Intervalle

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Deux ans plus tôt...

Dehors, il pleut. Nos vêtements sont éparpillés par terre et nos peaux sont humides. Mon corps ondule sous sa main qui glisse doucement de mes seins à mes hanches. J'aime quand il me regarde ainsi, ravagé par le désir. Ma respiration s'accélère lorsque ses doigts s'aventurent vers le bas. Il m'embrasse dans le cou. Je commence à me sentir dans un état second tandis que la pression de ses doigts s'intensifie. Je murmure : « Oui, là. » Il m'embrasse l'épaule, tout en me caressant plus fort. Mes cuisses se resserrent autour de sa main ; l'excitation devient insoutenable.

Tout a commencé le jour où j'ai décidé d'instaurer une journée câlins. Au début, c'était un jeu innocent. Un bisou par-ci, un bisou par là. Au fil des mois, les choses ont commencé à déraper, ou je dirais plutôt qu'elles se sont mises en place. Julian ne voulait pas aller jusqu'au bout. Il disait que je n'étais pas prête. Il avait peur que je le regrette. Puis, un jour, c'est devenu le bon moment. C'est devenu plus fort que nous.

Je tire sur l'élastique de son caleçon. Il me glisse un sourire complice dans lequel je lis Ah enfin ! J'en peux plus moi non plus ! et il retire le dernier bout de tissu qui nous sépare.

Quinze minutes plus tard, nous avons déjà remis nos vêtements et Julian caresse les cordes de sa guitare. Une mélodie folk recouvre le bruit de la pluie. Il est assis en tailleur, tandis que je suis adossée contre la tête de lit, un coussin calé dans le dos. Je pourrais l'écouter jouer pendant des heures. Il est vraiment doué. À la fin de la chanson, il tapote le caisson et me jette un regard étrange :

– Rappelle-moi pourquoi on est amis ?

– C'est vraiment une question ?

– C'est une question existentielle. (Il dépose sa guitare et s'approche de moi pour me pincer les lèvres.) Allez, s'il te plaît, réponds.

Je soupire.

– Parce qu'on se connaît depuis longtemps.

– Je connais mon boulanger depuis plus longtemps que toi et ce n'est pas mon ami.

Il me décoche un petit regard victorieux

– Parce qu'on s'aime bien, je surenchéris.

– J'aime bien Megan Fox, mais ce n'est pas mon amie.

– Parce qu'on a des points en commun, j'enchaîne, tout en sachant à l'instant où je prononce ces mots qu'il va faire voler ma réponse en éclats.

– J'ai des tas de points en commun avec...

Je l'interromps en lui donnant une petite tape.

– C'est bon, c'est bon ! Où veux-tu en venir ?

– Est-ce qu'on est vraiment des amis ?

– Évidemment ! je m'offusque comme s'il me demandait si la Terre était ronde. Qu'est-ce que t'as fumé ?

Julian reste perplexe.

– Je ne sais pas si c'est vraiment le mot qui nous définit, avance-t-il après un silence méditatif. On devrait peut-être regarder au dictionnaire.

– Pas besoin de consulter un dictionnaire pour savoir qu'on est amis.

J'attrape malgré tout son portable sur la table de chevet parce que je sais qu'il restera buté sur son idée. J'ouvre le dictionnaire en ligne et je tape le mot « ami » avec la sensation de faire une recherche absurde, comme si je cherchais ce qu'était un ballon ou un chien. D'un air triomphant, je commence à lire à haute voix :

Personne qui de la part d'une autre est l'objet d'un attachement privilégié ; celui, celle qu'on aime et/ou qui aime.

A. L'attachement est de nature affective

Forget the Night - Autumn & JulianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant