Camp Jaha

By fiction-lovee

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Clarke Griffin, dix-neuf ans, n'en fait qu'à sa tête depuis plusieurs années. Ne sachant plus quoi faire, sa... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81
Chapitre 82
Chapitre 83
Chapitre 84
Epilogue

Chapitre 9

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By fiction-lovee


Dimanche 25 octobre ; 13 heures 30 - Maison Miller.

On me claque plusieurs fois les joues. Je gémis en sortant de mon lourd sommeil. Je commence peu à peu à entendre des voix. Je fronce les yeux en constatant l'énorme mal de crâne que ça me procure. Je papillonne des yeux pour m'habituer à la lumière du jour dans la pièce.

- Bordel, Clarke ! Qu'est-ce que t'as foutu ?

Je suis complètement perdue. J'ai du mal à distinguer ce qui se passe autour de moi. Je trouve finalement les yeux de Raven qui m'a l'air bien inquiète. Sa voix ne la trompe pas. Qu'est-ce que j'ai en pu faire pour qu'elle soit aussi paniquée ? Je descends mes yeux vers mon bras où elle est en train de détacher un élastique qui était resserré autour. Je comprends rapidement la connerie que j'ai faite en voyant les marques sur ma peau. Je n'arrive à exprimer aucune émotion apparente pour le moment.

- Elle revient à elle !

J'arrive à distinguer le visage de Miller. Ma vision est très floue. Je suis dans le trouble total, mais je reconnais sa voix.

- Tu fais chier, putain. Pourquoi t'as fait ça ?

Raven a les larmes aux yeux. Je me sens mal de la voir dans cet état. J'essaie de me redresser, mais rien à faire. J'ai mal partout, ce qui est mauvais signe. Très mauvais. Je ne me souviens de rien. Je ne sais pas même pas comment j'ai atterri ici. En plus, mon mal de tête ne fait que de s'intensifier. Raven soupire en m'aidant à avaler de l'eau avec un comprimé. Je suis vraiment dans la merde.

- Et je suis censée faire quoi moi, maintenant, hein ? Il faut qu'on prévienne ta mère, putain...

- Non ! arrivai-je enfin à parler. P-pas ma mère... Je... Je t'en supplie.

- Tu veux que je fasse quoi, Clarke ? Tu t'es piquée, bordel, s'énerve-t-elle.

- Pas ma mère, insistai-je d'une petite voix. Elle va me renvoyer en désintox. Pas ma mère, répétai-je. Je préfère encore affronter Woods.

- Woods ? répète Miller. C'est qui ?

- Sa responsable, soupire Raven en passant sa main sur son visage. Sa mère l'a envoyé dans une école privée à Seattle.

- Oh merde... Je ne savais pas. Et on fait quoi maintenant ?

- Elle ne voulait pas que ça s'ébruite pour l'école, alors garde ça pour toi. Et pour ta réponse, j'en ai aucune idée.

- Il est quelle heure ? arrivai-je à demander.

- Midi heures trente passé.

- J'ai mon vol à quinze heures...

- Tu ne comprends pas que tu ne peux pas y aller ? s'énerve Raven. Tes crises de manque vont commencer, putain !

- Il le faut... Je ne peux pas rentrer chez moi. Si ma mère me tombe dessus dans cet état...

- Tu finiras en désintox, j'ai compris, s'agace-t-elle.

Elle soupire fortement. J'ai beau essayer de réfléchir comment j'ai fini ici, je ne me souviens pas. Je panique. J'observe autour de moi et j'arrive enfin à voir qu'il s'agit de la salle de bain. J'ai vraiment abusé sur l'alcool. Je m'en veux énormément et je commence à angoisser. Je suis mal. J'avais promis à Woods de ne pas faire de bêtise et voilà que j'ai fait la pire chose que j'aurais pu faire. Je ne sais pas ce qui sera pire entre elle et la désintox, mais je préfère encore miser sur elle. Je ne veux plus remettre les pieds dans un centre pareil. J'espère vraiment qu'ils ne me ramèneront pas chez moi. Raven a l'air de réfléchir en jetant un petit coup d'oeil à Miller.

- OK. Tu proposes quoi, Griffin ?

Outch, si elle m'appelle par mon nom de famille, c'est qu'elle m'en veut énormément...

- Mes bagages sont déjà faits... Il faudrait juste les récupérer et que vous me déposiez à l'aéroport. Je suis encore en état pour le moment. Si mes crises commencent, je me démerderais.

- Tu as six heures de vol, bon sang ! Tu ne vas jamais y arriver indemne !

- Je connais mon corps... Je devrais commencer par de la fièvre, ça devrait aller... Puis je vais envoyer un message à Octavia pour qu'elle demande à ce qu'on me récupère à l'aéroport... Je n'ai pas d'autre choix, soupirai-je.

Je distingue de l'inquiétude dans ses yeux. Je ferme les miens pour ne continuer à réfléchir à mon plan. C'est risquée, mais je ne dois pas lui laisser paraître mon inquiétude, sinon elle ne me laissera jamais faire.

- T'es sûre de toi ?

- Je ne sais pas ce qui sera le pire entre la désintox et Woods... Mais je crois que je préfère encore essayer Woods... Elle va me démonter putain.

- Elle est au courant de tes soucis de drogue ?

- Ouais, grommélai-je. Elle ne va pas me laisser dans cet état-là, mais au moins je serais sûre qu'elle m'envoie pas en désintox... Du moins, j'espère.

- Bon. T'arrive à te lever ?

Je hoche la tête. Je commence à reprendre mes forces, donc ça devrait aller. Elle se lève la première et m'aide ensuite. J'ai eu du mal à y parvenir, mais j'y arrive grâce à Raven et de la baignoire sur laquelle j'étais adossée. Mon mal de tête s'intensifie d'un coup à cause de ma levée, mais j'arrive à le maitrisé en fermant les yeux. Mon corps est engourdi. J'espère silencieusement que c'est seulement à cause de ma position que j'ai des courbatures et non pas à cause de l'héroïne.

- Je m'occupe de tes valises. Miller, prépare ta voiture, c'est toi qui conduis. Et quant à toi, me pointe-t-elle. Tu vas prendre une bonne douche et te changer avec les habits de rechange qu'on avait préparé.

Personne n'ose contredire l'organisation de Raven. Tout le monde sort de la salle de bain, me donnant l'espace qu'il me faut. Je suis contente qu'ils aient enlevé toute trace de drogue dans la pièce. Ils ont dû s'en débarrasser avant mon réveil. Je prends aussi rapidement que possible ma douche. Je me vêtis ensuite de mes habits et je place ma robe et mes talons dans le sac que j'avais emmené. Je ne prends même pas la peine de me maquiller et je sors de la salle de bain. Je descends les escaliers pour tomber sur Miller et Bryan dans le hall. Ils me sourient timidement.

- Ça va aller, Clarke ? me demande Bryan.

- Pas le choix... J'ai seulement mal à la tête pour le moment.

- Raven nous attend. On ferait mieux d'y aller.

On opine et on sort rejoindre la voiture de Miller. On s'arrête chez moi pour récupérer Raven. Elle me dit avoir prévenu Hector et Charlotte. J'ai la boule au ventre rien que d'y penser. Je suis la grande soeur la plus minable qui existe. Je n'ai même pas pu passer beaucoup de temps avec elle. Je m'en veux parce que je lui avais promis que si je revenais, c'était pour elle. Je ne suis même pas capable de lui dire au revoir moi-même. Elle mérite tellement mieux. Je ne suis qu'une pauvre imbécile qui ne pense qu'à moi. Je regarde dehors pour cacher mon ressentie aux autres. Le trajet se fait en silence jusqu'à l'aéroport. Ils m'aident pour enregistrer mes bagages et ils restent avec moi jusqu'au bout. Je profite du temps d'attente avant l'embarquement pour envoyer un message à Octavia. J'ai remercié Miller d'avoir un peu chargé mon téléphone le temps que je me suis préparée. Heureusement que O rentre plus tôt que moi les week-ends, sinon tout mon plan aurait fichu. J'écris juste que je préfère qu'une personne du camp vienne me récupérer sans lui donner de détail. Je prie fort pour que ce ne soit pas Woods qui vienne, même s'il y a de fortes chances que ce soit le cas. Je range mon téléphone dans ma poche lorsque l'interphone annonce mon vol. Tout le monde me regarde avec inquiétude, surtout Raven. Je souris doucement pour les rassurer.

- Bon courage pour tes prochains jours, murmure-t-elle.

- Ça va aller...

Je ne sais pas qui j'essaye le plus de persuader avec cette phrase. Sûrement moi-même. Je ne sais pas du tout ce qu'il va m'attendre une fois que j'aurais atterri à l'autre bout du pays et ça me fait peur.

- Merci pour tout...

Je les prends dans mes bras les uns après les autres. Je raccourcis au plus vite les aux revoirs pour cesser leurs regards. Je suis la file pour embarquer mon avion. Je m'installe à ma place indiquée sur mon ticket et au bout de dix minutes, l'appareil commence à décoller du sol. Je commence déjà à avoir froid et je sais que ce n'est pas l'altitude qui me procure ça. Maintenant que je suis seule, je commence à m'inquiéter. Ce vol va être le plus long que je n'ai jamais connu. Il me reste plus qu'à prier pour que je dorme durant ces six heures.


Dimanche 25 octobre ; 18 heures 00 - Aéroport de Seattle.

Je sors enfin de ce trajet interminable. J'ai seulement réussi à m'endormir la moitié du voyage. Je quitte l'avion entre les autres passagers avec un mon mal de tête s'est encore empiré. Heureusement qu'il y avait cette jeune hôtesse de l'air super sympa. Elle a pris soin de moi à mon réveil et elle m'a même donné un somnifère alors qu'elle n'a normalement pas le droit. Elle a dû avoir pitié de moi. Il a pris effet pour une courte durée alors je suis contente d'être sur la terre ferme maintenant. Quand j'arrive dans le hall, je cherche quelqu'un qui pourrait m'être familier. Octavia m'a répondu qu'elle a fait passer le message et elle s'attend à des explications. J'ai la vu qui se brouille légèrement dû à l'intensité de la lumière, mais je parviens à trouver la personne en question. Je baisse la tête et je m'avance timidement vers elle. Elle n'a pas l'air d'être très contente d'être ici. Je crois que j'aurais vraiment préféré voir quelqu'un d'autre moi aussi.

- J'espère que tu as une bonne excuse pour avoir raccourci mon week-end, Clarke.

Je n'ose même pas regarder Woods dans les yeux. Ils m'ont forcément envoyé ma responsable. Qu'est-ce qu'il m'a pris de penser à quelqu'un d'autre ? Je ne l'entends plus et bizarrement, elle ne me force pas à répondre.

- Est-ce que ça va ? me demande-t-elle finalement avec inquiétude.

- Je suis désolée, Woods, dis-je d'une voix tremblante. J-j'ai vraiment merdé sur ce coup-là...

Je relève ma tête pour découvrir ses sourcils froncés. Elle pose le dos de sa main contre mon front. Sa main est froide, me transmettant un millier de frissons en plus de mes tremblements. J'ai l'impression d'être gelée depuis mon départ de Miami. L'hôtesse m'a donné une couverture, mais elle n'a servi à rien. Je commence vraiment à me sentir mal.

- Qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver dans un état pareil ?

Ma voix reste nouée à cause d'une boule au fond de ma gorge. Aucun mot ne sort. Elle soupire quand je ferme les yeux suite à un bruit sourd. Je laisse mes émotions répondre pour moi part un sanglot non contrôlé. Ma vue se brouille davantage par les larmes qui envahissent mes yeux. Je déteste me sentir aussi faible, je déteste pleurer devant quelqu'un. Ma responsable qui plus est. J'ai vraiment honte de mon comportement et de mon état. J'ai honte de moi tout simplement.

- J-je ne sais pas comment j'ai fini comme ça..., répondis-je d'une voix cassée. Je ne me souviens de rien, je te promets. Crois-moi, s'il-te plaît...

Je détourne mes yeux. Il n'y a aucune chance qu'elle me croit... Je serre mes bras contre moi pour tenter de me réchauffer. Elle soupire une nouvelle fois. Elle a dû comprendre ce qui se passe. Ce n'est pas difficile à comprendre en même temps.

- Au moins tu ne le nies pas ta dépendance, c'est déjà ça. Passe moi ton sac.

- Je peux le porter.

- Je me contiens là, Clarke, m'avertit-elle avec un regard dur. Tu n'es pas en position de négocier quoi que ce soit alors passe-le moi.

Je suis dans l'incapacité de me battre avec elle alors je lui tends mon sac Eastpak sans broncher. Elle le met sur son dos, puis elle me surprend à passer sa main dans mon dos.

- Allons-y. Ne perdons pas de temps avant que ton cas s'aggrave.

Si elle est énervée, elle le cache très bien. On va récupérer ma valise avant de prendre route jusqu'au camp. C'est la seconde fois que je me retrouve dans sa voiture. J'ai dû lui demander d'éteindre la musique à cause de mon mal de tête. La fière ne cesse d'augmenter vu comme j'ai de plus en plus froid. Ma tête est juste posée contre le siège. J'ai essayé la vitre, mais elle bougeait beaucoup trop pour que je la laisse contre. J'ai dû m'endormir parce qu'on est très vite arrivé à destination. J'ouvre doucement les yeux pour les refermer aussitôt en grognant de mécontentement quand elle claque la portière. Ma tête va exploser. Elle vient ouvrir ma porte peu de temps après.

- Réveil-toi, Clarke.

- Hummm...

- T'as besoin d'aide ?

Je reconnais la voix à Ray. J'émerge petit à petit. En ouvrant les yeux, je tombe sur la chevelure de Woods. Elle est en train de me détacher avant de se redresser. J'ai des courbatures sur tout le corps et je ne crois pas que c'est ma position désormais.

- Aide-moi à la lever.

- Ça va, j'y arrive, dis-je.

J'essaye de sortir de la voiture, mais c'est un échec total. Woods soupire et m'aide alors avec un agacement bien visible cette fois-ci. Mes pieds flageolants ne me permettent pas de tenir debout seule. Je suis obligée de me tenir sur elle tout en repérant enfin Ray devant nous. Elle a une incompréhension lisible sur son visage.

- Qu'est-ce qui lui arrive ?

- Il lui arrive qu'elle a consommé de la drogue durant son séjour à la maison.

- Et alors ? Elle est jeune, ça arrive.

- Ça ne devrait pas lorsqu'on sort d'un sevrage, grogne Woods en me maintenant debout comme elle peut.

- Oh...

- Bon, tu m'aides oui ou merde ?

Woods exprime enfin sa colère. Je commençais à m'inquiéter qu'elle ne le fasse pas. Je préfère qu'elle le montre au moins je sais à quoi m'attendre. Je sens mon bras libre se soulever pour être passé sur les épaules de Ray. Ma responsable verrouille sa voiture et on s'avance à l'opposé du camp. Je ne reconnais pas le chemin qu'elles prennent, mais en tout cas on arrive dans ma chambre. J'entends la voix d'Octavia, mais je n'écoute plus depuis longtemps. Je sens qu'on m'allonge sur mon lit. Woods retire ma veste et mes chaussures avant de me recouvrir de la couette.

- J'ai froid, marmonnai-je.

- Tu ne peux que t'en vouloir à toi-même, me sermonne Woods. Tu peux la surveiller le temps qu'on discute avec Jaha ? demande-t-elle à Octavia.

- Tu comptes aller en parler à Jaha ?! demande Ray.

- Et tu veux qu'on fasse quoi d'autre ? On ne peut pas la cacher pendant une semaine !

- Tu as raison, soupire-t-elle.

- Blake, tu peux oui ou non ?

- Oui, oui, bien sûr ! Mais qu'est-ce qu'il lui arrive ?

- On en parlera plus tard. Retrouve-moi dans le bureau de Jaha s'il y a un souci, d'accord ?

- Pas de problème...

- Woods...

Je la retiens comme je peux par sa manche d'un air paniqué. Elle se retourne vers moi. Ces traits sont crispés. Elle se retient de ne pas me gueuler dessus, c'est certain.

- Je suis désolée... J- Je... Ne...

- C'est bon, Clarke. Calme-toi.

Elle me surprend à s'assoir au bord de mon lit. Elle passe sa main devant mes yeux pour retirer les cheveux qui pouvait me déranger. Bizarrement ça me calme d'un coup.

- N- ne me... lâche pas... s'i- s'il-te plaît.

- Ce n'était pas mon intention.

- Je... Pas d... de-

- Non, ne t'inquiète pas, me coupe-t-elle en comprenant où je voulais en venir. Je compte bien m'occuper personnellement de toi pour te faire comprendre de ne pas recommencer. Maintenant tu restes tranquille le temps que je revienne, d'accord ?

Elle est marrante celle-là. Je suis complètement sonnée de toute façon. Je hoche la tête pour lui faire comprendre que j'ai compris. Elle me sourit avant de retirer sa main de ma joue et de se relever.

- Appel quelqu'un pour que vous soyez deux. Murphy par exemple, dit-elle à Octavia. Je n'en ai pas pour très longtemps.

Je ne perçois plus rien. Je ne retiens plus mes yeux lourds et je me laisse aller dans mon sommeil. Je ne sais pas combien de temps je suis restée comme ça, mais en ouvrant les yeux je repère Octavia sur son lit et Murphy sur ma chaise de bureau à mes côtés.

- Hé ben, il était temps que tu reviennes à toi princesse.

Je souris doucement et j'essaie de m'adosser comme je peux contre le mur derrière moi. Je remonte la couette jusqu'à mon cou pour me mettre en mode cocon. Je cherche la chaleur où je peux, même si je ne ressens que le froid. Je me remets à trembler comme à l'aéroport.

- Tu vas nous dire ce qu'il t'arrive ? demande Octavia.

- C'est compliqué, dis-je en baissant ma tête.

- Woods a l'air de savoir ce qui t'arrive pourtant, s'agace-t-elle.

- Ne l'écoute pas. Tu n'es pas obligée de nous en parlé si tu ne veux pas.

- Je suis en manque, dis-je dans un souffle.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a dit ? demande-t-elle à Murphy.

- Je savais que tu étais une junkie !

- Comment peux-tu savoir ça ? grognai-je.

- J'ai grandi dans les quartiers, m'avoue-t-il. Je l'ai deviné à force de te passer du temps ensemble.

- Quoi ? Tu te drogues ? comprend enfin Octavia.

- C'est plus compliqué que ça, dis-je en jouant avec la couette entre mes mains.

- Tu peux nous en parler tu sais... On ne dira rien si tu ne veux pas que ça se sache, me rassure Octavia.

- On m'a forcé à faire une cure de désintox avant de venir ici, expliquai-je. J'étais sevrée... Mais je ne sais pas ce qui s'est passé ce week-end. J'ai passé la soirée chez un vieil ami de lycée... J'ai bu et je ne me souviens plus de rien. Jamais de la vie j'aurais risqué de me droguer alors que je savais que j'allais revenir ici... L-loin de moi l'envie de revivre un sevrage...

Je commence à avoir des remontées et des migraines. J'ai la tête qui tourne. C'est en train de s'empirer. Je sens que je vais vivre mes pires crises.

- Wow... Et Woods est au courant de tout ça alors ?

- Que j'ai déjà consommé ? Oui. J'ai failli aller à la rencontre d'un dealer lorsqu'elle m'a emmené faire les courses. Elle m'a arrêté et m'a bien sermonné... J'ai réalisé après que c'était une idée stupide... Jamais j'aurais pu consommer ici.

Je me recouche dans mon lit. Ma tête est en train de tournée dans tous les sens et c'est vraiment affreux comme sensation. Mes amis ont dû le remarque parce qu'ils n'arrêtent pas de me demander comment je vais et s'ils peuvent faire quelque chose. J'arrive à me relever juste à temps pour vomir de l'autre côté du lit. J'entends déjà les remarque d'Octavia, mais je n'ai pas le temps de réagir que je recommence encore une fois.

- Putain, on fait quoi maintenant ? l'entendis-je.

- Va chercher Woods, commande Murphy. Elle t'a dit de la chercher en cas de problème, non ? Je crois que s'en est un.

Je n'arrive plus à m'arrêter. La porte de la chambre se ferme et je sens Murphy attraper mes cheveux alors que les remontées se font de plus en plus. La porte se rouvre quelques instants plus tard dans mon dos.

- C'est bon, je prends le relais, entendis-je Woods. Va me chercher un gant de toilette mouiller. Froid de préférence.

Murphy qui était derrière moi se lève pour laisser place à ma responsable. Elle dégage efficacement mes cheveux de mon visage et passe ses doigts dedans. Elle les regroupe dans un élastique pour me les attacher dans un chignon désordonné. Elle remercie Murphy la seconde d'après, puis me pose sans prévenir quelque chose sur mon cou. Je lâche un hoquet de surprise face au froid contre ma nuque. Je toussote pour ne pas m'étouffer avec ma propre salive qui est mélangée avec un reste de vomi. Je le recrache au sol grâce à l'aide de Woods qui me tape dans le dos, puis je ferme les yeux pour apprécier cette présence froide qui me fait drôlement du bien.

- Désolé. Ce n'est qu'un gant de toilette mouillé. Le froid va te faire du bien, tu es brûlante, m'indique-t-elle en appuyant légèrement dessus. Ça va ?

Elle se penche en avant pour me voir. Je la pousse d'un coup pour m'avancer au-dessus du vide en sentant des remontées revenir. Je ne veux pas risquer de lui vomir dessus en prime. Il n'a pas fallu longtemps pour que ça sorte encore une fois. Mon estomac est déjà vide alors ça fait encore plus mal avec des remontées d'acide. Ce n'est que le début et je suis déjà épuisée. Ma force me lâche au point de me laisser aller sur l'épaule de Woods. Quand je me rends compte, je tente de me retirer, mais elle me maintient contre elle. J'abandonne alors toute initiative de sortir de sa prise. Elle me retourne le gant de toilette pour retrouver sa froideur sur ma peau bouillante. J'entends du bruit, mais je n'ose plus bouger tellement que je suis bien positionnée. Ce fut de courte durée, devant encore une fois me pencher pour ne pas vomir sur Woods.

- T'es sûre que tu veux t'occuper d'elle ? grimace Ray qui apparaît devant moi. Elle fait une sacrée crise là ! Tiens, vomi là-dedans. Je ne compte pas nettoyer ta merde dix mille fois.

Woods récupère la bassine de Ray et la place sur mes genoux. Je la regarde nettoyer mes désastres sur le sol à l'aide d'une serpillère. Je me demande comment j'ai réussi à vomir autant. La dernière chose que j'avais dans mon ventre était l'alcool de la soirée.

- J'adore énormément Clarke hein... débute Octavia. Je comprends qu'elle aura besoin de temps pour... Se remettre de... Ça. Mais je ne suis pas sûr de supporter ses vomissements tous les jours.

- Ne t'inquiète pas, elle ne restera pas ici, répond Woods. Je veux votre discrétion à son sujet. Les rumeurs ne doivent pas se répandre.

- Comment ça, elle ne reste pas ici ? demande ma colocataire de chambre.

- On la change de chambre pour ne pas éveiller les soupçons.

- On doit pouvoir la surveiller et se relayer le temps de son sevrage, explique Woods. Comme je viens de le dire, ça ne doit pas se savoir. C'est clair ?

- Oui, bien sûr. Vous allez la changer quand de chambre ?

- Maintenant. La plupart son au self et vous devriez y être aussi.

Je suis contente de ne pas voir Woods. Sa voix cinglante ne donne aucun choix de l'écouter. Je suis celle qui brise le silence en vomissant, heureusement pour moi, dans la bassine. Je crois que Ray m'aurait trucidé si j'aurais éjecté à côté.

- Je crois que c'est une très bonne idée. Tu viens Murphy ?

- Ouais. On pourra la voir au moins cette semaine ?

- Je ne pense pas, répond ma responsable.

- OK... Des nouvelles alors au moins ?

- Je vais essayer, on verra.

- Bon bah alors... Bon courage, Clarke.

J'aurais bien voulu répondre, mais mes nausées ne s'arrêtent plus. La porte se ferme sur mes amis. Le silence est tout de suite coupé par un soupire de Woods.

- Tu m'aurais vraiment tout fait, râle-t-elle. Il va falloir te lever. Tu t'en sens capable ?

- Humm... répondis-je d'un gémissement.

- Je crois qu'on est loin d'avoir encore tout vu ce soir... commente Ray.

On a laissé Ray terminer le nettoyage avant de nous déplacer. Je ne sais pas combien de temps on a pris pour rejoindre ma nouvelle chambre, mais beaucoup. On s'est arrêté un nombre incalculable de fois pour que je puisse vomir dans la bassine. Je suis dans le brouillard, mais j'arrive à reconnaître la chambre de Woods à notre arrivée. Un lit simple a été rajouté et le sien poussé vers le fond. Elles me déposent sur le nouveau lit et je m'enroule immédiatement dans la couette. Ray me place la bassine sur le sol pour j'ai juste à me pencher pour l'atteindre.

- Merci, tu peux y aller, je m'occupe d'elle.

- On fait des rondes du coup ? demande Ray.

- Voyons d'abord comment elle réagit cette nuit. Si elle dort, ce ne sera pas la peine. Je t'appellerais en cas de besoin.

- T'es sûre ?

Je perds le file, mais la réponse devait être positive parce que je perçois un bruit de porte. Je m'enfonce un peu plus contre mon coussin. Je ne me suis jamais senti aussi faible de toute ma vie. Je tremble comme une feuille. Le matelas s'enfonce dans mon dos et une main vient me caresser les cheveux. Elle vient me remettre un gant de toilette qui m'effraye encore une fois.

- Pourquoi vous m'avez déplacé ici ? murmurai-je.

- Jaha voulait t'envoyer dans un centre, m'avoue-t-elle. J'ai négocié en me désignant garante de toi. T'avoir ici facilite les déplacements et évite d'attirer les curieux à cause de l'agitation dans ta chambre. Retiens seulement que tu m'en dois une.

- Merci...

- Tes parents vont être avertie, puisque j'imagine que tu es partie de chez toi sans leur dire.

Je ne réponds pas. Elle a tout à fait raison de toute façon. Je ne serais pas revenue au camp si ça aurait été le cas. Je m'attends à ce que Woods me sermonne, mais rien n'arrive.

- Tu as eu de la chance d'arriver à bon port, Clarke, lâche-t-elle finalement. Imagine que tu aurais eu tes nausées avant d'arriver ici ?

- J'ai pris le risque, murmurai-je. Je suis tombée sur une bonne hôtesse.

Elle soupire et retire sa main de ma tête. Son poids dans mon dos disparaît. Je n'ai pas la force de me retourner pour voir ce qu'elle fait.

- J'imagine que tu ne veux pas aller sous la douche ?

Je réponds en secouant légèrement ma tête par la négation. J'ai réussi à la douche ce matin avant que je n'aille vraiment plus bien.

- Te changer non plus ?

Je réponds de la même manière. Je devrais, mais je ne me sens pas du tout capable de bouger. En plus, je n'ai aucune affaire avec moi. Je pense que les habits de Woods m'iraient, mais ce serait bizarre de mettre ses pyjamas. Je la vois finalement s'accroupir devant moi avec des vêtements en main.

- Je compte aller sous la douche. Essaye de ne pas t'étouffer durant ce laps de temps.

- Très drôle, marmonnai-je.

- Je trouve aussi, sourit-elle. Qu'on soit bien clair toute les deux, j'attends des explications de ta part sur cet évènement. Oh et aussi, rajoute-t-elle en se redressant. Ne t'attends pas à recevoir des médicaments de substitution. Je suis en charge de toi et j'ai décrété que tu assumeras tes actes en prenant ton sevrage tel quel.

- Hummm.

- Essaye de dormir. On reparlera lorsque tu seras en meilleur état.

C'était sûr qu'elle n'allait rien me donner pour calmer mon manque. C'est plus dur, mais je préfère. Je ne veux pas devenir addict à quelque chose d'autre en contrepartie. Elle part pour entrer dans la salle de bain. Je suis ravie de sentir mes yeux devenir lourds. C'est tout ce que je demande. Je veux dormir pour sortir de cet enfer qui va durer un petit moment.

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