61: dernière soirée

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Pour cette dernière soirée bien trop nostalgique, toute la colonie s'installe près du feu et les animateurs laissent parler ceux qui veulent ouvrir leur cœur

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Pour cette dernière soirée bien trop nostalgique, toute la colonie s'installe près du feu et les animateurs laissent parler ceux qui veulent ouvrir leur cœur. Personne n'est forcé, nous ne sommes là que pour discuter et profiter des derniers instants. Mais, pour moi, ce soir est bien plus important que les autres. Pas question de m'enfuir, d'être timide ou de renoncer à la dernière seconde.

Je sais que je ne serai pas capable de tout expliquer plusieurs fois. Alors, c'est ce soir ou jamais.

Loïc commence son speech, proposant aux adolescents de raconter leur parcours ou tout simplement de s'exprimer sur le sujet qu'ils veulent. Personne ne parle, personne n'ose bouger. Quant à moi, il est temps de prendre mon courage à deux mains. C'est sous la chaleur du feu que je lève la main, tremblante et que tout le monde me regarde. J'avais oublié à quel point je déteste attirer l'attention.

- Danaé ? Tu veux partager quelque chose au groupe ? me demande l'animateur.

La plupart ne me connaissent pas. Je ne suis qu'une ombre dont certains ont entendu parler à cause de l'affaire Zélie. Quant à ceux qui me connaissent, ils sont surpris et - j'espère - fiers de moi. Je me lève, sachant que toute cette histoire va être longue à raconter. Je respire calmement, les yeux fermés, tentant de me détendre.

J'essaye de me remémorer ce qui a pu m'amener à ce stade-là. Ce stade où j'étais instable, où personne ne pouvait me parler correctement ou me toucher sans que j'éclate en sanglots, voire que je devienne complètement folle et hystérique.

J'ouvre les yeux, tout le monde m'observe. Tant pis, c'est trop tard. Et puis, je pense être prête à me replonger à nouveau dans les débris de cette année de seconde.

« J'ai toujours voulu être comme tout le monde, être dans l'originalité ne me plaisait pas vraiment. C'est vrai, je savais que si je ne rentrais pas dans le moule, la vie serait bien plus dure. J'allais en baver, et ce n'est pas ce que je voulais. Être normale était, je dirais, mon objectif. Mon idéal de vie paradisiaque : un petit ami, des amis et une superbe famille. Aussi, être heureuse.

Le problème est que je partais déjà avec un handicap. Ma mère et mon père s'engueulaient tout le temps pour rien et ils ne faisaient jamais attention à moi. Parfois, je passais mes soirées enfermée dans ma chambre à pleurer. Je sais, c'est très égoïste comme comportement.

Regarder des séries dont les personnages principaux ont une vie parfaite, avec une famille qui se soutient peu importe les épreuves, ça ne représentait pas ma réalité. Je voulais être comme eux... impossible. C'est bien de vouloir quelque chose mais il faut en avoir les moyens.

À défaut d'avoir de super parents, j'avais le privilège de les entendre crier à longueur de journée. Au moins, dans cette colo, je ne les entends plus se plaindre de mes notes, du fait que la maison n'est pas assez propre, du fait que je parle trop ou pas assez.

Mon plan a raté, je ne suis pas rentrée dans le moule au collège. Pourtant, je ne savais pas ce qui clochait chez moi. À l'époque, je n'avais qu'une amie, ma meilleure amie, de son nom Anna. On passait nos journées ensembles. Je me sentais bien avec elle parce qu'elle ne jugeait pas. Je me prenais souvent des réflexions sur mon appareil dentaire, par exemple. Et elle m'a toujours soutenue, probablement parce qu'elle avait exactement le même.

DÉTOXWhere stories live. Discover now