Après une tentative de suicide et plusieurs rendez-vous chez le psychologue, Danaé se voit forcée d'aller dans une colonie de vacances pour l'aider : la colonie de détoxication des mauvaises pensées, soit la colo détox. Qui aurait pu croire qu'elle...
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J'ai enfin repris mes esprits. Après l'instant où nous avons trouvé le coffre dans les serres, tout est relativement flou. Je sais qu'on a gagné des chocolats qu'on s'est partagé tous les trois. Oui... tous les trois. L'autre étant considéré comme un membre de l'équipe, Abel et moi n'avions pas vraiment le choix. Pourtant, tout ce qu'elle faisait, c'était se balader dans le terrain, le regard vide.
Assise sur le rebord de mon lit, c'est alors que je tiens dans mes mains un papier plié en quatre. On pourrait croire qu'il ne signifie pas grand chose mais c'est celui dont Abel m'avait parlé. La fameuse lettre. Il l'a écrite ce midi parce qu'il n'ose pas prononcer ces mots.
J'appréhende. Je ne sais pas si je devrais réellement la lire ou non. Je ne sais même pas sur quoi je vais tomber. Tout ce que je sais, c'est que je vais rentrer dans les pensées sombres d'Abel. Et si ça se trouve, elles sont bien plus noires que les miennes.
J'en tremble même. J'hésite, j'ouvre et je referme dès que je vois des mots couchés sur le papier. Peut-être que j'ai simplement peur de voir la vérité. Mais Abel devrait pouvoir compter sur moi. J'ai dû décevoir des centaines de personnes dans ma vie, alors je vais tenter de ne pas décevoir la dernière personne qui m'apprécie réellement.
Je déplie le papier et entre dans la caverne des souvenirs d'Abel.
« Salut, Danaé. Tu savais qu'il y a un an, je voulais devenir écrivain ? J'en avais écrit plein, des histoires, jusqu'à ce que je brûle tout à la flamme de mon briquet. Ce sont ces coups imprévisibles qui me font terriblement peur, parce que je suis probablement fou. De toute façon, ces textes étaient sacrément mauvais. Et puis j'avais trop peur que quelqu'un tombe sur ces récits de dépressif ambulant. Mais écrire me permettait en quelque sorte de penser à autre chose. Rien n'allait, mais quand je posais ces mots sur le papier, j'avais l'impression d'être vidé. Je me sentais un peu mieux.
C'était toujours temporaire.
Ce que je veux dire par là, c'est que j'ai cherché de nombreux moyens pour aller mieux. J'ai cherché durant des heures quelque chose qui me permettrait d'enfin reposer mon esprit. Même si cela ne dure qu'une heure ou qu'une minute. Mon cerveau en explosion, j'avais besoin de quelque chose pour me calmer. Sans ça, peut-être que je ne serais pas là aujourd'hui.
Je ne veux pas te mettre mal à l'aise avec tout ça. Et je ne te force en aucun cas à lire toutes ces conneries.
Après l'écriture, j'ai tenté la méditation mais je n'arrivais même pas à calmer mon esprit. J'ai alors testé des millions d'exercices pour me sentir mieux mais aucune d'entre eux n'a jamais fonctionné. Je ne sais pas si c'est pareil pour toi, peut-être que je suis cinglé, mais c'est comme si on me chuchotait sans arrêt à l'oreille de crever, quoi que je fasse. C'est vrai que ça aurait été plus simple d'en finir.
Au final, je suis content d'avoir atterri dans cette colonie. Pas pour ces animateurs qui nous prennent pour des sujets d'expérience, ou ces connards qui jouent avec nos sentiments, mais plutôt parce que je te trouve géniale.
