31: ton corps

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- Pourquoi t'es gentille comme ça ? me demande Zélie lorsque j'entre dans sa chambre

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- Pourquoi t'es gentille comme ça ? me demande Zélie lorsque j'entre dans sa chambre.

Pourquoi me demande-t-elle ça ? Ça me paraît logique pourtant. Elle doit être au point où elle va exploser. J'espère juste qu'elle ne va pas finir comme moi il y a de cela un mois.

- C'est simple, c'est ce que toutes les amies feraient l'une pour l'autre. Tu ne penses pas ?

Elle esquive alors mon regard, cachée dans sa cabane en couverture.

- J'ai été méchante avec toi. Je mérite ça, d'une certaine façon. Certains appellent ça le karma. Je crois que c'est à mon tour de souffrir, étant donné le nombre de personnes que j'ai pu faire souffrir.

Elle n'a pas tort au niveau de la cruauté dont elle a pu faire preuve. Et dire qu'il y a encore une semaine, je détestais cette fille de toute mon âme. Cependant, je pense que toute personne a droit à une seconde chance à partir du moment où elle regrette sincèrement. Je précise à un certain niveau : si elle commet un génocide, il n'y a pas d'excuse possible. J'ai réussi à pardonner Zélie car je vois qu'elle s'en veut tellement d'avoir fait tout ça. Je le vois dans ses yeux remplies de larmes et sa voix manquante de vie. 

- Zélie...

Sans que je puisse m'exprimer, quelqu'un ouvre brutalement la porte qui se claque contre le mur. À croire que cette personne est terriblement énervée.

- Oups, lâche alors Rheanna d'une douce voix, assez paradoxale.

Elle s'approche de nous, et pas réellement surprise par l'état de Zélie, elle se met à parler.

- Je vais pas te demander si tu vas bien... je voulais juste te dire que j'aide Tiphaine à trouver qui est cette personne.

Pourquoi l'animatrice m'a-t-elle conseillé de partir alors ? En tout cas, Zélie ignore ces mots. 

- Aucune nouvelle ? je demande à Rheanna.

- Non, du tout.

- Ils se sont moqués de moi ? questionne alors la fille de mon lycée en regardant dans le vide.

Zélie est au même point que moi il y a un mois. À se demander si tout le monde rit d'elle ou à imaginer des milliards de scénarios dans sa tête car certains événements se sont mal passés. Je suis sûre que certains parlent d'elle en se tapant des barres sous les photographies de Zélie, surtout celui qui a envoyé tout ça. Mais personne n'avouera : l'humain est hypocrite. 

- Je suis tous allée les voir pour détruire les papiers, personne ne s'est moqué de toi. Tout le monde a été sérieux et m'a rendue les photos sans insister.

Parfois le mensonge est la meilleure option pour ne pas détruire la personne davantage. Et là, on doit prendre soin de Zélie avant qu'elle n'explose. 

- Je suis vraiment ridicule... Vous devez en avoir marre de moi. 

Je m'assois alors à côté d'elle en disant que ce n'est pas le cas et je passe ma main dans son dos couvert de sa cabane. 

- Vous savez sûrement déjà pourquoi je me retrouve ici. C'est physique et ça se voit. Je suis qu'une connasse d'harceleuse qui me retrouve dans une colonie pour enfants à problèmes alors que je suis uniquement superficielle.

Pourtant la raison de sa venue est une raison tout à fait valable. Elle ne doit pas dénigrer ce qui l'a poussé à atterrir ici. Et je me sens mal à l'aise vis-à-vis de Rheanna qui vit mal son anorexie. Je préfère tout de même réagir et couper Zélie en espérant ne pas la froisser.

- Le poids est une raison valable, les complexes aussi. Tout ce qui te rend mal n'est pas à prendre à la légère. 

- Danaé a raison. Comme toi, je viens ici pour mon corps. 

Zélie se lève alors et cherche quelque chose dans son sac. Rheanna et moi, on se regarde, inquiètes. Observant la recherche de Zélie sans dire un mot, on espère qu'elle veut juste nous montrer un objet marrant ou une de ses découvertes. Elle en sort une paire de ciseaux de sa trousse pour l'école. Elle le brandit en face d'elle.

Le temps de réaction de l'Homme est d'une seconde mais le temps de se rendre compte de la gravité de la situation et réagir en conséquence est bien plus long que ça. Ma réaction a été trop longue car elle se donne déjà des coups en plein dans le ventre avec sa paire de ciseaux. 

- Non, non, non, lâche Rheanna en courant vers Zélie. 

Je m'approche aussi d'elle et lui arrache violemment la paire de ciseaux. Pitié, Zélie, arrête. Tu ne te rends pas compte à quel point ta souffrance affecte les autres. Elle se débat, puis se laisse tomber au sol. Je tiens alors fermement dans mes mains l'arme et observe Zélie, sans réaction, au sol, à regarder le plafond. Qu'est-ce que je peux faire dans ce genre de situation ? J'ai beau dire à cette fille que tout le monde s'en fiche de cette foutue photo, elle a besoin d'extérioriser tout ça.

Je fais pareil et on fait tout pareil. Certains écrivent, certains travaillent, certains se font du mal, et certains cassent tout, mais on a tous besoin d'extérioriser. 

- Je suis ridicule ?

- Non, lui dit Rheanna.

Cette dernière me regarde et c'est une conversation corporelle qui se passe entre nous. Elle me montre qu'elle ne sait pas quoi faire, et je lui montre que moi non plus. La seule chose que je sais, c'est que je ne dois pas la laisser seule dans cet état. 

- Zélie, arrête de dire que tu es ridicule, s'il te plaît. Tu as le droit d'être triste autant que nous. Tu n'as peut-être pas été la meilleure personne du monde dans le passé. On ne peut pas changer le passé mais on peut changer le futur. Je n'ai pas pu te le dire tout à l'heure mais j'ai laissé tomber ces embrouilles de lycéennes à partir du moment où j'ai commencé à te connaître réellement. D'ailleurs, ton poids est bien une cause valable de ta venue. On a tous des complexes, et je comprends totalement que tu angoisses par rapport à ça. Par exemple, je n'aime pas mes boutons d'acné ou mes cuisses, ma peau pâle ou mes cheveux abîmés et ça aurait très bien pu être une raison de ma venue. Tu es belle, Zélie, et je ne dis pas ça pour te rassurer mais parce que je le pense vraiment. 

- Danaé a raison. Tu as tendance à tout relativiser et dire que les autres vont plus mal que toi. Mais, à partir du moment où ça te fait mal, c'est important. 

Elle nous sourit et nous remercie d'être là pour elle. Elle sèche ses larmes et essaye de sourire.

- On va trouver ce connard ou cette connasse.

Zélie nous fait alors un câlin, mais combien de temps la tempête sera-t-elle calmée ?

Mise en ligne : 16/02/20

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NDA : Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?

Que pensez-vous de la raison de la venue de Zélie ?

Pensez-vous, comme Danaé, qu'on peut pardonner quelqu'un à partir du moment où il regrette vraiment ?

Sans réel rapport avec le chapitre, comment êtes-vous tombés sur cette histoire ? (ça m'intéresse)

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