Après une tentative de suicide et plusieurs rendez-vous chez le psychologue, Danaé se voit forcée d'aller dans une colonie de vacances pour l'aider : la colonie de détoxication des mauvaises pensées, soit la colo détox. Qui aurait pu croire qu'elle...
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J'ai remarqué, au fil de mes seize années d'existence, qu'un instant de bonheur en apporte toujours un malheureux par la suite, que lorsque le soleil illumine ta vie, un nuage gris ne peut pas s'empêcher de te cacher la vue avant que tu aies eu le temps d'en profiter. C'est à peu près ce qu'il s'est passé depuis que Tobias est parti.
On n'aurait pas dû suivre l'idée d'Abel.
Loïc est parti depuis longtemps, beaucoup trop. À moins que ce soit notre ennui qui change notre notion du temps. Je ne pense pas être addicte à mon téléphone, mais qu'est-ce que j'aimerais l'avoir en ce moment même pour m'occuper. C'est vrai que la plupart du temps, je regarde des conneries qui ne me serviront probablement à rien dans la vie, sauf que le temps passe si vite lorsque je scrolle mon fil d'actualités sur Instagram. Là, j'ai l'impression qu'un jour entier dans cette forêt correspond à une minute dans le monde réel. Alors, j'attends le retour de l'animateur avec impatience.
Je me retrouve allongée dans l'herbe, sous le soleil, sachant pertinemment que mes cheveux bruns seront en pagaille et que mon jean aura certainement une tache verte. Abel est à côté de moi. D'après lui, on « fait bronzette ». Je crois qu'il n'a pas compris que ma peau blanche comme neige ne peut pas bronzer. Au mieux, j'aurai des coups de soleil.
La chaleur est maîtresse de nous. Ce groupe de quatre personnes se transforme rapidement en meute de paresseux. Inoffensifs, passifs, morts de chaud.
Heure du décès : 14h57 (approximativement, je n'ai pas l'heure).
Cause : la canicule.
- Ça vous dit qu'on bouge ? propose Abel en se redressant.
- T'es con, l'animateur a dit de nous attendre ici, répond Zélie d'un air hautain.
- Qui est le plus con ? Celui qui dit quelque chose de stupide ou celui qui insulte quelqu'un qui a dit quelque chose de stupide ?
Abel et Zélie ne se sont jamais entendus, même pas un instant. J'avais espoir que cela change mais ils préfèrent s'envoyer des piques à longueur de temps plutôt que de trouver un terrain d'entente.
Je me réfugie alors auprès de Rheanna qui se cache du soleil contre un arbre. Elle m'explique que sa peau ne peut pas supporter ces rayons sans crème solaire. Comme moi. Pourtant, elle aimerait bien faire autre chose car elle s'ennuie, quitte à affronter la chaleur abominable de l'été. Et donc, elle rejoint l'avis d'Abel.
Je vois sa transpiration transpercer son T-shirt gris, et je me rends compte de la mienne qui me met mal à l'aise. Dès que je regarde le ciel, j'ai l'impression que le soleil tente de me rendre aveugle. Il m'éblouit et me force à tourner la tête. Je n'ose même plus bouger comme si j'étais paralysée. La gorge sèche, je prie pour que Loïc revienne le plus vite possible.
J'observe Zélie et Abel qui ont terminé leur micro-dispute. Les deux sont allongés sous le soleil, côte à côte et sans dire un mot, parce que la canicule n'en a rien à foutre de leur gaminerie : elle attaque tout le monde. J'ai alors une idée pour survivre.
