CHAPITRE 2: Ruben.

544K 19K 50.3K
                                    

-Señorita, es el terminal. (Mademoiselle, c'est le terminus)

Je relève les yeux subitement vers le chauffeur. J'étais tellement absorbée par mes pensées que je n'ai même pas remarqué que je suis bien arrivée à destination.

-Gracías, lui répondis-je timidement.

Je me lève et je constate qu'effectivement le bus est vide. J'emprunte la sortie des grandes portes à l'arrière.

Une fois hors du bus je sens immédiatement que l'air s'est drastiquement rafraîchit. Je jette un coup d'œil à ma montre. Il est vingt-deux heures quarante-sept. Je n'attends pas plus longtemps pour déplier mon gilet en laine que je tenais dans mes bras et l'enfiler. Je réajuste mon sac sur mon épaule puis je croise les bras sur ma poitrine pour tenter de me protéger de la fraîcheur de la nuit.

Je commence à m'engager dans les rues sombres et pour le moment, déserte de ma ville. Mes épaules sont crispées et remontées, je le sens. Être dans la rue tard le soir ne me rassure absolument pas et je sais qu'en ce moment précis, être une femme seule au milieu de la rue est une très mauvaise idée, je dirais même une idée très dangereuse.

Là ou je vis je suis plus qu'habituée aux échanges de coups de feux, au corps exposés dans des ruelles, au innombrables femmes qui ont été victimes de viol... Je déglutis face à mes pensées et je continue à m'enfoncer sur l'avenue de los Insurgentes Sur.

C'est une aubaine pour moi que je connaisse Tepito comme ma poche. Je dois simplement continuer tout droit puis tourner sur la rue Calle Querétaro avant le restaurant mexicain: "Ricas Carnitas".

La route est mal éclairée, et plus j'avance, plus j'entends quelques voix percer le lourd silence de la nuit. Je sens les battements de mon cœur s'intensifier, augmentant drastiquement ce stresse que je m'efforce de ne pas laisser exploser. Je resserre les bras sur ma poitrine et je regarde tout droit devant moi. Je suis presque arrivée.

Je sens leur conversation mourir à mesure que je traverse la rue. Ils sont à quelques mètres de moi, assis à l'arrêt de bus. Je sais que je suis la cause de de leur arrêt soudain de discussion. Ça me rend horriblement nerveuse, parce-que maintenant, je suis repérée! Je n'ose pas me retourner, une fois que j'aurais traverser la rue je serais arrivée à destination.

-¿Señorita? Entendis-je soudainement plus loin dans mon dos.

J'ai pris une grande inspiration face à mes poumons qui ont crisés! J'accélère le pas. Hors de question que je réponde, ni que je leur accorde un regard! Je sais qu'ils sont trois, s'ils m'attrapent je donne peu cher de ma peau. Ce détail compresse mon cœur dans ma cage thoracique. Plus que quelques mètres et je serais arrivée.

J'entends l'un d'eux siffler. Je sursaute étonnée de sa capacité plus qu'agile à siffler, ce détail m'indique que j'ai a faire à des guetteurs. Ce sont eux qui sifflent de cette manière pour prévenir de l'arrivée de « la police » sans éveiller les soupçons. Enfin la police c'est très rare qu'elle mette les pieds dans mon quartier, alors je dirais qu'ils sifflent pour prévenir de l'arrivée de Cartels rivaux.

Plus de peur que de mal je me retrouve devant le dis: « restaurant ». Un rictus d'incompréhension se dessine sur mon visage me faisant hausser légèrement un sourcil.

Je ne me trouve absolument pas devant un restaurant et la musique qui s'échappe de la salle me confirme qu'au mieux il y a une très bonne soirée ce soir mais je ne suis pas dupe.

Le vigile devant la porte me dévisage longuement.

-Buenas tardes (Bonsoir), Paloma est là? Finis-je par demander.

VALENTINA (Sous contrat d'édition chez  HUGO PUBLISHING)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant