« Oh but I learned the hardest way
Then I realized what it took
Tell the difference between thieves and crooks
A lesson learned to me and you »
Macy's Day Parade - Green Day
Printemps 1982
« Après avoir rajouté les dernières décorations pour la chambre de son futur enfant, elle resta plantée devant l'entrée pensive. Ses rêveries l'amenèrent à lui, cet homme qu'elle aimait plus que jamais et qu'elle croyait prêt à tout pour sa famille à venir.
Lorsqu'elle se remémorait le jour de leur rencontre, son cœur ne pouvait s'empêcher de marteler contre sa poitrine. C'était à une soirée à laquelle toute sa classe de fac avait été invitée. C'était un moment sympa où la musique diffusée était bonne.
Elle avait certainement trop tiré sur l'alcool ce soir-là, mais elle s'amusait comme jamais. Il y avait ce type aux yeux magnifiquement bleu qui l'avait bousculé en manquant de la faire vaciller. Ce qu'il était irritable, mais doté d'un charme irrésistible.
Elle était assise à la table pour reprendre des forces quand ce jeune homme, accompagné d'un de ses amis voulut se servir d'un verre de Coca. La bouteille glissant de ses doigts, elle se reversa sur une grande partie de la table, mouillant la robe de la jeune blonde assise juste à côté.
Elle se souvenait l'avoir insulté de tous les noms ce soir-là et malgré sa maladresse, elle avait eu le coup de foudre pour ce beau garçon mystérieux aux yeux bleus.
Par la suite, il avait repris contact et dès la fin de leurs études, ils s'étaient mariés sur la magnifique plage de Valencia sous un éblouissant coucher de soleil.
À ses côtés, elle vivait un rêve éveillé et était certaine de ne pas pouvoir être plus heureuse qu'elle ne l'était. Ce couple qui s'était promis de s'aimer jusqu'à la mort sur le sable chaud sous un paysage de rêve avait fini par voler en éclats.
Peut-être était-il trop effrayé par ses futures responsabilités et ce rôle de père qu'il allait lui être attribué ? Ce fut un grand bouleversement lorsqu'elle le vit plier bagage et quitter le nid familial sans rien dire.
Du jour au lendemain, elle s'était retrouvée seule avec ce petit être en elle qui allait voir le jour d'ici quelques semaines.
Cet enfant allait se retrouver sans figure paternelle, elle ne voulait pas lui infliger plus de souffrance et avait décidé dès cet instant, de se donner corps et âme pour que son enfant ait une vie aussi meilleure que possible. »
Assise sur mon lit, je me préparai activement pour une sortie organisée entre Cassie et moi. À son grand bonheur, j'avais accepté de l'accompagner au centre commercial.
La veille, nous avions organisé un programme précis. Elle était le genre de fille qui adorait que tout soit planifié à l'avance et avait horreur que des changements surviennent dans son planning.
Et c'était ce qui avait fini par arriver. Je venais de recevoir un message de sa part pour m'informer qu'elle avait un contretemps. Je ne pus m'empêcher de pousser un faible rire en m'imaginant sa réaction. Elle avait dû être contrariée, voire taper du poing sur la table. Cela me semblait extrême, mais c'était Cassie.
En poussant un soupir, j'attachai mes nattes avec un élastique rose avant de rejoindre ma mère dans la cuisine où je l'aperçus la tête entre ses mains arborant un air perplexe. Sa présence était surprenante.
- Maman ?
Le son surpris de ma voix la fit sursauter. Elle ne s'attendait pas à ce que je la retrouve à la maison.
- Je pensais que tu étais sortie, soupira-t-elle.
- Tu n'es pas au travail ?
- Maude m'a accordé une journée de congé.
Le souvenir que je gardais de ma mère étant petite fille était son absence. J'ignorais pourquoi mes camarades de classe avaient leur maman à la maison et pas la mienne. À la place, j'avais une nounou guère compétente. Pourquoi maman n'était-elle jamais présente ?
À son retour, j'étais généralement couchée et je ne la voyais presque jamais. Elle me disait qu'elle le faisait pour mon bien, mais je ne voyais pas en quoi son absence pouvait m'être bénéfique. Au contraire, j'étais furieuse contre elle et je lui en voulais.
Une autre raison faisait que nos rapports étaient conflictuels ; tous avaient un papa. Qu'est-ce que c'était un papa ? Je n'en avais pas la moindre idée. Et la seule réponse que j'obtenais lorsque je le demandais à ma mère, c'était un silence.
Notre relation ne s'était guère arrangée le jour où elle avait rencontré Christopher, un flic. Comment pouvait-elle faire passer son bonheur avant le mien ? J'avais désespérément besoin d'une mère. J'avais cette impression qu'elle ignorait ce que je demandais.
Et durant cette même année, tout était plus clair. Du haut de mes dix ans, j'étais en âge de connaître les raisons du comportement de ma mère.
Lorsqu'elle passait tout ce temps au travail à servir des clients, dont la plupart avaient des comportements déplacés envers elle, c'était des heures supplémentaires. Tout ceci pour qu'elle subvienne à nos besoins. Ce travail lui rapportait peu et elle n'hésitait pas à avoir d'autres emplois à côtés, pour compenser ce manque.
Je m'en voulais d'avoir été si dure avec elle, alors qu'elle avait passé tout son temps à faire des sacrifices pour tenter de m'offrir une belle vie. Quelques mois après avoir rencontré Christopher, notre relation s'était améliorée.
Il avait permis à ma mère de quitter son travail qui l'épuisait pour en trouver un autre bien meilleur et où elle pouvait passer plus de temps avec moi.
Et Billie était issue de cette relation. Ce petit garçon désormais âgé de 7 ans comptait énormément à mes yeux. Je me souvenais qu'à sa naissance, j'avais lâché une larme, émue d'avoir un petit frère sur qui je pouvais veiller. Une responsabilité qui m'avait fait gagner en maturité.
Après avoir enchaîné plusieurs boulots, maman s'était découvert des talents pour la vente. À présent, depuis sept longues années, elle était au service de Luxury, une boutique de mode très réputée dans la région.
Grâce à Christopher, nous avions retrouvé une vraie vie de famille. Ma mère le considérait comme notre sauveur. Sans lui, j'ignore ce que nous serions devenues.
Je savais que sa présence dissimulait autre chose qu'elle refusait de divulguer afin de ne pas m'inquiéter. Mais c'était son silence qui me préoccupait. En effet, depuis quelque temps, elle rentrait du travail avec une tête d'enterrement, ce qui n'était pas normal.
Je ne pouvais plus supporter ce silence et demandai :
- Maman, ça va ? Depuis quelque temps, tu m'as l'air... Soucieuse.
- Ne t'en fais pas, je suis juste fatiguée. On a beaucoup de clients ces derniers temps.
- Tu devrais demander à Maude de baisser ton pourcentage.
Elle rigola nerveusement avant de me répondre :
- Arrête de te faire du souci, ce n'est que passager.
Je soupirai et secouai la tête avec un sourire amusé.
- Maman, il y a un truc pour lequel je te ressemble beaucoup, c'est que tu ne parviens pas à cacher tes émotions. Cassie dit que je suis comme un livre ouvert. C'est la même chose pour toi.
Elle rigola et se releva pour se servir un verre d'eau.
- On ne peut rien cacher à personne.
Elle avait raison. Avec nous, tout se savait. Elle vint me prendre dans ses bras comme pour me réconforter.
- Mais cesse de t'inquiéter pour moi. Si tu veux m'aider à retirer mes tracas, tu peux me rendre un service. Ce qui m'aiderait beaucoup, c'est un pot de beurre de cacahuètes.
J'émis un petit rire, car il ne s'agissait pas d'une blague, mais d'une demande de sa part. Malgré cette touche d'humour, j'étais toujours préoccupée par son comportement mystérieux. J'espérais que ses soucis allaient bientôt se régler.
En ce mois de mars, l'air était toujours aussi frais, malgré les quelques rayons de soleil qui perçaient les nuages grisonnant et pointaient le bout de leur nez de temps à autre. Même si la neige avait entièrement fondu, nous étions toujours vêtus de nos grosses vestes bien confortables.
Si Cassie ou ma mère ne m'avaient pas demandé de sortir, je serais restée à la maison, bien au chaud devant la télé à regarder des films. Ce qui était embêtant était le fait que je devais retourner chez moi pour ressortir à nouveau.
Une fois mon bonnet arrangé sur ma tête, j'étais enfin prête à partir.
- Tu te dépêches, hein ? me demanda ma mère avec un clin d'œil.
- Comme si tu pouvais te passer de beurre de cacahuètes, lui répondis-je sur un ton taquin.
Je devais avouer qu'il s'agissait également d'un de mes pêchés mignons. En ouvrant la porte, l'air frais me fit un choc, agressant la peau de mon visage. Je n'avais qu'une envie, c'était de retourner chez moi. Mais j'étais bien trop gentille pour refuser à ma mère de lui apporter son pot.
C'était une chance que la boutique se trouvait à deux rues de ma maison. Je connaissais très bien le vendeur, étant donné le nombre de fois où je m'étais rendue dans son magasin.
Les rues désertes donnaient cette impression de ville fantôme. Avec le temps qu'il faisait, c'était normal que la plupart des habitants restent chez eux. Les quelques passants que je croisais me disaient à peine bonjour. Ils étaient tous couverts de la tête aux pieds, tant la température était basse.
En balayant du regard la rue qui était vide, j'aperçus au coin d'un carrefour à quelques mètres de moi, un jeune homme beaucoup moins habillé. Il était chaussé de simples converses noires. Sa tenue se limitait à un simple pantalon noir ainsi une veste beige. Celle-ci me semblait bien légère.
Je m'arrêtai net. Mes yeux écarquillés, mon souffle se coupa et mon sang se glaça lorsque je reconnus ce personnage. Avec ses dreads dépassant de son bonnet, j'étais tout de même parvenue à le reconnaître.
Les battements de mon cœur se firent plus rapides et martelèrent dans ma poitrine sous l'effet de la peur. Que faisait-il ici ? Pourquoi me fixait-il d'une manière effrayante ? Oui, c'était Joe !
Bonjour cher Idiot.
Hehe, le retour (encore) de l'affreux Jojo ! Ou pas...
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🌹 Mais qu'est-ce que Joe vient ramener sa fraise ? (c'est pas très français, mais c'est pas grave)
🌹 Vous aimez bien le genre de flashbacks que je mets en début de chapitre ?
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J'espère que ça vous plait toujours autant
Kissouilles ❤
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