« How can I love when I'm afraid to fall
But watching you stand alone
All of my doubt suddenly goes away somehow »
Thousand Years - Christina Perri
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- Sharon, tais-toi et suis-moi, m'ordonna Cassie d'un ton où perçait une pointe d'agacement dans sa voix.
Je cherchai à comprendre pourquoi elle m'entraînait dans le rayon des sous-vêtements. Quand je l'avais eue au téléphone, elle m'avait affirmé vouloir dénicher la robe parfaite pour nous deux.
Depuis que Katrina avait parlé de ce bal, Cassie n'avait que ça en tête. Tous nos sujets de conversation ne tournaient qu'autour de ça désormais. Elle s'imaginait danser aux côtés de Patrick Brown. Ce brun sur lequel elle avait flashé depuis quelques semaines.
Elle s'inventait également un scénario dans lequel Joe, vêtu du plus beau de ses costumes, m'accompagnait à ce bal. Je portais une robe digne des contes de fées afin de vivre un rêve éveillé.
Mon amie débordait d'imagination, il fallait l'admettre.
D'ailleurs, je n'avais toujours pas demandé à Joe de m'accompagner. Je craignais d'entendre un refus de sa part qui pouvait me blesser. C'était idiot, mais cette crainte ne me quittait pas, elle m'habitait sans cesse.
Je vérifiai une dernière fois mon portable pour voir s'il n'y avait aucun message de Joe. Il était censé arriver à Valencia dans la journée.
Tous les deux, nous avions continué de nous écrire chaque soir. Entendre ses bêtises me permettait d'oublier ce stress que j'éprouvais dû aux examens qui approchaient à grand pas.
Cependant, je craignais qu'il ne devienne silencieux, comme la dernière fois. Quand je consultais mon téléphone, cette peur de n'avoir aucun message de sa part me prenait à la gorge. Mais elle ne durait pas.
Chaque matin, j'avais le plaisir de lire un mot mignon de sa part, me mettant de bonne humeur pour la journée avec un sourire qui illuminait mon visage.
- Cassie, je peux savoir pourquoi nous sommes dans le rayon des sous-vêtements. On était censé se trouver une robe, fis-je, perdue.
Mon amie se tourna vers moi. Ses cheveux rouges attachés suivaient avec délicatesse le pivotement de son corps, avant de se reposer sur ses épaules.
- Sharon, ma chérie. Regarde ces merveilles !
Elle me désigna un soutien-gorge en dentelle blanche. Il était magnifique, certes, mais bien trop grand pour moi.
- Je te rappelle que j'ai une petite poitrine, et je n'aime pas les armatures.
Elle poussa un grognement agacé. Ce n'était pas ma faute si la nature m'avait peu gâtée au niveau de ma morphologie.
- Tiens, essaie celui-là ! déclara-t-elle en attrapant un modèle plus petit.
Peu convaincue, je le saisis et le détaillais. Il fallait admettre qu'il n'était pas mal. Simple, pas trop fourni et sans armature !
- Carter, ici, en dehors des cours ? Ça s'est une surprise !
Cette voix criarde qui surgit dans mon dos me glaça le sang. Encore elle !
Je me retournai pour découvrir Katrina. Voilà la raison pour laquelle je sortais peu souvent ; je ne voulais pas croiser cette vipère qui se prenait plus haute que tout le monde. Et bon sang, elle avait vingt-deux ans ! Il fallait qu'elle cesse de faire son égocentrique, elle était censée avoir passé ce stade à ses cinq ans.
- Où est le problème ? Je sais que ton père possède une bijouterie, mais pas toute la ville, lançai-je en guise d'affrontement.
Je tentais de garder un ton aussi ferme que possible pour masquer cette crainte qui m'habitait. La jeune femme pivota la tête vers une de ses amies en arborant un air amusé. J'espérai ne pas tourner au ridicule.
- C'est juste surprenant de te voir ici, fit-elle avec une expression faussement innocente.
Moi-même j'étais surprise de faire une virée shopping avec ma meilleure amie. Mais j'avais cédé à ses supplices.
- On a quand même le droit de se promener dans les boutiques pour trouver une robe ! volciféra Cassie.
Apparemment, elle ne supportait plus cette nana odieuse. Katrina écarquilla les yeux en arborant un air étonné.
- Une robe pour le bal ? Carter va y aller finalement ? s'exclama-t-elle.
- Pourquoi je ne pourrais pas m'y rendre ? fis-je en étant sur la défensive.
C'était vrai. J'étais une fille comme les autres qui avaient le droit de s'amuser à la fête de fin d'études. Oui, j'étais cette fille renfermée sur moi-même qui n'adressait à peine la parole aux gens de ma classe. Mais cela ne devait pas m'interdire de me rendre à cette soirée.
- Je n'ai jamais dit le contraire. Mais qui va t'accompagner ? Tu restes seule dans ton coin. Personne ne voudra être le cavalier d'une fille qu'il connaît à peine, répondit la brune avec cette ironie blessante qui filtrait dans sa voix.
Une main qui se posa soudainement sur mon épaule me fit tressaillir. Une voix grave mélangée à un timbre doux se fit entendre :
- Je la connais très bien, moi.
D'une lenteur contrôlée, je pivotai la tête pour découvrir Joe à mes côtés. Mon cœur se leva et mes membres se détendirent dans l'immédiat. Qu'est-ce qu'il fiche ici ?
Mon regard se tourna à nouveau vers Katrina. Interloquée par la présence soudaine de Joe, elle ne put sortir aucun mot. C'était certain, elle avait reconnu le guitariste qui était venu jouer dans l'école quelques mois plus tôt.
Ce qui la mettait dans cet état, c'était de l'apercevoir à mes côtés. Elle ne s'attendait pas à ce que je fréquente ce jeune homme aux dreads qui dégage tout de même un certain charme.
Son silence qui persistait la ridiculisait et Katrina se retira dans la précipitation. Ma tête pivota vers Joe et je le gratifiai d'un regard compatissant. Merci, Joe.
- Ton sauveur est là ! chantonna Cassie sur un ton faussement réjoui.
- Tiens, salut, Rougeole !
Mon amie fronça les sourcil, tandis que Joe désigna ses cheveux rouges qu'elle avait attachés en queue-de-cheval.
- Tu veux jouer à ça, le drogué ? rétorqua Cassie en lui lançant un de ses regards noirs.
Ceci ne semblait pas effrayer Joe qui au contraire, paraissait amusé. Je levai les yeux en l'air. Je devais avouer que son intervention tombait plutôt bien. Au moins, j'étais certaine que Katrina allait fermer son clapet.
Mes yeux bleus détaillaient la tenue de Joe. Un pantalon noir dont les jambes semblaient être déchirées. Et cette fois-ci, il portait une chemise brune déboutonnée et dévoilait une partie de son torse.
- Qui était cette fille ? interrogea-t-il en l'observant s'en aller au loin avant de quitter la boutique.
Apparemment, il n'avait gardé aucun souvenir de Katrina. Tu te souviens cette fille qui était collée à toi, le premier jour où tu es venu jouer dans notre école ? Eh bien, c'est elle !
Mais je m'abstins de lui répondre ceci. Inutile de rappeler ce genre de chose qui était devenue désormais insignifiante à mes yeux.
- Une fille dans mon école que personne n'apprécie vraiment. Qu'est-ce que tu fais là et comment tu m'as trouvée ? questionnai-je intriguée.
- Je visitais, fit-il avec une moue innocente qui, pourtant, ne masquait pas pour autant son mauvais jeu d'acteur.
- Dans un magasin de vêtements ? Tu me prends pour une cruche ! me moquai-je.
Tu es démasqué, mon Joe !
- Les mensonges, c'est toujours pas ton truc. On savait déjà comment tu nous avais trouvées dans ce magasin de Noël, l'année passée, nota Cassie qui ne comptait pas se laisser berner.
Durant l'espace d'une fraction de seconde, le corps de Joe parut se crisper avant de se détendre dans l'immédiat. C'était certainement la climatisation qui lui avait donné un frisson.
- Je te suivais, finit-il par admettre.
Je fronçais les sourcils, tandis que mes yeux ne le quittaient pas. Depuis quand était-il derrière moi à se cacher et à observer mes faits et gestes ?
- Pourquoi ? lançai-je méfiante.
- Sharon, admets que je suis tombé au bon moment.
Ne sachant pas quoi répliquer, je me laissai attraper par le silence. C'était vrai qu'il était bien arrivé, mais je désirais connaître la raison pour laquelle il me suivait. Même s'il s'agissait de Joe, je ne supportais pas que mes faits et gestes soient épiés. Une certaine pression était exercée sur moi et sous l'effet de celle-ci, je pouvais faire n'importe quoi.
- Je t'ai vue entrer dans ce magasin alors que je me promenais et j'ignore pourquoi exactement, je voulais m'assurer que tu ailles bien, me murmura-t-il d'un timbre doux qui faisait vibrer mon cœur. Apparemment, ça n'allait pas si bien que ça.
- Je gérais parfaitement la situation, me défendis-je.
Joe afficha une moue peu convaincue par les propos que j'avançais. Bon, je devais avouer que commençais à me sentir mal, pourtant au début, je m'en sortais plutôt bien.
Joe s'empara de ma main et lança à Cassie :
- Bon, Rougeole, maintenant elle est à moi.
Il ne lui laissa pas le temps d'en placer une qu'il m'entraîna hors du magasin. Heureusement que je n'avais aucun article sur moi.
- Joe, où est-ce qu'on va ? questionnai-je, tandis qu'on s'éloignait du centre commercial.
- Rejoindre les autres.
Par les autres, je devinais qu'il s'agissait de Mitch et Troy. Ces derniers devaient certainement se trouver au JJ's Bar and Grill, puisque je reconnaissais le chemin qu'on empruntait.
- D'ailleurs, c'est quoi cette histoire de Bal ? interrogea Joe, intrigué.
Je laissai ses doigts enlacer les miens, malgré que mes membres soient devenus légèrement tendus. Je ne lui avais encore touché aucun mot à ce sujet, craignant son refus de m'accompagner.
- Une fête organisée pour les étudiants en dernière année. Une salle réservée spécialement pour cet événement et on doit sortir nos plus beaux vêtements.
- Comme au lycée, tout le monde aura un chevalier ou une chevalière, compléta Joe avec une mine de dégoût qui me fit un pincement au cœur.
- Ce sont des cavaliers, rectifiai-je d'une voix étranglée.
Il était inutile d'en dire plus, puisqu'il allait refuser ma proposition. C'était certain.
- Et qui sera ton cavalier ? Le rouquin ou ton pote l'extraterrestre ? demanda-t-il avec une voix étranglée.
Il faisait allusion à Jordan et à Francky. Je secouai négativement la tête. J'avalai difficilement ma salive et pris une petite voix qui marquait toute l'hésitation et l'incertitude que j'éprouvais en ce moment-même.
- J'ai pensé... À toi.
Joe marqua une pause et cessa sa marche. Ses yeux grands ouverts se posèrent sur moi.
- T'es sérieuse ? s'écria-t-il avec un ton un peu trop fort, car quelques personnes se retournèrent et nous dévisagèrent au passage.
J'ignorai quelle était la réelle signification de sa réponse, et lui lançai un air craintif face à ses grands yeux verts qui me fixaient intensément.
- C'est pas ton genre de truc, c'est ça ?
- Exactement et je n'y suis surtout jamais allé, me confia-t-il.
Surprise, je l'observai sans dire un mot. Mais pourquoi en étais-je étonnée ? J'avais toujours eu ce doute que ce genre de fête ne soit pas sa tasse de thé, alors ce n'était guère surprenant qu'il me confesse ne s'être jamais rendu à des célébrations du même genre.
- Moi non plus, avouai-je un peu timidement.
- On est deux, compléta Joe qui reprenait sa route avant de jeter un coup d'œil dans ma direction. Pourquoi pas toi ?
- Le lycée n'a pas été une période facile pour moi.
Je ne souhaitais pas m'étendre sur le sujet et ce fut comme si Joe l'avait lu dans mes yeux. Il ne posa aucune question supplémentaire.
- Je sais ce que c'est, marmonna-t-il.
Lui aussi avait-il vécu des atrocités similaires aux miennes ? Je mourrais d'envie d'en savoir plus, mais je m'abstins de le questionner plus sur le sujet. Joe m'avait respecté en n'allant pas plus loin et je devais en faire de même.
- Mais ce bal sera certainement différent que celui du lycée, tentai-je de le convaincre. C'est l'université, il n'y a plus ces crétins à cause de qui nous avons cette boule au ventre et on craignait de se rendre au lycée.
Il s'arrêta une nouvelle fois et plongea ses iris verts dans les miens. Je voyais cette lueur de peur qui traversai ses yeux. De quoi avait-il peur ?
- Tu sais, depuis mon entrée à l'université, je m'étais imaginé ce moment comme étant l'un des plus beaux de ma vie, confessai-je. Comme dans les films, la fille qui danse aux côtés du garçon dont elle est follement amoureuse et...
- Je suis ce mec dont la nana est raide dingue ? m'interrompit Joe.
Je baissai timidement la tête, craignant sa réaction. Il devait me trouver ridicule, c'était certain. Avec sa main, il souleva mon menton, me forçant ainsi à croiser son doux regard qu'il m'adressait.
- La vie est loin d'être comme dans les films, Sharon, me murmura-t-il d'un timbre doux. Mais si tu rêves de prendre la place de l'héroïne, je veux être cet homme dont elle est follement amoureuse et faire partie de ce fantasme.
J'ouvris grands mes yeux qui ne quittèrent pas Joe. Il venait d'accepter d'être mon cavalier pour le Bal de Fin d'année.
- Je veux que tu réalises ce rêve avec moi, me susurra-t-il avant de déposer ses douces lèvres sur les miennes.
Hey beautiful people !
Ce que tu dis es si beau, Joe
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🌹 Et il a dit oui ! Pour le bal, hein
🌹 Je pense que beaucoup de personne ont eu envie de clouer le bec à Katrina
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Merci pour votre lecture !
Kissouilles ❤
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