait de me dévoiler. Il nous avait même si gentiment invités à une soirée.
- Ensuite, il y a Gloria. Une véritable garce cette nana.
Gloria. Cette fameuse fille qui avait interrompu notre échange charnel avec Joe. Cette fameuse amie dont j'avais un doute là-dessus. Et le fait de découvrir réellement cette fille confirma mes craintes. De part le regard sombre qu'elle m'avait adressé à multiples reprises m'avait fait comprendre qu'elle ne me portait guère dans son cœur. Alors qu'elle ne me connaît pas !
Les vêtements, ou plutôt le peu qu'elle portait donna raison aux dires de Joe. Une garce qui devait apparemment s'amuser avec plus d'un garçon.
Et la rencontrer afflua les doutes qui me tourmentaient déjà concernant son amitié avec Joe. Le fait que ce dernier se soit contenté d'une simple relation amicale avec cette nana, bien trop vulgaire à mes yeux, me rendait perplexe. Je savais que Joe avait couché avec les filles qu'il avait côtoyées. Je ne voyais pas pourquoi Gloria était une exception.
À mes yeux, elle était l'ennemi numéro un, surpassant Jimmy qui me semblait moins dangereux.
- Elle croit qu'elle peut attendrir tous les mecs pour baiser, en avouant qu'elle se soit faite violer par son père.
Cette révélation me glaça le sang. L'opinion que je m'étais faite sur elle se brouilla soudainement. Je ne savais plus quoi penser d'elle. La détester pour son attitude envers moi et la mystérieuse liaison qu'elle entretient avec Joe, ou éprouver de la peine pour ce qu'elle avait subie ? Je me retrouvais dans un paradoxe conflictuel.
- Sa mère ne l'a pas crue lorsque Gloria avait dénoncé ce connard. Elle a toujours pensé qu'elle lui faisait des avances.
Je portais la main à ma bouche, horrifiée par ce que je venais d'entendre. Subir une agression sexuelle devait être une expérience vraiment traumatisante. Mais ne pas recevoir de soutien de la part de sa famille devait être plus écœurant et douloureux.
Je découvris alors un point commun qui reliait Jimmy et Gloria. Tous deux avait dû faire face à cette injustice durant leur enfance, leur laissant une rancœur amertume qu'ils tentaient d'extérioriser. Tout comme Joe.
- Et il y a Christian, le dernier et aussi le plus con.
Il parlait sans doute de ce type qui se trouvait en retrait. À aucun moment, il ne m'avait adressé la parole. Son comportement était identique à celui d'un suiveur, celui qui n'avait pas d'avis lui étant propre. Le genre d'individu qui préférait se mettre en recul et observer ce qu'il se passait autour de lui.
Ses pupilles dilatées couvraient presque entièrement ses iris bruns. Ses cheveux châtains complètement en pagaille, ainsi que ses vêtements troués laissaient penser qu'il passait ses nuits dehors. Ce qui, j'espérais, n'était pas le cas.
- Sa mère, toxico, l'a abandonné à sa naissance. Il a voyagé de foyer en foyer avant de s'enfuir à sa majorité. Il a croisé Jimmy et l'a rejoint.
Joe poussa un soupir trahissant la nervosité qu'il tentait de dissimuler. Je comprenais mieux sa crainte envers Jimmy. Il gardait des traces du passé semblable aux membres du trio et craignait de finir comme eux.
Sauf qu'il était impossible qu'il suive cette même route, puisqu'il avait croisé la mienne. Cette lumière qu'il avait désespérément attendue. J'enfouis mes mains dans les siennes et lui adressais ce regard doux pour le rassurer.
- Si ça peut t'apaiser, je n'irai pas à cette soirée.
Une lueur de soulagement traversa ses iris verts et un léger sourire se traça sur son visage.
- Tu sais que si je venais à te perdre, je serais complètement perdu.
Un soupçon d'inquiétude dans sa voix se faisait entendre. Je pris son visage entre mes mains et le rapprochai du mien. Nos fronts étaient alors collés l'un à l'autre.
- Mais tu ne me perdras pas.
Ses lèvres si proches des miennes, mes pouces caressèrent affectueusement ses joues lorsqu'il vint m'embrasser. Non, Joe n'allait pas me perdre, je n'en voyais pas la raison. Notre rencontre était comme une évidence et notre histoire écrite à l'avance.
- On rentre ? me questionna-t-il.
Ayant discerné le sous-entendu qu'il venait de me lancer, j'affichai un large sourire. Apparemment, nos échanges charnels de la veille ne lui avaient pas suffi, et à moi non plus puisque j'étais partante pour sa proposition.
Sur le trajet pour retourner jusqu'à son studio, désormais propre, nous chantions tous deux sur She's From Salinas de Sweet Baby. Un titre bien punk, comme on l'aimait. Nous étions comme des enfants récitant à cœur joie les paroles d'une chanson apprise en maternelle.
- Merde, je n'ai plus d'essence ! grogna-t-il.
Il pensait arriver à son studio sans perdre de temps, mais sa Caprice Break en avait décidé autrement. Après tous les kilomètres parcourus ces derniers jours, j'étais surprise que le réservoir arrive à sec seulement maintenant.
Heureusement qu'une station-service se trouvait sur notre chemin. Arrivé au niveau de la pompe, Joe détacha sa ceinture et quitta le véhicule.
- Tu restes ici, je n'en ai pas pour long.
- Comment ça ? Non, je veux voir s'il y a quelque chose à manger pour ce soir.
Nous avions consacré toute notre matinée au ménage, mais aucun de nous n'avait pensé à faire les courses. Pour toute réponse, Joe poussa un grognement que je parvins tout de même à entendre. Il refusait d'admettre qu'il n'avait plus d'arguments pour me contredire.
- Va déjà à l'intérieur, je te rejoins, se contenta-t-il de me répondre.
Le changement de température entre l'extérieur et l'intérieur de la station où il faisait froid fut brutal. Il y faisait presque trop frais, la climatisation était trop forte. Tandis que la radio diffusait comme musique de fond un titre de Britney Spears, j'arpentais le rayon des gâteaux avec l'embarras du choix.
Mon esprit me ramena soudainement au discours que Joe m'avait apporté au sujet de Jimmy et des autres. À première vue, il ne m'avait pas semblé si nocif que cela, mais si Joe était devenu dépendant de la drogue à ce point, ils l'étaient certainement. Pourtant, ce n'était pas la première impression à laquelle ils m'avaient aspirée. Est-ce que je devais suivre mon instinct comme je le faisais habituellement ou écouter Joe ? Le doute planait et nourrissait ce malaise en moi.
- C'est bon, tu as choisi ?
La voix inattendue de Joe me ramena brusquement à la réalité. Sa main qui se posa délicatement sur mon épaule me réprima d'un léger sursaut.
- Toujours autant évasive, s'esclaffa-t-il.
En guise de réponse, je tirai la langue et examinai chaque article posé devant moi.
- Il y a tellement de choix.
Joe émit un rire amusé avant de prendre un paquet au hasard, prétextant qu'il allait faire parfaitement l'affaire. Voilà le bon moyen d'éviter de se prendre la tête. Mais tous ces gâteaux m'avaient l'air si délicieux qu'il m'était impossible d'en choisir un.
Après avoir tout réglé, Joe revint vers moi en me tendant le paquet de biscuits.
- Si tu arrives à résister jusqu'à ce qu'on arrive au studio, lança-t-il avec ce clin d'œil malicieux.
- Qu'est-ce que tu insinues par là ?
- Je n'ai rien dit !
Je voulus lui donner une légère tape, mais il fut plus rapide. Il m'attrapa le bras afin d'esquisser mon coup et me ramena contre son torse. Alors que je tentais désespérément de me débattre, je fis malencontreusement tomber son portefeuille.
- Mais quelle maladroite tu es !
Il se baissa pour le ramasser tout en grommelant des mots incompréhensibles. Certainement des termes faisant partie de son vocabulaire vulgaire, ce qui ne m'étonnait plus venant de sa part.
Lorsqu'il se redressa, il manqua de percuter un homme visiblement encombré. Je ne pus m'empêcher de m'esclaffer à cette scène qui aurait pu être si drôle. Mais le corps de Joe qui devint soudainement statique fit disparaître cette envie dans l'immédiat.
Les deux individus s'observaient dans un silence de glace. Le visage de Joe qui se décomposa sur place me prit d'une sensation d'inquiétude. Il arborait cette même expression lorsqu'il avait vu Christopher, sauf que cette fois-ci, il y avait du choc et de la peur y étaient mêlés.
Est-ce que Joe connaissait cet homme maigre, dont la barbe grisonnante lui donnait un âge certainement plus avancé qu'il ne l'était. Les quelques rides installées sous ses yeux verts trahissaient cette fatigue qu'il devait éprouver.
Plus j'analysais cet individu, plus je découvrais des ressemblances physique avec Joe, comme les yeux verts.
Abasourdie, je lâchai un souffle de stupéfaction en saisissant l'identité de cet homme.
- Joe ? lâcha le barbu avec de grands yeux ébahis.
Hey beautiful people !
Hum, hum. Mais qui est cet homme ?
Et oui, j'aime couper au mauvais moment, hehe
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🌹 Dans ce chapitre, j'ai tenté d'approfondir les personnalités de Jimmy, Gloria et Christian pour mieux les comprendre, les cerner. ?
🌹 Ce chapitre vous a-t-il plu ?
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On se retrouve pour le prochain chapitre !
Kissouilles ❤
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