« I think I'm paranoid and complicated
I think I'm paranoid, manipulate it »
I Think I'm Paranoid - Garbage
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Tandis que la blonde s'immergeait dans ses photos, le guitariste aux dreads admirait la joie qu'elle éprouvait à capter ces instants. Son sourire suffisait à apaiser les ténèbres qui le troublaient depuis si longtemps. Bien qu'il trouvait ces jardins banals, il ne le faisait uniquement pour elle.
Le temps passé à ses côtés était désormais compté, dès l'instant où la jeune photographe avait déclaré vouloir se promener au Riverside Park. Jacksonville regorgeait de ces foutues balades ! Pourquoi tenait-elle à se rendre dans ce parc ?
S'il redoutait cette petite vadrouille, c'était par peur de les croiser. Ils allaient être présent, c'était certain et inévitable. Riverside Park était l'endroit qu'ils préféraient fréquenter.
Ainsi, il savourait chaque instant passé avec LoveLight. Sans broncher, il se laissait prendre en photo, bien qu'il détestait ce genre de chose habituellement.
C'est pour garder des souvenirs de ces moments passés ensemble.
C'était ce que la blonde lui répondait lorsqu'il l'interrogeait sur la raison de ses prises de clichés. Mais ces instants joyeux allaient devenir que de simples souvenirs douloureux.
Son regard verrouillé sur elle, il fixait la jeune photographe qui demandait timidement aux passants de la prendre avec lui en photo.
Le contact de son corps si fin contre le sien était une sensation à laquelle il ne se lassait jamais. Il souhaitait la garder dans ses bras pour toujours. Finie cette distance qui les séparait, rendant la sensation de manque encore plus difficile à supporter.
La soirée de la veille avait été parfaite. Après avoir su que le capharnaüm dans lequel il vivait n'avait guère horrifiée la blonde, lui avait fait disparaître ce nœud à l'estomac.
Pris d'un désir intense, il lui avait fait l'amour dans sa chambre. Être en elle lui avait chassé ses tracas qui le tourmentaient durant l'espace de quelques instants. L'entendre jouir en prononçant son prénom lui procurait à chaque fois une nouvelle dose de plaisir.
Son amour pour LoveLight était sans limite, il était presque devenu maladif. Était-il plus fort que sa meilleure amie ? On pouvait presque le croire, puisque la présence de la jeune photographe lui permettait de remonter cette pente rocheuse.
Mais tout ceci n'était pas bon. Il le savait depuis le début et pourtant, il s'était laissé guidé par ses sentiments. La chute allait être rude, brutale voire mortelle.
Et pourtant, il ne regrettait rien de ces mois vécus avec la blonde. Il avait au moins goûté à ce bonheur qu'il enviait depuis si longtemps.
Grâce à elle, son studio qui avait toujours été dans un état déplorable avait retrouvé une nouvelle vie. Ensemble, ils avaient fait un grand ménage bien plus consistant qu'un simple nettoyage de printemps. Durant cet instant qui était censé être un moment amusant, il regrettait une seule chose. D'avoir haussé le ton sur elle.
Alors qu'il revenait dans sa chambre pour annoncer que les poubelles étaient vidées et sorties, il avait retrouvé la blonde agenouillée au sol avec un cadre en main. Dans l'immédiat, il avait reconnu la photographie qui était la plus précieuse à ses yeux. Une douleur aiguë lui avait compressé la poitrine. Ne s'attendant pas à ce qu'elle tombe sur ce portrait, il avait perdu son contrôle.
- Qu'est-ce que tu fous ici ? avait-il grondé.
Sa voix furieuse la réprima d'un sursaut. Ses iris bleus luisants observaient le guitariste avec cette lueur soucieuse qui illuminait ses prunelles. L'expression qui dessinait les traits du jeune homme démontrait son mécontentement de la retrouver avec ce cadre en main.
- Excuse-moi, il était par terre. Je ne savais pas si...
- Ce sont mes affaires, bordel !
D'un geste furieux, il lui avait arraché la photographie des mains en lui adressant un regard si noir que la photographe en était restée muette. Ce comportement lui rappelait d'anciens souvenirs datant de leurs débuts. Cette fois où il était entré dans une colère explosive après que le jeune homme ait aperçu la blonde en compagnie de LoveLight.
Il pensait cette attitude révolue avec le temps. Mais apparemment, ses vieux démons le rattrapaient toujours. Il avait regretté cette réaction dans l'immédiat, mais ignorait comment revenir vers elle après ses agissements dignes d'un sauvage.
Pour tenter de rattraper son dérapage de la matinée, il s'était montré doux et attendrissant durant le long de leur promenade et la visite de ce fichu musée qu'elle avait tenu voir. Il la laissait s'extasier devant ces étranges statues qui lui étaient d'un ridicule. Mais son comportement digne d'un enfant visitant Disneyland pour la première fois était si mignon qu'il n'osait rien dire.
Le soleil d'été commençait à se faire lourd. Ce soir, les orages allaient frapper fort, comme à chaque saison estivale. Installés sur un banc face au petit lac, le guitariste admirait la jeune blonde qui contemplait le paysage s'offrant à elle, tout en mordant dans son sandwich. Comme elle l'avait souhaité, ils vadrouillaient dans Riverside Park.
Ses sens en alerte, le jeune homme arpentait le parc durant chaque seconde, de peur de les croiser.
De toute manière, ils vont débarquer. C'est inévitable.
Le cœur serré, il déglutit péniblement. Bien que la blonde semble avoir passé à autre chose, il sentait toujours le poids de la culpabilité peser sur ses épaules.
- Je suis désolé pour ce matin.
Le regard de LoveLight se posa sur lui. Il savait que son attitude l'avait blessée, même si elle ne le montrait pas. C'était quelque chose qu'il parvenait désormais à lire en elle.
- Je n'aurai pas dû mettre mon nez dans ce qui ne me regardait pas, fit-elle d'une petite voix.
- Non, Sharon. C'est moi qui n'aurais pas dû te parler de la sorte, alors que tu ignorais ce que c'était. Personne n'a vu cette photographie avant toi, je la gardais pour moi.
- Mais ce n'est pas pour autant que je t'en veux.
Le sourire juvénile qui dessina son visage angélique réchauffa son cœur dans l'immédiat. Si parfaite. Comment avait-il pu mériter une telle bénédiction ? Et pourtant, savoir qu'elle allait souffrir l'effraya d'autant plus. Il n'y avait aucun moyen d'y échapper. C'était comme marché dans le couloir de la mort. Plus aucune issue. Il faut faire face à son destin, à ce qui nous attend, bien que ce soit effrayant.
Afin de chasser ces angoisses perpétuelles, il prit son visage entre ses mains et se pencha pour l'embrasser. Ce baiser emporta avec lui, tous ses problèmes durant l'espace de quelques instants.
Mais ce temps de douceur toucha brusquement à sa fin. Ses tracas revinrent à la surface au même instant que les membres du guitariste se contractèrent. Les battements de son cœur s'affolaient au point de faire apparaître un nœud dans sa gorge.
Près d'un vieux chêne situé à proximité du banc sur lequel ils étaient installés, le jeune homme découvrit une silhouette qui lui était familière. Bien trop familière.
Lorsqu'il la vit s'avancer vers eux, suivie de deux autres personnages qu'il reconnaissait, il crut que le sol se dérobait sous ses pieds.
Non, pas eux, pas tout de suite !
Les quelques passants qui croisaient leur route les reluquaient avec de grands yeux surpris. L'apparence des trois membres du groupe avait de quoi surprendre. Trop provocants, trop inadaptés pour une simple promenade dans un parc où respirait l'innocence-même. Ils étaient trop punk et leur aura puaient la revendication de liberté, la contestation envers les lois et l'autorité.
Le premier individu, vêtu d'une veste en cuir qui était cloutée au niveau des épaules, posa son regard sur le guitariste dont le pouls s'emballait. Ses yeux soulignés de son habituel trait maladroit de crayon ne le quittaient pas. Ils avaient repéré sa cible.
- Joe ! s'exclama le punk sur un air faussement joyeux.
Il s'arrêta devant lui, leur adressant un air qui trahissait son mauvais jeu d'acteur. La blonde se retourna avec les sourcils froncés. Elle ne s'attendait visiblement pas à cette petite rencontre surprise. Il n'avait donc pas le choix de faire face à des explications.
Le punk était accompagné de la fameuse Gueule de Panda. Celle-ci mastiquait son chewing-gum de façon vulgaire et détailla LoveLight, avec un air de dégoût. Elle se demandait certainement comment son petit chouchou avait-il pu préférer cette coincée du cul à elle.
- Quelle bonne surprise de te voir ici !
Jimmy était un très mauvais comédien. Le guitariste se retenait presque de lui proposer des cours de théâtre.
- C'est elle ta chérie ?
Tout en adressant un regard haineux à la jeune photographe, la blonde releva une bretelle de son haut noir. Sa jupe en cuir était si courte qu'elle dévoilait presque ses fesses. Gloria avait toujours adoré la vulgarité. Elle en avait fait un atout pour attirer de nombreux hommes innocents dans sa fosse aux serpents.
Elle croisa par inadvertance le regard menaçant du guitariste aux dreads. Si elle venait à s'en prendre à LoveLight pour lui faire du mal, il n'allait pas se retenir pour amocher sa gueule de Panda. Ses habituels propos d'abus sexuels n'allaient pas le déconcerter, contrairement à ce qu'elle pourrait croire. Autrefois, il avait éprouvé de la peine pour elle. Désormais, cette époque était révolue. Tout ceci appartenait au passé.
Mais celui-ci venait justement de le rattraper.
Le dernier membre du trio se tenait à l'écart. À la vue de ses vêtements sales et son attitude maladroite jusqu'à se tenir à un tronc d'arbre montrait qu'il s'était shooté. Avait-il encore pris ce fameux Joogie ? Ses yeux dilatés observaient la scène en silence.
- On organise une soirée au local, ce soir. Ça serait sympa que vous veniez tous les deux, proposa Jimmy en s'appuyant contre le dos du banc.
- Je ne pense pas.
Le guitariste n'avait même pas laissé le temps à l'étudiante d'y répondre. Il était hors de question de se rendre dans ce foutu local. En tout cas, pas avec LoveLight.
- Oh, vas-y ! Ça sera l'occasion de faire connaissance avec ta chérie, insista Gloria.
Son expression devint soudainement plus douce, comme si elle tentait de l'attendrir. Cependant, il avait vu clair dans son petit jeu. Ce changement d'attitude servait à tromper LoveLight. S'il la tenait à l'écart de ces trois vautours, il n'allait rien lui arriver. Enfin, il l'espérait.
- On verra, finit-il par lâcher en espérant mettre fin à la discussion.
La blonde aux vêtements provocateurs arbora une expression ravie, sautant presque de joie. Elle en faisait un peu trop parfois.
- À ce soir, peut-être, Beauté, lança Gloria en envoyant un bisou volant à la photographe.
Cette dernière n'eut aucune réaction. Elle resta assiste à les observer s'éloigner au loin, cherchant à comprendre ce qui venait de se produire.
Le cœur du guitariste se fit plus léger depuis le départ du trio, mais cette boule lui nouant l'estomac persistait. Il était conscient qu'ils n'allaient pas tarder à revenir à la charge afin d'obtenir ce qu'ils désiraient.
- On continue notre ballade ? proposa-t-il dans l'espoir de se changer les idées.
Elle émit un simple hochement de tête et se leva en même temps que le jeune homme. Leur marche avait repris dans une ambiance différente. Un silence qui contenait des interrogations et des craintes planait entre eux.
- Qui étaient ces gens ? finit-elle par questionner.
Que devait-il répondre à ceci ? Moins elle en savait, mieux c'était pour elle.
- Des gens pas vraiment fréquentables.
- Ce sont eux ? Les gros durs dont tu m'avais parlé ?
Il était inutile de lui mentir. Il lui avait déjà caché assez de choses ainsi. Bordel, dans quel merdier s'était-il foutu ? Son silence lui donna la réponse à sa question.
- Leur soirée pourrait être sympa.
Les yeux grands ouverts, il tourna la tête dans sa direction avec une expression affolée. Avait-elle perdu la tête ?
- Sharon...
- Je suis d'accord que le fait qu'ils consomment de la drogue ne leur donne pas une bonne image. Mais ils sont peut-être cools.
Des conneries tout ceci ! Elle ignorait que ce qu'elle racontait n'avait aucun sens. Il fallait à tout prix la dissuader de se rendre à cette foutue soirée et l'écarter de tout ceci. Contrairement à elle, le guitariste flairait le danger s'approcher dangereusement et par tous les moyens, il tentait de l'en éloigner, bien qu'au fond, il savait pertinemment que c'était impossible.
- Sharon, ils ne sont pas dignes de confiance.
- Joe. Malgré que tu leur ressembles, j'ai décidé de te faire confiance. Il y a du bon en chacun de nous.
Ces paroles pouvaient être vraies, mais pas pour ces personnes. Sa naïveté l'aveuglait sur la véritable nature des gens. Le bon n'était pas partout. Il servait parfois de couverture pour ensuite dévoiler le mal qui se cache en nous. Il en avait fait l'expérience à maintes reprises.
- Et si c'est vraiment nul, on partira.
Sauf que les choses n'allaient pas être aussi simples qu'elle l'imaginait. Jimmy lui avait tendu un piège et elle fonçait droit devant, complètement aveuglée par sa bonté.
Hey beautiful people !
Oui, Sharon, tu es aveugle, ne le nie pas.
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🎸 À votre avis, pourquoi Joe est tellement réticent ?
🎸 Pour la suite, je vous réserve des surprises et des évènements palpitants
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J'espère que l'histoire vous plait toujours autant !
Kissouilles ❤
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