Chapitre 60

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L'adolescent se leva de son lit pour jeter un coup d'oeil à son telephone qui sonnait. Le nom qui s'affichait à l'écran fit battre son cœur à la chamade. Il avait été tellement déçu de sa rencontre avec sa mère. Il aurait vraiment voulu y trouver des raisons de détester son père pour de bon, mais à la place, il avait maintenant que des raisons pour lui en être reconnaissant. Après avoir contemplé simplement ne pas répondre et mettre fin à ce chapitre de vie,  il décrocha le téléphone. Mais la voix qu'il entendit à l'autre bout du fil ne fit pas celle à laquelle il s'attendait. 

- Castiel ? C'est toi ? murmura la petite fille.

- Cléo ? C'est toi ? répondit le garçon en retour.

- J'ai pas le temps de jouer à ça. Réponds-moi vite. À quelle école tu es ?

- À quoi tu joues ?

- Quand est-ce que j'ai dit que je jouais ?

- Saint-Amoris.

(N.D.A. Honnêtement, j'ai nommé cette école y'a 200 ans, donc ça se peut très bien que c'est pas ce dont vous vous rappelez, mais pour le bien de la cause, ça sera ça aujourd'hui.)

- Ok. Merci !

- Pourquoi tu voulais sav- Cléo ?!

Toutefois, la petite avait déjà passé à autres choses. Castiel secoua la tête avant de s'étendre sur son lit. Mon dieu qu'il était content d'avoir volontairement manqué le cours de sciences de M. Kirou. Honnêtement, tant que l'on avait le manuel de ce cours, on pouvait sincèrement se passer de lui. Ses pensées vagabondèrent vers un passé où il aurait connu Cléo. Où il l'aurait prit dans ses bras au moment où elle est né, où il l'aurait nargué, où il l'aurait introduit à ses groupes préférés, où il se serait peut-être senti moins seul avec ses deux fous de parents dont il avait hérité. Par contre, Castiel ne restait que son frère et ne pouvait s'imaginer l'ampleur du manque que son père ressentirait. Mais, il ne pouvait pas être celui qui lui amène la vérité. Non, ça, le garçon n'en avait pas le courage.

Sa réflexion profonde se dirigea soudainement vers la fille qu'il venait de reintroduire au monde. Elle le rendait assez fou pour lui faire faire de telles choses. Elle ne semblait pas comprendre ses amitiés. Elle ne semblait pas non plus savoir où établir une limite. Par exemple, ne pas sauter sur ce coincé de Nathaniel dès qu'il se pointe devant elle. Peut-être qu'il devrait lui partager l'idée.

***

Je rentrais dans la chambre après un après-midi épuisant à écouter M. Kirou parler. Il avait vraiment le don de me faire requestionner mon amour pour les sciences. L'ex-canneberge était écrasé sur son lit comme un légume. Il avait la vie facile lui. Mais, plus pour longtemps. Je me précipitai sur mon nouveau trampoline et les yeux de Cast' s'ouvrirent en une milli-seconde. Il ricana en secouant la tête.

- Pas aujourd'hui, Einstein. Tu m'as assez épuisé. 

- Moi, je t'ai épuisé ? Moi, je t'ai embrassé devant la moitié de l'école ? Moi, je t'ai présenté comme mon duc devant tous mes amis ? Moi, j'ai fait ça ? Moi ? le questionnai-je en m'approchant un peu plus de sa face après chaque question.

- T'avais juste à pas me rendre fou, me répondit-il avant de me faire dos.

Il m'avait totalement épuisé émotionellement aujourd'hui. J'avais rougi pendant deux heures après son annonce. Même à ce moment-là, si j'y pensais trop longtemps, je me prenais à vouloir combattre l'air.

- On va se rendre fou.

Je m'allongeais à côté de lui, pris une grande respiration puis mis mes mains sur mes joues. Soudain, il se retourna et plaça son visage au-dessus du mien avec un stupide sourire en coin.

- Tu fais quoi là ? lui demandai-je de la façon la plus neutre que je le pouvais.

- J'essaie de te rendre folle.

- Ew ! Va-t-en !

Mes mains, tout à coup vraiment similaires à celles de Rocky, le poussèrent assez fort pour qu'il roule jusqu'au plancher. Malgré mon inquiétude, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire alors qu'il se relevait péniblement.

- Je pense que t'as pris ton titre de duchesse un peu trop au sérieux.

Je m'apprêtai à lui répondre, mais fit pris d'un fou rire encore plus gros en rejouant la scène dans ma tête. Il avait vraiment roulé hors de ce lit comme un Slinky.

- Arrête de rire.

- Arrête de me faire rire ! m'exclamai-je entre deux éclats de rire.

Malgré son regard noir, un sourire dansait sur ses lèvres.

- Je pense que j'ai vu Anonyme.

Et boum, le sourire disparut en même pas deux temps et 4 syllabes.

- Ethan, encore ?

- Non, le ou la vraie devrais-je dire.

- La vraie ? Quand ? Pourquoi tu me l'as pas dit plus tôt ?

- Je voulais pas t'inquiéter avec ça, mais on est alliés, pas vrai ? Fait que... ouais.

Je lui expliquai ce que j'avais vu à la caf' après sa déclaration, mais il ne semblait pas du tout crédule.

- Tu sais que ce serait la réaction de n'importe quelle fille après avoir réalisé que le beau Castiel est pris, non ?

- Pardon, mais j'ai manqué la partie où on parlait de ton ego.

- Ah, c'était juste maintenant tu vois.

- Non, je vois pas. Moi, je vois une psychopathe qui frappe des murs. Un problème juste un tantinet plus gros que ta belle face. Un tantinet.

- Un quoi ?

- Un tantinet.

- C'est un mot ça ?

- Quoi ? T-a-n-t-i-n-e-t ?

- Aaaah, tantinet, répéta-t-il avec un gros accent français.

- Je t'aime plus.

- Ça fonctionne pas comme ça.

- Aujourd'hui, oui.

Je m'enlevai de son lit et partis dans la douche. Peut-être que je pourrais penser plus clairement à propos de tout ça. Peut-être que c'était vraiment juste moi qui exagérait ? Mais franchement, je comprends qu'on peut être jalouse, mais le pauvre mur lui avait rien fait à cette fille-là.

***

Il ne savait pas quoi faire d'une petite sœur. Surtout pas juste avant son premier cours le matin. Surtout pas aux portails de Saint-Amoris. Surtout pas avec son sac à dos et un regard déterminé sur le visage. Non, Castiel Smith ne savait pas quoi faire d'une petite sœur.

- Cléo ?

- Laisse moi entrer !

- Cléo, ça fonctionne pas comme ça. Il faut que t'aies voir le portier d'abord et puis il te faut un accès-visite et- Pourquoi je te dis ça ? Tu fous quoi ici ?!

- Je suis en fugue.

- Mais, Cléo, t'as 9 ans !

- J'ai 9 ans et je suis en fugue, oui.

- C'est de où cette attitude ?

- Je sais pas. C'est ce que je viens voir.

- Quoi ?

- Papa.

- Quoi ?!

The bad boy who stole my roomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant