55: ça me bouffe de l'intérieur

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J'ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi je réagissais aussi radicalement et brusquement, sans raison et de façon bien trop étrange, surtout sans jamais pouvoir me contrôler

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J'ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi je réagissais aussi radicalement et brusquement, sans raison et de façon bien trop étrange, surtout sans jamais pouvoir me contrôler. Ce sont toutes ces questions qui résonnaient dans ma tête lors de chacune de mes crises de nerf. En connaissant l'origine du problème, peut-être que j'aurais trouvé un moyen de me calmer, mais c'était peine perdue. Sans connaître la cause, je suis dans l'incapacité de partir en guerre.

Alors, la plupart du temps, j'attendais, je cassais un truc, je respirais, je râlais et c'était bon. Je pouvais me préparer mentalement à un second round.

Personne ne me comprenait, moi non plus. Puisque rien ne fonctionnait correctement chez moi, j'avais l'impression d'être une expérience scientifique ratée. On ne m'a pas jeté à la poubelle, ça ne se fait pas. Alors, on me supporte tant bien que mal. Moi et mes crises. Ces mauvaises pensées me bouffent de l'intérieur et je risque un jour d'y rester, mais ça va.

En y réfléchissant de plus près, je me suis rappelée ne pas toujours avoir été comme ça. Il fut un temps où j'étais heureuse. Je ne dis pas que le bonheur pur et constant existe, il y a toujours un peu de tristesse de l'air, mais elle était peu importante à ce moment-là. Comme dans toutes les belles histoires, il y a un élément déclencheur.

Je me remémore ces derniers mois, ces dernières années, à la recherche du début de la catastrophe. Celle où je suis devenue tarée. Et c'est facile. Tout s'éclaire. Toute cette folie dans mon cœur a bien commencé au début de l'année scolaire. Nouveau départ, première année de lycée, environnement inhabituel, avec Anna. J'ai toutes les cartes en main, je n'ai qu'à reconstituer le puzzle de ma descente aux enfers.

Un nouvel établissement était parfait pour avoir un nouveau départ. J'ai toujours voulu me faire des amis mais je crois que la majorité des gens ne m'appréciaient pas trop. Rumeurs ? Mauvais comportement ? Ou simplement parce que je suis moi ? Je ne connais pas leur motivation. Alors, lorsqu'une personne montrait qu'elle m'aimait (ou au moins qu'elle me supportait un minimum), je m'accrochais à elle telle une sangsue car le reste du monde n'en avait rien à foutre de moi.

Je me lève brusquement de mon lit, je prends mon cahier de la colo détox et je me réinstalle sous la couette. Il me sera très utile, ce bouquin. En tant que lecture pour ma miracle morning, je vais me relire. Danaé Meyer, future écrivaine d'un témoignage poignant sur une colonie de vacances où l'on enferme des jeunes déprimés en leur privant de téléphones. Peut-être que j'exagère.

J'ai toujours écrit dans le vide les pensées sombres ou joyeuses qui me passaient par la tête, ça me défoulait. Je ne suis pas là pour me remémorer avec nostalgie (ou non) la colonie, mais plutôt pour me voir sous un autre angle.

On a tendance à tout dramatiser, ou au contraire, à trop relativiser. Et parfois, voire souvent, on est bien loin de la réelle situation. On ne comprend même pas ce qu'il nous arrive. Se voir d'un œil neuf permet de se rapprocher de la réalité du mieux possible. C'est comme tous ces auteurs novices qui suppriment leurs textes car ils ne sont jamais satisfaits d'eux-mêmes alors qu'ils sont peut-être excellents. Ce sont tous ces talents gâchés car on est un peu trop dur avec soi-même. Et, on ne s'en rendra jamais compte, si on ne prend pas le temps d'avoir un regard neuf.

DÉTOXWhere stories live. Discover now