Camp Jaha

By fiction-lovee

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Clarke Griffin, dix-neuf ans, n'en fait qu'à sa tête depuis plusieurs années. Ne sachant plus quoi faire, sa... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81
Chapitre 82
Chapitre 83
Chapitre 84
Epilogue

Chapitre 19

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By fiction-lovee


Lundi 23 novembre ; 09 heures 40 - Cours.

Une semaine est passé depuis mon retour au camp. Woods s'est débrouillée pour que ma permission soit refusée alors que j'avais passé une semaine sans infraction. Le pire, c'est que je l'ai à peine vu la semaine et le week-end alors qu'elle était restée également. Le seul moment où je suis sûre de la voir, c'est le matin lors des vérifications et le soir pour rattraper mes cours. J'aurais pu finir depuis longtemps, mais les profs nous submergent trop de travail. C'est embêtant parce que je ne supporte plus le silence de Woods. Non seulement elle m'en veut encore, mais en plus elle le fait ressentir. Si elle voulut me punir à sa façon pour que j'ai des remords, elle y est parvenue ! Je ne peux même pas lui en vouloir parce que je suis en tort.

Voilà maintenant qu'une nouvelle semaine commencer à peine et je me contente de griffonner sur ma feuille en ce début de cours. Je ne compte pas faire autant d'effort que la semaine précédente si c'est pour ne pas avoir de sortie au final. Je m'occupe comme je peux vu que les cours ne m'intéressent en aucun cas. Je suis paumée dans la moitié des cours à cause de mon retard et je n'ai en aucun cas envie de tout rattraper. Contrairement à moi, Octavia est très attentive pour une fois. Je fais comme je peux pour me divertir sans elle. Je regrette presque de ne pas avoir fait exprès d'arriver en retard ce matin. Je me suis abstenue en me rappelant le comportement de Woods. Elle en aurait certainement profité pour se venger. Je soupire pour la énième fois en presque deux heures pour montrer mon mécontentement. Quelquefois je me demande ce que je fais ici.

- Bon, vu que j'ai fini mon cours et qu'il nous reste encore un peu le temps... Il serait temps qu'on parle de votre spécialisation du deuxième semestre.

- Notre quoi ? demandai-je à Octavia.

- Tu n'es pas au courant ? On est censé choisir une option au second semestre.

- Quoi ? C'est quoi cette blague ?

- C'est toujours comme ça le deuxième semestre. Le camp Jaha est une école privée, alors c'est Jaha qui choisit son fonctionnement.

- Et c'est quoi le fonctionnement ? soupirai-je.

- Je pensais que tu étais au courant. Hé bien, on a des cours généraux le premier semestre et on doit choisir des spécialités de prédilection le deuxième. C'est comme ça pour les trois ans. Il fonctionne de cette manière pour qu'on puisse changer une fois de spécialisation si on pense s'être trompé de voie. C'est bien comme ça ne les pas parce que si on rejoint une nouvelle filière, on doit se démerder pour tout rattraper.

- En gros je serais dans la merde dans n'importe quelle filière puisque je n'étais pas là les deux premières années...

- Hum... Ouais, en gros, ricane-t-elle.

Un paquet de feuilles nous arrive. Je prends deux feuilles avant de le faire circuler à l'arrière. Je regarde la fiche avec intrigue après en avoir tendu une à Octavia. Il s'agit d'un formulaire d'inscription avec la liste des options. Je suis complètement paumée. Je n'ai pas été en cours depuis deux ans. Comment suis-je censée savoir ce que je veux faire ? Je soupire en me grattant la tête. Voilà un problème en plus que je ne m'attendais pas. J'aurais préféré avoir des cours généraux jusqu'à la fin d'année.

- Vous connaissez le principe, début mon professeur. Trois voeux sont possibles. Vous serez accepté selon votre bulletin du premier semestre et le nombre de places bien sûr.

- Les classes seront mélangées alors ? demandai-je à Octavia. Ou on sera seulement séparée pour les options ?

- Non, les classes seront mélangées, grimace-t-elle à ma tête dépitée.

Oh non... Cela voudrait dire qu'on risque d'être séparé. Sans compté que je vais avoir un nouveau planning et des nouveaux profs. Ma situation m'allait très bien ! Pourquoi sont-ils toujours obligés de tout chambouler ?!

- La fiche d'inscription est à rendre en fin de semaine, sans délai supplémentaire.

Cette histoire m'agace déjà. Fin de semaine ? C'est court pour quelqu'un qui n'a pas été mis au courant et qui ne sait pas ce qu'il veut faire. Je suis sûre que tout le monde a déjà une idée comme ils ont déjà eu ça les autres années. Je range mes affaires lorsque la sonnerie signale la fin des cours. Je suis la première à sortir de la salle. Il me reste cinq heures de cours, dont l'heure du repas. Heureusement pour moi, ma matinée passe rapidement. Pour tout dire, cette histoire d'options m'a pris toutes mes pensées durant mes deux dernières heures avant midi. J'ai étudié la feuille durant toute la mâtinée. Je suis restée sur la même conclusion : Rien ne m'intéresse. Ça me rend folle. Heureusement que je peux enfin manger pour me changer les idées en revoyant les autres. Cette réjouissance s'estompe rapidement lorsque le sujet principal concerne les spécialisations. J'ai évité la discussion jusque là, mais c'est sans compté Bellamy qui m'invite à participer en me posant une question.

- Et toi, Clarke ? Tu as déjà une idée où tu vas aller ?

- Non, pas vraiment.

- Viens en sport avec moi, me propose-t-il. Ce serait cool qu'on soit ensemble pour une fois !

Je fronce les sourcils alors que le reste de la table parte dans un fou rire incontrôlé. Un sourire s'échappe de mes lèvres. J'adore vraiment Bellamy, mais il est vraiment maladroit dans ses approches. Il devrait savoir que ce n'est pas du tout le genre d'option qui m'intéresse ou alors il est vraiment débile. Je trouve ça presque adorable de sa part de vouloir qu'on se retrouve ensemble.

- T'es vraiment con, commente Murphy. Clarke, en sport ?

- Tout le monde sait que le sport et Clarke ça fait deux, renchérie sa propre soeur.

- Bah tu fais bien des footings avec Woods ! se défend Bellamy.

- Ça fait une semaine que j'en fais plus. C'était juste pour me vider la tête avant les cours. Ta soeur a raison, je déteste le sport.

Je souris à sa tête adorable. Je m'en veux presque de le décevoir de la sorte. Il est entre la honte de m'avoir proposé une chose pareil et la tristesse de mon refus.

- Vient avec Monty et moi en ingénierie dans ce cas, me propose Jasper.

- Ingénierie ? répétai-je. Je suis douée en pratique, mais pas en ce domaine-là, désolé, gloussai-je. Je sais pas encore ce que je vais faire, je verrai.

- Tu as une semaine pour y réfléchir, fait gaffe, c'est court, me dit Murphy.

- Tu prends quoi, toi ? demandai-je.

- Aucune idée, hausse-t-il les épaules. Certainement la même chose que les deux dernières autres fois...

Si je veux me rassurer, il suffit de me tourner vers Murphy. Je sais qu'au moins je ne suis pas la seule à être paumée. Quelquefois je me demande pour quelle raison il se trouve ici. Il s'en fout de tout et il ne se gêne pas pour le montrer. La preuve avec toutes les infractions qu'il fait. C'est pour cette raison que je l'adore et je pense que c'est réciproque.

- Dommage pour toi qu'il n'y a pas art dans les options, me dit Octavia.

- J'avoue, je n'aurais pas eu à réfléchir s'il y aurait eu ça.

Depuis le cadeau de Woods, je n'arrête plus de de dessiner avant avant de dormir si je ne suis pas trop fatiguée. Ce n'est pas une passion que j'allais cachée alors que même ma responsable est au courant. Octavia ne cesse pas de me demander de voir mes dessins. J'ai du mal à lui montrer parce que je trouve mes carnets sont très personnels. J'ai tendance à préférer partager mes tableaux qui sont plus abstraits, mais je n'ai aucun matériel pour en faire. J'ai tout de même craqué en lui montrant quelques-uns face à son insistance. Octavia a une persuasion que je sous-estime à chaque fois. Le sujet n'est pas rentré dans les oreilles d'un sourd vu comme toute la table à percuter. Je suis prise d'assaut d'une multiple de questions que je prends plaisir à répondre. C'est toujours plus facile de répondre sur un sujet qui nous passionne. J'espère maintenant que mes prochains cours vont passer rapidement, mais ça risque d'être difficile vu mes pensées qui fusent.


Lundi 23 novembre ; 16 heures 10 - Couloir.

Ma journée est terminée. Ou presque. Octavia m'a proposé qu'on travaille ensemble à la bibliothèque, mais j'étais obligée de décliner en lui rappelant mes obligations auprès de Woods. Me voilà donc en chemin vers son bureau. En arrivant, je suis étonnée de retrouver la porte fermée. C'est la première fois qu'elle l'est. Cela me stresse encore un peu plus que je ne le suis déjà. Depuis mon retour ce n'est plus pareil avec Woods. Je prends un grand bol d'air frais avant de toquer. Je reconnais sa voix qui m'autorise à entrer. Elle a l'air surprise de me voir vu la tête qu'elle tire. Je remarque vite que le bureau en face d'elle est vide. C'est étonnant que Ray n'est pas devant son poste.

- Clarke, me sort Woods de mes pensées. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as encore fait une bêtise dont je ne suis pas au courant ?

- Non... Je ne dois pas venir rattraper mes cours ?

- Oh, c'est vrai. Je pensais que tu avais fini. Bah, installe-toi et laisse la porte ouverte.

Si j'avais su qu'elle oublierait, je serais restée avec Octavia... Je rentre timidement dans la pièce pendant qu'elle fait de la place sur son bureau. Je m'installe en face d'elle, à ma place devenue habituelle. Elle ne se préoccupe pas trop de moi et continue son boulot.

- Ray n'est pas là ?

- Elle a un jour de libre.

- Oh.

- Tu as encore beaucoup à rattraper ?

- Je crois pas. Ça te dérange si je privilégie mes maths ? J'ai un contrôle mercredi.

- Non pas du tout, tu gères comme tu veux. C'est toi qui resteras ici plus longtemps.

Je me passerais bien de cette obligation, mais ça ne me dérange pas tellement non plus. Au moins je suis tranquille ici. Je ne suis pas une bosseuse en cours, mais je suis loin d'être bête. Je n'ai juste plus de motivation, le soupire que je lâche l'exprime très bien.

- Dit Woods ?

- Hum ? Qu'est-ce que tu veux encore ?

- Non rien, laisse.

J'étais sur le point de faire une grosse connerie. Heureusement que sa réponse sanglante me ramène à la réalité. Je plonge dans mes maths sans rien rajouter. C'est à son tour de soupirer.

- Allez parle, je vois bien que tu es perturbée.

- Non c'est bon t'inquiète. Ma demande est ridicule...

- Aucune demande n'est ridicule si elle est réfléchie. J'ai le droit d'en juger par moi-même, non ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle insiste. Je sais que Woods est de nature curieuse. Le seul moment où elle n'insiste pas c'est pour un sujet tabou qui concerne mon passé. Je passe nerveusement ma main dans les cheveux. Je décide de lui montrer au lieu de lui répondre. Je fouille alors dans mon sac et je lui tends une feuille. Elle la prend sous mon oeil attentif. Elle fronce rapidement ses sourcils en relevant sa tête.

- Pourquoi tu me donnes cette feuille ? C'est pour le choix des options, non ?

- Hum... dis-je détourant la tête, gênée par la question que je m'apprête à lui poser. Je me demandais si tu pourrais m'aider dans mes choix. Je n'ai aucune idée de ce que je veux faire.

- Tu ne préfères pas voir ça avec tes parents ?

Je soupire en lui arrachant la feuille des mains. Je savais que c'était une mauvaise idée. Je me demande pourquoi cette idée m'a traversé l'esprit. C'était vraiment stupide de ma part. Je range la fiche tout en lui répondant.

- Laisse tomber, je t'avais dit que c'était ridicule.

- Hey, ne le prends pas comme ça, sourit-elle. C'était qu'une simple question. Pourquoi préfères-tu voir ça avec moi plutôt qu'avec eux ?

- Je ne suis pas en très bons termes avec ma mère, avouai-je. Tu es la seule "autorité" que j'ai, rajoutai-je en mimant les guillemets.

- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ? D'ailleurs, comment s'est passé ton retour ? Rassure-moi, tu vis encore avec eux au moins ?

Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire face à toutes ses questions. Finalement ma demande à du bon. J'ai l'impression que tout est comme avant, même si c'est loin d'être le cas. J'inspire profondément. Elle a le droit de savoir après tout. En espérant seulement qu'elle ne m'ignorera plus après notre discussion. Je ne le supporterai pas plus longtemps.

- Je vis avec ma mère, son copain et leur fille, Charlotte. Donc oui, je vis encore avec un de mes parents. Sinon mon retour s'est bien passé jusqu'à que je vois ma mère après son travail samedi. On s'est violemment disputée sur ce qui s'est passée, mais bon, ce n'est pas nouveau, haussai-je mes épaules. Je me suis changé les idées en emmenant Charlotte à la patinoire et... Et en allant en soirée, avouai-je en baissant la tête.

En faisant le rapprochement, je me rends compte que Woods m'a engueulé pour les mêmes raisons que ma mère. La différence, c'est que Woods a le droit de m'en vouloir. Contrairement à ma mère, Woods me laisse la chance de me défendre et de me comprendre. Elle s'inquiète pour moi différemment.

- Tu vois, c'est ça que je te reproche. Pourquoi n'es-tu pas venue me parler au lieu d'oublier tes problèmes le temps d'une soirée ? Je t'avais donné mon numéro pour cette raison. Tu aurais évité une dispute entre nous également.

- Je sais, je suis désolée.

J'ai la gorge nouée. Je suis à la limite de pleurer en réalisant mes erreurs. Woods me force à relever la tête, ce qui rend les choses encore plus difficile à affronter.

- Tout est réglé maintenant, n'est-ce pas ?

- Oui, j'ai compris la leçon... Je n'irais plus en soirée et je tiens à m'excuser encore une fois. Je ne voulais pas t'inquiéter.

Elle me sourit d'une drôle de manière. Je ne serais interprétée son expression. Tout ce que veut maintenant, c'est qu'elle ne m'en veuille plus. Je compte bien l'écouter pour le restant de l'année s'il le faut.

- Si on retourne au premier jour où tu as mis les pieds ici, tu n'aurais jamais dit une chose pareil. Je suis fière de toi Clarke, tu as beaucoup évolué depuis ton arrivée. Je regrette presque... Je dis bien presque, de t'avoir traité d'immature.

Je la regarde avec de grands yeux. Si elle veut que je craque, elle est à la limite de réussir. Personne ne m'a dit de telle parole depuis bien longtemps. Je ne sais plus comment me sentir après tant de reconnaissance.

- Ce n'est pas encore parfait, mais ton comportement est rattrapable, s'amuse-t-elle à me dire.

- C'est dur, tu sais... De se relever quand on est au fond du gouffre.

Je déglutis difficilement en repensant à tout ce que j'ai vécu depuis mon adolescence. Je n'ai pas eu une vie facile. J'ai plutôt l'impression qu'elle s'acharne sur moi, même si je suis aussi un peu responsable pour certaines choses. J'essaye de me convaincre que je suis heureuse, mais c'est loin d'être le cas.

- Je sais, Clarke. Mais tu avances par étapes et c'est très bien comme ça.

- C'est grâce à toi, murmurai-je.

Je pense qu'elle a entendu mes paroles, mais je suis rassurée qu'elle ne le relève pas.

- Bon, concernant tes voeux, bien sûr que je vais t'aider si tu le souhaites. Tu n'avais pas à être gêné. Tu devrais savoir que tu peux tout me demander. Ma réponse était déjà oui rien qu'en entendant ta question.

- Merci...

- Je finis d'abord mon dossier. J'en ai pour une demi-heure. Tu n'as qu'à continuer tes maths et on en discutera après, d'accord ?

- OK, répondis-je, la faisant sourire.

Tout mon stress s'est évaporé. Woods a cette influence sur moi, sans que je comprenne comment. Je n'ai plus l'habitude de demander qu'on m'aide. Je me sens gênée à chaque fois. C'est la première fois depuis longtemps que j'ai fait une demande. Normalement je me débrouille seule ou alors Woods me propose toujours la première. C'était le cas lorsqu'elle m'a aidé pendant le sevrage. Tout n'était que proposition. Là, c'était différent. Je devais lui demander. J'ai tendance à oublier qu'elle est là maintenant. Raven a certainement raison. Je devrais mon confier à elle sur mon passé. La seule chose qui me bloque, c'est qu'il y a tellement de choses qui sont dures à dire à voix haute. J'ai gardé ces sujets au fond de moi, n'ayant jamais eu le courage d'en parler à quelqu'un. Je chasse ces pensées pour pouvoir me concentrer activement sur mes maths. J'aimerais avoir une bonne note pour une fois. Ce sera difficile vu mon niveau. Non seulement j'ai un professeur de merde, mais en plus j'ai du retard. C'est pourtant des chapitres que j'ai déjà étudié au lycée, mais ils remontent à beaucoup trop loin pour m'en rappeler. J'ai l'impression que mon prof m'embrouille plus qu'autre chose dans ma logique. Je m'engouffre dans mes exercices sans faire attention à l'heure. Je commençais à me dire que la demi-heure devait longue, alors j'ai relevé la tête. On dirait que j'ai vu juste. Elle doit m'observer depuis un petit moment vu son air amusé. Je retire l'arrière de mon stylo de ma bouche avec des joues légèrement rouge. J'ai l'habitude de de le mordiller inconsciemment lorsque je suis en pleine réflexion. J'en déduis qu'elle a fini son travail parce que je ne vois plus de dossier sur son bureau. Le spectacle que je lui offrais devait être divertissant pour qu'elle ne m'arrête pas dans mon travail.

- Tu as besoin d'aide peut-être ?

- Non, ça va merci déclinai-je.

Sans demander ma permission, elle me pique la feuille sur laquelle il y a plein de gribouillis. J'ai dû recommencer cet exercice trois fois. Elle sourit avant de se lever. Je ne comprends pas tout de suite son intention jusqu'à ce qu'elle s'asseye sur la chaise libre à mes côtés.

- Tout est faux. Donne-moi ton stylo.

Je lui donne sans réfléchir. C'est qu'une simple équation du second degré. J'ai toujours été bonne en maths, même si ce n'est pas ma matière préférée. Cependant rien ne me réussit cette année. J'ai l'impression que mon prof explique trop pour pas grand chose. J'étais obligée de reprendre les bases par sa faute. C'est ce que j'étais en train de faire, mais je me suis rendue compte que même je n'y arrivais plus. Woods étudie attentivement ma feuille. Elle doit sûrement chercher l'erreur.

- Déjà, si tes formules sont fausses, tu ne risques pas d'aller loin, m'indique-t-elle.

Elle repose la feuille de manière à faire apparaître le verso encore vierge. Elle me réécrit les nouvelles formules ainsi que l'équation avant de glisser la feuille devant moi.

- Tiens, réessaye.

- T'es pas obligée de faire ça, on peut-

- Si je me souviens bien, tu as jusqu'à la fin de semaine pour rendre tes voeux, non ?

- Ouais...

- Alors on a jusqu'à jeudi soir pour les étudier. Le plus important en ce moment est ton contrôle de maths. On va les travailler ensemble jusqu'à l'heure du repas.

Je rougis à l'idée qu'elle puisse m'aider dans mes devoirs. Je crois que c'est quelque chose qui ne m'est plus arrivée depuis la primaire. Elle me sourit et dépose le stylo sur la fiche. Elle se laisse aller contre le dossier de la chaise en croisant ses bras.

- Allez, au travail, m'ordonne-t-elle. Je veux que tous les exercices que tu vas faire ce soir soient maîtriser en sortant de mon bureau.

- Ça va être dur de me faire rattraper deux ans...

- C'est comme ça dans toutes les matières ?

- Pas tous, mais la plupart, oui...

- Je ne comprends pas pourquoi on t'a mis en dernière année si tu n'as plus fait d'études depuis le lycée, marmonne-t-elle sûrement plus pour elle-même que pour moi.

- J'étais bonne au lycée, haussai-je les épaules. Ma mère doit y être pour quelque chose.

- Bon, commençons par travailler tes maths ce soir. Ce serait bête que tu reçoives une mauvaise note alors que tu donnes du mal pour y arriver. Concernant les autres matières, vient me voir si tu as un souci.

- Je ne veux pas te déranger...

- Si je te propose mon aide, c'est que ce n'est pas le cas. Il manquerait plus que tu rates ton examen final.

- Tu n'es vraiment pas obligée de faire ça, Woods...

- Ça me fait plaisir, je t'assure. N'hésites à me demander de l'aide. Je suis là pour ça aussi.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Je doute qu'elle soit là pour m'aider avec les cours. Mais c'est rassurant de savoir quelle sera là si j'ai des questions. Je lui souris timidement avant de me pencher sur la feuille qu'elle me pointe. Je recommence par la énième fois l'équation, avec les bonnes formules cette fois. Woods m'observe attentivement durant mon travail. C'est bizarre de me retrouver ainsi surveillée. Ce n'était plus arrivée depuis que j'ai l'âge de faire mes devoirs toute seule. Ce qui me ravit le plus, c'est qu'on se reparle enfin normalement après une semaine d'ignorance. Lorsque j'ai fini, je lui montre ce que j'ai fait. Elle regarde un instant avant de sourire.

- Bah tu vois quand tu veux ! Donne-moi ça, me demande-t-elle en pointant mon stylo.

Je la vois rédiger une nouvelle équation à la suite. Je ne me plains pas. Elle fait ça pour m'aider après tout. Je me remets au travail sans broncher. On continue de cette façon pendant une bonne heure. Elle m'a posé des équations simples le temps que je me remette dans le bain, puis elle est montée en crescendo sur la difficulté. En plus de ça, elle a varié ses équations en me faisant travailler tous les chapitres que j'ai pu étudier cette année. Si je bloquais sur quelque chose, elle prenait son temps pour m'expliquer mes erreurs et de me redonner un à refaire seul directement par la suite. Je dois être à ma cinquième feuille de brouillon depuis qu'on a commencé. J'avoue que je commence légèrement à saturer. Autant ça ne me dérange pas de continuer, autant ça m'énerve lorsque je n'y arrive pas. C'est justement ce qui est en train de se passer avec les tableaux de signes. Je crois que ça doit être la dixième fois qu'elle m'explique le principe, mais je ne comprends toujours pas et je commence à perdre patience. Je déteste lorsque je ne comprends pas tout de suite. Ça veut souvent dire que je ne comprendrais jamais.

- Fais un effort, Clarke. Concentre-toi, ce n'est pas compliqué pourtant !

- Je n'y arrive pas ! Tu vois bien que je me trompe toujours ! grognai-je de frustration.

- Pourquoi tu as mis "plus" ici ? me demande-t-elle.

Je reste silencieuse face à sa question. J'ai peur de me tromper dans ma réponse. Woods soupire. Elle doit être autant agacée de la situation que moi. Elle se rapproche de la copie et donc de moi en l'occurrence.

- Tu m'as écouté au moins quand je t'ai expliqué ?

- Mais oui ! ripostai-je.

- Alors explique-moi. Pourquoi tu as mis un "plus" ici ? désigne-t-elle dans le tableau.

- Parce qu'il suit le signe de "a" ? dis-je sous la forme d'une question, n'étant pas sûr.

- T'es sûre ?

Elle se s'adosse à nouveau sur sa chaise en croisant ses bras lorsqu'elle comprend mon hésitation. Elle veut juste me déstabiliser pour savoir si je suis sûre de moi et elle y parvient parfaitement. Elle m'a déjà fait le coup tout à l'heure en me posant cette question alors que ma réponse était juste. Cette fois-ci, je n'ose pas répondre tout de suite. Je préfère réfléchir avant pour être sûr, sauf que je n'en sers rien. Je grogne de frustration en jetant le stylo sur le bureau. J'observe Woods le récupérer avec un sourire amusée. J'étais sur le point de lui faire une remarque, mais on se fait interrompre par une personne qui toue à la porte. On se retourne toutes les deux instinctivement pour y voir Octavia au pas de la porte. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle est ici.

- Bonjour Woods.

- Bonjour Octavia, sourit-elle.

- Tu me cherchais ? demandai-je.

- Bah oui, il est dix-neuf heures. On aimerait manger avec les autres, du coup je voulais savoir si on doit t'attendre ou si on peut y aller ?

Il est déjà dix-neuf heures ? Je n'avais pas vu le temps passer. Je regarde d'abord mon exercice non fini sur ma feuille avant de dévier sur Woods. J'aimerais y aller, mais je ne suis pas sûre qu'elle va me laisser avant d'avoir fini.

- Ne me regarde pas comme ça. Bien sûr que tu peux y aller. Moi aussi j'ai faim. Tu me finis cet exercice pour demain et tu réfléchiras à la question que je t'ai posé.

- T'es sérieuse ? Tu me donnes des devoirs pour demain ? demandai-je, abasourdie.

- Rappelle-moi pour qui on fait ça ?

Je roule des yeux, ne pouvais pas contredire. Elle perd de son temps pour me venir en aide après tout. Je soupire, mais je hoche la tête. Je récupère toutes mes affaires qui ont envahi l'espace personnel de Woods pour les ranger dans mon sac.

- D'accord, pour demain. Toujours après mes cours ?

- Toujours, tu n'as pas fini de rattraper tes cours dans tout ça.

- À ce rythme-là, je n'y arriverai jamais, ricanai-je.

- Ne dit pas ça, on a bien avancé ce soir. On a revu tous tes chapitres d'équations en peine deux heures.

C'est vrai que ce n'est pas mal pour deux heures. Le pire dans tout ça c'est que j'ai presque tout compris. Je comprends tellement mieux les explications de Woods. Elle me rend mon stylo et je range mes affaires dans mon sac. Je le boucle et je me lève pour dégourdir mes jambes. Je range ma chaise et je souris à Woods qui s'est levée à son tour.

- Merci pour ton aide...

- Pas de souci. N'hésite pas la prochaine fois.

Elle fait le tour du bureau pour récupérer sa veste après avoir mis de l'ordre dans son bureau.

- Bon bah... Bon appétit et bonne soirée.

- Merci de même. À demain.

On se sourit avant que je rejoins Octavia qui m'a attention à la porte depuis le début. Nous sortons et elle attend que nous soyons assez éloignée pour discuter sans que des oreilles traînent pour écouter.

- Tu m'as caché tes petites révisions personnelles avec Woods, me taquine-t-elle. Ça va mieux avec elle du coup ?

J'ai dû raconter mon week-end à Octavia et le fait que Woods a découvert que j'étais en soirée. J'aurais préféré éviter, mais le comportement de Woods à mon égard n'est pas passé inaperçu. Elle s'est forcément posée des questions que j'ai dû répondre. Cela m'a valu des réflexions de sa part, donnant raison à Woods. J'ai alors dû la rassurer que je ne comptais pas retoucher à la drogue. Mon dernier sevrage m'a amplement suffi.

- Ce n'est pas ce que tu crois. Elle m'a juste aidé en voyant que j'étais en galère. Sinon, je crois que ça va mieux... On a un peu discuté et je dirais que l'abcès a été percé.

- M'ouais ! En tout cas je suis contente qu'elle te reparle. J'avais l'impression que t'étais sur le point de faire une dépression face à son ignorance.

- N'importe quoi ! ripostai-je en lui frappant l'épaule.

- Oh si ! pouffe-t-elle. Tu n'en t'es même pas rendu compte. Comment tu as fait pour te faire écouter ? Parce qu'elle n'avait pas l'air de vouloir te laisser t'expliquer.

- Je lui ai demandé de m'aider dans mes voeux...

- Ah ouais ? Pourquoi ?

- Je ne sais pas du tout quoi faire... Je n'ai plus en cours depuis deux ans à cause de ma désintox et tout ça. Du coup on a un peu parlé de et j'en suis venue à m'excuser sur ma gourde du samedi soir...

- Bon, au moins ça a bien fini. Elle t'a dit oui au moins pour les voeux ?

- Oui oui. On va en discuter avant vendredi.

- C'est cool de ça part. Je la trouve d'ailleurs plus cool depuis que tu es ici.

- Woods plus cool ? ricanai-je. Tu rigoles ou quoi ? Elle m'en a voulu à mort pendant une semaine entière !

- Tu l'as cherché aussi, glousse-t-elle. Non mais sérieux, c'est vrai. Elle s'occupe rarement de quelqu'un d'autre à part toi maintenant et j'ai l'impression qu'elle est plus cool avec toi que les autres élèves.

- Oh non, elle n'est pas plus cool avec moi, grimaçai-je. Elle est exigeante. Dois-je te rappeler qu'elle m'a interdit toute soirée pendant mes perm et qu'elle m'a menacé de me priver toute sortie du camp si je reviens en manque ?

- Elle t'a interdit de soirée ? s'étonne-t-elle. À cause de ton dernier weekend ?

- Ouais, soupire ai-je. Je l'aurais cherché selon elle.

- Ouais mais quand même ! T'as raison, c'est exagéré ! C'est normal qu'on sorte quand on est libre. Elle ne devrait pas avoir le droit de t'interdir des choses en dehors des murs de l'établissement.

- Sauf qu'elle a complètement raison.

- Oui, mais bon... Elle ne devrait pas. Elle n'a aucune influence en dehors normalement. Elle n'a même pas le moyen de le vérifier.

- C'est vrai, sauf que je suis une trop mauvaise menteuse devant elle, ricanai-je. Genre, elle est au courant de tout ce que je fais ici à la seconde près, alors j'ai cette impression que c'est pareil quand je suis dehors. 

- Je vois, pouffe-t-elle. Si t'es bizarre, c'est normale qu'elle remarque que quelque chose ne va pas.

- En même temps, elle a ce petit regard qui arrive à me faire parler, tu vois ? Elle a tellement d'influence sur moi maintenant que j'en parle, dis-je dans un gémissement. Je pourrais me sentir mal en soirée rien qu'en pensant que je lui désobéisse.

- T'es sérieuse ? explose-t-elle de rire. Je ne savais pas que Woods t'effraye à ce point ! Tout le monde pense que tu es celle qui n'est pas impressionnée... Tu me fends le coeur à me briser la légende, dit-elle faussement dramatique en ramenant ses mains à son coeur.

- Ferme là, rigolai-je. T'es vraiment bête ma parole !

Je la frappe gentiment, l'emportant dans mes rires. On change de sujet quand on arrive au self. J'aime bien lui parler, mais je n'ai pas forcément envie de parler de ce sujet avec ou devant les autres. Octavia est la personne avec qui je suis le plus proche ici et ça me convient parfaitement. Les autres sont déjà sur la table à nous attendre. On se dépêche donc avec Octavia à nous servir pour les rejoindre et terminer ma soirée plus tranquillement.

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