OS75 Point de non-retour

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Harold était fatigué. Incroyablement fatigué. Il se laissa tomber sur son lit, et ouvrit son téléphone, se mettant à divaguer sur internet, Instagram et toutes sortes d'autres réseaux ennuyeux qui lui permettaient de perdre du temps. Il venait de passer une des journées les plus stressantes de toute sa vie, et était bien content qu'elle soit terminée. Des oraux au BAC, qui avait eu cette idée ? Et le pire, le pire, c'était ce que n'était que les examens blancs. Ce n'était même pas les vrais. Il allait devoir le refaire. Lui qui détestait parler devant du monde, monologuer en face d'un professeur ennuyé sur un sujet qui ne l'intéressait pas, cela lui semblait le bout du monde. Mais pour l'instant, il ne ressentait que du soulagement. Ces oraux blancs avaient été le centre des conversations entre élèves durant la dernière semaine, peut-être même les deux dernières semaines, et cela n'avait fait que faire augmenter le stress d'Harold. Il était dans les derniers à passer, et maintenant que c'était fait, la seule chose qu'il arrivait à penser avec cohérence était « enfin ! ». Ces oraux allaient rester dans l'actualité du lycée encore quelques temps, peut-être quelques jours, mais ce serait alors pour exprimer comment on se sentait presque littéralement libéré délivré une fois sorti de la salle d'examen, et non pour dire « OMT, JE VAIS JAMAIS Y ARRIVER ! ».

Oui, Harold était ressorti de l'examen blanc en pensant « j'ai plus à réviser », en même temps que « j'ai fait vraiment n'importe quoi ». Parce que c'était vrai, il avait fait n'importe quoi. Il n'avait parlé que six minutes au lieu de dix, n'avait pas su répondre aux questions du professeur durant l'entretien qui suivait son exposé, et celui-ci ne s'était pas privé de le lui faire remarquer à la fin de l'oral, quand il lui faisait un compte-rendu de sa performance. Bref, Harold n'espérait pas une note au-dessus de dix sur vingt et à vrai dire, même s'il était soulagé, cela lui plombait également le moral. Comment allait-il réussir à passer le vrai BAC s'il échouait seulement à l'épreuve préparatoire ? Généralement, il était très détendu à propos de ses notes et de ses résultats, mais avait le sentiment qu'il ne pourrait bientôt plus se permettre de ne réviser qu'à la dernière minute comme il l'avait fait durant toute sa scolarité. Ses professeurs le bassinaient avec les épreuves à venir, et plus cela allait, plus Harold se mettait la pression. Le BAC, l'épreuve que tout le monde devait avoir sur son CV pour réussir à se faire engager, et en même temps, l'épreuve que tous les employeurs dénigraient. Si on l'avait, mouais, bof, il a que le BAC, c'est pas la révolution, mais s'il l'a pas, oh mon Thor, quelle honte, il a même pas réussi à avoir le BAC, quel nul. Sûrement Harold exagérait et caricaturait, mais c'était le sentiment qu'il avait.

Finalement, il soupira et décida d'oublier tout cela. Il avait passé l'examen blanc et, réussi ou non, il méritait de passer sa soirée à ne rien faire. Il ferait ses devoirs plus tard, dans le weekend. Ce soir, il était trop mentalement épuisé.

Se perdant dans les limbes d'Instagram, les postes affichant pour la plupart des dessins d'artistes, il se retrouva bientôt face à des vidéos d'animaux censées être mignonnes ou drôles, mais qu'il ne parvint pas à apprécier. C'était désolant. Même rien faire, c'était trop épuisant pour lui. Il revint à la page d'accueil, la rafraîchit. Peut-être qu'un des dessinateurs qu'il suivait avait posté quelque chose de nouveau ? Il faudrait peut-être aussi qu'il se remette à dessiner. Il n'avait rien posté depuis un moment.

Mais au lieu du magnifique dessin de dragons, chevaux, licornes, félins, aliens, n'importe quoi, qu'Harold avait espéré découvrir, il fut accueilli par ce qui ressemblait à un post d'alerte. Il fronça les sourcils. Il savait que beaucoup de gens sur Instagram postait des trucs en rapport au réchauffement climatique etc, lui en faisait circuler régulièrement, mais jamais aucun de ces postes ne s'étaient retrouvés dans son fil d'actualité.

Alors il regarda la courte vidéo. Fronça les sourcils. Non, c'était impossible. Il crut à une blague. Mais tout de même. Il ouvrit une nouvelle page Google. On ne pouvait jamais être trop sûr. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver ce qu'il cherchait. Là, il écarquilla les yeux. Non. Non, non, non. Non, cela ne pouvait pas arriver ! Il se précipita et sortit de sa chambre en courant, se dépêchant d'aller jusqu'au salon où il alluma la télé. Presque immédiatement, malgré qu'il tombe sur la dernière chaîne de sport que son père, ou peut-être son cousin, avait regardé la dernière fois que la télé avait été allumée, ce fut les infos qui s'affichèrent. Il crut que son cœur avait cessé de battre.

Where No One GoesWhere stories live. Discover now