2: pas ici, pas elle

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Si j'avais pu choisir l'endroit où je pars en vacances cette année, j'aurais choisi mon lit : ne rien faire m'aurait bien plu

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Si j'avais pu choisir l'endroit où je pars en vacances cette année, j'aurais choisi mon lit : ne rien faire m'aurait bien plu.

Le réveil a été des plus difficiles. Étant en vacances et mon rythme de vie totalement bousculé, je ne suis pas habituée à me réveiller à quatre heures du matin pour aller dans un lieu où je ne veux pas mettre les pieds. Je me lève et me couche à l'heure que je veux lorsque l'envie est présente. Je ne vais pas en soirée et je ne sors pas voir mes amis : je ne fais rien. Parfois je dessine, parfois je lis, parfois je traîne sur Instagram et je me trouve encore plus hideuse que je ne le suis déjà.

Puis pourquoi me forcer à aller à la colo détox ? Ce petit surnom que j'ai donné me fait penser que je suis une toxico qui a vite besoin d'une détox, à moins que je sois une youtubeuse beauté avec un thé détox qui me permettra d'être pure. Je suis plutôt de la toxine. « Une substance toxique fabriquée par un organisme vivant ». Mon être, ma façon de vivre, mon comportement est mauvais pour les autres. Pour détruire le virus, il faut m'éliminer.

Je suis prête physiquement à partir, mais le mental n'y est pas. Je ne veux pas quitter ma nouvelle zone de confort, mais j'y suis bien obligée. Le trajet en voiture est des plus calmes, seule avec ma mère comme mon merveilleux père travaille. Je préfère à présent m'isoler des autres et mon meilleure ami pour cela s'appelle « écouteurs ». J'observe par la vitre l'extérieur puisqu'il est vrai que je sors très peu. Après tout, si c'est pour voir des gens pressés et faire la gueule comme moi ce n'est pas la peine.

- Tu vas bien ?

Drôle de question, maman.

- Je suis extrêmement ravie d'aller dans la colo détox, ai-je répondu sarcastiquement.

- La colo détox ?

- C'est plus simple que de dire la « colonie de détoxication des mauvaises pensées », non mais sérieux qui appelle sa colonie comme ça.

Nous sommes bientôt arrivés. On voit tellement la différence entre la banlieue parisienne où je vis et la capitale, toutes les activités sont concentrées dans un même endroit. Je sors ma valise et mon sac à dos de la voiture afin de me diriger vers la gare de Paris-Austerlitz. J'ai la boule au ventre et je me mets à trembler. Si j'avais le choix, je serai loin d'ici. Tout me semble très rapide, voir trop rapide. Je vois au loin une affiche avec écrit en lettre majuscule le nom de la colonie.

Je dois ressembler à un zombie, je n'ai même pas pris la peine de coiffer mes cheveux bruns ce matin. Longs et ondulés, les nœuds me font bien remarquer. Je me dirige vers eux avec le désir irrésistible de me casser : quitte à abandonner mes affaires dont je n'ai rien à faire. Je rabaisse légèrement et de manière discrète le short que je porte, pensant qu'on voit mes fesses. Je trouve qu'on voit trop mes cuisses et je suis terriblement mal à l'aise jusqu'à regretter d'avoir apporté ce type de vêtement. Mes cernes sous mes joues et ma peau pleine d'acné ne doivent pas donner envie aux autres de s'adresser à moi. Pourtant, les animateurs seront bien obligés. Me jugeront-ils ? Je veux immédiatement partir et me remettre dans ma zone de confort.  

Une animatrice plutôt jeune, aux magnifiques cheveux noirs et bouclés nous accueille, portant un T-shirt avec le nom de la colonie et son propre nom « Eléonore ».

- Bonjour, vous êtes bien là pour la colo de détoxication des mauvaises pensées ?

- Effectivement, a répondu ma mère d'un ton amical.

Je n'ai pas envie de m'exprimer. Je suis sûrement un sujet d'expérience intéressant pour cette femme, vu la façon dont elle me fixe. J'aimerais qu'elle lâche ce stylo qu'elle tient fermement dans sa main afin d'écrire des informations sur le sujet Danaé.

- Et tu es ?

- Danaé Meyer.

- Bien, a-t-elle répliqué avec ce faux sourire, je m'appelle Eléonore !

Sans blague, c'est marqué sur elle. Cette animatrice bien hypocrite m'a tendue la main. Je n'aime pas les contacts avec les autres. J'y suis bien obligée, alors je lui tiens sa main moite en y restant le moins longtemps possible.

- Bon alors, il va falloir vérifier tous les papiers sinon votre fille ne pourra pas venir.

J'aimerais tellement qu'ils soient incomplets. Je m'éloigne, ne voulant pas m'attarder sur la vérification des papiers et laissant ma mère le faire. Je m'assoie sur un siège et j'observe les adolescents parlant avec les quatre animateurs présents. Je me dis que je passerai les quatorze prochains jours avec eux alors que je ne les connais même pas et je n'ai pas envie de les connaître. Rien que cette pensée me donne envie de faire encore plus la gueule. Mes yeux passent rapidement sur ces individus, mais se bloquent sur une personne.

Mon coeur se serre et la panique s'installe dans tout mon être. Pourvu que ce ne soit pas vrai. Pourvu que ce ne soit pas elle. Zélie est là, discutant avec une animatrice, le sourire aux lèvres. Je me demande si elle est dans ma colo. C'est certain, elle donne ses papiers, elle est accompagnée de ses deux parents, elle est surtout juste à côté du panneau « colonie de détoxication des mauvaises pensées ». Les « vacances » risquent d'être encore plus désastreuses que je ne le pensais déjà.

Zélie, c'est cette petite peste que je ne supporte pas dans mon lycée. De toutes les personnes de notre pays, il a fallu que je me retrouve avec quelqu'un que je vois à l'école. Zélie, couverte de peinture sur son visage et insultant les autres. Cette fille qui s'est moquée de moi car je restais toute seule. Cette fille qui rigole si fort qu'on se demande si elle le fait exprès pour qu'on la remarque. Je ne la connais pas, elle ne me connaît pas, mais pourtant je connais bien sa réputation. Si je pouvais partir d'ici, je serai déjà loin. Mes parents pensent que cet endroit pourra m'aider sauf qu'il ne me fera jamais du bien s'il y a Zélie.

Elle regarde comme moi les autres autour d'elle afin de se familiariser avec ses « nouveaux meilleurs amis ». Mais Zélie me voit et son visage n'est plus aussi souriant. Je tourne la tête comme en idiote en priant pour qu'elle n'ait pas vu que je la fixais. Je ne supporterai pas quatorze jours avec elle.

Je la regarde à nouveau : c'est à son tour de me fixer. Nos regards se croisent une seconde fois et je me suis mal à l'aise. J'aimerais m'enfuir d'ici encore plus qu'avant. Ma mère revient vers moi et me dit qu'elle doit partir.

- Passe de bonnes vacances, n'oublie pas que cet endroit est fait pour t'aider.

Me faire enfermer dans un lieu où je ne veux pas aller et ne pas faire ce que je veux ressemble fortement à de la séquestration, mais je ne dis rien pour faire plaisir à ma mère. Je l'observe juste s'éloigner de moi. Je suis hors de la zone de confort et sans personne. Je pars en train, avec une vingtaine de personnes que je ne connais pas, dans un lieu qui ne me dit rien, dans une atmosphère que je n'apprécie pas. Au moins, ils sont comme moi : même si certains essayent de socialiser, ils tirent la gueule.

Mise en ligne : 09/08/19

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NDA : Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?

A votre place, comment est-ce que vous aller réagir si vous tombez dans la même colonie que quelqu'un sur vous détester ?

Et surtout dans le cas d'une colo détox ?

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