I'm your dream, make you real
I'm your eyes when you must steal
I'm your pain when you can't feel
Sad but true
Sad But True - Metallica
🚬 ▪ 🚬
Tandis que le bruit du moteur couvrait presque le faible son diffusé par la radio, un silence glacial pesait entre le guitariste et l'étudiante en photographie. L'un gardait ses yeux braqués sur le trajet sombre en ayant ses mains crispées sur le volant et l'autre avait sa tête tournée vers la fenêtre, observant le paysage bien qu'il soit plongé dans l'obscurité.
Aucun d'eux ne prononçait un seul mot et leur mutisme accentuait cette tension étouffante qui planait dans l'air. Celle-ci incitait presque le jeune homme aux dreads à presser sur la pédale d'accélération et dévaler cette route tel un fou furieux.
Oui, ça pouvait lui permettre d'évacuer cette colère qu'il contenait tant bien que mal. Il me faut ma dose. C'est elle qui arrivera à me calmer.
Mais l'excès de vitesse n'était pas la solution. En effet, conduire ainsi alors que la route, à peine visible et seulement éclairée par les phares de la BMW pouvait mettre en péril sa vie, ainsi que celle de la blonde. Mettre en danger leur vie.
Une des peurs qui le hantaient depuis si longtemps lorsqu'il se trouvait au volant de son véhicule. Mourir comme sa mère. De manière tragique et atroce en laissant une famille dévastée par cette perte. Sauf que lui n'avait plus de famille. Les seules personnes qui comptaient à ses yeux étaient ses deux fidèles amis et LoveLight.
Cette simple pensée de les voir anéantis à cause de sa connerie suffit à le dissuader d'écraser cette foutue pédale d'accélération, et lui fit un énorme pincement au cœur. Ce n'était pas parce qu'il avait vécu d'innombrables événements difficiles, qu'il devait détruire la vie de son entourage qui l'aimait plus que tout.
Il était toujours dingue de LoveLight en cet instant, malgré le froid qui pesait entre eux. Mais il était furieux contre elle, pour lui avoir demandé la lune avec son désir de ne plus le voir toucher à la drogue en sa présence. Et également contre lui-même. Il n'avait pas voulu l'admettre lors de leur conflit, mais il s'en voulait de l'avoir déçue.
Même s'il s'y donnait à fond pour tenter de satisfaire son entourage, il finissait toujours par les décevoir d'une manière ou d'une autre.
*
* *
Le moteur arrêté, le guitariste quitta le véhicule sans adresser un seul regard à LoveLight et regagna l'intérieur sans l'attendre. D'un pas énervé, il pénétra dans le bar où quelques clients avaient déjà pris place autour d'un verre.
Cependant, le jeune homme n'y prêta aucune attention particulière et fila en flèche vers la salle se trouvant à l'extrémité du bâtiment. C'était dans cell-ci que ses deux amis l'attendaient.
En effet, comme il s'y attendait, les deux jeunes hommes étaient installés sur le banc en bois, une clope à la main. Leurs regards se tournèrent vers le guitariste lorsque ce dernier fit irruption dans la pièce silencieuse.
- Tiens, te voilà enfin ! Tu as passé du bon temps avec ta chérie ? ironisa Troy avec un rictus malicieux.
- La ferme ! lança le jeune homme d'un ton tranchant qui surprit ses deux amis.
Il vint s'emparer de sa guitare, qu'il avait déposée dans le coin de la pièce en début d'après-midi, avant d'aller à la rencontre de son rendez-vous. D'ailleurs, il lui restait encore une bonne dose de cette fabuleuse marchandise.
Installé sur le banc, il testa quelques accords afin de vérifier que l'instrument soit bien accordé. Tandis que ses doigts faisaient presque le tour du manche, il sentit cette habituelle énergie prendre possession de son corps. Cette connexion unique qu'il avait avec sa guitare était un effet indescriptible que lui seul pouvait éprouver.
- C'est parce qu'elle a refusé de se donner à toi que tu es de mauvais poil ? questionna Mitch d'un ton sarcastique.
C'est quoi son problème avec elle ? La mâchoire contractée, le guitariste fit pivoter sa tête en direction de son ami et, de ses yeux flamboyants de rage, il le fusillait tout en serrant ses poings afin d'éviter de lui coller une droite. Il pouvait supporter bien des choses, comme la déception de LoveLight. Mais pas qu'on parle d'elle ainsi.
Elle n'était pas ce genre de fille. Non, elle était l'inverse et c'était pour cette raison qu'il en était raide dingue, qu'il tenait à elle plus que sa propre personne.
- Bah quoi ? J'ai visé juste ? poursuivit le bassiste face au regard fulminant que lui adressait son ami.
Casse-toi d'ici, sinon ça va saigner. En se pinçant les lèvres, le jeune homme s'abstint de répondre quoique ce soit, et posa sa guitare sur le banc de manière plus brusque qu'il ne l'avait voulu. Il se leva et quitta la pièce par une autre porte qui menait directement à l'extérieur.
L'air frais qui s'écrasa sur son visage qui bouillonnait lui fit un bien fou. Les yeux clos, il profitait du silence nocturne qui s'offrait à lui. Juste quelques instants de calme et de solitude avant de retrouver ses deux amis et de se déchaîner sur scène.
Cet endroit où il oubliait tout ce qui lui était arrivé précédemment. C'était comme un nouveau départ où il se présentait à des personnes qui lui étaient inconnues et il devenait une personne différente. Grâce à elle.
Sa main se glissa dans la poche arrière de son pantalon et vint à la rencontre du fameux sachet. LoveLight n'avait aucune connaissance sur le sujet, si bien qu'elle n'avait pas remarqué qu'il s'agissait d'une drogue bien différente de celle consommée habituellement.
Il sortit le petit emballage de plastique et l'examina durant quelques instants. On lui avait dit qu'elle était unique et les effets étaient bien plus puissants et agréables que le cannabis. Qu'une fois qu'on y avait goûté, il était impossible de s'en passer.
Sauf qu'il avait déjà assez d'emmerdes ainsi avec son addiction qui agaçait LoveLight. Et pourtant, il désirait bien connaître l'effet de cette nouvelle création faite par Jimmy en personne.
Lorsqu'une douleur vive se fit sentir sur son lobe oculaire, il porta sa main à son visage en effleurant délicatement la zone endolorie. Il aurait peut-être dû demander à LoveLight de le soigner avec ses douces mains de fée. Au moins, c'était certain qu'elle lui améliore sa gueule bien amochée. Ce con ne l'avait pas raté.
*
* *
Un peu plus tôt dans la matinée.
Une petite sieste, juste une. Ses yeux avaient menacé à plusieurs reprises de se fermer durant le trajet qui l'amenait à Valencia. Il s'était arrêté à un petit motel au beau milieu de la nuit, mais impossible de plonger dans les bras de Morphée, contrairement à ses deux amis.
Ceux-ci ignoraient ce que manigancait le guitariste, ce qu'il s'apprêtait à faire lorsque les deux musiciens seraient occupés à faire l'installation des instruments. Il était préférable qu'ils ne le sachent jamais. Cela allait lui éviter des ennuis supplémentaires.
Ses yeux verts fixaient le plafond sombre, tandis que son esprit vagabondait ailleurs.
« Un type nommé Cyganki t'attendra devant le terrain de sport de l'Université de photographie à onze heures. Soit à l'heure, on t'a tous à l'œil. »
La menace de Jimmy l'avait tourmenté durant toute la nuit. Il avait regretté d'avoir accepté cette proposition, à l'instant où il avait quitté cette maudite fête organisée par le grand chef respecté par tous les voyous de Jacksonville.
Le fameux Cyganki serait vêtu de la même manière qu'un hippie des années 70, d'après Jimmy. D'où le surnom Cyganki qui signifiait Gitan en polonais. Charmant tout ça et surtout très rassurant.
Devant le terrain de sport de l'Université de photographie, LoveLight allait certainement s'y trouver, c'était certain et inévitable. Voilà ce qui l'angoissait, d'être avec son rendez-vous et se retrouver ainsi en fâcheuse posture.
Il découvrit le lendemain que ses craintes n'avaient pas lieu d'être. Après s'être garé dans un coin assez reclu où il pouvait éviter d'être repéré par les étudiants qui risquaient de grouiller de toutes parts, il découvrit le fameux terrain désert. Personne à l'horizon et il était 10 h 58.
Parfait pour faire juste une petite sieste. Une petite, minuscule de quelques secondes.
Son front reposait sur le volant et ses mains y restaient accrochées. Une position qui n'était guère des plus confortables, mais cela allait suffire.
Il se sentait sombrer dans un sommeil plus profond qu'une simple sieste. Mais son besoin de dormir était bien plus fort que sa volonté de faire qu'une simple somnolence.
Il se revoyait face à Christian complètement ivre, une bouteille à la main. Ses yeux exorbités démontraient qu'il avait consommé ce produit. Cette chose que Jimmy tenait à fournir à ce Cyganki.
Mais contrairement à leur entrevue précédente, Jimmy se tenait derrière Christian qui n'avait rien remarqué. Ses yeux soulignés d'un trait maladroit de crayon, ils fusillaient le guitariste qui avait un nœud à l'estomac.
Le jeune homme savait de quoi le punk était capable si quiconque refusait de se soumettre à sa volonté et il refusait de devenir sa prochaine victime.
- Non, je ne le ferai pas, s'était-il entendu déclarer sans pouvoir garder le moindre contrôle sur ses paroles.
Mais quel imbécile ! Qu'est-ce qui lui avait pris ? À la vue des yeux sombre de Jimmy qui le transperçaient d'une fureur intense, il déglutit péniblement avant de ressentir une étrange et vive douleur au niveau de son abdomen.
- Quel dommage, mon chou. Tu étais l'un de mes meilleurs compagnons, souffla Jimmy sur un ton sarcastique.
Ses yeux verts se baissèrent au niveau de son abdomen où une tache rouge colorait son vêtement bleu et un couteau tenait en vertical dont la lame était insérée dans sa chair. Quel enculé, et merde !
Le souffle coupé, sa vue se brouilla et il sentit le sol se déferler sous lui. Ses jambes n'étant plus capable de le porter, il s'écroula au sol en tentant de retrouver son souffle.
Tandis que plusieurs coups étouffés se faisaient entendre de plus en plus fort, il avait l'impression qu'on lui compressait les poumons, et qu'on empoignait son cœur de sorte à ce qu'il convulse jusqu'à perdre conscience.
- Hey !
Ce hurlement inattendu le sorti brusquement de son sommeil. D'un bond, il ouvrit grand ses yeux, étant ramené à la réalité un peu sauvagement.
« Tout va bien, je suis dans ma voiture et je suis vivant. C'était un cauchemar. Un putain d'horrible cauchemar. »
Devant sa vitre, se tenait un homme barbu ayant la cinquantaine. Il était vêtu de fringues paraissant sortis d'une armoire appartenant à la communauté de hippies.
Hippie ? Ce devait être ce fameux Ciganki. Il était encore plus laid que dans son imagination. Le sombre regard que lançait le junkie fit frémir de dégoût le guitariste. Avec un nœud d'angoisse formé dans son estomac, il s'extirpa du véhicule et garda le silence. Et pourquoi il avait accepté une connerie pareille déjà ?
- T'es en retard, gronda Ciganki.
Les membres contractés, le jeune homme devina qu'il ne valait mieux pas lui répondre, sous peine d'en recevoir plein la gueule. Non, il n'était pas en retard, il s'était simplement assoupi quelques instants.
- Où est mon Joogie ? poursuivit-il d'un ton ferme.
Les sourcils froncés, le guitariste cherchait à comprendre ce qu'était le Joogie. Quel nom absurde !
- La dose que Jimmy m'avait promise, s'énerva le gitan.
Les sourcils haussés, il comprit à quoi ce type faisait allusion. Il jeta un coup d'œil furtif autour de lui, afin de s'assurer que personne ne le voit à faire des manigances qui ne lui ressemblaient pas.
En fouillant nerveusement dans l'une de ses poches, le guitariste sortit un petit sachet dont la texture du contenu était différente de ce qu'il avait l'habitude de consommer. La substance était d'un mélange de vert et brun avec quelques morceaux blanc. Cela avait l'air répugnant. Beurk !
À la vue du paquet en plastique, les yeux de Ciganki parurent sortire de leurs orbites. Cette réaction effraya le jeune homme qui en lâcha le sachet au sol et recula d'un pas.
Un frisson d'effroi le parcourut lorsqu'il aperçut le hippie se ruer sur la terre encore humide par la rosée du matin pour s'emparer de cette drogue fabriquée par Jimmy.
Ce type devait être véritablement en manque pour avoir un comportement digne de celui-là. Un véritable accro de cette petite merveille, comme le disait Christian. D'ailleurs, depuis quand cette drogue existait-elle ? Certainement assez longtemps pour que Ciganki et Chris en soient autant dépendant.
- Bon, je t'ai filé le Doogie... Je veux mon fric maintenant, lança le guitariste avec une voix tremblante qui trahissait son manque d'assurance.
Le regard exorbitant se détacha du fameux Joogie, et se braqua sur le jeune homme qui faisait de son possible pour ne pas montrer qu'il tremblait de tous ses membres.
Tandis qu'un rictus carnassier se dessinait sur son visage tiré par les traits de fatigue, il poussa un rire amusé.
- On s'est mal compris, gamin. Oui, je suis censé te filer ton fric, mais tu es arrivé en retard contrairement à ce qu'on avait convenu. Alors je vais te donner autre chose à la place, lança-t-il d'un ton tranchant.
Une pointe d'appréhension lui noua l'estomac à l'entente de ses paroles. Il sentit des frissons désagréable parcourir son corps entier et gardait le silence, incapable d'ajouter quoique ce soit.
Tandis que Ciganki le fixait intensément, l'air se comprima dans sa cage thoracique et son pouls s'emballait. La panique le gagnait petit à petit. Garder son calme, c'était ce qu'il fallait faire pour ne pas perdre la face.
Une douleur vive se résorba sur son visage. Sous l'effet du poids du poing qui s'était écrasé sur sa face, sa tête pivota de manière si violente qu'il en tomba au sol. Et merde, il aurait dû s'y attendre !
Étourdi par le coup qu'il venait de recevoir, il restait sur l'herbe fraîche, tandis que l'élancement irradiait une bonne partie de son visage.
- Et un petit message pour Jimmy de ma part. Ce salaud espère échapper à ses dettes en me vendant sa drogue.
Le coup de pied qu'il reçut dans l'estomac lui coupa le souffle. Recroquevillé sur lui-même, une grimace affreuse lui retroussa les lèvres. Il n'y était pas allé de main morte. Merde, pourquoi devait-il ramasser à la place de Jimmy ?
Tandis qu'il retrouva sa respiration et que la douleur s'estompait petit à petit, il aperçut le pied de Ciganki lui foncer droit dans la tronche avant de heurter douloureusement son visage.
- J'espère que je ne verrais plus ta sale gueule de gamin, pesta le hippie avant de se retourner.
Alors qu'il entendit les bruits de pas qui s'éloignaient, il porta ses mains à son nez ensanglanté. La douleur vive ne faisait que de persister et rester au sol n'allait pas arranger les choses, surtout que les étudiants de l'université n'allaient pas tarder à sortir.
Dans la précipitation, il se redressa et regagna son véhicule, tandis que le sang ne cessait de couler. Il s'était juré de ne plus recommencer cette expérience. Plus jamais il fera l'intermédiaire entre Jimmy et ses clients.
Mais qui pouvait s'assurer qu'il pouvait tenir cette promesse ? Jimmy faisait trembler tout le monde, et ils se pliaient tous devant lui pour satisfaire ses désirs, même les plus tordus. Et le guitariste faisait lui aussi parti de ces personnes.
Hey beautiful people !
Qui s'enfonce encore plus dans la merde ? C'est Jojoe !
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🌹 Comment ce petit démontage de gueule ?
🌹 Vous pensez qu'il va consommer ce fameux Joogie ?
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Le prochain chapitre commencera avec la suite de ce flashback et poursuivra avec un retour au présent.
Kissouilles ❤
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