38: miracle morning

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Je n'ose pas la regarder

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Je n'ose pas la regarder. À vrai dire, fuir son regard est bien plus simple que de l'affronter. C'est ce que je tente de faire depuis que mon réveil a sonné et que mes yeux se sont ouverts. On pourrait découper cette heure de miracle morning en quatre étapes. Et elles sont plus foireuses les unes que les autres.

- Lorsque je regardais le plafond durant trente minutes, allongée dans mon lit, tandis que je réfléchissais à la veille. Je ne pouvais pas empêcher mon cerveau d'imaginer des milliards de scénarios où l'animatrice ne serait pas entrée dans notre chambre. C'est la partie "visualisation" de la routine. Je n'ai pas réfléchi à mes projets mais j'ai tellement pensé et imaginé que mon cerveau risque d'exploser.

- Lorsque je tentais de faire le vide dans ma tête pour la partie "affirmation" et "méditation". Tandis que je devais affirmer des choses sur ce que je voulais devenir, je ne pouvais pas m'empêcher de me remémorer le passé. Ce passé où nos lèvres ont failli se toucher. Quant à la méditation, ce serait mentir de dire que j'ai réussi à me détendre. Mais ça, personne ne le sait. De l'extérieur, j'ai peut-être eu l'air très calme alors qu'à l'intérieur mon cerveau me criait d'arrêter et d'aller parler à Zélie. 

- Lorsque j'ai écrit tout ce qui c'était passé la veille dans les moindres détails, en cachant de mes colocataires les mots qui s'étalaient sur mon cahier.

- Lorsque je me suis mise à lire un livre, sur mon lit, le dos contre le mur, et que Zélie faisait la même chose que moi. Je lui jetais parfois des regards. Et à un moment, nos yeux se sont croisés. Je ne savais pas quoi faire, alors je suis retournée à mon bouquin, mine de rien.

Pour résumer, je pense que je suis devenue folle.

Il ne me reste maintenant que le sport. Et, n'étant pas une grande athlète, je redoute ce moment. Je prends alors beaucoup de temps pour mettre ma tenue de sport. J'attache mes cheveux en queue de cheval une vingtaine de fois et je les détache une vingtaine de fois. Je remplis ma bouteille d'eau, puis je mets mes baskets. La lenteur dans toute sa splendeur. C'est lorsque je me dis que je vais réellement y aller que je vois Zélie, assise sur le rebord de son lit, en train de faire ses lacets.

C'est le moment. Je dois prendre mon courage à deux mains. C'est vrai. Si on attend toujours que l'autre fasse le premier pas, on avancera jamais. On doit se bouger le cul et c'est ce que je tente de faire.

- Salut, Zélie, je lui dis tandis que ma voix flanche.

Elle lève la tête et me regarde d'un air perdu.

- Quoi ? me demande-t-elle.

Ça commence très mal pour moi. Est-ce que c'est réellement une bonne idée de lui proposer de courir avec moi ? J'ai envie de faire marche arrière et de me recroqueviller dans mon lit en réfléchissant au sens de la vie jusqu'au lendemain. 

- Euh... je te disais juste bonjour.

- Bonjour, Danaé.

Zélie rabaisse sa tête afin de finir ses lacets. Ses cheveux noirs tombent sur son visage. Et elle ne peut même pas les attacher car ils sont beaucoup trop courts. C'est à force de la regarder que je me rends compte que cette situation est simplement gênante. Je me ressaisis et sors de la pièce. Bravo, Danaé, c'est pas comme ça qu'on va avancer.

DÉTOXWhere stories live. Discover now