OS1K Calme

1.1K 74 33
                                    

Pas de spoilers ;)

OS demandé par louis2609. J'espère qu'il te plaira ! :)

Harold s'assit inconfortablement à côté d'Astrid sur le bord de la plateforme. Jetant un coup d'œil derrière lui, il vit Krokmou et Tempête jouer ensemble, faisant trembler les planches. Il eut un demi-sourire. Il aurait aimé pouvoir être aussi insouciant qu'eux et pouvoir profiter de son amitié avec Astrid sans difficulté. Mais comme ce n'était jamais aussi facile, il avait fallu qu'il soit également amoureux d'elle. Il s'en voulait un peu parfois. Pourquoi avait-il fallu que ce béguin ridicule qu'il avait étant petit évolue ainsi alors qu'il apprenait à mieux connaître Astrid ? D'un côté, il aurait dû le voir venir. De l'autre, il aurait préféré que cela n'arrive pas, ou du moins, que cela ne le mette pas dans des situations où il n'arrivait plus à voir la limite entre amis et amants. Des situations comme celles d'hier par exemple. Non, en fait, toute la journée avait été une situation en elle-même. Avec Astrid aveugle, ces derniers jours avaient été stressant au possible pour lui. Il ne s'était pas plaint, se sentant quelque peu illégitime face à la brillante Astrid Hofferson qui se retrouvait soudain sans l'usage de sa vue, et avait fait son possible pour l'aider du mieux qu'il le pouvait. Mais même si on oubliait le Triple Attaque et l'inquiétude qui l'avait rongé quand il n'avait plus vu Astrid en sécurité derrière le rocher où il l'avait laissé, Harold ne parvenait pas à trouver un moment où il n'avait pas agi incorrectement. Est-ce qu'un ami était en droit de dire tout ce qu'il avait dit, même si cela avait été pour la rassurer ? Et par tous les dieux, il avait essayé de l'embrasser ! Il ne savait pas vraiment ce qui lui avait pris, sans doute s'était-il dit qu'avec Astrid aveugle, il avait moins de chances de se faire dépouiller de sa deuxième jambe ensuite ? Alors que c'était idiot. Il avait parfaitement conscience que, même aveugle, Astrid pouvait toujours le mettre à terre sans problème. Il remerciait presque les dieux d'avoir envoyé le Triple Attaque à ce moment-là. Cela lui avait évité de commettre une grosse erreur.

-Harold, ça va ? fit la voix d'Astrid, le sortant de ses pensées.

Il se reprit et lui sourit.

-Oui, pourquoi ? répondit-il.

-Je ne sais pas, dit-elle en haussant les épaules, le regard fixé vers le soleil un instant avant de se tourner vers lui. Tu es silencieux.

-Je vais bien, assura-t-il. Ce n'est pas moi qui devrais te poser la question ? Tes yeux te font encore mal ?

Une fois l'affaire du Triple Attaque réglée, les dragonniers avaient dû s'abriter alors que l'orage de la veille refaisait rage. Harold avait interdit à quiconque de sortir et s'était assuré lui-même que tous les dragons étaient en sécurité. Il n'avait pas envie que le schéma se répète. Chacun avait donc passé la fin de la journée et la nuit dans le pavillon central, en attendant la fin du déluge. Le lendemain, Harold, Astrid et Varek s'étaient ensuite rendus sur Beurk pour quémander l'aide de Gothi. Le temps de voler jusqu'à Beurk, de soigner Astrid et de revenir, le soleil se couchait déjà sur l'horizon.

-Mes yeux vont biens Harold, affirma Astrid. Arrête de t'inquiéter.

-Gothi a dit que tu devais les laisser se reposer quelques jours, contra-t-il tout de même, concerné. Regarder le soleil maintenant n'est peut-être la meilleure des idées.

-Juste ce soir Harold, répliqua-t-elle. Ça fait deux jours entiers que je suis plongée dans le noir, je veux profiter de la lumière.

Il céda et ne répondit rien.

Quelques minutes passèrent, qui s'allongèrent confortablement. Harold avait l'impression que tout allait plus lentement, que les dieux avaient ralenti le temps pour lui permettre de profiter pleinement de ce moment de plénitude en compagnie d'Astrid. Il les en remercia silencieusement.

-Tu crois que c'était une bonne idée de confier le dressage du Triple Attaque aux jumeaux ? dit soudain Astrid en se tournant de nouveau vers lui.

Il haussa les épaules.

-C'est un gros dragon, répondit-il. Il est intelligent et s'il se rend compte que les jumeaux lui font faire n'importe quoi, il n'aura pas de mal à...juste s'envoler et les ignorer. Et puis, il y a Varek.

-Tu as intérêt à avoir raison, rétorqua Astrid, amusée. S'ils repeignent ma hutte encore une fois, c'est pas sur un rocher que je vais déménager la leur.

Il rit.

-La dernière fois, ils ont rempli la mienne de poissons ! s'exclama-t-il. J'ai mis des semaines à me débarrasser de l'odeur ! Et j'ai souvent la visite de Bjorn Porc, comme par hasard juste avant qu'une explosion retentisse.

-Peut-être qu'il aime juste particulièrement bien ta hutte, s'amusa Astrid.

-Ouais, ça doit être ça, grommela Harold.

Il sourit alors que sa misère la faisait rire. Il aimait beaucoup l'entendre rire, surtout lorsque c'était grâce à lui.

Finalement, le silence revint. Harold entendit quelques oiseaux voler au-dessus de la Rive et les dragons derrière eux pousser des grognements joueurs. Harold repensa aux deux derniers jours et se demanda si Astrid le prendrait mal qu'il se rapproche et passe un bras autour de ses épaules. Ils avaient été plus proches auparavant, bien que moins complices. Après la défaite de la Mort Rouge, ils s'étaient rapprochés rapidement, Astrid l'embrassant même à plusieurs reprises, mais ces contacts physiques étaient devenus plus rares alors qu'ils grandissaient. Et il avait beau vouloir bien faire et ne pas détruire son amitié avec Astrid en faisant quelque chose de travers, cela lui manquait.

Mais son cerveau cessa brusquement de fonctionner quand il la sentit s'appuyer d'elle-même contre lui. Il eut besoin de cinq solides secondes pour forcer son cerveau à redémarrer et encore de quelques instants pour décider de la façon de réagir. Incapable de se poser plus de questions, il profita de l'initiative d'Astrid et se rapprocha d'elle pour passer un bras autour de sa taille.

Elle ne dit rien et il la vit fermer les yeux. Il l'observa un long moment, tentant de graver son expression calme dans sa mémoire, avant de fermer les yeux à son tour. Ces derniers jours avaient été éprouvants mais peut-être en avaient-ils besoin l'un et l'autre pour faire avancer les choses.

Where No One GoesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora