Je ne vais pas mentir et dire que je ne suis pas frustré de n'avoir que deux choix bien distincts. J'aimerais tant pouvoir choisir les meilleurs aspects de chaque face de chaque stupide pièce et me créer une toute nouvelle face qui mettrait fin à tout sans me rendre acteur d'une étrange tragédie.

Bien évidemment, c'est impossible. Je le sais. Une pièce n'a que deux faces. Tout comme ce choix ne peut avoir que deux options comme proposées par Luna.

Je suis tout de même bizarrement soulagé de l'avoir, ce choix. Bien que pesant, bien que je me sens totalement impuissant et indécis.

Comme d'habitude, Delhia essaie tant bien que mal de ne pas remarquer le mal qui me range. Elle attend patiemment que je vienne à elle, ne voulant pas me brusquer.

Pour une fois, j'aimerais qu'elle me secoue, qu'elle me donne une grosse claque et me hurle qu'il faut que je parle de ce qui me trouble, qu'elle me force de faire le pas avant qu'il ne soit trop tard.

Mais étant la bonne amie qu'elle est, la personne patiente et mature qu'elle est, Delhia ne fait que me lancer des regards inquiétants lorsque je semble loin dans mes pensées, le regard fixe et probablement vide.

Devant Vince, je fais tout pour être le Jamie qu'il a l'habitude de connaître. La culpabilité qu'il doit ressentir lui-même d'être énigmatique le pousse certainement à ne pas confronter le fait qu'il voit bien que j'ai quelque chose qui me range. A la place, il fait tout pour me faire sourire, me faire rire et me faire plaisir.

Plus les semaines passent, plus mon corps grandit, plus la venue du bébé est près, plus Vince jette tout inhibition par la fenêtre.

Il est là lorsque je prends mes deux bains quotidiens – parce que tout le monde sauf moi a daigné que rester debout dans un endroit glissant et petit est trop dangereux pour moi –, il est bien évidemment présent pour me préparer et me servir tous les repas que mon estomac et mes envies réclament, il m'habille, me cajole, me porte dans ses bras... Il est extrêmement collant.

Lorsque je le lui fais comprendre, il se contente de rire avec ses stupides fossettes et ses dents blanches. Et ça suffit pour me dégonfler assez longtemps pour qu'il s'en sorte sans bleus et avec victoire.

Je peux dire que le seul bon côté dans tout ça c'est que je suis tellement mentalement saturé par mes pensées et réflexions que je suis presque devenu docile.

Et dire que j'ai toujours eu une idée bien précise des omégas enceintes, les ayant toujours imaginé lunatiques et surmenées par les hormones. Mais je réalise maintenant que baser mon opinion de toute une catégorie de personnes sur ce que j'ai vu de ma mère était stupide.

Enceint, je suis totalement différent de Johanna. Elle était vive, plaintive et hormonale pendant chaque grossesse, de celle de Charlotte à celle de Phoebe et Daisy sans exception. Mon père devenait un petit homme à côté, ses instincts centrés sur le fait de la rendre heureuse durant un moment aussi fragile.

Mon cas est très différent. Ma grossesse me fatigue tellement physiquement et mes réflexions me prennent tellement mentalement que je suis maintenant aussi docile que je ne l'ai jamais été.

Le seul stéréotype qui s'avère vrai dans mon cas, c'est l'effet que cette grossesse a sur ma libido. J'ai l'impression d'être en chaleurs à longueur de journée, être le stéréotype précis de l'oméga qui ne pense qu'avec sa libido. Aussi bien que je ne vais même plus travailler à la boutique et que Dio refuse de remettre les pieds dans notre appartement "parce ça sent trop le sexe".

Bitter Yet Sweet • mxmDonde viven las historias. Descúbrelo ahora