OS63 Chasse à courre

1.3K 64 40
                                    

Pas de spoilers :)

Krokmou releva la tête, les sens aux aguets. Quelque chose n'allait pas. Le chien se tendit et se leva, tendant l'oreille. Quelque chose n'allait pas du tout.

-Qu'est-ce qu'il y a mon grand ? interrogea Harold, qui passait un torchon sur le bar pour le laver.

Pour toute réponse, le chien noir avança jusqu'à la baie vitrée fermée et se mit à gronder, le poil hérissé. Harold fronça les sourcils et échangea un regard perdu avec Astrid, qui avait relevé les yeux de son livre qu'elle lisait sur le canapé.

-Hey, Krokmou, tout va bien ? répéta Harold en lâchant le torchon pour aller s'accroupir près de son chien.

Krokmou cessa de grogner un instant, tourna son regard vers Harold et émit un gémissement plaintif avant de se retourner vers la baie vitrée. Son poil n'était pas retombé pour le moins du monde et il semblait toujours aussi tendu, si ce n'est plus. Il fixait les arbres au-dehors avec insistance, comme s'il croyait pouvoir les faire s'incendier par la seule force de son regard.

Harold et Astrid avaient emménagé ici il y a quelques mois, le jeune homme héritant de cette grande maison perdue au milieu des arbres à la mort de son grand-père. A vrai dire, Ferd Haddock avait légué à son fils, Stoick, l'entière propriété, soit une très grande partie de la forêt. Peut-être même la forêt entière à vrai dire. C'était un bien qui appartenait aux Haddock depuis des générations. Stoick ayant déjà une maison et une vie avec Valka là où il habitait et aucun des deux ne souhaitant déménager, la propriété était occupée par Harold et Astrid. Krokmou avait tout de suite aimé la forêt et Harold l'avait trouvé beaucoup plus détendu et épanoui en tant que chien maintenant qu'il pouvait courir tout son saoul dans le jardin. C'était la première fois qu'il agissait ainsi et Harold ne savait pas tellement comment l'interpréter. Bien sûr, il y avait des animaux sauvages dans cette forêt mais ni Harold ni Astrid ne s'en étaient vraiment inquiétés. Le grand-père du brun avait fait installer des clôtures tout autour du terrain afin de protéger ses enfants et petits-enfants des animaux. Jamais aucune bête sauvage ne l'avait franchi, peut-être à l'exception d'un faon, un jour, qui avait réussi à passer en-dessous sans réussir à rejoindre de nouveau sa mère de l'autre côté. Stoick avait raconté à Harold que son père avait dû attraper le pauvre faon terrorisé pour pouvoir le rendre à la biche, qui s'était enfuie à son arrivée.

Mais même si cela se reproduisait aujourd'hui, ce n'était pas un petit faon qui mettrait Krokmou dans cet état.

-Hey, Harold, tu entends ça ?

Harold adressa à Astrid un regard d'incompréhension, fronçant les sourcils, avant de comprendre ce qu'elle voulait dire.

On pouvait entendre au loin, un brouhaha qui s'approchait de plus en plus. Au départ, Harold ne parvint pas à déterminer la nature du son, avant de se rendre compte qu'il s'agissait des aboiements de dizaines et dizaines de chiens. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient ici ?!

-Harold, écarte-toi ! s'écria soudain Astrid, le faisant brusquement sursauter.

L'adrénaline envahit son système sanguin et lorsqu'il vit ce pour quoi Astrid le prévenait, tout sembla se passer au ralenti. Sa main qui était posée sur le garrot de son chien se referma sur la fourrure épaisse de Krokmou et le brun roula sur le côté. L'instant d'après, la baie vitrée se brisait avec un fracas assourdissant, projetant des éclats de verre en tous sens. Harold mit quelques temps avant de reprendre le contrôle de ses pensées et lorsqu'il le fit, ce n'est que pour réaliser qu'un cerf massif et imposant venait de traverser la vitre comme du beurre et semait la pagaille dans le grand salon et la cuisine, qui formaient à eux deux une seule et même pièce couvrant tout le rez-de-chaussée.

Where No One GoesWhere stories live. Discover now