I'm a loser
And I lost someone who's near to me
I'm a loser
And I'm not what I appear to be
I'm A Loser - The Beatles
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Face à mon air insistant, Cassie prit une profonde inspiration avant de lâcher :
- Je lui ai caché le fait que tu avais ingurgité une quantité d'alcool assez importante dans le sang et que tu restais avec... Lui.
Sa voix s'était étranglée lorsqu'elle évoquait Joe et le regard qu'elle lui lançait n'éprouvait aucune affection à son égard. Ce dernier n'y prêta aucune attention. À la place, il s'était allumé une cigarette.
- Qu'est-ce que tu lui as dit alors ? questionnai-je.
- Que tu passais la nuit chez moi et que tu ne pouvais pas lui parler, car tu t'étais déjà endormie.
Je poussai un énorme soupir de soulagement et la pression retomba d'un coup. Cassie était consciente qu'elle m'avait évité le pire. Je ne préférais pas imaginer ce qui me serait arrivé si elle n'avait pas été aussi futée. C'était une amie en or. Vraiment.
Mon regard se tourna vers Joe qui se contentait d'assister à cette scène sans émettre de commentaire. Il prit une latte avant de recracher le contenu dans un épais nuage de fumée. Il annonça sur un timbre grave :
- Ma part du marché a été respectée. Je te l'ai ramenée comme tu la voulais.
Il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'il parlait de moi. J'étais abasourdie de la manière dont il me considérait, un objet sans grande valeur à ses yeux. Je ne le comprenais vraiment plus. Tantôt, il agissait de manière la plus adorable qui pouvait exister. Et tantôt, il se comportait comme le mec le plus désagréable que je connaissais.
Il fallait le percer à jour pour découvrir la raison de ses changements d'humeur.
- Nous n'avions jamais conclu de marché, répondit Cassie en passant à l'agressivité.
Elle n'avait pas apprécié la façon dont il parlait de moi. Joe tira une nouvelle fois sur sa cigarette avant qu'un nouveau nuage de fumée sorte de sa bouche. L'air qu'il nous lançait était niais et ça m'agaçait. Mais ce qui me rendait folle, c'était le fait ne pas comprendre ce qui avait pu le rendre aussi arrogant, alors que le matin même, il était si gentil.
D'un haussement d'épaules, Joe n'ajouta rien de plus. C'était comme s'il n'en avait rien à faire de l'avis de Cassie, qu'à ses yeux, c'était un simple marché. Ce garçon m'intriguait de plus en plus.
Je l'observai fixer le sol de manière pensive. Cette attitude évasive me laissait penser que quelque chose semblait le préoccuper, voire le frustrer. Ce devait certainement être pour ça qu'il était instable.
- Viens, Sharon. On y va, puisque notre marché a pris fin, me dit Cassie, agacée.
Elle ne voulait pas savoir qu'elle était sa « part », tant elle trouvait Joe aberrant. Elle avança de quelques pas avant de réaliser que je n'avais pas posé un pied en avant. Je restais face à Joe qui venait de jeter son mégot de cigarette et ensuite l'écraser au sol.
- Tu viens ? répéta-t-elle.
Je savais que si je partais, la suite entre Joe et moi n'existerait sans doute jamais. Une chose que je voulais éviter. Personne n'approuverait que je fréquente un gars comme lui, mais j'en avais marre de faire sans cesse plaisir aux autres. Il était temps que je pense à moi, que je fasse ce qui me plaisait.
Je me tournai vers mon amie et répondis :
- Je vais rester avec Joe.
Tous les deux me regardèrent écarquillèrent les yeux avec un air aussi choqué que surpris. Cette décision était inattendue et pourtant, c'était ce que je voulais.
- Sharon, ta mère t'attend, me rappela Cassie qui ne comprenait pas ma décision.
- Je sais.
Elle m'attend, mais ce n'est pas une raison pour rentrer dans l'immédiat. Certes, je ne lui avais pas donné de nouvelles depuis la veille, mais je pouvais très bien l'appeler et l'avertir que je rentrerai plus tard.
Joe m'adressa un regard étonné dans un mutisme volontaire. Dans ses yeux verts, je perçus une étincelle qui anima ses pupilles. Peut-être que j'ai mis fin à ses tracas en prenant la décision de rester avec lui. L'expression qui se détendait sur son visage me montrait que ça m'en avait tout l'air.
Son air se faisait plus doux, tandis que Cassie restait bouche bée. Elle fut prise au dépourvu, loin de s'imaginer que j'allais prendre une telle décision. Je lus dans ses yeux noisette la question qui tramait dans sa tête :
En es-tu certaine ?
Bien sûr que je l'étais. Je voulais me retrouver seule avec Joe. Juste lui et moi. Même si je ressentais une certaine gêne, au plus profond de moi.
- Alors je suis venue pour rien, fit-elle agacée.
- Cassie, ne le prends pas comme ça.
J'essayai de me rattraper, mais mon amie repoussa chacune de mes tentatives en utilisant un ton un peu sec.
- Non, je comprends.
Non, tu ne comprends pas, ça se voit si bien dans ton regard. Ma décision lui semblait si insensée et je désirais tout lui expliquer afin qu'elle puisse avoir un peu plus d'empathie. Mais devant Joe, je ne le pouvais pas.
Malheureusement, je n'eus pas le temps de rajouter quoique ce soit, car Cassie tourna les talons et s'en alla d'un pas frustré. Le remords s'empara de moi, je regrettai d'avoir agi de la sorte, l'observant s'éloigner au loin.
Le soleil, à présent haut dans le ciel, m'aveuglait. Malgré ma main en visière, je ne parvenais plus à distinguer sa silhouette qui s'estompait au loin. Je soupirai et regrettai de l'avoir involontairement vexée.
- Pourquoi ?
Une pointe d'incompréhension se fit sentir dans la voix de Joe. Je levai les yeux vers lui et découvris que ce regard sauvage que j'avais pris l'habitude d'apercevoir dans ses iris émeraude avait disparu. À la place, je découvris cette douceur que j'aimais tant.
- Pourquoi tu n'es pas partie avec elle ? répéta-t-il
- Je voulais encore passer du temps avec toi. Avant que tu ne retournes à Jacksonville, admis-je timidement.
C'était vrai. D'une manière inexplicable, j'étais parvenue à tout lui pardonner. Ma réponse sembla le surprendre. J'espérai ne pas l'avoir frustré une nouvelle fois.
- Il faut que j'aille retrouver Mitch et Troy.
Je restai abasourdie par sa réponse. Je venais de lui révéler que je désirais passer plus de temps en sa compagnie et lui, tout ce qui lui importais, c'est de retrouver ses amis. Tu ne vois pas que tu le déranges, Sharon ? Il ne veut pas être avec toi !
- Ah.
Une légère déception s'était fait sentir dans ma voix. Et Joe semblait l'avoir décelée puisqu'il tourna la tête vers moi et ajouta sur un ton plus doux :
- Mais j'aimerais bien que tu viennes avec moi.
Sa phrase étouffée donnait cette impression qu'il voulait rajouter quelque chose. Je ne pus m'empêcher d'afficher un sourire ravi à l'entente de sa réponse.
- Où sont-ils ? m'empressai-je de demander avec enthousiasme.
Joe haussa les épaules et me gratifia d'un regard indécis. Il plongea sa main dans sa poche et en sortit son mobile.
- Mon téléphone est naze. Et je ne connais pas ce trou paumé pour retrouver l'hôtel, m'expliqua-t-il.
- Dis-moi le nom. Je pourrai t'y conduire, fis-je d'une petite voix.
Il poussa un long soupir las. Cette proposition ne semblait pas lui convenir. Et maintenant, qu'est-ce que tu vas faire, Sharon ?
- Pourquoi tu râles ? demandai-je.
- J'ignore le nom de ce putain d'hôtel. Et je ne râle pas.
Je levai les yeux en l'air. Nous avions-là, un vrai problème. D'ailleurs, comment Mitch et Troy ne s'étaient-ils pas rendus compte de l'absence de Joe ? Cette situation était complètement absurde. Je persistais à croire en l'existence d'une solution.
- Ils vont revenir au bar te...
Joe poussa un ricanement avant de s'exclamer avec un rire sarcastique :
- Tu crois vraiment qu'ils vont se ramener pour me récupérer ? Ça se voit que tu ne les connais pas.
Évidemment que je ne les connais pas. Je ne leur avais pas adressé la parole une seule fois, excepté avec Troy. La manière dont Joe se moquait de moi ne me plaisait guère. Il semblait me prendre pour une idiote sur qui il pouvait se défouler.
Mais je décidai de passer outre une fois de plus. Je n'avais pas envie de me prendre la tête avec lui. Mes maux de crâne étaient assez désagréables ainsi. Heureusement, sa bonne humeur était enfin revenue.
On resta face à face et on s'échangeait nos regard dans un silence qui devint gênant. Je jetai un coup d'œil à son téléphone et reconnut la marque. Un Samsung SGH-T100. Mais j'ai le même modèle !
- On peut aller chez moi pour recharger ton téléphone, m'exclamai-je subitement, interrompant ainsi, ce lourd silence.
Le front de Joe se plissa sous l'effet de la surprise. Il maugréa avec un regard démontrant qu'il était tout sauf partant pour cette idée. Il s'exclama avec un ton sarcastique :
- Et puis quoi encore ? Tu vas me nourrir et me loger chez toi ?
Son caractère de cochon était exaspérant. Ces changements d'humeur devenaient lourd. Je fus prise d'une bouffée d'agacement et ripostai sur un ton qui se fit plus sec que je ne l'espérai :
- Tu es obligé d'être si désagréable ? Tout ce que je fais, c'est d'essayer de t'aider. Si tu n'es pas content, débrouille-toi.
Cette assurance si soudaine surprit Joe autant que moi. Ce devait être dû au restant d'alcool se trouvant dans mon sang.
Il maintint son regard ferme durant quelques secondes qui me parurent être une éternité, puis il s'adoucit et me répondit avec une voix étouffée.
- Excuse-moi.
Je ne rêvais pas, il venait de s'excuser auprès de moi. Jamais je n'aurai pensé cela, je m'attendais à ce qu'il me réponde quelque chose pouvant être blessante. C'était le contraire qui s'était produit. Lui-même semblait être étonné de son attitude. Il devait avoir l'habitude d'avoir le dernier mot. Et bien cette fois, c'est moi qui t'ai cloué le bec !
Je compris deux choses. Je commençais enfin à m'affirmer et que Joe admettait ces torts. Tous deux, nous avions franchi un grand pas.
Durant le chemin, Joe prit une nouvelle cigarette qu'il alluma. Ce devait être la cinquième depuis ce matin. Sa consommation de tabac était excessive et inquiétante.
- Tu es un véritable pompier ! m'exclamai-je.
Il tira sur sa cigarette et prit du plaisir à savourer les saveurs que le tabac lui procurait. Une autre chose que je trouvais répugnante.
- Si ce n'est pas les cigarettes, ce sont les joints.
Il parlait des drogues qui le mettait dans un état second, où il n'avait plus aucun contrôle de lui-même.
- Depuis quand tu fumes ? demandai-je.
Il marqua un silence et contemplait l'horizon avec un air absent. Il finit par me répondre :
- Assez longtemps pour connaitre la qualité de chacune des drogues.
Cette réponse assez vaste me donna une petite idée de l'âge auquel il avait commencé à fumer. Certainement très jeune. Peut-être vers seize ou dix-sept ans ?
- Pourquoi ? Qu'est-ce que ça te procure à part t'ôter une part de ta vie à chaque fois ?
Je m'attendais à obtenir une réponse semblable à celle des autres fumeurs que j'avais pu côtoyer. Fumer sans avoir de raison, pour combler un manque. Mais celle de Joe fut différente :
- Ça me permet d'oublier ces lourds souvenirs qui m'infligent sans cesse une affreuse douleur, me hantant tous les jours. Ce sont eux qui me tuent à petit feu. De tout de façon, on finit tous par crever un jour où l'autre.
Hey beautiful people !
Tu devrais pas, Joe.
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🌹 Quel râleur, celui-là. Mais mystérieux
🌹 On espère que Cassie ne soit pas trop en colère contre Sharon.
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Juste merci de me lire !
Kissouilles ❤
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