Corrigé ✅
Gabriel :
C'est une sonnerie incessante qui me tire de mon cocon. J'étais tellement bien autour de cette source de chaleur, je n'en sortirais pour rien au monde. Je me rapproche un peu plus de cette odeur enivrante, peut-être que je rêve encore.
Je sens quelque chose bouger sous mon corps et c'est là que je réalise. Je connais ce parfum, il appartient à Hayden. Je me relève en sursaut du lit.
- Oh mon Dieu Hayden ! Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris, vraiment, excuse-moi, je déballe en paniquant.
Il se redresse doucement et me sourit. Mon cœur bat à cent à l'heure, j'ai dormi sur Hayden, dans ses bras, j'ai honte. Il se lève et se met en face de moi. Pour quel genre de mec je passe moi maintenant ?
- Gabriel, calme-toi, ce n'est pas grave. Tu ne te souviens pas de cette nuit ? m'interroge-t-il avec toute la gentillesse qu'il peut et je me sens défaillir un peu plus.
- Heu... non, qu'est-ce qui s'est passé ? je demande hésitant.
Nous avons juste regardé un film et je crois bien m'être endormi avant la fin. Il me regarde comme si je risquais de m'effondrer à tout moment, ses yeux sont rouges, on dirait qu'il a pleuré.
Puis tout d'un coup, tout me revient. J'ai fait un cauchemar cette nuit, le même que d'habitude. Hayden m'a consolé, il m'a pris dans ses bras et je me rappelle de quelques paroles qu'il a prononcé. J'ai honte, je mets ma main devant ma bouche.
- Gabriel, je veux juste m'assurer que tu vas mieux.
Je suis incapable de répondre, je suis tellement embarrassé. De toutes les personnes dont je ne voulais absolument pas qu'elles apprennent pour mes terreurs nocturnes, Hayden était en haut de cette liste. Il fait un pas dans ma direction, prudemment pour ne pas me brusquer, je sens les larmes revenir.
Il me prend dans ses bras et je lui rends son étreinte sans réfléchir. Il me sert contre son torse et j'enroule mes mains autour de sa taille. Je me sens tout de suite mieux, en sécurité, comme si rien ne pourrait m'arriver. Une de ses phrases me revient en mémoire : « Plus rien ne t'arrivera, je te protègerai Gabriel ». Là au creux de ces bras, ma tête contre son cœur, je le crois.
- J'ai tellement honte, je lui avoue la tête cachée contre son tee-shirt.
- Tu n'as aucune raison. Écoute Gabriel, je ne vais pas te demander de m'en parler si tu n'en a pas envie mais je me doute de quoi il s'agissait et je veux que tu sache que je ne laisserais plus personne poser la main sur toi, jamais.
- Je sais. Merci d'avoir été là Hayden.
Il me recule légèrement de lui, je ressens comme un vide et j'ai froid sans son corps pressé contre le mien. Il prend mon visage en coupe et essuie les traces de larmes sur mes joues. Je le regarde et sa beauté me saute une fois de plus à la figure. D'aussi près, je peux apercevoir un grain de beauté sous son œil gauche, ses yeux bleus me transmettent une sincère affection. S'il continue d'agir de la sorte avec moi, mon pauvre petit cœur ne va pas le supporter.
- Je préfère quand tu souris, murmure-t-il.
Je crois que je viens de fondre sur place. Pour lui, j'esquisse un sourire et il me le rend en me disant qu'il aime mieux ça. Je me colle à nouveau contre lui parce que j'ai besoin de ses bras autour de moi une deuxième fois. J'ai besoin de réconfort et de me sentir soutenu. Hayden semble comprendre le message puisqu'il me sert contre son torse. Mon Dieu je veux passer le reste dans ma vie à l'intérieur de ses bras. Je n'ai jamais ressenti une plénitude comme celle-ci.
Cette réflexion me fait peur, inconsciemment je me recule. Je suis légèrement voir même beaucoup embarrassé. Le sourire de Hayden est si bienveillant que tout mon corps en frisonne, mon cœur bat fort dans ma poitrine.
- Hayden, chéri tu es réveillé ? nous interrompt la voix de sa mère.
- Oui, ne t'en fais pas maman, réplique-t-il.
- Je vous laisse vous préparer. J'emmène Lucy à l'école, à ce soir, crie-t-elle et sa voix s'éloigne.
Je prends une inspiration et souffle doucement pour retrouver une contenance. Trop d'émotion d'un seul coup. Je garde la tête baissée, je ne sais plus où me mettre, mon estomac est noué. Je me tortille sur place parce que je ne sais pas quelle attitude adopter.
- On se prépare pour le lycée sinon on risque d'être en retard ? me demande-t-il hésitant.
Je hoche la tête parce que je suis incapable de sortir un son de ma bouche. Pour une fois, j'aurais préféré ne pas aller en cours et rester avec Hayden chez lui, dans ses bras. Evidement ce n'est pas une idée que je vais lui soumettre mais au fond de moi, je ne veux pas quitter cette chambre et le réconfort qu'elle me procure.
******
Hayden se gare sur le parking du lycée et coupe le moteur mais ni lui ni moi ne sortons de la voiture. Pendant qu'il s'habillait, j'en ai profité pour aller chez moi et me préparer. Sur le trajet nous nous sommes arrêtés prendre un café et des viennoiseries à emportés. Nous n'avons pas reparlé de mon cauchemar ou de ma crise de larmes et encore moins de nos étreintes.
Inconsciemment, je frotte ma nuque avec l'une de mes mains. Lorsque nous allons sortir de la voiture, nous allons retrouver nos amis respectifs et nos vies entre guillemet, et j'ai la désagréable impression que la soirée d'hier et cette nuit vont s'effacer. Nous nous sommes rapprochés, j'ai la sensation que notre relation a passé un stade et je ne veux pas le perdre.
- Hayden... je murmure d'une voix presque inaudible et peu assurée.
Il tourne son visage vers moi et me fait un sourire rassurant. Depuis ce matin, il est au petit soin avec moi, il essaye de le faire discrètement mais je l'ai remarqué. Il me lance des regards toutes les deux minutes et c'est la première fois en quinze ans que je vois autant de sourires sur son visage.
- Merci encore d'avoir été là cette nuit, je m'empresse d'ajouter rouge de honte.
- Tu sais Gabriel, si tu as besoin de parler je suis là, je ne te jugerais pas, répond-t-il et au son de sa voix je sais qu'il est sincère.
- Hayden promets-moi quelque chose.
- Tout ce que tu veux, souffle-t-il en me regardant droit dans les yeux.
- Promets-moi qu'après ça tu ne me regarderas pas différemment et que l'on continuera ce qu'on a commencé ? je le questionne la voix tremblante et tête baissé.
Je me sens pathétique de demander une chose pareille et d'avoir l'air si désespéré. Je sens une main sous mon menton, Hayden me relève la tête en douceur et je croise ses yeux bleus. Une fois encore j'ai des millions de fourmillements partout dans le corps et une terrible sensation de brûlure là où est posée sa main.
- Gabriel, je te le promets, tout comme ce que je t'ai promis cette nuit, réplique-t-il avec une telle sincérité que j'en suis complètement retourné.
Je ne contrôle pas la larme qui s'échappe de mon oeil mais Hayden l'arrête en chemin en caressant ma joue. Je frissonne par la même occasion et je suis presque sûr qu'il l'a remarqué mais il ne fait aucun commentaire.
Je veux être honnête avec lui parce que j'ai pris conscience de beaucoup de chose, alors je me précipite de lui répondre :
- Je regrette sincèrement d'avoir perdu tant d'année pour apprendre à te connaître parce que tu es quelqu'un de formidable Hayden Spence et je souhaite réellement que l'on continue sur cette voix. Je ne veux pas que l'on redevienne de parfait étranger.
- Ça ne sera pas le cas. Toi aussi tu es quelqu'un de merveilleux Gabriel.
Son compliment me déclenche un réel sourire. Je suis extrêmement touché et je sais que je dois rougir, tout comme Hayden qui a les joues rouges. Je me rapproche de lui et entour sa nuque de mes bras pour le serrer contre moi, aussi proche que le permet une voiture et le levier de vitesse entre nos deux corps. Ce n'est absolument pas pratique et légèrement douloureux mais j'ai besoin de ce contacte avant de rejoigne le lycée.
C'est à contre cœur que je sors de la voiture, Hayden arrive vite à mes côtés. Je sens plusieurs regards sur nous. Les gens doivent surement se demander pourquoi est-ce que nous arrivons ensemble alors que nous nous parlons jamais.
Quand nous arrivons devant ses amis, ils s'arrêtent tous les quatre de parler et ouvrent grand la bouche et les yeux en nous voyant. J'aurais presque envie de rire tellement leurs têtes est improbables et plus que comiques.
- Bonjour, je salue ses amis brièvement avant de me tourner vers Hayden, à tout à l'heure et je n'ai pas oublié pour tu sais la mission.
- À tout de suite, je n'ai pas oublié non plus, ricane-t-il.
Je lui fait un signe de la main en souriant et me dirige vers mon casier. Je dois trouver Emma et Arthur pour leur faire un topo de ce qu'il m'est arrivé. Comparé à ce matin, je suis d'excellente humeur. Je sais que ma vie vient de prendre un nouveau tournant, parce que Hayden en fait réellement partit maintenant. Ce n'est plus juste un petit coup de cœur de collégien, non ça devient plus que ça.
- C'est quoi cette histoire ! s'écrit la voix d'Emma et je sursaute. Tu es arrivé avec Hayden.
Je mets une main sur mon cœur pour tenter de le calmer, elle m'a fichu une de ses trouilles ! J'étais absorbé par mes pensées et je ne les ai pas entendu arriver. Mes deux meilleurs amis se tiennent sur ma droite, les bras croisés sur leurs poitrines.
- Oui, ça fait partit du plan je vous rappelle, je dis calmement.
- Oh putain mais oui, j'avais complètement zappé ! s'exclame Arthur en se tapant le front.
Emma me lance un sourire équivoque qui me fait soupirer bruyamment, pour la forme. Je suis sauvé par la sonnerie qui annonce le début des cours. En marchant pour aller jusqu'à la salle de philosophie, j'aperçois Simon avec ses amis et ça me rappelle ce que Hayden m'a dit hier.
- Partez devant je vous rejoins, je préviens mes deux amis en me dirigeant vers ce sale con, sans entendre leurs réponses.
Je vois ses lèvres commencées à s'étirer en me voyant arriver mais il le perd vite lorsqu'il remarque que je suis en colère. Je me plante en face de lui et je prends bien soin de le fusiller du regard.
- Pour qui est-ce que tu te prends ? je lui hurle à la figure.
Il est surpris du ton que j'emploie pour lui parler, il semble même se vexer. Ses amis partent, sentant qu'ils sont de trop dans cette conversation. Je ne lâche pas ce connard des yeux et j'espère qu'il arrive à voir toute la haine que j'éprouve pour lui.
- Quoi ? s'étouffe-t-il.
- Je t'ai demandé pour qui est-ce que te tu prenais ? je relance tremblant de colère.
- Gab, je...
- Je t'interdis de m'appeler comme ça sale enfoiré !
Cette fois il recule et ses yeux expriment leur surprises. Il réalise enfin que je ne suis pas là pour avoir une conversation de courtoisie. Je vais te montrer ce qui arrive lorsqu'on s'en prend à Hayden et qu'on lui fait du mal !
- Tu n'as aucun putain de droit sur moi ! je hurle de plus belle. Je fréquente qui je veux, alors pour qui est-ce que tu te prends pour interdire Hayden de me parler ? Tu sais quoi ferme-la je n'ai pas fini, je le coupe alors qu'il commençait à vouloir parler. Moi aussi je vais être clair avec toi. Si jamais je te vois t'approcher de lui, le menacer encore une seule petite fois ou même redire une quelconque remarque comme tu l'as fait hier, tu vas sincèrement le regretter.
Je n'ai jamais parlé d'une voix aussi froide et dénudée de sentiment. Je ne me reconnais pas. Simon tente d'ouvrir la bouche pour parler mais rien n'en sort.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, finit-il par dire.
J'explose littéralement de rire. Il se fou de ma gueule ou quoi ? Je commence à m'approcher de lui avant qu'une voix qui me met dans tous mes états à chaque fois, me coupe dans mon élan.
- Gaby tout va bien ? me demande Hayden.
Oh bon Dieu ! La façon dont il prononce mon surnom, que très peu de personne utilise d'ailleurs, fait s'affoler mon cœur, trembler mes mains et certainement chauffer mes joues. Je le soupçonne de l'avoir fait exprès devant Simon.
- C'est ton truc de venir te mettre entre Gabriel et moi ? lui reproche Simon.
- Écoute, ton mot de l'autre jour tu peux te le foutre là où je pense, grogne Hayden.
- Ça y est, j'ai compris, vous sortez ensemble ? C'est pour ça que tu joues au super héros avec Gabriel.
Je regarde Hayden sous le choc que Simon insinue une telle chose, une chose qui a réveillé les papillons dans mon ventre. Hayden lui reste impassible.
- Et alors, ce n'est plus ton problème il me semble, répond-t-il d'une voix calme.
Simon me fixe pour essayer d'apercevoir la vérité. Je soutiens son regard et continue le jeu que Hayden à commencer. Malgré ses menaces je sais que Simon ne s'en prendra jamais à Hayden, il en a peur. Je le sais, il me l'a dit une fois.
- C'est n'importe quoi... marmonne Simon.
- Je n'ai rien à te prouver et encore moins à te justifier avec qui je sors, je déclare.
Je ne manque pas de voir le regard en coin que Hayden m'accorde, il est amusé par cette situation.
- Maintenant tu vas nous foutre la paix et je ne le répèterai pas, je finis en serrant les dents.
Simon ne prend pas la peine de répondre et part presqu'en courant. Je ne sais pas comment fait Hayden pour toujours être là au bon moment mais je le remercie. Il me sourit et je ne peux plus me mentir à présent.
Je suis toujours amoureux de lui.
MlleLovegood