Chapitre VIII

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Que les festivités commencent !

Le bruit de fusées scindant le ciel résonnaient en fanfare et ses couleurs inondaient le ciel de jour. Entendre les paroles de ses compagnons devenait un véritable combat face à la multitude d'acclamations et la joie omniprésente, même le dallage ignorait les chaussures des passants tant le silence était comblé. 

Les ballons multicolores voltigeaient entre la marée humaine qui noyait les grandes allées jonchées d'étales festives. Les mirettes devaient être fascinées par la profusion de nuances et de hauteurs qui les entouraient, entre architectures démesurément audacieuses, breloques monopolisant les échoppes et le ciel dépourvu de nuages et couleurs chatoyantes, la vue devenait enchanteresse.

Traverser les avenues était certes difficile à cause de la masse de passants, mais le plus dur restait de devoir résister aux milles flaveurs qui flottaient dans l'air. Miel, rôtisserie, fruit, sucre, pâtisseries et brioches chaudes parsemaient l'oxygène et attisait les estomacs creusés par le long voyage qu'ils ont fait.

Cela aurait pu être une merveilleuse visite mais... mon humeur ne le permettait pas. Je n'arrivais même plus à saisir ce qu'il m'arrivait, à comprendre pourquoi le sentiment nauséeux de faire tout cela m'animait. Et puis même, pourquoi est-ce que je faisais tout cela ?

J'étais plus qu'agacée, à force d'étouffer dans l'essaim de visiteurs venus du royaume entier pour assister à la plus grande festivité qu'il existe ici. Je m'énervais moi-même à force de me triturer l'esprit, à force d'être hantée par ce fantôme sans nom.

Mes tympans vrombissaient face au brouhaha permanent des cris, pleurs et applaudissements de la foule délirante. Atteindre le gigantesque Colisée de combat devenait une bataille bien éprouvante.

A vrai dire, ce n'était pas tant le chemin qui était compliqué car, il suffisait d'avancer tout droit. Là, au-loin, on apercevait un château à l'allure romanesque surplombant l'horizon, accoudé sur un autre immense bâtiment de marbre blanc ; la cathédrale secondaire. Toutefois, si l'on pouvait dire que le château royal semblait caresser les nuages, le bâtiment bien plus loin à sa gauche, pouvait aisément être perçu comme en train de serrer la main aux étoiles au vu de sa taille imposante.

Gigantesque, il narguait avec vigueur la demeure royale de trois fois plus petite, d'une grandeur adorable face à la carrure titanesque de la Cathédrale principale de L'Église orthodoxale. Si elle partageait la notion de blancheur avec sa dérivée, elle se démarquait nettement. Les nuages eux-mêmes n'avaient pas un teint aussi immaculée que cette dernière ; symbole même de la pureté. Portant milles vitraux irisés, la splendeur et la perfection devaient être les maîtres mots de sa construction. A son sommet, se reposait une immense cloche d'or d'au moins quinze mètres de haut pour dix de larges ; un colosse à elle-seule qui devait résonner jusqu'aux bas-fonds de la cité.

Finalement, nous faufilant dans le sillage tracé par Sacha, le général, Ziege et moi-même parvinrent à atteindre la grand Colisée posté près du château bien moins grand que ce à quoi on s'attendrait. Tout aussi gigantesque que les bâtiments de cette ville conçue pour les Titans, il nous suffit d'entrer dans l'une des grandes portes sans battants de ce dernier pour aller aux gradins où nous assisterons à l'ouverture de la compétition débutant dans quelques jours.

Toutefois, en dépit de la cohue entrant, il n'y avait pas le moindre contrôle de sûreté effectué pour prévenir d'une quelconque menace. C'était peut être étonnant à première vue mais, en y réfléchissant, les meilleurs combattants de l'Église seraient présents ici, laisser les soldats patrouiller dans la ville les rendraient bien plus utiles que dans un Colisée où ils ne seraient que du menu fretin pour des adversaires prêts à en découdre avec les Paladins.

- " Mademoiselle, vous allez bien ? Vous n'avez pas l'air de profiter de cette ambiance festive et joyeuse." tenta Ziege, se sentant de plus en plus inutile face à mes humeurs changeantes.

Elle voulut me reparler mais Sacha l'en empêcha, désignant l'entrée en scène d'un personnage.

Au centre du terrain de terre à l'allure parfaitement circulaire, une forme humaine s'avança. Elle était d'abord cachée dans une cape de velours mauve mais elle fut rapidement projetée en l'air dans un encouragement, dévoilant ainsi sa propriétaire.  

Même à cette distance, on remarquait  l'apparence assez étrange de l'arrivante. Deux couettes d'un rose éclatant encadraient son visage claire où deux iris vermillons se dilataient quand ses lèvres cerises s'étiraient en un rictus délirant. Ses dents blanches étaient comme taillées en pointes et s'apparentaient à des canines monstrueuses et pourtant, on ne pouvaient s'empêcher de trouver délicieusement adorable la petite maigrichonne d'une dizaine d'années qui saluait avec passion la foule l'acclamant.

Sa chemise à froufrous remuaient à chacun de ses mouvements et couvraient son torse plat, dévoilant ainsi sa taille. Elle était effroyablement  mince et musclée, le peu qui apparaissait dessinait une musculature parfaite et délicate. Un mini, vraiment trop mini short de cuir rouge galbait ses hanches un peu plus voluptueuses et était relié par des ceintures noires à ses chaussettes montantes asymétriques. Ne restaient plus que ses pieds enveloppés dans des bottes d'acier noir.

- " Hey ! Vous êtes prêts tout le monde ?! Bien sûr que oui ! Et même si c'était pas le cas, je m'en fous ! Aujourd'hui, c'est moi, votre adorée Hel Calypso Falathar qui va ouvrir le plus génialissime des tournois !" s'écria-t-elle.

A ses mots, toute la foule s'éveilla en une acclamation monstrueuse et passionnée ; on pouvait apercevoir des pancartes et des slogans sans doute érigés pour cette demoiselle et des sorte de fans-clubs se lever d'un bond dans la totalité des gradins.

Ma curiosité était piquée au vif ; qu'est-ce qu'une enfant comme elle pouvait bien venir faire au milieu de la scène du plus grand tournoi de "gladiateurs" du pays ? Qui plus est, elle semblait parfaitement à l'aise et même reconnue de tous les spectateurs présents.

Soudain, m'interrompant dans ma réflexion, un spectacle effarant se déroula sous mes yeux éberlués, rompant toute logique universelle.

FlügelWhere stories live. Discover now