Interlude II

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( Pitite précision, on est dans le point de vue de Lash, si ce n'est pas clair ,: ) Bonne lecture ! )

La sensuelle caresse d'une sensuelle personne

Le liquide dégoulinait avec amertume jusqu'à mon gosier. J'avalais goulument le verre d'une traite, assis depuis le début de la nuit dans cette taverne miteuse de Ladsen, contrastant avec le délicat manoir de la gosse qui nous cause tous ces soucis.

- "Enfin, soucis...' songeais-je avec des crocs carnassiers prêts à en découdre.

J'étais vraiment... content de pouvoir me débarrasser de cette vermine blonde. Je hais Klaus Hênnes et, pris d'une pulsion, je me levais d'un bond.

- " Hé ! Mec ! Paies ton verre, je dis ça, je dis rien... Mais, saches que si tu pars sans payer tu ne pourras plus rien dire du tout, du genre que tu seras au fond d'un cercueil !" m'interpella le barman.

Il m'ennuyait. Pourquoi les rats viennent toujours titiller les lions ? Son air idiot et ses muscles grotesques me fatiguaient, je sentais déjà venir sa petite voix suppliante m'implorer de partir sans régler. Lassant...

- " Tiens ! Sers-toi en pour te refaire le portrait, t'en as bien besoin face de chiotte !" lui conseillais-je en jetant une bourse de pièces de bronze sur le comptoir.

Elle retomba dans un bruit métallique sous le regard hébété du propriétaire, cherchant sûrement le sens de mes paroles.

En sortant par la porte d'entrée du taudis, je débouchais devant une ruelle plus sombres encore que les recoins de Rosran avant de poursuivre ma route dans les autres galeries miséreuses.

La lune pointant vers l'horizon, on devinait aisément que la nuit était déjà bien entamée et pourtant, les lampadaires chassaient l'obscurité derrière des halos dorés qui se reflétaient sur les tôles d'acier peuplant la ville. Le bruit était encore omniprésent. On entendait un concert de pas, talons ou pattes animales, gouttes d'eau tombant des gouttières et objets tombant grâce aux félins les plus pervertis.

Si la journée, la technologie parsemant les allées pouvaient impressionner les visiteurs, la nuit, on découvrait un bahut pauvre et crasseux où tous les chiens se retrouvent pour parler "affaires".

C'est d'ailleurs pour cela que j'ai bu de la piquette dans ce bar minable. Il m'était évident que, au bout d'un moment, des vauriens ou des poivrots lâcheraient son nom et, au passage quelques bribes d'informations sur lui entre deux verres.

Et, cela avait fonctionné. En début de soirée, un groupe pas très grand remplis de types pas très nets est entré. Ils se vantaient entre eux les prouesses commerciales de leurs journées, comme un aventurier contant ses combats puis, à force de boire sous le nez des filles de joie pas très habillées, des trucs pas trop à dire ont été dits. C'est comme ça que j'ai su où trouver ce fuyard de Klaus.

Rue du macchabée, derrière la maison du "videur d'ordures", à trois heures et des poussières.

J'arpentais les coins et recoins, cherchant du regard le moindre bout de tissu ou mèche platinée. Tendant l'oreille, je distinguais bien quelques bruits de pas plutôt conséquent d'une personne plutôt pressée mais, je devais me tenir sur mes gardes. Après tout, si les alcoolos qui m'ont informés étaient u courant de cela, c'était bien parce qu'il voulait les recruter comme gardes du corps. Il pouvait très bien en avoir embauché un autre puisque ceux-ci se plaignaient de la récompense trop peu alléchante.

Soudain, arrivant dans la rue adjacente à celle du macchabée, je découvris une silhouette parée d'une fine cape teintée de parme.

Plutôt grande, légèrement charpentée et des bribes de chevelure blonde , il n'y avait sûrement pas de déguisement moins efficace.

- " Alors, alors... C'est à ça qu'il ressemble l'héritier de ces foutus Lamar... ? Lamas ?" le provoquais-je d'une voix doucereuse, dissimulant le fait que j'avais oublié le nom de sa compagnie.

L'ombre face à moi se raidit. J'avais une vue plutôt perçante alors, forcé de constater qu'il ne m'avait pas repéré et qu'il était bel et bien seul.

Il recula par réflexe. C'était inutile, après tout j'aurais pu me jeter sur lui mais... C'est bien plus divertissant quand la victime voit sa mort arriver lentement mais sûrement, n'est-ce-pas ?

- " Que me voulez-vous ?"

Sa voix était plus sévère mais, son ton chevrotant trahissait malheureusement sa peur. Que c'est amusant, les chiots qui veulent jouer au loup... Je m'amusais tellement devant sa mâchoire contractée et ses gestes qui montraient toute l'angoisse qui l'habitait que je ne pus m'empêcher de rire. Je riais. Je riais tellement avant de me présenter en bonne convenance.

- " Laissez-moi donc présentez l'homme que je suis ; Lash, alias celui qui va vous tuer. Ravi de faire votre connaissance." annonçais-je avec une politesse de rigueur dans ces moments-là, j'aurais d'ailleurs pu lui demander sa dernière volonté.

Il suait à grosses gouttes, son allure princière était gâchée sous l'humidité qui faisait retomber son brushing parfaitement hideux désormais. Mais, au lieu de se rendre comme un doux agneau, il fallut qu'il sorte une épée d'un fourreau. Peu surprenant d'en avoir une cachée sous sa cape, quelle manque d'originalité !

Mais bon... C'est mieux quand ils résistent souriais-je d'un rictus inquiétant.

La ville semblait s'être tut pour nous. En cet instant, seule le grésillement des lampadaires troublait la sérénité des lieux, jusqu'à ce qu'il explose sous ma lame.

Je m'approchais puis, au moment où je réfléchissais aux informations que j'allais lui extorquer, ça recommença.

- " Allez, détends-toi... Tu ne crois pas que cela fait trop longtemps ? Ta lame va rouiller à force de traiter paperasse... Allez, succombes à ton plus profond désir, Lash !"

Encore, toujours ! Son ton enjôleur, le miel coulant dans le timbre de sa voix, le charme féminin à l'état pur et la tendresse et l'envie rongeait désormais mon esprit. Elle m'envahissait. Je croyais qu'elle me foutrait la paix mais, elle ne peut pas s'en n'empêcher, hein ? Déjà, la dernière fois, c'est à cause de son merdier que je suis là !

Je sentais des mains, comme invisibles, caresser mes joues et les couvrir d'une douce chaleur rassurante. Un corps qui n'était pas physique m'étreignait, la chaleur sur mon visage se propageait. Tantôt froid, tantôt chaud, je balançais entre peur et volonté, entre souffrance et plaisir.

- " Cesses de résister... Viens, on le veux, non ? C'est la seule chose qui compte... Trop de gens encombrent ton esprit depuis peu... Eux-aussi, tu devrais les "purifier", mon amour préféré..." me susurra-t-elle une nouvelle fois.

Soudain, je ne sentais plus mon corps. J'étais pris de spasmes d'un autre genre, seul mon esprit était animé de soubresauts, de plus en plus douloureux et toujours plus enivrants. Ma nuque brûlait, même mes mains l'enveloppant ne suffisaient plus. Je poussais un râle de douleur jusqu'à ce que mes jambes ne me portent plus. Je ne tenais plus, c'était trop dur.

Je sombrais.

FlügelWhere stories live. Discover now