Chapitre VII

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Prière chevaleresque

Une chorale de bruits de pas s'élevait dans la Cathédrale secondaire, bien plus resplendissante qu'elle n'y paraît en fonction, avant d'être dissipée par le gigantesque tapis feutrant les talons d'acier des guerriers dans leur armure.

Alignés au millimètre près, on ressentait immédiatement une tension presque palpable émaner de leur discipline exemplaire et inégalée.

Pour certains vêtus d'armures cachant la moindre parcelle de peau, d'autres laissaient flamber au soleil leur corps musclés. Il y en avait qui n'étaient couverts que pas des étoffes d'excellente facture, quelques uns tête nue tandis que d'autres sans visage, à l'allure inhumaine, de taille et de parure très hétérogènes.

Représentants de la diversité, on pouvait observer une multitude d'armes toutes plus uniques les unes que les autres.

Entre lourdes épées pendants aux hanches, arcs démesurément grands dans le dos, hallebardes et haches colossales, bâtons aux allures exotiques, marteaux de géant et armes venues d'ailleurs, il était impossible de détailler précisément leur apparence soit serties de mille et une pierres précieuses ou presque brute de décoffrage.

Cependant, on pouvait également distinguer parmi ces personnages hauts en couleurs ou à la dignité princière quelques uns qui ne présentaient, du moins visiblement, aucun objet pouvant servir de défense face aux puissants adversaires qu'ils devaient affronter.

On aurait pu se demander ce que faisaient ces créatures divines réunies ici, dans l'antre de second ordre des religieux mais pourtant, ils semblaient parfaitement à leur place tant le lieu était somptueux.

En dépit de son importance moins grande, elle surplombait de sa taille tous les bâtiments de l'immense ville et venait égaler les secondes tours du grand château royal, uniquement dépassé par la première Cathédrale. 

Se fondant à merveille dans l'immensurable hall, on aurait cru qu'ils y étaient déjà à sa conception, se mêlant à la beauté pure du marbre blanc, unique matière utilisée pour la structure du monument.

Seuls les vitraux irisés, les tapis ainsi que les drapés à l'emblème orthodoxale troublaient le véritable paradis immaculé de l'entrée et pourtant, ils s'y inséraient à la perfection et lui conféraient même une sorte d'harmonie originaire des cieux. Toutefois, en dépit de la taille de la pièce, personne, pas même un prêtre ou une sœur ne se promenait là, seuls étant les guerriers présents dans cette enceinte.

Ces gens, plus ou moins assortis, faisaient pourtant  tous partis d'une seule unité ; la grande équipe d'aventuriers, appartenant tous à la guilde principale de la capitale, au service direct des seconds membres les plus éminents de l'Église orthodoxale ; les ministres des sept pêchés capitaux et leur ministère.

Ils étaient bien plus que sept, en effet, certains étaient des représentants de ces ordres, alias les pêchés capitaux et d'autres étaient des combattants plus ou moins puissants se chargeaient des tâches moins importantes sous les directives de leur supérieur Paladin.

Puis, une voix grinçante par son ton aiguë bien trop agaçant rompit le silence religieux de la citadelle :

- " C'mment peuvent-ils avoir l'audace de faire venir my person dans c'tte ch'tite minster ? I am bien trop important for venir ici !" piaffa son propriétaire, mélangeant moult accents et phrases entendues ça et là dans les régions visités par cet énergumène.

Celui qui venait de parler était à lui seul un parfait exemple de l'originalité de ces derniers. Vêtu d'un costume à la forme très élégante, il arborait au moins la totalité des couleurs de l'arc-en-ciel sur son veston, son haut-de-forme ou ses longues chaussures clownesques. Ses yeux était caché sous son épaisse frange ébouriffée tandis qu'un rictus s'étirait sur ses lèvres quand il caressait la faux, tout aussi colorée que lui, qui se balançait dans son dos.

Aussitôt, tous lancèrent un regard vers l'homme ayant prit la parole, tantôt discret, tantôt offensant. Finalement, ce fut le plus diplomate qui osa exprimer à voix haute les pensées de tous vis-à-vis du trouble-fête, un sourire chaleureux et doux aux lèvres :

- " Vous le savez tout comme nous, avec la plus grande festivité de la capitale en approche, il semble évident que nos chers ministres désirent convier toutes les personnes ayant un rapport avec celle-ci, aussi étrange peuvent-ils être."

Chargée de sous-entendues, elle eut cependant le mérite de convenir au personnage visé grâce à la douceur qui émanait de son collègue d'un autre ministère. Soudain, le seul ayant une sorte d'avance sur eux, Celian Thaddaeus Percy, les interrompit dans leur débat en indiquant d'un signe de tête l'arrivée de fameux ministres.

Les vieux hommes s'arrêtèrent au balcon surplombant l'entrée avant de prendre la parole de manière théâtrale :

- " Je vous remercie infiniment d'être venus aujourd'hui, en dépit de vos emplois du temps plus que chargés." commença-t-il avant d'être interrompu par la remarque chuchotée du trouble-fête.

- " Facile à dire, ce ne sont pas eux qui sont overbookés..."

Cependant, il se reprit devant le raclement de gorge du commandant des Paladins, pouvant même intimider la plus monstrueuse bête qui soit.

- " Hum hum, reprenons, je vous remercie. Enfin bref, passons à l'essentiel ; c'est-à-dire la raison de votre présence ici. Notre très respectée Oracle ; la perfection incarnée ; notre Matriarche, a convié des personnes plutôt inhabituelles à votre tournoi. Il me paraît évident que c'est un test. En d'autres termes, je vous donne l'ordre absolu de la victoire. Toute défaite ne sera pas tolérée !" annonça-t-il fièrement bien que ses mains tremblantes prouvaient la peur que lui inspiraient les combattants à qui il s'adressait.

A ces mots, le choc de gantelets métalliques sur les torses plastronnés résonna en cœur dans la pièce. Cette réponse acceptait la condition de victoire mais, en dépit de son apparence respectueuse, aucun des combattants présents n'accordait une once de considération pour leurs supérieurs.

- " C'est avec honneur que nous porterons la victoire à vos pieds, Avarice." annonça le commandant des Paladins.

On aurait pu attendre une quelconque cérémonie ou autre paroles cependant, les ministres s'en allèrent sans un mot. Seule une plainte s'échappa de la bouche de l'Avarice à son départ :

- " Tsss, ces fous furieux ont intérêt à respecter leur parole sinon je suis fichu face à cette peste de Matriarche !" pesta-t-il dans un murmure entendu de tous les combattants qui ne relevèrent pas.

Les personnes liées au grand tournoi de la capitale s'agitaient ; bientôt, les combats se dérouleront et ce, pour le plus grand plaisir des habitants de la ville, véritables assoiffés de violence et de sang à force d'être épargnés de tous crimes grâce au nombre important de guildes et de casernes établies.

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