Camp Jaha

By fiction-lovee

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Clarke Griffin, dix-neuf ans, n'en fait qu'à sa tête depuis plusieurs années. Ne sachant plus quoi faire, sa... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81
Chapitre 82
Chapitre 83
Chapitre 84
Epilogue

Chapitre 58

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By fiction-lovee


Mardi 23 février ; 09 heures 00 - Seattle.

Je termine de me préparer en ajustant le tailleur que Lexa a bien voulu me prêté, en me regardant au travers du miroir. Les beaux jours à la neige sont bien loin derrière nous depuis notre retour en ville. Nous revoilà revenue à nos obligations après un week-end reposant. Je souris lorsque j'aperçois dans la glace, Lexa s'approcher de moi en passant ses mains autour de mon estomac.

- Cette tenue te va à merveille.

Je rougis à son compliment ouvert. J'allais justement lui demande de quoi j'ai l'air, mais j'ai oublié que Lexa ne se gêne plus pour me dire ce qu'elle pensait tout bas auparavant. C'est plutôt agréable comme changement, alors qu'avant elle jouait seulement la responsable sérieuse et sans émotion.

- Merci... Mais il s'agit de ta tenue, je te rappelle.

N'ayant rien de très concret dans ma valise pour un rendez-vous professionnel, Lexa était contrainte de me prêter des habits. La seule chose que je porte de moi sont mes sous-vêtements et mon pantalon noir. Lexa m'a permis de prendre ses petites bottines noires, une chemise blanche et son tailleur. Heureusement que nous avons la même taille d'habits. J'adore lui piquer des vêtements et le pire, c'est qu'elle ne dit rien. J'ai même plutôt l'impression qu'elle aime ça.

- Et bien si c'est pour te retrouver aussi craquante à chaque fois, je continuerais à te prêter mes affaires.

Je souris timidement avant de me pencher légèrement en arrière pour trouver ses lèvres. Il est bientôt temps de partir et cela m'inquiète de plus en plus. Le réveil n'était pas difficile contre toute attente. Je dors comme un bébé depuis que j'ai retrouvé les bras de Lexa. Je ne pourrais pas dire la même chose sur mon petit déjeuner. J'ai à peine pu avaler quelque chose après ma douche. Comme nous avons énormément glandée ces deux derniers jours, j'ai largement eu le temps de réfléchir et préparer mon entretien. J'en ai tellement travaillé que Lexa m'a forcé à faire une pause en disant que j'exagérais.  Le problème, c'est que je ne sais pas du tout à qui j'ai affaire, ni ce qui va en ressortir. Si ça se trouve, pas grand-chose. J'ai peur d'être déçu. Lexa est très positive à ce sujet. Elle a l'air de s'attendre à beaucoup de choses, ce qui me met encore plus de pression. J'ai peur de tout foutre en l'air avec ma maladresse habituelle. Elle a essayé de me rassurer, mais ça n'a pas aidé à grand-chose. Elle a alors rajouté que je devais rester moi-même et que tout se passera bien. Cependant, j'arrive rarement à rester moi-même dans ce genre de circonstance. La panique prend trop le dessus. J'ai voulu savoir à quoi ressemblait le directeur de la galerie, mais Lexa m'a annoncé qu'elle ne l'avait qu'au téléphone, mais qu'il était très sympathique. Elle pense qu'il est jeune. Le fait qu'elle puisse simplement croire en moi me tourne le ventre. Lorsque j'ai constaté qu'elle commençait à s'agacer de mon comportement parce qu'il l'affectait, je repensais à la semaine géniale qu'on venait de finir. C'était tellement instructif et en même temps très apaisant. J'avais l'impression de me retrouver et pour la première fois depuis longtemps, je m'étais ouverte. Pas seulement à Lexa dans notre relation, mais également avec ses amis et les miens. Je ne pourrais plus savoir la dernière fois que j'ai accepté aussi facilement des gens à rentrer dans mon cercle privé. C'était vraiment une bonne idée. Cela a même amélioré la relation de Lexa avec Raven et Octavia. Repenser à tout ça m'a donné du courage pour ce qui m'attend dans quelques heures. J'avais fait des améliorations et il y avait de quoi croire en moi. 

- Tu es prête ?

- Paniquée, murmurai-je.

- Tout va bien se passer, répond-elle en m'embrassant la joue. Je t'attendrai.

- Tu vas voir les filles en ville alors ? demandai-je.

Elle m'a fait savoir qu'elle ira rejoindre Anya et Raven après qu'elle a échangé des messages avec Anya hier. j'aurais bien aimé être avec elles, mais les obligations m'obligent à être autre part.

- Ouais, mais t'inquiète pas. T'auras juste à m'envoyer un message quand ce sera fini et je serais là. Puis, dit toi que si quelque chose de positif ressort de cet entretien, je te laisserais fêter ce soir sans limite.

- C'est un commentaire très dangereux, Mademoiselle Woods.

- Et j'en assumerais les conséquences, sourit-elle niaisement.

- Je tâcherai de te le rappeler.

- Tu m'as prouvé que tu peux être sage, alors je peux moi aussi faire des efforts.

Je souris en repensant à la soirée de samedi soir. Les filles étaient vraiment dans le mal le lendemain. On ne s'est pas vue depuis, mais on a beaucoup échangé par téléphone. J'ai bien fait de rester sobre. J'ai gagné quelques points de confiance envers Lexa. C'est dingue comme on est tous en train de nager dans un océan de bonheur. Je suis très heureuse, comme ma meilleure amie qui loge chez Anya ou encore Octavia avec Lincoln. J'espère que tout continuera ainsi pendant longtemps. D'ailleurs, on se regroupera tous au TonDC ce soir. J'adore cet endroit, alors j'étais tout de suite partante pour y aller. J'espère que j'aurais l'occasion de me lâcher, si déjà Lexa me le permet. De toute façon, je n'ai pas le choix de réussir cet entretien. Je suis totalement consciente que je suis en train de jouer une importante carrière. J'inspire profondément en m'observant une dernière fois.

- Allons-y. Je vais être en retard sinon.

- Tu es parfaite, peu importe ce qu'il dira. Ne l'oublie pas.

Je lui rends timidement son sourire en hochant la tête. Je ne pense pas ses paroles, mais ils me donnent du courage. Elle m'embrasse une dernière fois l'arrière de ma tête avant de reculer. Je sais exactement ce que ça veut dire. Il est vraiment l'heure de partir. Sans un mot, nous sortons toutes les deux de la chambre pour aller au séjour. J'ai l'impression d'être chez moi avec l'aisance que je ressens dans cet environnement. Lexa me fait sentir chez moi, c'est tout ce dont j'avais besoin. Nous nous munissons de nos vestes et de nos chaussures dans l'armoire qui se trouve à côté de la porte d'entrée, puis nous sortons finalement. Le stresse accumulé ne m'aide pas à rester calme. Je dois toucher ou m'occuper avec tout ce que je peux lorsque nous prenons route. En le remarquant, Lexa finit par poser sa main sur ma cuisse.

- Hey, ce n'est qu'un entretien, OK ?

- Tu ne comprends pas. C'est la chance de ma vie.

- S'il n'est pas concluant, nous regarderons ailleurs, dit-elle avec détermination.

Je souris timidement en essayant de me convaincre du meilleur. Lexa a toujours été plus optimiste que moi. C'est en partie pour ça que je l'aime. Elle a toujours été ma lumière dans mes ténèbres. Le trajet me paraît interminable sous le silence que j'ai causé. Sa main n'a pas cessé de caresser ma cuisse cependant. Elle est contrainte de la retirer lorsque nous arrivons pour se garer. Je suis soulagée de voir que nous sommes finalement bien plus en avance que je redoutais. Nous avons dû mettre dix minutes à peine. Je m'attendais à ce que la galerie se trouve au plein centre-ville et qu'on prenne plus de temps que ça. Je fronce les sourcils en regardant autour de nous. Ce quartier ne m'a pas l'air de pouvoir ressortir une quelconque galerie. C'est une rue banale avec plein d'habituation. Je jette un coup d'oeil à Lexa qui sourit.

- C'était une blague ?

Je demande avec hésitation en redoutant la réponse. La déception se développe déjà dans mon être, ainsi qu'une pointe d'énervement lorsqu'elle son rictus augmente.

- Je ne te ferai jamais une blague aussi mauvaise.

- Alors où sommes-nous ?

- À une annexe de la galerie. C'est l'adresse que j'ai reçu pour l'entretien, dit-elle en pointant devant nous.

Je regarde droit devant où je découvre un entrepôt rénové avec un pote de garage comme entrée. Je me pince la lèvre en ne sachant que trop penser. Certes, il s'agit d'un endroit plutôt atypique. Je suis une artiste dans l'âme, alors j'aime les choses atypiques, mais c'est troublant pour une grande galerie de travailler là-dedans. Ma confiance ne fait que de se dissiper un peu plus. Remarquant certainement cela, Lexa m'oblige à la regarder en agrippant mon visage entre ses mains.

- Respire un bon coup, bébé.

Je fais ce qu'elle me demande en inspirant profondément tout en fermant les yeux. C'est fou la confiance que j'ai en elle. Elle croit en moi et c'est tout ce qui compte. Je souris légèrement en sentant ses lèvres contre les miennes. Je ne dois pas lui donner de quoi la décevoir après tout ce qu'elle a fait pour moi. C'est bien la seule chose que je puisse faire pour elle. Lorsque je rouvre les yeux, elle m'accueille avec son sourire habituel.

- Tu viendras me récupérer ?

- Bien sûr, je te l'ai déjà dit. Un SMS et je serais là dans la minute, dit-elle en calant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je ne serais jamais très loin.

Je hoche la tête en rendant doucement son sourire. Je peux le faire. Pour elle. Je l'embrasse une dernière fois avant de me débarrasser de ma ceinture et d'ouvrir la porte.

- À tout à l'heure.

- À tout à l'heure, mon amour.

Je ferme la porte sur ces dernières paroles. Ce surnom me retournera toujours et encore mon ventre. Je ne suis pas encore aussi audacieuse pour l'appeler ainsi. Je l'ai bien fait par message, mais c'est différent. J'espère que ça viendra. Bien qu'elle ne se plaint pas de mes antécédents, je sais que sur le long terme ils nous porteront préjudices si je ne change pas. Je prends une grande inspiration en regardant l'heure lorsque je suis devant la porte de garage. Je suis en avance, mais la ponctualité est toujours une bonne chose au travail, non ? Je me force à ne plus regarder dans mon dos où Lexa n'a pas encore bougé. Bien que cet endroit m'effraye, je dois savoir me débrouiller seule. D'un courage surhumain, je frappe contre cette porte métallique qui résonne fortement dans cette rue déserte. Peu de temps après, seule la porte que je n'avais pas remarqué à côté du garage, s'ouvre. Je rougis de ma stupidité devant cet homme aux cheveux poivrés. Ce dernier ne semble pas en prendre compte au vu du sourire qu'il m'offre. Je lui donne la quarantaine malgré la couleur de ses cheveux. Il a un look plutôt soigné avec un costard sans cravate, ni noeud papillon, mais avec des mocassins. Ses cheveux sont plus courts sur le côté et à peine coiffé sur le dessus. C'est comme s'il avait seulement passé sa main dedans à son réveil avec du gel. C'est certainement le cas.

- Bonjour, me coupe-t-il de ma stupeur avec sa voix grave. Tu dois être Clarke Griffin ?

- P-pardon... Bonjour... C'est bien moi.

Je serre maladroitement sa main qu'il me tend. Il ricane doucement en m'ouvrant davantage la porte en m'invitant à rentrer. Avant de le faire, je regarde une dernière fois dans mon dos pour regarder la voiture de Lexa. Malheureusement, elle est beaucoup trop loin pour pouvoir la voir à l'intérieur, même si je ne doute pas qu'elle n'ait pas perdu une miette de notre première entrevue. Je me retourne à contre coeur pour rentrer dans cet endroit inconnu. Je ne me sens pas à mon aise. Encore moins avec un inconnu.

- Ne soit pas mal à l'aise, dit-il en fermant la porte derrière nous. Je m'appelle Bennett Fields. Me permets-tu de te tutoyer ?

Je m'évite de plisser les yeux. Il a commencé dès le début à le faire, alors c'est étrange qu'il me pose la question maintenant. Ce n'est pas comme si j'allais lui refuser.

- Bien sûr, dis-je sans réfléchir.

Je regarde autour de moi. D'ici, l'endroit à l'air beaucoup moins effrayant qu'à l'extérieur. Il est plus chaleureux et très lumineux contre toute attente. Je comprends les raisons lorsque j'aperçois une grande baie vitrée qui donne sur une cour arrière au fond de la pièce. La pièce n'est pas très profonde, mais j'aperçois une ouverture à droite. Comme je m'imaginais, il ne s'agit pas d'une galerie, mais d'un atelier. Un atelier plutôt bien garnie en matériel. C'est un paradis pour une amatrice comme moi.

- Content que l'endroit te plaise.

Je lui souris maladroitement en rapportant mon attention sur lui. L'idée d'être seule avec un homme que je ne connais pas ne me rend nerveuse.

- Je n'ai jamais vu autant de matériel en un seul endroit, lui avouai-je tout de même avec admiration.

- J'apprécie la lueur de passion qui traverse tes yeux. Je dois t'avouer que c'est la première fois que j'accueille une jeune dans mes locaux, m'annonce-t-il en s'avançant dans la pièce.

Je le suis avec empressement, m'empêchant de rêvasser davantage. Je suis plutôt tête en l'air lorsqu'il s'agit d'art. Il m'est difficile de rester concentrée. Nous prenons l'ouverture du fond. Elle donne sur un couloir où les baies vitrées continuent leur longé sur notre gauche. De l'autre côté, il y également des vitres dans un encadré en acier de couleur noir. Cela donne un vrai aspect industriel que j'adore.

- Alors pourquoi avez-vous accepté de me rencontrer ?

Les mots m'échappent avant que je puisse les retenir. Même s'il se retourne pour me sourire à nouveau, je me sens encore une fois idiote.

- Dans un premier temps, j'étais très étonnée du talent que ressortait ton cahier. Lorsque j'ai voulu te contacter directement, on m'a appris que je devais passer par une autre personne, ce qui m'avait un peu surpris.

Je me mords la lèvre en sachant parfaitement qu'il parle de Lexa. Il s'arrête devant un nouvel encadré sur notre droite. Les portes ont été négligemment laisser ouverte. Je découvre un endroit beaucoup plus vaste que l'entrée. C'est dans cette pièce où les artistes travaillent. De nombreux chevaliers avec des toiles dessus trône dans chaque coin de la pièce. Au milieu, se trouve une énorme table avec du matériel déjà ouvert. Je comprends que des personnes sont ici en repérant un tableau où la peinture est encore fraîche dessus. Cette découverte me soulage légèrement. Je ne suis au moins pas seule avec lui. Les baies vitrées rapportent énormément de lumière dans la pièce. Toutes personnes appréciant l'art savent que la lumière du jour est la meilleure source.

- J'ai appris que cette personne avait donné ce carnet à ton insu, continue-t-il en poursuivant dans le couloir. Nous avons donc longuement discuté ensemble sur toi et des raisons qui l'ont incité à le faire, dit-il en arrivant finalement devant une porte.

En l'ouvrant, je découvre qu'il s'agit d'un bureau. Il rentre le premier, donc je le suis. D'un signe de main, il m'invite à m'asseoir sur une chaise devant son bureau, ce que je fais sans broncher. Je suis bien contente de ne pas m'être muni de mon sac ou n'importe quoi d'autres d'encombrant. Il s'assoit en face de moi et soutien sa tête de ses mains qu'il a lié devant lui, tout en me regardant droit dans les yeux.

- Cette personne m'a fait beaucoup d'éloges à ton sujet. Elle semble énormément tenir à toi et elle croit en tes compétences. Elle a su me rendre encore plus curieux sur toi. J'étais légèrement réticent au vu de la réputation de ton école, mais elle a su me rassurer en disant que chaque personne ont des problèmes différents et que, contrairement à d'autres, tu es une personne très correcte.

Il interrompt son long monologue pour inspirer profondément.

- Pour faire court, si je t'ai fait venir ici, c'est pour te rencontrer en personne et me faire une idée de moi-même. Bien que je crois à ses paroles, j'apprécie savoir à qui j'ai affaire.

Je déglutis difficilement en hochant la tête. Il fallait que je m'y attende. Je m'attendais à tout ce qu'il vient de dire. Je l'avais même dit à Lexa que ce n'était pas normal qu'il accueille une personne de notre école et elle n'a pas voulu me croire. On dirait qu'elle a su me vendre. Il continue de me sourire. Jusque là, j'ai du mal à le cerner. Il est plutôt chaleureux, contrairement à ce que je m'attendais. Je l'imaginais beaucoup plus vieux, plus ridé et moins soigné que ça.

- Alors, Clarke Griffin... Je ne m'attends pas à ce que tu me parles de ta vie, ni de ton parcours professionnel. Je sais déjà que tu as obtenu ton diplôme au lycée et que tu es désormais au Camp Jaha depuis cette année.

- De quoi voulez-vous que je parle dans ce cas ?

- Ça me paraît plutôt évident... Si je t'ai fait venir ici, c'est pour parler d'art. Alors, comment as-tu développé tes talents ?

Je hausse mes épaules, ne sachant pas réellement comment répondre à cette question. Il n'y a pas grand-chose à dire en réalité.

- J'ai toujours apprécié dessiner. Je fais ça à longueur de temps depuis mon enfance. Je suppose que c'est une activité qui a toujours su vider mon esprit.

L'homme en face de moi s'enfonce dans sa chance en se grattant la petite barbe naissante sur son menton. Il semble avalé mes paroles avec intéressement.

- Donc, si je comprends bien, tu n'as jamais fait des activités ou encore eu un professeur d'art ?

Je secoue la tête. Mon père voulait m'y emmener quand il remarquait que je ne faisais que ça, mais ma mère trouvait ça impossible. Personne ne pouvait me chercher lorsque mon père n'était pas là, ce qui voulait dire, la moitié de l'année. Il y avait bien mes grands-parents, mais ces derniers travaillaient encore à l'époque. Ils possédaient une petite boutique qu'ils avaient gardé jusqu'à qu'ils ont réussi à la vendre puisque mon père n'était pas celui qui allait le reprendre au vu de son travail.

- Intéressant, murmure-t-il. D'où cherches-tu votre inspiration au juste ?

Je me crispe à cette nouvelle question à laquelle je m'attendais une nouvelle fois. Chaque artiste puise son inspiration quelque part. La mienne était sombre pendant de nombreuses années. Cependant, je ne sais pas si c'est encore le cas avec la venue de Lexa dans ma vie. Au vu de mes carnets, c'était comme si elle a su chasser tous les mauvaises pensées de mon esprit. Il n'a d'ailleurs jamais eu l'occasion de voir mes pires oeuvres.

- Ma famille, mes amis, répondis-je vaguement. La plupart du temps je reproduis ce qui m'entour.

- Le carnet que j'ai vu était des paysages. Représentaient-ils quelques choses pour toi ?

- Oui... J'étais en conflit avec la personne avec qui je les avais vu. J'avais besoin d'évacuer ma frustration et son manque.

Il a un petit sourire malicieux qui disparaît bien vite lorsqu'il reprend son sérieux.

- As-tu déjà essayé de faire autre chose que de la reproduction ?

- Non... Du moins, très rarement. J'ai déjà fait des essais, mais j'avais l'impression que ça ne ressemblait à rien. Il m'arrive par contre de dessiner des portraits et bien que je n'en ai jamais fait, j'ai toujours voulu apprendre l'art abstrait et l'art contemporain.

Il hoche la tête sans que je puisse savoir à quoi il pense. En disant cela, j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire. De nos jours, on est loin d'impressionner les gens avec des reproductions. C'est pourtant ce que je fais. Je suis qu'une simple amatrice et c'est exactement ce qui me fait douter de mes compétences.

- Bien, sourit-il. Tout ceci est bien intéressant. Ta responsable ne s'était pas trompée sur ton compte.

Je mords ma langue en entendant la qualification qu'il donne à Lexa. J'aurais préféré qu'il ne sache pas ce genre de chose. Surtout qu'il s'agit de ma petite amie maintenant.

- J'ai encore une dernière question pour toi. J'avais promis à ta responsable de ne pas trop te bousculer, donc je comprendrais si tu ne veux pas y répondre.

Je hoche la tête en fronçant les sourcils. Lexa a dû longuement lui parler pour qu'il sache autant de chose sur moi.

- Je sais que tu possèdes un passé douloureux selon ta responsable. J'aimerais savoir s'il s'agit encore de ta source d'inspiration ?

- Non, répondis-je sans hésiter. J'ai longuement eu des tableaux sombres, mais j'ai récemment rencontré une personne qui a su me sortir de cette phase. C'est en pensant à cette personne que je puise désormais mon inspiration.

Un nouveau sourire apparaît sur son visage. J'ai l'impression qu'il sait parfaitement de quoi je parle. J'espère que je me trompe. Contre toute attente, il ne rajoute rien et me surprend à se lever de sa chaise.

- Que dis-tu de me faire une petite démonstration ? Je suis troublée par ce que tu peux faire en réalité et j'aimerais voir par moi-même comment tu magnes un pinceau.

- Vraiment ? demandai-je avec surprise.

- Bien sûr. J'aimerais voir comment tu te débrouilles dans ton élément. Ensuite, si les résultats seront satisfaisants, nous pourrons parler de la suite. Qu'en dis-tu ?

Je hoche frénétiquement ma tête. Parler de la suite. Oh mon Dieu, je n'en reviens pas ! Bien que tout ne soit pas encore joué, il me donne de l'espoir d'y croire. J'espère arriver à faire une bonne impression dans le technique maintenant. Lexa avait raison sur une chose lorsqu'elle essayait de me rassurer, c'est que je suis dans mon élément ici. Je n'ai pas de quoi avoir peur. Si rien ne donnera ici, alors je serais motivée à me lancer ailleurs. Lexa avait raison sur une chose, c'est qu'ici, je suis dans mon élément. Je ne dois pas avoir peur d'être dans mon élément, sinon je ne serais jamais à l'aise nulle part.

- Bien, sourit-il. Alors allons-y. Je suis impatient de voir ce que tu peux faire.

Je m'attendais à ce que l'entretien soit beaucoup plus long et beaucoup plus personnel. Pourtant, il est resté très focalisé aux questions liées à l'art et cela me motive à lui montrer ce que je suis capable de faire. Il a également su me mettre en confiance à ses côtés. C'est sans aucune hésitation que je le suis jusqu'à l'atelier que nous venons de passer. En sortant, je constate qu'il n'avait même pas fermé la porte derrière lui. Qui ne ferme pas une porte lors d'un entretien ? Un petit sourire envahit mes lèvres à l'idée que Lexa ait pu lui ordonner une chose pareille, bien que je peux me tromper. En me concentrant sur la pièce de tout à l'heure, je remarque qu'elle n'est plus libre. Une jeune femme d'une trentaine d'années a apparu. Elle est en train de continuer sa toile que j'avais remarqué en arrivant. Je la salue timidement en continuer de poursuivre monsieur Fields. Il s'arrête devant un chevalier au fond de la pièce avec de nombreux matériel qui l'entoure. Il avait programmé tout ça on dirait. Je ne sais même plus où mettre les yeux. En voyant cela, il sourit à nouveau.

- Allez, amuses-toi et surtout, ne retient pas ton esprit. C'est de là que vient ton inspiration après tout.

Pour la première fois depuis que je suis ici, je souris vraiment. Le fait que je puisse avoir tout ça pour moi le temps d'un tableau, m'excite comme une enfant de trois ans qui vient d'obtenir son cadeau. À aucun moment je n'hésite à prendre un pinceau pour commencer mon tableau avec comme seule inspiration, les yeux émeraude de ma petite amie.


Mardi 23 février ; 14 heures 15 - Seattle.

C'est avec le coeur lourd et gonflé d'espoir que nous sommes de retour à l'entrepôt. Il me semble que l'entretien c'est bien passé. Monsieur Fields a insisté pour que je mange avec lui et quelques artistes qui étaient présents aujourd'hui. Je me voyais mal lui refuser, alors j'ai accepté en prévenant Lexa. J'ai adoré être avec eux. Ils ont su me mettre à l'aise à ils m'ont beaucoup parlé de la façon dont ils en sont venu ici. Maintenant que nous sommes de retour, je comprends que c'est la fin de l'entrevu lorsque Monsieur Fields me serre la main.

- Merci pour votre accueil chaleureux.

- C'est avec plaisir. Je vous contacterais lorsque mon choix sera fait. En attendant, je vous souhaite bonne chance pour vos examens de fin d'année et je vous dis à bientôt peut-être.

Je le regarde rentrer dans l'entrepôt avant de sourire grandement. J'espère que ça va le faire ! J'étais sur le point d'envoyer un message à Lexa pour qu'elle puisse venir me chercher, mais je constate qu'elle est déjà là lorsque je me retourne vers la place où elle était ce matin. Je m'empresse de traverser la route et de monter dans la voiture. Je ne la laisse pas le temps de parler que je l'embrasse sans retenue. Sans elle, rien de tout cela n'aurait été possible. Lexa glousse contre mes lèvres en me poussant doucement.

- Hey... dit-elle avec une pointe d'amusement. Je suppose que tout s'est bien passée ?

- C'était génial ! Je crois que j'ai mes chances. Enfin, il était vraiment cool avec moi. On a un peu parlé, puis il m'a laissé dessiner. Beaucoup même ! Il m'a même appris à m'améliorer sur certaines choses. Bon, évidemment, j'ai beaucoup à apprendre, mais je crois que mon profil l'intéresse beaucoup et-

- Wow, respire, Clarke, rit-elle.

Je m'arrête pour effectivement reprendre mon souffle. Sans prévenir j'englobe son visage pour l'embrasser à nouveau. Je suis trop émotive en ce moment et cela m'incite à vouloir être au plus proche d'elle. Elle pose doucement ses mains sur mes poignets pour me calmer à nouveau. Je m'écarte d'elle en rougissant de gêne.

- Juste merci. Merci pour tout. Tout ça c'est grâce à toi.

- Je n'ai pas fait grand-chose. Tu peux te remercier toi-même pour ton talent évident.

- Je ne te remercie pas pour ça. Enfin, si, bien sûr. Mais je te remercie surtout pour tout le soutien que tu m'as apporté jusque là. Si ça se trouve, je vais enfin avoir l'avenir que je souhaite grâce à toi. J'avais besoin de cette personne qui ait plus que confiance qu'en moi-même, alors merci.

Le regard de Lexa s'adoucit à mes paroles. Elle me sourit tendrement en m'embrassant la joue.

- Le plaisir est pour moi, mon amour. Et si tu me racontais ce qu'il t'a dit, hum ?

On dirait que sa curiosité est piquée à vif d'un coup. Je commence donc à tout lui raconter dès le début pendant qu'elle commence à rouler. Je commence par l'entrevu qui était court à mon goût. Puis je lui raconte le moment où j'ai commencé à peindre. Pour la première fois de ma vie, j'ai essayé de peindre de l'abstrait. Monsieur Fields s'était plutôt moqué de moi sachant que je n'en avais jamais fait, mais il a apprécié mon audace de vouloir l'impressionner. Il m'a pourtant arrêté, préférant que je peigne quelque chose où je me sens à l'aise. Il a alors proposé à une de ses salariées de poser pour moi. Je n'ai eu aucun mal le faire et c'est à ce moment-là qu'il a commencé à me reprendre sur certains de mes gestes. Puis, je n'ai pas arrêté. J'ai continué, encore et encore, à peindre dans mon élément.

- Tu as dû bien aimer cet entretien si tu as accepté de manger avec eux.

Je rougis en hochant la tête. En venant ici, je n'aurais jamais imaginé rester aussi longtemps, ni que je me sentirais aussi à l'aise au final. Si je n'étais pas sûre avant, je sais maintenant que je veux faire l'art mon métier.

- Ouais, c'était vraiment cool.

- Qu'a-t-il dit pour la suite ?

- Il était étonné de ce que j'arrive à faire sans prendre un seul cours. Avant de partir au restaurant, il m'a dit que s'il me prend sous son aile, je vais devoir prendre des cours pour m'améliorer et allonger mes connaissances. J'espère que mes compétences et ma motivation l'aideront à me garder.

- Je n'ai aucun doute à ça, bébé. Je suis sûre que tu as su le convaincre.

Je souris lorsqu'elle repose sa main sur mon genou. J'apprécie qu'elle fasse ça à chacun de nos trajets. Je me sens à elle.

- Il ne te reste plus qu'à tenir ta promesse pour ce soir, plaisantai-je.

Un rire franc s'échappe de ses lèvres.

- Je suppose, oui. Je n'en ai jamais douté que tout se passerait bien, tu sais.

- Alors pourquoi avoir dit une chose pareille ?

- Parce que tu es devenue beaucoup plus raisonnable qu'il y a quelques mois. Le fait que tu buvais ne me dérangeait pas. C'était le fait que tu exagérais et que tu n'avais aucune limite.

Je me pince la lèvre en voyant parfaitement ce qu'elle veut dire. Je ne suis plus cette gamine et elle me fait confiance désormais. Même si je bois à ne plus m'en souvenir, elle ne m'en voudra plus comme avant. Surtout que maintenant, elle sera tout le temps à mes côtés. J'ai compris pourquoi elle m'a refusé des soirées pendant longtemps. Elle voulait que je comprenne la leçon, pas me prier éternellement.

- Et sinon... Comment vont les filles ?

Son profond grognement me fait comprendre qu'elle a dû passer une affreuse mâtinée.

- Très en forme, si tu veux mon avis. Au lieu de m'aider dans mon stress, elles ont passé leur temps à se moquer de moi.

- Il fallait t'y attendre, gloussai-je. Qui aurait cru qu'elles finiraient ensemble, dis-je pensivement. J'ai toujours du mal à m'y faire.

- Je suis contente qu'elles le soient, m'avoue-t-elle. Elles se sont bien trouvées. Et puis au moins, nous savons qu'elles se portent toutes les deux bien.

- Tu ne m'as jamais parlé d'Anya. Enfin, je savais que vous êtes proches, mais je n'ai jamais su comment.

- Elle m'était d'un grand soutien lors de la mort de Costia. Elle était d'abord que ma manager pour devenir instructeur, mais elle est très vite devenue une grande amie. Elle m'a sortie et elle m'a présenté à ses amis qui sont devenues les miens... Ainsi que Lincoln est devenu le sien.

- Vous êtes une bande solide.

- On l'est, sourit-elle doucement. Nous avons chacun nos histoires.

- Anya en a une ?

- On peut dire ça. Elle était en froid avec ses parents, alors elle a quitté tôt sa maison familiale pour voler de ses propres ailes.

- C'est pour ça que tu dis qu'elles sont faites l'une pour l'autre ?

- En quelques sorte... Tu vois, elles n'avaient personne d'autre à part leur ami... Alors oui, je pense qu'elles sont faites pour être ensemble rien que pour ça. Elles auront de quoi former une nouvelle famille si ça dure entre elles.

Je hoche la tête pour lui donner raison. Elle a raison. La seule chose qui manquait à Raven était une famille. Bien sûr, elle disait toujours que j'étais sa famille, mais je voyais bien que quelque chose lui manquait. J'aurais pu l'être si nous étions ensemble, mais ce n'était pas le cas. Anya est sa nouvelle famille et cette pensée me chauffe le coeur pour ma meilleure amie. Au moins pour cette fois, j'apprécie sa nouvelle copine. J'inspire profondément en pensant à une deuxième chose que Lexa a cité. Elle parle rarement de Costia, alors je lui tends une perche pour le faire.

- Donc Costia vous a rapproché... Sa mort t'a affecté dans ton travail également, non... ?

- Beaucoup, oui, répond-elle sans hésiter. Costia a adoré que je prenne ce poste quand j'ai commencé. Elle me disait toujours que je sauverais plein de personnes dans son genre, comme avec elle. Je devais commencer juste après sa mort, alors mon travail est devenu très personnel. J'étais devenue froide, mais très impliqué dans chaque cas que je devais m'occuper.

- C'est ce qui t'a valu ton surnom de commandante, murmurai-je. C'est pour ça que tu n'aimes pas que je t'appelle ainsi ?

Sa main se crispe un instant sur ma cuisse, mais elle hoche la tête.

- Ouais... Je suis désolée, bébé.

- Ne t'excuses pas. Je suis contente que tu m'en parles. Étais-je la seule à avoir des problèmes de drogue ?

- Non, mais tu étais la seule que je devais m'occuper personnellement. En réalité, ta dépendance m'a étonné. Jaha m'avait promis de ne pas me donner ce genre de cas, justement à cause de Costia. De ce fait, je m'attendais à beaucoup de choses de ta part, mais pas à ça.

- Pourquoi l'a-t-il fait alors... ?

- Je me pose encore la question aujourd'hui. Il connaissait ta mère. Il voulait réussir ton cas en un an et je pense qu'au fond, il s'attendait à ce que je sois la seule qui te comprenne.

- Et il n'avait pas tort, affirmai-je.

- Il n'avait pas tort, confirme-t-elle. Je t'ai défendu sur des choses qu'il ne s'attendait pas. C'est pour cette raison qu'il me fait aussi confiance avec toi. C'est un bon compromis au vu de notre relation.

Nous sommes revenue à son immeuble. Cette discussion était très enrichissante et plus déroutante à ce à quoi je m'attendais. Je me retourne vers elle lorsque nous sommes garées.

- Lexa, commençai-je avec hésitation.

- Ne dit rien.

- Tu ne sais même pas ce que j'allais dire.

- Si, je le sais, dit-elle avec amusement. Et ce n'est pas le moment de me dire que tu m'aimes.

Ma bouche qui était ouverte se referme aussitôt. Comment a-t-elle pu le savoir ? Les mots me démangent depuis quelque temps, mais je n'ai pas encore su les dires.

- Tes yeux me le disent assez, Clarke, mais s'il-te plaît, dis-le moi lorsque tu seras vraiment prête. Tu es trop émotive pour le moment et je ne veux pas que tu me le dises sur un coup de tête.

Je déteste quand elle a raison. Je me sens tellement idiote que je rougis bêtement. Elle se détache tout en me regardant droit dans les yeux.

- Bon, et si on faisait un peu de pâtisserie avant de se préparer pour ce soir ? J'ai fait quelques courses et je pense que Charlotte sera ravie de manger quelques cookies lorsqu'elle viendra demain.

- Oh oui, c'est une très bonne idée. Elle adore ça.

- Je n'ai aucun doute si elle les aime autant que toi, glousse-t-elle.

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