Chapitre 35

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J'avais l'habitude de le faire plus jeune. Je me rappelle d'avoir écrit la première vraie insulte qu'on m'avait fait sur le bord de mon petit doigt.
«T'es une bonne à rien.», prononcé par une fille dans ma classe de danse. C'était la meilleure insulte qu'on m'eut jamais adressée. Puisque quand je m'étais lavée les mains avant d'aller souper ce soir-là, le «bonne à rien» noir avait disparu et j'avais compris que ces mots ne me définissaient pas. Alors, j'avais continué de le faire comme une habitude dès que je me sentais blessée par des propos. Jusqu'au jour où mes parents ont du venir me chercher à l'école primaire parce que j'étais allée un peu trop loin (une des innombrables raisons du pourquoi je suis à l'établissement scolaire St-Amoris). Toute la journée, je m'étais faite niaiser pour avoir eu un 100% avec une mention d'honneur. Les autres élèves disaient que j'avais triché. Ce jour-là, je m'étais écris le mot tricheuse sur le front, puis sur le torse, puis sur le ventre, en gros sur tout ce que je pouvais attendre sur le haut de mon corps. J'étais sortie en cuissard sans t-shirt et m'étais fièrement promenée dans la cour de recréation sous le regard choqué de tous et aussi de cette sorcière qui m'a pognée, mais ça, c'est une autre histoire.

En ce moment, je voulais faire exactement la même chose, mais même en tant que «sac d'os», j'avais un contrat féminin avec dame nature. J'avais alors décidé de garder ma camisole blanche et d'écrire par dessus ainsi que sur mes bras, mes jambes et mon visage ce que j'avais vu et entendu dans les 24 dernières heures. Fière du résultat, j'attachai ma chemise d'école autour de ma taille, mis mon sac par dessus mes épaules et attaquai le corridor. Il n'y avait pas autant de photos qu'il y avait trois minutes plus tôt et je me demandais comment elles avaient disparues aussi vite. L'école avait sûrement du faire quelque chose... pour une fois.
Porter seulement la camisole et les cuissards à l'école était considéré comme un comportement dévergondé selon le code vestimentaire et je me doutais que c'était en grande partie pour cette raison que presque tout le monde s'était tu alors que je marchais vers mon casier comme si de rien était. Je mis mon sac, ma jupe et ma chemise dans mon casier et lançai un bref regard aux gens près de moi. Bouche bée.
Ce qui suivit se passa plutôt vite. En résumé, Ken qui me court après pour que je m'habille (il était habitué) et qui réussit à me capturer avec l'aide de Nathaniel ; trop tard,  un «Mademoiselle Jones» de la part de Mme Delacours, cette charmante surveillante, se fait entendre ; je me retrouve dans le bureau du directeur avec une jupe prise aux objets perdus et la chemise de Kentin boutonnée jusqu'au cou (il a insisté sur ça et refaire ma garde-robe «inappropriée pour mon âge» alors que je portais la camisole la plus simple du monde. C'est de ça que je parlais en empruntant le terme «grand frère»).

- Tu sais Gwen, si tu n'aimes pas l'uniforme, tu peux simplement déposer une plainte au bureau des délégués. Et tu n'as surtout pas besoin de te maquiller comme une guerrière pour prouver ton point. Surtout si c'est pour avoir «Os crânien pour tous» sur le visage, conclut-il en fronçant les sourcils.

- C'est pas l'uniforme le problème, dis-je d'une petite voix.

- Alors, quoi ?

- Je pense que Castiel et vous sous-estimez le pouvoir de ces anonymes.

- Tu veux me faire croire qu'ils t'ont forcé à t'accoutrer de cette façon ?

- Non ! Mais ils ont étalés des photos de moi dans les vestiaires presque partout dans l'école à matin. Il y a des gens qui les enlèvent, mais l'humiliation est toujours là. C'est juste une façon de leur prouver que je m'en fous.

- Comment est-ce que de telles idées peuvent te passer par la tête, Gwen Jones ? Non, je reformule. Comment est-ce que des idées comme celles-ci peuvent-elles te paraître bonnes ?

- Bin, ils ont quand même arrêté de chuchoter quand je suis passée dans le corridor, soulignai-je.

- Je vais être obligé de te coller.

The bad boy who stole my roomМесто, где живут истории. Откройте их для себя