Corrigé ✅
Gabriel :
Mary boit un peu de son chocolat et repose délicatement sa tasse sur la table. Je suis terriblement impatient qu'elle parle mais je prends sur moi et la laisse prendre le temps qui lui faut. Je me sens gêné de la forcer à m'avouer les secrets de Hayden et encore plus de faire ça dans le dos du concerné.
- Je suis au courant de ce que tu as subi pendant ton année de quatrième au collège, commence-t-elle mais se reprend vite en voyant mon air effrayé. Dani et Hayden me l'on dit et je sais pourquoi ça s'est arrêté du jour au lendemain.
Elle se tait une minute, je sens des tremblements me prendre et mon cœur s'emballer. Elle a la réponse à la question que je me pose toutes les nuits depuis quatre ans. D'ailleurs pourquoi est-elle au courant ? Elle n'était pas avec nous au collège. Elle me lance un regard désolé et j'ai peur de la suite.
- Très bien je vais te raconter depuis le début ce que les garçons m'ont dit, souffle-t-elle et elle commence son récit. Hayden a commencé la boxe en quatrième après la naissance de Lucy, parce qu'il voulait être fort pour la défendre, au cas où des gens voudraient s'en prendre à elle. Il voyait toutes les misères que tu subissais et ça le mettait hors de lui parce que Hayden ne supporte pas ce genre de chose. Alors il a décidé de protéger une autre personne, toi.
Mes mains tremblent et je me mords la lèvre pour empêcher les larmes de couler. Mary ferme les yeux et avale sa salive pour reprendre une certainement contenance, sa voix déraillait sur la fin. Elle rouvre les paupières et plante son regard dans le mien.
- Il prenait des cours de boxe presque tous les jours. Il voulait être en mesure de battre tous ceux qui s'en prenait à toi, pour qu'ils arrêtent définitivement mais un soir tout a dérapé. Vu que vous êtes voisins, avant de prendre le bus il s'assurait que tu sois bien là. Ce jour-là, tu n'y étais pas alors il est parti te chercher. Quand il t'a trouvé tu étais inconscient et couvert de sang, je ne vais pas te faire une description de ton état, tu le sais.
Je place une main devant ma bouche. J'ai de plus en plus de mal à me contrôler pour ne pas craquer. Je murmure un faible « oui », je ne vois que trop bien ce fameux soir. Alors c'est Hayden qui m'a trouvé, c'est une autre question que je me pose également depuis tout ce temps.
- C'est lui qui m'a conduit à l'hôpital ? je parviens à demander la voix cassée par les larmes qui menacent de tomber.
- Oui c'est lui, j'avale difficilement ma salive. Après ça, il était dans une telle fureur, il est tombé sur Jack et là il a craqué. Ils se sont battus, violemment je ne te le cache pas. Hayden lui a cassé le bras sous la rage et l'a menacé que si l'un de ses potes continuait de s'en prendre à toi, il ne se contenterait pas juste d'un bras. Jack était si effrayé qu'il n'a pas cherché à le contredire. Il a eu tellement peur de Hayden qu'il ne s'est pas amusé à recommencer, tout comme ses amis. Après ça Hayden a coupé les ponts avec ses anciennes connaissances. Il ne leur parlait déjà plus mais là ça a été définitif. Si il entendait quelqu'un mal parler de toi ou se moquer, il te défendait jusqu'à ce que plus personne ne disse plus rien.
Je sais que mon visage est inondé de larmes, je pleure silencieusement. Je suis choqué par ce que je viens d'apprendre, c'est grâce à lui que tout s'est arrêté. Il m'a défendu, protégé pendant toutes ses années sans rien me dire, ni même à chercher à me le faire savoir. Il n'a jamais rien demandé en retour.
C'est également lui qui a amoché Jack pour me venger. Je suis partagé entre être effrayé que Hayden puisse avoir une telle rage en lui, au point de casser le membre de quelqu'un et entre une fierté sans nom, qu'il est fait ça pour moi en dépend des conséquences qu'il aurait pu avoir.
Mary n'a aucune idée qu'elle vient de me faire tomber encore plus amoureux de lui. J'ai une envie irrésistible de le serrer contre moi et de l'embrasser pour lui signaler ma gratitude et mon amour.
- Gabriel ? murmure doucement Mary.
J'essuie mes joues pleines de larmes et expire longuement. J'ai encore du mal à assimiler tout ce que je viens d'apprendre.
- Pendant quatre ans je me suis demandé comment j'avais atterri à l'hôpital et pourquoi, quand je suis retourné au collège plus personne ne m'embêtais et là tu viens de m'apprendre que c'est grâce à l'homme dont je suis amoureux, je dis la voix cassée par mes pleurs.
- Je te l'ai dit quand Hayden tient à quelqu'un, il fait tout pour cette personne, réplique-t-elle aussi émue que moi.
- Mais en ce temps-là, on ne se parlait pas, je lui rappelle.
Elle rigole doucement et me regarde en secouant la tête, visiblement je l'amuse beaucoup. Vexé je finis mon cappuccino. Elle continue de me fixer intensément.
- Quoi ? je lâche sans méchanceté.
- Donc maintenant tu vas bouger tes fesses et lui dire ce que tu ressens pour lui, déclare-t-elle.
- Hein ?! je m'écris horrifié.
- J'ai dit, maintenant tu vas...
- Oui j'ai entendu ce que tu as dit ! je la coupe.
Je reste bouche bée quelque instant. Je suis incapable d'avouer mes sentiments à Hayden. Il m'intimide beaucoup trop et je vais me prendre le vent du siècle donc non merci. J'arrête toutes mes réflexions en me souvenant de ce que Mary m'a dit un peu avant.
« Quand Hayden tient à quelqu'un il fait tout pour cette personne. » Cela veut dire que Hayden tient à moi, pour de vrai, ce n'est pas juste un rêve, c'est réel. Je compte pour lui et il y a une petite chance pour qu'il tienne à moi autant que je tiens à lui.
- Il y a une fête ce week-end, tu le savais ? me demande Mary d'un seul coup coupant court à mes pensées.
- Encore ? je m'exclame.
- Que veux-tu on est anglais, réplique-t-elle comme si c'était la réponse la plus évidente du monde. Bref, on compte y aller et on va bien sûr y trainer Hayden en plus même Logan et Aryn vont venir.
- Où veux-tu en venir ?
- Tu vas venir aussi et te rapprocher au max de lui, enfin ! dit-elle en levant les bras en l'air.
- Heu... Mary je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi et pour m'avoir parlé mais je te rappelle que Hayden est déjà amoureux et je ne veux souffrir encore plus en me prenant un râteau.
- Mon pauvre Gabriel, tu as toutes les cartes en mains pour comprendre donc toi et tes amis seront de la partie ?
- Oui, je finis par céder.
Mary me gratifie d'un sourire éclatant et fier. Je comprends pourquoi Hayden est ami avec cette fille. Du haut de ses 1m60, elle est brune avec les pointes des cheveux rouges bordeaux, elle a un look bien atypique. Elle est rayonnante. Elle sourit constamment, rien ne semble la vexer et je peux voir d'ici qu'elle ferait tout pour ces amis. Elle n'a pas hésité à venir me rejoindre à 18h alors que nous nous connaissons à peine. C'est marrant parce qu'elle est l'exacte opposé de Hayden et de Daniel.
Qu'est-ce qu'elle veut dire par « j'ai toutes les cartes en mains » ? De quoi elle parle ? Une petite idée est en train de germer dans mon esprit mais je secoue la tête pour la chasser. Non c'est impossible. Hayden ne peut pas être amoureux de moi, c'est l'espoir qui parle à ma place.
La sonnerie de mon téléphone retentit et me fait sursauter. Je le sors de ma poche mais c'est trop tard, je loupe l'appel de ma mère. Je constate que j'ai plusieurs messages non lu d'elle et Hayden. Mince je n'avais pas vu l'heure, c'est presque 19h30. Mon cœur loupe un battement en voyant le prénom qui s'affiche sur mon écran.
- Excuse-moi Mary, c'est Hayden qui m'appelle, je la préviens.
- Quand on parle du loup, chuchote-t-elle.
Je l'ignore et décroche, le cœur battant la chamade.
- Allo ? je dis d'une voix timide, c'est la première fois que nous nous parlons au téléphone.
- Oh mon Dieu Gabriel, ce n'est pas trop tôt ! s'exclame-t-il visiblement soulagé.
- Qu'est-ce qui se passe ? je lui demande prudemment.
- Avec ta mère on essaye de te joindre depuis tout à l'heure mais tu ne répondais pas. On était mort d'inquiétude ! me reproche-t-il paniqué.
Il est adorable, il s'inquiétait pour moi, un sourire niai fait son apparition sur mon visage. J'entends Mary rigoler en mettant sa main devant sa bouche pour être discrète. Mais très vite je culpabilise de les avoir inquiété, surtout après ce que je viens d'apprendre sur Hayden. D'ailleurs mon cœur s'emballe encore un peu plus- enfin si c'est humainement possible- de lui parler après ses aveux.
- Désolé, je suis parti faire des courses et je n'ai pas entendu mon téléphone.
Mary me fait une expression outré suite à l'énorme mensonge que je viens de dire. Je ne pouvais tout simplement pas lui lâcher que je suis en plein rendez-vous avec sa meilleure amie, pour parler de lui, et qu'elle vient de m'avouer qu'il me protège depuis quatre ans. Non pas sûr qu'il apprécie.
Je l'entends soupirer de soulagement, mon pauvre cœur en fond. Mon organe vital est décidément mené à rude épreuve à cause de Hayden et je ne suis pas sûr qu'il y survive. J'entends une voix féminine parler derrière et je reconnais ma mère, Hayden lui souffle que je vais bien.
- Je rentre au plus vite, je les préviens
- Très bien, je le dis à ta mère. Gaby fais attention en rentrant, me demande-t-il tendrement.
C'est officiel, je vais mourir s'il continue d'être aussi gentil et mignon. Je lui réponds par l'affirmatif et raccroche. J'ai conscience d'avoir un sourire idiot sur le visage mais j'ai bien du mal à réaliser qu'il m'a appelé parce qu'il se faisait du souci pour moi. Ce mec va courir à ma perte.
- Comment j'ai fait pour ne pas voir les signes et comprendre que tu l'aimais, s'exclame Mary en secouant la tête.
Je la regarde prétextant être offensé, cette fille m'amuse beaucoup. Nous remettons nos vestes et je pars régler la commande. Nous refaisons le trajet jusqu'à nos voitures beaucoup plus rapidement qu'à l'aller. Au moment où j'allais ouvrir ma portière, Mary la retient.
- Repense à ce que je t'ai dit Gabriel, tu vas comprendre et n'oublie pas que personne ne doit savoir pour ce que je t'ai raconté, me dit-elle.
- Pas de soucis et encore merci pour tout Mary.
Je monte en vitesse dans ma voiture et repars chez moi. J'ai un peu peur de me faire engueuler par ma mère, pour ma défense je ne pensais pas qu'elle rentrerait si tôt. Pour qu'elle en arrive à appeler Hayden, c'est qu'elle devait vraiment être inquiète. Je déteste lui faire peur de cette manière. Cela lui rappelle trop de mauvais souvenirs.
Je me gare devant chez moi, je rentre tout doucement et pose mes affaires. J'entends ma mère courir jusqu'à moi, elle me serre dans ses bras.
- Ne me refais plus jamais une peur pareille Gabriel Arleins ! me prévient-elle en raffermissant sa prise sur mon corps.
- Pardon maman, j'étais avec une amie et je n'ai pas vu le temps passer, je lui explique pour me faire pardonner.
Elle se recule et me regarde d'un œil inquisiteur. Je sens que j'ai fait une boulette.
- Tu as dit à Hayden que tu faisais des courses.
Et merde ! J'ai oublié le petit mensonge que j'ai dit tout à l'heure. Je me décale de ma mère et avance à reculons dans le salon en bégayant une excuse minable. Elle me suit. Elle ne gobe pas du tout mon explication et hausse les sourcils en m'interrogeant du regard.
- Bon très bien, j'ai été voir Mary, la meilleure amie de Hayden, et elle m'a avoué que c'est lui qui m'a emmené à l'hôpital ce fameux jour, je lâche d'une seul traite, inutile de préciser lequel.
Ma mère pousse un cri de surprise et se rattrape au meuble du salon, elle est tout aussi ébranlée que moi par cette nouvelle. Je ne vais pas épiloguer sur le reste de ma conversation avec Mary pour des raisons évidentes.
- Oh mon Dieu ! Souffle-t-elle. Je savais que je l'aimais beaucoup ce garçon, enchaine-t-elle admiratrice.
Assis dans mon canapé, je tente de remettre en ordre mes pensées. Il s'est passé trop de choses aujourd'hui qui foute en vrac mon cerveau. Je sors mon téléphone et envoie un message à Hayden pour le rassurer.
<Moi>
« Je suis bien rentré chez moi, encore désolé de t'avoir inquiété. Passe une bonne soirée, embrasse ta mère pour moi.
Ps : Oublie pas demain c'est moi qui conduis ! Bisous xxx »
Je ne sais pas comment me comporter avec lui quand je vais le revoir demain. Je suis complètement bouleversé, je ne réalise pas ce que cela signifie. Je n'oublie pas ce que Mary m'a dit, je dois absolument garder ça pour moi et je sais d'avance que j'aurais du mal à faire comme si de rien n'était. Je ne pourrais pas rester neutre face à lui.
En repensant à ce que Hayden a fait pour moi, je sens les larmes me monter, je n'en reviens toujours pas. Rien ne l'obligeait à le faire et pourtant il m'a défendu. Je me redresse d'un seul coup de mon canapé. Petit à petit les pièces du puzzle se mettent en place dans ma tête et l'idée que Hayden puisse être amoureux de moi ne me parait plus aussi absurde.
MlleLovegood