Après une tentative de suicide et plusieurs rendez-vous chez le psychologue, Danaé se voit forcée d'aller dans une colonie de vacances pour l'aider : la colonie de détoxication des mauvaises pensées, soit la colo détox. Qui aurait pu croire qu'elle...
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Je déteste cette sensation. Celle d'avoir mes yeux collants après une nuit de larmes. Finalement j'ai « séché » la première activité de la journée et même Eléonore s'en fiche. La colo détox si professionnelle ne l'est pas vraiment.
Quelqu'un toque à la porte, je ne réponds pas, elle insiste, je n'ouvre pas la bouche. Je n'ai pas la force de parler. Un premier grincement m'indique que la première porte est ouverte. J'entends des pas. Qui se permet d'entrer alors que je ne réponds pas ? Puis un second m'indique que cette personne peut actuellement me voir. C'était bien la peine de toquer.
Je ne me retourne pas, je frotte mes yeux pour que mes cils ne soient plus cramponnés entre eux. Cacher ma tristesse n'a aucune utilité puisque tout le monde le sait. Tout le monde est au courant de ma crise de ce matin.
- Danaé ?
La voix d'un adulte, ne sachant pas de qu'il s'agit, je décide me retourner. C'est Loïc, toujours portant un bonnet et ses lunettes de professeur, dans ses mains un plateau portant un croissant, un pain au chocolat et un verre de jus d'orange qu'il me tend.
- Tu vas mieux ? me demande-t-il doucement, comme pour ne pas me réveiller.
- Qui vous dit que je ne vais pas bien ?
- Et bien, tu n'as pas participé à la première activité de la colo qui est sacré... Puis tu n'es pas venue au petit-déjeuner. Prend ça et tutoie-moi, ce sera déjà un bon début. Tu ne penses pas ?
Je prends le plateau que je pose sur mes genoux, toujours dans mon lit. J'ai toujours voulu prendre mon petit-déjeuner dans mon lit : emmitouflée dans mes draps, une jolie planche de nourriture face à moi, une douce musique, seule et profitant d'une vue digne de Nouvelle-Zélande. Ce n'est pas le cas parfait, mais j'en suis contente étant donné que mes parents refusent que j'apporte à manger dans ma chambre.
- D'accord, merci frère, je réponds avant de croquer dans mon pain au chocolat.
Il sourit.
- Ceci reste entre nous pour la nourriture ici. Si les autres animateurs apprennent ce qui se passe, je sens qu'Eléonore va faire une crise cardiaque, qu'Alexis va fermer à clé tout endroit où je peux trouver des aliments et Tiphaine piquera sa crise de jalousie.
- Ils ont l'air sympa.
- Ils le sont, répond-t-il tandis que je termine mon pain au chocolat. Bon sinon, Danaé, qu'as-tu loupé ce matin ? Et bien, on a fait une balle au prisonnier pour connaître les prénoms. Petit technique : pour toucher quelqu'un il faut dire son nom avant de lancer la balle, donc les gamins apprennent !
De toutes façons, ça ne m'aurait pas plu.
Apprendre le nom de gens que je ne verrai plus jamais ne me servira à rien. Apprendre à connaître quelqu'un ne fera que détruire mon cœur : par la fin de la colonie ou par une dispute. Rester dans mon coin comme aujourd'hui est bien plus relaxant qu'hier.
