« I'm the burning bush, I'm the burning fire
I'm the bleeding volcano »
She's so cold - The Rolling Stones
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La performance autant bouleversante qu'émouvante de Joe était parvenue à chasser les fausses idées à son sujet qui avaient germé dans mon esprit. Cette chanson était la preuve indéniable que ses sentiments pour moi étaient sincères. Il ne cherchait pas à jouer avec moi, comme je l'avais pensé.
Mais je n'étais pas la seule à avoir adoré leur prestation. En regardant autour de moi, je voyais les sourires ravis des clients qui acclamaient les trois garçons. Ces derniers avaient quitté l'estrade sur laquelle ils avaient joué de toutes leurs tripes - notamment Joe - et ils étaient cernés de partout par cette foule envahissante.
Je préférais rester à l'écart, tentant de remettre mon esprit chamboulé en place. Je savais que si je rejoignais tout de suite Joe, des idioties allaient sortir de ma bouche ou voire, rien du tout. Et c'était amusant de l'observer de loin, en recul de toute cette population qui avait fait grimper la température.
Tandis qu'il tentait de prêter attention à chaque personne qui l'abordait, le regard de Joe fuyait autour de lui, à la recherche de quelqu'un. Moi. Je ne sais même pas s'il s'était rendu compte que pendant qu'il conversait avec eux, il avait pris la direction du bar où trois petits verres étaient posés sur le comptoir.
Ce qui allait suivre était évident. Chacun d'entre eux allait offrir une tournée, pour finir tous bourrés, à ne plus tenir debout.
Cette idée me répugna. L'alcool ne me plaisait guère, à cause de son goût infect, mais aussi de ce qu'il provoquait. Ainsi, je n'avais jamais bu un verre d'alcool. Mais en réalité, si je refusais d'ingurgiter la moindre goutte, c'était à cause des innombrables recommandations que m'avait faites ma mère.
Je m'en souvenais encore comme si ce jour datait de la veille. À mon entrée au lycée - une période durant laquelle j'avais pas mal souffert - ma mère mourrait d'inquiétude sur mes fréquentations, craignant que je tombe sous l'emprise d'un gang ou autre. Une idée bien amusante lorsque j'y repense.
Elle s'évertuait à me faire cette morale sur l'alcool ainsi que ces effets dévastateurs. Le message était entré et ancré dans ma cervelle et ainsi, je n'avais pas bu une seule goutte d'alcool.
Il fallait admettre que je ne sortais jamais en soirée à trainer dans les bars, craignant de tomber sur des malades. Je restais alors dans ma chambre à réviser ou lire des livres ou à me cacher derrière l'objectif de mon appareil photo pour m'entraîner.
Une fille bien trop sage, en fin de compte.
Je constatais que Joe était bien plus entouré que Mitch et Troy. Cet amas de personnes vers lui était dû à son statut du leader du groupe. Il avait conquis chacun des clients du bar - ou du moins presque, c'était possible que sa prestation ait déplu quelques citoyens - avec sa voix de dieux à faire vibrer mon cœur à tout rompre.
Des gamines venant à peine de terminer le lycée se collaient à Joe de façon très intime. En plus, elles se permettaient de poser leurs mains sur son torse luisant, comme si elles le connaissaient, ce dont j'en doutais fortement.
Assise et immobile à ma table, j'assistai à cette scène qui m'insupportait. Au fond de mon être, ça bouillonnait et ce que j'ignorai, c'était quel allait être le résultat lorsque ça allait exploser. Un désir intense de me lever pour leur cracher d'aller voir ailleurs me prenait par les tripes. Mais la crainte de me faire remarquer et de me ridiculiser coupait immédiatement ce désir, me laissant figée sur place.
Un tas de questions tournaient à toute vitesse dans mon crâne. Pourquoi Joe n'avait aucune réaction et ne leur faisait pas comprendre d'aller voir ailleurs ? Cette scène me rendait dingue, j'allais même jusqu'à penser que Joe était intéressé par l'une d'elles. Heureusement que cette idée eut vite fait de déguerpir de mon esprit.
- Pourquoi tu veux rester ici dans ton coin à bouder au lieu d'aller vers eux ?
- Je ne boude pas.
À l'entente de ma réponse, Cassie s'esclaffa de rire. J'étais consciente de donner cette impression - qui était peut-être vraie au fond - de fille jalouse. Oui, ça me rendait folle de voir Joe à torse nu avec ces gamines autour de lui, posant leurs mains sur lui. Et cet abruti ne réagissait même pas !
Une brune passa une de ses longues mèches derrière son oreille avant de poser délicatement sa main sur l'un des maigres pectoraux de Joe. Ce geste remonta jusqu'à sa nuque.
Joe, réagis ! Dis quelque chose !
Mais à la place, il se contentait de boire en rigolant d'un air bêta à un vieux moustachu. La bouche de la brune était proche du cou de Joe. Mon cœur vacilla avant qu'une douleur me l'empoigne.
Non ! Elle n'allait pas le faire !
Pourquoi Joe m'aurait-il fait une telle déclaration en public, si c'était pour se faire draguer par d'autres filles par après ? Cela n'avait aucun sens. La voix que la petite brune possédait était stridente à m'en faire grincer les dents. Je pouvais l'entendre de là où j'étais.
- C'est pour moi la dernière chanson que tu as jouée ? En tout cas, tu as du charisme.
Mais pour qui cette pimbêche se prenait-elle. Je me sentais coupable de rester plantée à cette table sans rien faire, mais la réaction de Joe avait suffi à chasser cette culpabilité.
Son front se rida sous l'effet de la surprise et sur son visage se dessinait un air interloqué. Il secoua ensuite la tête en rigolant.
Et ce fut à cet instant que mon corps se détendit et que je réalisai avec stupeur que je n'étais plus à table avec Cassie. Non. Mes jambes prenaient la direction du bar.
L'attitude de Joe et de cette petite garce avait attisé toute ma concentration que je n'avais pas prêtée attention aux actes que je m'apprêtais à commettre. Mais qu'est-ce que je fichais ? Je n'allais tout de même pas aller vers eux, pour m'interposer. Pourtant, c'était bien ce que je désirais faire.
Mais au dernier moment, je déviai ma direction, m'arrêtant à quelques mètres de l'endroit où Joe se trouvait afin de le garder dans mon champ de vision. Je tournai ma tête vers Cassie, toujours assise à notre table, qui m'observait.
Qu'est-ce que je faisais ici ?
Personne ne remarquait ma présence. Ils étaient occupés à enchaîner les verres les uns après les autres. Alors que je fis demi-tour afin de retourner auprès de Cassie, j'entendis une voix s'exclamer qui m'interrompit dans mon action :
- Hey, mais regardez qui est venue nous tenir compagnie !
J'aurais aimé que cette voix appartienne à Joe, mais celle-ci avait un ton beaucoup plus enfantin. Son propriétaire était reconnaissable entre mille. En me retournant, je vis Troy, un verre à la main.
- C'est Sharon de Valencia !
Lui adressant un sourire un peu forcé, je m'avançai vers lui. Ce dernier avait déjà bu quelques verres, cela se voyait à son attitude. Ses mouvements étaient flous et il éprouvait de la difficulté à garder son équilibre.
- Alors, Sharon de Valencia. Parlons un peu.
Être en compagnie de Troy me rendait mal à l'aise. Cette crainte que Joe m'aperçoive avec lui m'habitait. Il pourrait le prendre mal, voire très mal. Il pouvait exploser et tout détruire ce qui se trouvait autour de lui. Pourtant, Joe était...avec d'autres filles.
Cette réalité me fit comme un déclic. Il ne se privait pas d'être en charmante compagnie. Pourquoi devais-je le faire ? Il fallait que je cesse d'être de nature trop gentille et que je sois un peu plus dure.
- Bien sûr, Troy de Jacksonville, répondis-je sur un ton déterminé.
Troy afficha un air étonné. Je pensais que cela était dû à cette assurance qu'il découvrait pour la première fois. Mais sa réponse ne tarda pas à me faire comprendre la véritable raison.
- On s'est bien renseigné à mon sujet à ce que je vois.
- En réalité, je l'ignorais. J'ai pensé que si Joe vivait là-bas, toi aussi.
- Tu as vu juste !
Cette discussion autour du seul verre de bière de Troy qui refusait de se vider m'avait permis de découvrir que ce dernier était une bonne personne. Ses phrases étaient accompagnées par des gestuelles ainsi que des mimiques amusantes. Cependant, il insérait quelques hésitations dans ses phrases, et un long silence était marqué avant de reprendre sur un autre sujet.
J'avais constaté que la manière dont il observait les hommes était étrange. C'était comme s'il en était intimidé ou intrigué. J'avais aussi décelé un accent qui me laissait penser que Troy ne venait pas d'Amérique. Pour mettre fin à cette interrogation, je lui demandai :
- D'où tu tiens cet accent ?
Avec un sourire, il m'expliquait dans une gestuelle humoristique.
- Ma chère demoiselle. Cet accent vient du fait que je n'ai pas toujours vécu en Amérique.
Troy m'en raconta davantage sur l'origine de son accent :
- Si tu étais un si bon médium, tu aurais deviné que cet accent provient d'Europe. Plus précisément d'Italie.
J'écarquillai les yeux. À aucun moment, je n'avais pensé que Troy venait d'Italie. Il ne possédait aucune caractéristique physique et surtout pas le prénom. Troy était typiquement Américain.
- Mon père adorait les États-Unis. Il rêvait d'y aller. Mais il avait peur de nous entraîner dans la famine s'il venait à quitter son travail.
- Il gagnait bien sa vie ?
- Le métier de clown de cirque lui rapportait ce qu'il fallait.
Immédiatement, une image de son père me vint à l'esprit. L'homme ayant un rêve fou, mais stoppé par sa famille, qui passait avant tout.
- Pourtant, tu vis aux États-Unis.
- C'est à cause de la fermeture du cirque. Le vieux était si heureux lorsque nous avons débarqué ici. Je me souviendrai toute ma vie de cette expression toute joyeuse qui illuminait son visage.
Il s'agissait pour moi d'une fin heureuse pour le père de Troy et de sa famille. En tout cas, J'espérais que ça l'était. Troy mit fin à cette discussion et changea de sujet.
- Qu'est-ce que tu prends ? me demanda-t-il.
- Désolée, mais je ne bois pas, répondis-je du tac-au-tac.
Troy manqua d'avaler sa dernière gorgée de travers avant de s'esclaffer d'une voix étouffée :
- Ça c'est incroyable ! Tu ne veux pas faire une exception ?
Son insistance me mettait la pression Je n'avais jamais bu de ma vie et je ne voulais pas commencer ce soir-là.
- Non, je...
Je me tournai vers Cassie qui était toujours assise à m'observer. Son regard était clair, elle voulait que je me laisse aller, mais elle ignorait la proposition qui m'était faite, c'était clair.
Mon regard pivota ensuite vers Joe. À mon grand bonheur, il n'avait plus aucune fille autour de lui, mais il avait un verre à la main, comme tout le monde. Sauf moi. Était-ce cela qui me manquait ?
Mais maman n'allait pas apprécier cela. Elle était contre l'alcool. Sauf que maman n'est pas là, me raisonna ma conscience.
Je savais que si je prenais ne serait-ce qu'un seul verre, j'allais me sentir coupable. Bon sang, Sharon ! Détends-toi du string. Et je n'en portais même pas !
Oui, c'était ça qu'il me fallait. Après avoir pris une longue inspiration, je lançai dans un élan d'assurance :
- Je vais en prendre une, finalement.
- Laquelle ?
J'ignorais qu'il en existait plusieurs sortes. J'ignorais laquelle choisir et quelles étaient leurs goûts. Après un long moment d'hésitation, je pris la même que Troy, en espérant de ne pas être déçue du goût.
- Santé ! me dit-il.
Nous levâmes nos verres qui vinrent se heurter provoquant un bruit cristallin qui s'entendait à peine à cause du vacarme autour de nous. Je pris une première gorgée avant de sentir le goût amer et répugnant qui descendit et brûlait ma gorge. Je regrettais presque ma décision. Mais je découvris à arrière-goût délicieux qui m'incita à prendre une autre gorgée et puis un autre verre.
J'ignorais dans quel pétrin je m'étais fourrée et n'avais pas la moindre idée jusqu'où cela allait m'amener.
Hey beautiful people !
Je ne suis pas sûre que tu aies pris la bonne décision, Sharon. Quoique...
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🌹 On en sait un poil plus sur notre Troy
🌹 Pour une fois que Sharon décide de se laisser aller. Bonne idée ou pas ?
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Hihi, vous n'êtes pas prêt pour la suite
Kissouilles ❤
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