56: les dernières photos

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Tandis que je marche dans le hall pour rejoindre ma chambre, je croise Zélie

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Tandis que je marche dans le hall pour rejoindre ma chambre, je croise Zélie. Son sourire illumine la pièce immédiatement. Elle est en jupe, ce qui est rare. Ses cheveux sont parfaitement lisses et son maquillage peu visible. Elle s'arrête dès que nos regards se croisent, m'explique qu'elle me cherchait et me propose d'aller à l'atelier photo juste après le repas.

- Il me semble que y'a pas cette activité aujourd'hui.

- Je sais. C'est ça, le but.

Je me souviens d'une Zélie au début de la colonie, mal à l'aise sous les projecteurs, tandis qu'un appareil photo l'observait et scrutait chacun de ses mouvements. Je me souviens aussi de cette fille qui fuyait dès qu'elle entendait des remarques sur ses rondeurs. Malheureusement, je me souviens de cette foutue photographie d'elle qui nous a suivi tout au long de ce périple. Mais je me souviens que c'est là, dans cet atelier photo, que tout a commencé.

J'aurais pu ne pas lui proposer de s'enfuir. J'aurais même pu le proposer à quelqu'un d'autre. Sauf que ce jour-là, nos destins se sont croisés.

Ni une ni deux, nous cherchons un animateur. Zélie demande discrètement à Tiphaine si l'on peut utiliser la salle de photographie. Je pensais qu'elle n'allait pas accepter et qu'on devrait attendre dans notre coin la prochaine activité (ou crocheter la serrure), mais l'animatrice veut simplement que la salle soit rangée après usage.

Et c'est génial. Tout semble si simple. Je pense – en fait, j'en suis sûre – que c'est parce qu'elle a pitié de nous par rapport à ce qu'on a enduré ces derniers temps. Ça me va. Tobias m'aura au moins apporté quelque chose de positif.

On descend, gardant notre calme et notre raffinement, alors qu'on veut simplement que le repas s'écourte pour courir jusqu'à l'atelier photo. On mange avec le reste du groupe plutôt rapidement, puis on s'éclipse sans dire un mot. Personne ne comprend pourquoi nous sommes partis en trombe. Ils n'ont pas besoin de le savoir.

Si Zélie n'a proposé qu'à moi, c'est qu'il y a une raison. Non ?

Lorsqu'on entre dans la pièce, j'ai comme un sentiment de nostalgie qui me noue la gorge, à croire qu'on va partir demain. Ce sentiment qui me dit que je dois me confier, lui expliquer ce qu'il se passe dans mon cœur et dans ma tête avant que ce soit trop tard. Sauf que là, c'est tôt. Bien trop tôt. Et je préfère attendre un peu pour ne pas apparaître à ses yeux comme la fille follement folle d'elle.

Je saurai quand ce sera le bon moment.

- Le lieu où tout a commencé, lance Zélie en allumant les projecteurs.

Je me rapproche d'elle pour allumer l'appareil photo. Je vérifie par la même occasion la présence d'une carte mémoire. Tout est prêt pour le show. Lorsque je relève les yeux pour la regarder, elle s'amuse à enchaîner les poses, se prenant sur une star hollywoodienne. Je prends alors une photo, puis une seconde, sans se prendre au sérieux, où elle rit et où toute gêne s'est dissipée dans l'air.

DÉTOXWhere stories live. Discover now