33: le déménagement

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C'est bien pour ça que je ne dirais rien à cette fille pour le moment. Je la laisse cracher ses mots puisqu'elle ne connaît pas tout. Le jour où elle connaîtra tout, peut-être qu'elle s'en voudra ou peut-être qu'elle ouvrira les yeux sur certains sujets. 

- Je parle pas de relation amoureuse... déforme pas tout. 

- J'ai mon mot à dire ? je m'énerve.

- Ouais, désolée.

- Si vous voulez des ragots, je suis peut-être perdue dans mes sentiments en général mais je suis sûre d'une chose : je ne suis pas amoureuse d'Abel. La question ne se pose même pas. Je dis juste que je me suis réconciliée avec lui. 

Zélie, l'air inquiet, me répond.

- Et quand il te refera souffrir ?

- Je me débrouillerais, je réponds en sachant pertinemment que je n'arriverais pas à me sortir d'affaire. 

Elle préfère alors changer de sujet, parlant de la pluie et du beau temps dans un monde un peu gris. Le monde est aussi perdu que moi, finalement. Tandis que nous mangeons, nous préférons éviter le sujet qui risque de créer des tensions dans le groupe. J'en oublie parfois que tout s'arrêtera dans six jours. 

Puis Rheanna pose une question qui va sûrement émerveiller cette journée.

- D'ailleurs, t'as envie de rejoindre notre chambre ? Tu sembles pas super proche de Flavie et Angie. 

- Je dois d'abord demander à mon avocat, je suis pas sûre.

Même si je fais celle qui n'en a rien à faire dans mes paroles, mon sourire sur mon visage ne trompe pas. Flavie et Angie, je les aime bien, elles sont juste envahissantes dans mon petit espace de vie et réagissent sans penser à autrui. Après, elles font comme tout le monde, même comme Zélie et Rheanna. Je connais ma réponse, et ce depuis le début. 

- Allez, accepte ! insiste Zélie.

- Dans mon planning chargé, je pense que je peux être dans votre chambre du 14 juillet au 21. 

- Génial ! lance Rheanna, toute enjouée.

- D'ailleurs, j'avais oublié. Danaé, on va devoir préparer la fête du 14 juillet cet aprèm. 

Je soupire en pensant à l'activité que je vais être obligée d'accomplir. Au moins, la punition sera définitivement terminée après cela. Je m'attendais à pire donc je ne vais même pas me plaindre. Mes parents n'ont rien dit par rapport à la fuite. Et je sais qu'ils sont au courant. Je sais aussi ce qui va m'attendre quand je serais de retour à la maison : des cris, des pleurs, des "je suis déçue de toi" et encore plus de rendez-vous chez Suzanne, ma super-et-très-gentille-et-très-ennuyante psy.

On termine le repas, puis j'arrive dans ma chambre. Pendant ce temps, les filles demandent à un des animateurs en leur expliquant des tensions entre les filles et moi. Sans cette excuse bidon, ils n'accepteront peut-être pas le changement de chambre. Alors on prévoit tous les imprévus. Puis elles doivent replacer les lits correctement pour ma venue. 

- T'es sérieuse ? me demande Angie, le regard vide, les yeux rouges et allongée sur son lit. 

La chambre empeste la cigarette.

- Je suis asthmatique donc... je peux pas supporter toutes ces merdes.

- Ok, mais t'es toujours notre pote ? On se préparera ensemble ce soir pour la soirée ? Tu verras, on sera des bombes. 

J'accepte sans réellement le vouloir. Mon mensonge a marché et j'en suis peu fière. Je ramasse mes affaires au sol ou sur une chaise. Et je me rends compte que ma chambre est en bordel monstrueux. Aussi bordélique que mes pensées. Je fais quelques aller-retours interminables jusqu'à la chambre de Rheanna et Zélie. Et à la fin du dernier, je m'affale sur mon nouveau lit. Je pourrais m'endormir mais je ne veux pas gâcher une seconde de plus.

- C'est enfin terminé ? me demande Zélie.

- Je crois bien. 

Je pense que j'aurais aimé déménager. Tout quitter et commencer à zéro. Je pourrais être qui je veux. C'est comme se couper les cheveux : j'ai l'impression d'entrer dans une nouvelle ère. Or je suis toujours restée dans ma ville pourrie et j'ai beau me couper les cheveux, ils repoussent. C'est un cycle perpétuel. J'ai l'impression que ma vie n'est qu'une vague : parfois je suis à mon plus haut et parfois à mon plus bas. Vivement que je me coupe les cheveux pour de bon.

J'essaye de rester en haut le plus longtemps possible pour ne pas crouler dans ma zone de confort que je ne veux plus voir. Ma zone de confort, cette vieille amie, aussi toxique que ce qu'Angie fumait quand je suis arrivée. C'est lorsque je suis seule et que je laisse libre court à mes mauvaises pensées avec de la musique triste, le tout allongée dans mon lit. Pourtant, je suis actuellement dans un confort indescriptible alors que je suis à l'opposé de cette zone. 

J'installe mon sac, ma valise et fais comme chez moi. Mon nouveau chez-moi durant les six prochains jours. Je fais en sorte de garder mon endroit rangé, comme Zélie. Et je me dis que plus mon endroit est rangé et plus tout n'est plus éparpillé dans ma tête. Ce qui est terriblement faux, mais j'espère que cela gardera mes pensées en ordre.  

- J'espère que t'es insomniaque parce que je m'ennuie la nuit. J'ai personne à qui parler car Rheanna dort comme une souche. 

Je ne suis pas insomniaque mais je ferais un effort pour elle : ce sera comme rattraper le temps perdu. 

Mise en ligne : 01/03/20

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NDA : Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?

Vous rejoignez quel camp : celui de Rheanna qui pense que la relation entre Abel et Danaé est toxique et qu'elle devrait arrêter de lui parler pour son bien, celui de Zélie qui pense qu'Abel va recommencer et cela la met en colère, ou de Danaé qui laisse toujours une seconde chance en pardonnant aveuglement Abel ?

Que pensez-vous des déménagements et l'idée de nouvelle vie dont Danaé parle ?

Que pensez-vous de la relation entre Flavie, Angie et Danaé ?


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