46: tout va bien

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TW : certaines scènes peuvent être choquantes pour les personnes les plus sensibles

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TW : certaines scènes peuvent être choquantes pour les personnes les plus sensibles.

La première fois que j'ai vu la touffe de cheveux verts d'Abel, je ne pensais même pas qu'il pouvait être aussi torturé. C'est un comportement bien égoïste de penser qu'on est le seul à souffrir dans ce monde. Je ne suis pas unique, et visiblement, certains en bavent plus que moi. 

Et maintenant, je ne sais pas quoi faire. 

J'ai ses mots entre mes mains, sans avoir la moindre idée de la façon dont je me comporterai lorsque je le reverrai. Je n'ai jamais été douée pour remonter le moral des gens. Lorsque je repense au surnom que je lui ai donné, Brocoli, sans savoir la signification de cette couleur de cheveux, je m'en veux terriblement. Je regrette encore plus le fait d'avoir pris ces merdes avec lui. Parce qu'au final, je ne l'aide pas à aller mieux, je l'enfonce dans son addiction. 

Lorsqu'il m'a donné cette lettre, je m'attendais à ce qu'il m'explique qu'il est accro à la drogue. Et puis, ça s'arrêterait là. Mais parfois, la réalité est bien différente de ce qu'on pense. C'est pour cela qu'il ne faut pas se fier à la carapace de quelqu'un, il faut creuser. Et je n'avais jamais cherché à creuser dans les souvenirs d'Abel. 

J'ai perdu des amis parce que je suis tarée. Lui en a perdu un alors qu'il était parfait. Le monde est si mal fait.

Je reste là, sur le rebord de mon lit, à observer la feuille abîmée par les larmes du garçon. Je ne prononce aucun mot. Dans ces moments-là, je me rends compte que je suis vraiment une personne inutile. Je ne sais ni quoi dire, ni quoi faire, mon cerveau se bloque. Au final, ces aveux n'auront servi à rien puisque je ne peux rien lui apporter de bon. Je n'ai pas connu la mort, hormis celle de mon cœur, alors comment est-ce que je peux l'aider ?

Je décide alors de sortir de ma chambre pour le rejoindre. Il est dans la sienne, allongé sur son lit, une cigarette à la main et un regard vide vers le plafond. Ce pincement horrible au cœur m'empêche de réagir. Et je m'en veux tellement. J'aimerais être quelqu'un d'autre pour être capable de le soutenir. À la place d'agir, je suis au niveau de la porte et j'observe la fumée qui s'évade de sa bouche. Doucement, elle monte puis s'échappe loin des regards.

Quelques longues secondes plus tard, il réagit.

- T'as lu ? me demande-t-il.

Je m'approche de lui en silence puis je m'installe sur le rebord de son lit.

- Oui... Je suis vraiment désolée. J'aurais pas dû me moquer de tes cheveux.

C'est en le regardant que je peux apercevoir des larmes sur le bord de ses yeux. Elles sont sur le point de tomber et de s'écraser violemment sur sa joue. Pourtant, elles tiennent le coup. Sûrement parce que son propriétaire tente de rester fort. Lorsque je vois ses yeux scintillants, je me sens vraiment inutile. 

DÉTOXWhere stories live. Discover now