Partition 21

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Lorsque je pousse la porte d'entrée, le silence m'accueille. Même si j'ai toujours rêvé d'entrer dans une maison où règne le calme, ma gorge se serre : je sais que ce n'est pas normal. Ce silence ne ressemble pas à une accalmie. Ça ressemble plutôt au silence qui, dans un thriller, précède le moment où la fille se retrouve face à quelque chose d'horrible. Ça ressemble à un décompte.

Je fais quelques pas timides jusqu'au salon où sans doute m'attend la mauvaise nouvelle. Une mauvaise nouvelle qui, pour le moment, ressemble à un monstre qui n'arrêterait pas de changer de tête. Je m'attends à tout ; je ne suis préparée à rien.

Mais, dans le silence qui gémit, je devine qu'il s'est passé quelque chose.

Je trouve ma mère assise dans le canapé et non couchée, ce qui ne fait que confirmer mon appréhension.

– Niels a été arrêté, m'annonce-t-elle avec un regard meurtri d'angoisse.

– Qu'est-ce qu'il a fait ?

Elle m'explique qu'il a déliré en pleine rue, persuadé qu'un passant l'avait pris en filature. Il est devenu très agressif et l'a menacé verbalement. D'autres personnes s'en sont mêlées et Niels s'est mis à donner des coups. Personne n'a été gravement blessé, mais il a semé la pagaille. Il a aussi insulté les policiers qui sont venus l'arrêter.

– La caution s'élève à 2500 dollars, termine-t-elle. À cause de ses antécédents.

Mon cerveau bugge deux secondes avant de comprendre que ce n'est pas une information, c'est une requête. Elle a exactement le même regard que lorsqu'elle me tend une ordonnance. Elle veut que je paie la caution.

Je repense à mon inscription à l'USC. Même si j'ai obtenu une aide financière, elle est loin de couvrir tous mes frais. Mais dans la mesure où je ne suis pas encore sûre d'y aller, c'est peut-être égoïste de vouloir me garder mes économies.

Ma mère m'implore du regard et c'est comme si elle braquait une arme sur moi. Je détourne la tête pour garder les idées claires avant de m'enfuir dans ma chambre où j'envoie un texto à Julian pour qu'il me donne son avis. Dans la minute, il me répond :

Ne paie pas !

J'appuie sur la touche d'appel et lui rétorque :

– Mais alors il va rester en prison et ma mère va être morte d'angoisse ! Tu ne sais pas comment ils traitent les gens comme lui en prison. Un schizophrène a deux fois plus de risques de se faire tabasser.

– Et s'ils le relâchent et qu'il recommence à déconner la semaine prochaine ? À quoi ça t'aura servi de payer ? Tu sais bien que tu as besoin de cet argent. Ecoute, je vais en parler à mon père. Il est avocat. Il sera de bon conseil.

– Tu ne parles jamais à ton père.

– Eh bien, je peux faire une exception. Tu sais bien qu'il t'adore et qu'il ferait n'importe quoi pour t'aider. Promets-moi que tu ne paieras rien avant que j'aie parlé à mon père, même si ta mère te fait du chantage.

Ça fait beaucoup trop de promesses pour moi en une seule journée, mais je lui promets de résister, même si je sais que les heures qui m'attendent vont être difficiles. Elle ne me lâchera pas d'une semelle, jusqu'à ce que je cède.

Déjà elle toque à ma porte.

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Oui, je sais, ce chapitre était un peu court, mais voilà un nouveau rebondissement. Affaire à suivre ;-)

Passez un bon week-end

Forget the Night - Autumn & JulianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant